Ainsi le relief, le climat et les « forces de la nature » ont fortement contraint l’installation des hommes, sur ce territoire vierge à l’origine. Mais l’homme, dans sa quête de nouveau territoire, est parvenu à conquérir, à aménager ce territoire, aux prix de grands travaux, pour construire la ville réunionnaise principalement sur le littoral, qui progresse largement sur les mi-pentes.
Le parc de logement à La Réunion est constitué de L’observation et la compréhension des mutations de l’espace urbain à la Réunion, ont fait l’objet de nombreuses études depuis plus d’un demi-siècle (Defos Du Rau, 1960 ; Cadet, 1980) et plus récemment par l’Agence pour l’Observation de la Réunion, l’Aménagement et l’Habitat (AGORAH). Une des dernières études a procédé à l’analyse de l’évolution de l’étalement urbain, en identifiant trois grandes typologies des espaces habités réunionnais : les zones denses, les zones étalées et dispersées. 6
En 2008, la tâche urbaine à la Réunion, s’étendait sur 27 380ha, soit un peu plus de 10 % du territoire. Entre 1997 et 2008, il y a eu une augmentation de 27 % de la tâche urbaine, mais la densité reste faible, 11logements/ha pour les zones denses.Les zones denses comptaient seulement pour 22 % de la tâche urbaine alors que les zones étalées représentaient 56 %. Les zones « dispersées » étaient en diminution, l’habitat isolé représentant
Les zones étalées sont presque exclusivement de l’habitat individuel peu dense. Les parcelles sont grandes, la présence de terrains vacants et de dents creuses y est une constante. Les zones dispersées sont le regroupement de quelques constructions isolées, caractérisées par la vie rurale, le mitage et une amorce d’urbanisation. (ASCONIT, 2012)
20 % de l’ensemble urbain en 2008 contre 22 % en 2003 et 26 % en 19977.
L’étalement urbain s’explique par l’absence, pendant une longue période, d’outils de planification et de mise en application des réglementations en matière d’occupation du sol, mais aussi par une croissance démographique soutenue depuis le peuplement de l’île, ce qui a favorisé le développement de quartiers d’habitats spontanés, en périphérie des centres villes.
Le Schéma d’Aménagement Régional (SAR) approuvé en 1995, a été révisé en 2010. Les principaux objectifs, ont été définis :
la densification des villes et la structuration des bourgs
la réduction de l’exposition de la population aux risques naturels en anticipation des changements climatiques.
La mise en œuvre des Schémas de Cohérence Territoriale (SCOT) du Plan local d’urbanisme (PLU) et du Plan de Prévention des Risques naturels (PPRn) pour chaque commune, convergeaient vers cet objectif primordial de maîtrise de l’occupation de l’espace et des activités humaines en prenant en compte les aléas naturels.
Toutefois, bien que le processus de densification soit amorcé, la lenteur et les lacunes de la mise en application des outils et dispositifs réglementaires liés à l’occupation du sol, se traduisent encore aujourd’hui, par un phénomène d’étalement qui reste constant, avec l’apparition et la persistance de quartiers d’habitat spontané et insalubres (estimé à environ 1500 constructions sans permis par an), une forte demande en logement sociaux et par une pression foncière sur les espaces agricoles et naturels.
Ainsi, l’espace urbain réunionnais était et reste peu dense et étalé, avec peu de prise en compte des phénomènes climatiques et géologiques. Des
évolutions spatiales sont en cours et la croissance urbaine progresse :
par densification, plus de la moitié de l’augmentation de l’emprise au sol (51 %) a eu lieu au sein même de la tâche urbaine de 1997 par extension de la tâche urbaine existante,
augmentation de la zone urbanisée en altitude au-delà de la bande 100-300m.
L’obligation de tenir compte des risques naturels dans les politiques d’aménagement du territoire, s’est traduit par la mise en place des Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN) inondations et glissement de terrain sur toutes les communes de l’île. Cependant, bien que ces textes réglementaires doivent contribuer à maitriser l’étalement urbain, ils participent aussi à réduire un peu plus le foncier disponible.
Une des conséquences de l’étalement urbain et d’une maitrise insuffisante de l’usage des sols, est un éloignement toujours croissant des ménages les plus modestes par rapport aux centres urbains et économiques, la rareté et le coût du foncier amplifie leur difficulté à se loger, même en habitat collectif.
Une demande en logements économiques importante et constante
"Pour l'année 2014, les chiffres de la Fondation Abbé Pierre sont alarmants.
En effet, La Fondation Abbé Pierre a comptabilisé 3,6 millions de Français confrontés à "une problématique aigüe" de mal logement. Une situation qui s'aggrave d'année en année. A la Réunion, on estime que 25.000 foyers, soit 60.000 personnes, sont confrontés à une situation d'habitat indigne."
La Fondation Abbé Pierre s'est basée sur "cinq grandes formes" de mal logement pour établir cet éclairage régional : absence de logement, problème d'accès au logement, logement indigne, difficulté à se maintenir dans un logement et mobilité réduite. En effet, la Fondation a comptabilisé environ 270 personnes sans domicile fixe, 2580 jeunes en situation de logement précaire. Aujourd'hui à la Réunion, 800 places en hébergement ou logement temporaire sont disponibles, un chiffre stable depuis 2010.
La difficulté d'accès au logement est un des problèmes soulevés par la Fondation. "La demande de logement tourne entre 20 et 25000. Mais avec un taux de rotation à 9% (capacité à pouvoir changer de logement ndlr) en plus des logements construits par an, on estime qu'un ménage réunionnais à une chance sur quatre d'accéder aux logements sociaux. Une situation qui n'est pas acceptable surtout par rapport à la forte croissance démographique à venir à la Réunion", rappelle Thierry Hergault, directeur de la Fondation Abbé Pierre à la Réunion. Mais la plus grande bataille à mener reste la politique d'amélioration et de résorption de l'habitat indigne à la Réunion. "Même si la situation s'est améliorée grâce à la RHI (Résorption de l'habitat insalubre). Un logement sur 10 est aujourd'hui touché, soit 60 000 personnes (25.000 logements) confrontées à l'habitat indigne", explique‐t‐il. "C'est une alerte et un coup de gueule que l'on lance", lâche le directeur de la Fondation Abbé Pierre. "Je m'adresse aux acteurs du logement pour qu'ils trouvent des solutions. L'urgence est là et ce sera pire demain. Pour le moment tout le monde reste de son côté, alors qu'il faut avoir une démarche partenariale. Il faut mettre en place une politique de construction soutenue, durable et adaptée aux capacités réelles des ménages. C'est un impératif pour une amélioration progressive des conditions d'existence", conclut‐il.
[s.d.] Fondation Abbé Pierre : "60 000 réunionnais confrontés à l'habitat indigne". [en ligne] Disponible sur <http://www.zinfos974.com/Fondation-Abbe-Pierre-60-000-Reunionnais-confrontes-a-l-habitat-indigne_a56004.html> (consulté le 25/04/14)