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3. Cadre méthodologique de la recherche

3.2. Les méthodes utilisées

3.2.1. L’analyse documentaire

Dépelteau [1998, déjà cité] propose deux types d’analyse de contenu. Analyser le contenu latent d’un document, c’est rechercher dans le document étudié des éléments symboliques. Plus simplement, c’est analyser ce qui se trouve entre les lignes. L’analyse manifeste, qui a été retenue pour cette recherche, demande de ne s’attarder qu’aux informations brutes contenues dans le document. L’analyse documentaire a comme premier avantage de baser les résultats de l’analyse sur des informations écrites, ce qui élimine en grande partie une influence possible du chercheur sur les informations. Toutefois, Poupart [1997] émet une réserve quant aux nombreux pièges liés à cet outil. En effet, il est important de vérifier la pertinence et la crédibilité des documents analysés, car ils sont empreints de la subjectivité de celui ou de ceux qui les ont écrits. De plus, le chercheur doit interpréter de façon adéquate le contenu des documents. Ceux-ci sont de deux types, publics et privés.

L’analyse documentaire constitue la première étape de cette recherche. Elle permet ici de cerner les types d’entreprises les plus proactives en matière de responsabilité sociétale et d’éco-conception, de distinguer les approches et les outils

qu’elles ont adoptés et de souligner les avantages qu’elles en ont retirés. Ces analyses permettent de corroborer certaines données présentées dans le cadre théorique de cette recherche. Les documents analysés pour cette recherche sont des rapports annuels ou des rapports de RSE et correspondent à la catégorie des archives privées [POUPART, 1997].

Pour cette première étape de la recherche, les informations doivent provenir des entreprises elles-mêmes. Les entreprises les plus proactives en matière de RSE vont chercher à diffuser l’information sur les améliorations environnementales ou sociales qu’elles ont réalisées. Le concept de RSE prône la transparence des entreprises, et la production de rapports est une manière de se doter d’un important outil de mesure du rendement. En effet, les rapports de RSE11 servent à faire connaître aux parties

prenantes les activités de gestion et le rendement de l'entreprise sur les plans économique, environnemental et social [INDUSTRIE CANADA, 2008]. Certaines entreprises optent parfois pour les déclarations environnementales de produits. Pour une entreprise, communiquer les informations sur son rendement « sociétal » est un moyen de s’attirer la confiance des parties prenantes et d’être perçue comme crédible [INDUSTRIE CANADA, 2008]. Certaines entreprises vont même jusqu’à faire vérifier leurs

rapports par des tierces parties pour en assurer la fiabilité. Les rapports de RSE s’apparentent aux rapports annuels, et il est dangereux pour une entreprise de fournir des informations erronées et de risquer ainsi d’être poursuivie pour fausse représentation ou information frauduleuse.

La majorité des entreprises qui produisent des rapports de RSE se fient aux lignes directrices proposées par le Global Reporting Initiative12 (GRI). Ces lignes

directrices proposent des indicateurs mesurables et s’articulent autour de neuf grandes rubriques. Le GRI donne aussi des explications précises et claires sur le moyen de collecter l’information et sur la façon de présenter les informations [ENVIRONNEMENT

CANADA, 2008]. On peut citer cet organisme : « Le GRI propose un cadre et une

11 L’expression « rapports de RSE » désigne ici les documents émis par les entreprises qui divulguent leurs avancés ou améliorations quant aux notions de responsabilité sociétale. Ils peuvent être aussi appelé : rapports de développement durable ou rapports environnementaux.

12 « Le Global Reporting Initiative (GRI) a été établi vers la fin 1997 avec comme mission de développer les directives applicables globalement ainsi que de rendre compte des performances économiques, environnementales et sociales, initialement pour des sociétés et par la suite pour n'importe quelle organisation gouvernementale, ou non gouvernementale.. » [Wikipédia, site Internet visité en mai 2008] : http://fr.wikipedia.org/wiki/Global_Reporting_Initiative

présentation pour recueillir et déclarer des données (quantitatives et qualitatives) sur la performance d'une entreprise dans les trois volets du développement durable. Elles explorent également la façon dont l'entreprise intègre la prise en compte de ces volets dans ses processus d'affaires et ses mécanismes décisionnels » .

Certaines entreprises optent plutôt pour la diffusion de déclarations environnementales de produits (DEP), documents plus rapides à produire et exigeant moins de ressources. D’autres proposent même les deux. Les DEP sont des documents qui permettent à l’entreprise de communiquer des informations claires et transparentes sur les impacts environnementaux d’un de leurs produits sur l’ensemble de son cycle de vie. Elles contiennent par exemple des informations sur les matériaux utilisés et leur origine, sur les certifications reliées au produit, sur les procédés de fabrication, les emballages ou encore sur la recyclabilité des produits. Les documents analysés ont été trouvés sur des sites Internet faisant la promotion de la RSE et proposant des cas exemplaires, ou encore dans des répertoires de déclarations environnementales de produits. Les organisations suivantes nous ont permis de trouver les différents cas présentés dans cette recherche :

- Choix environnemental : www.environmentalchoice.com - CERES : www.ceres.org

- Good Environmental Choice – Australia : www.aela.org.au - Green Seal : www.greenseal.org

- Global Ecolabelling Network : www.gen.gr.jp

- Global Reporting Initiative : www.globalreporting.org

- Environmental Product Déclarations : www.environdec.com

Cette recherche s’inscrivant dans le cadre d’une maîtrise en design, il nous a paru important de montrer le rôle du designer dans le développement de produits, et tout particulièrement dans le contexte d’une approche d’éco-conception. Le premier critère de sélection fut donc la présence d’un designer ou d’un concepteur dans le processus de développement du produit éco-conçu.

Le secteur d’activités choisi pour cette enquête est le secteur manufacturier. On y retrouve la plus grande proportion d’entreprises qui ont la fonction « design » dans leur organisation. Ce sont des entreprises qui mettent sur le marché des produits de grande consommation, ou dont l’usage est généralisé. Plus précisément, il s’agit

d’entreprises qui proposent des produits finis et complets, par exemple des objets pour la maison, pour le bureau, pour les lieux publics, etc. Les entreprises qui vendent des produits en « B to B » (de l’anglais business to business), c’est-à-dire des produits ou des sous-produits vendus directement à d’autres entreprises, ainsi que celles qui conçoivent des produits hyper spécialisés, ont été évitées. Les entreprises québécoises ou canadiennes ont été favorisées mais, parce que l’information n’est pas toujours facile à trouver, la majorité des documents analysés proviennent d’entreprises étrangères.

Voici en résumé les critères de sélection des entreprises :

• présence d’un concepteur dans le développement de produits; • secteur manufacturier;

• produits finis;

• marché pour grand public;

• entreprises canadiennes, si possible;

• entreprises de petite taille ou de taille moyenne (PME), si possible.

Pour l’analyse de contenu, les informations recherchées sont les suivantes : • la taille de l’entreprise et le type d’activité;

• son attitude à l’égard de l’environnement (certification, prix…); • les outils et les méthodes employés;

• les avantages perçus.