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Ce document est la propriété exclusive de jean-bernard monier (jbmonier@gmail.com) - 08 octobre 2020 à 06:23

Des revenus plus faibles dans les Drom, par rapport à l’Hexagone, associés à

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varient de 37 % (La Réunion) à 48 % (Martinique). Les écarts de prix entre Drom et Hexagone pour le panier Drom sont quant à eux de l’ordre de 20 % environ (- 23 % à - 18 %) pour les quatre Drom les plus peuplés. Dans le cas de Mayotte, alors que l’écart de prix du panier vendu dans l’Hexagone atteint 42 %, l’écart de prix est nul pour le panier alimentaire consommé à Mayotte.

Cela signifie que les choix faits par les consommateurs dans les Drom se portent sur des produits dont les écarts de prix avec ceux de l’Hexagone sont moins élevés. Ces informations globales ne permettent néanmoins pas de déterminer si ces choix différents favorisent ou non une alimentation de bonne qualité nutritionnelle et dans quelle mesure la structure des prix alimentaires favorise ou non une alimentation de bonne qualité nutritionnelle. Des analyses spécifiques sur ce point ont été réalisées dans le cadre de l’expertise et sont présentées dans le paragraphe « Dépenses alimentaires et qualité de la diète ».

Rôle de l’octroi de mer

et mécanismes concurrentiels

Les facteurs concourant à des prix supérieurs dans les Drom par rapport à la France hexagonale sont multiples et ont fait l’objet de plusieurs évaluations de l’Autorité de la concurrence (2009) :

– l’étroitesse des marchés, donc les surcoûts à la production ; – le coût du fret maritime ;

– la faible compétitivité de la production locale, qui profite peu des exonérations de taxes qui lui sont favorables ;

– la fiscalité locale particulière avec l’octroi de mer interne et externe (un tiers du financement des communes et régions en 2007) ;

Drom Valeur Valeur Écarts de prix

dans les Drom en France Drom/Hexagone

du panier hexagonal du panier local (indice de Fischer) (d’une valeur 100) (d’une valeur 100) (en %)

Guadeloupe 141,9 80,4 32,9

Guyane 144,9 80,8 33,9

Martinique 147,9 77,4 38,2

Mayotte 142,2 100 19,2

La Réunion 136,8 83,4 28,1

Tableau 4

Prix des produits alimentaires en 2015.

Source : JALUZOTet al., 2016.

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– la faiblesse des mécanismes concurrentiels qui tiennent à la concentration de la distribution (dominée par les enseignes nationales) et à la diversification verticale des groupes de distribution. En effet, plusieurs distributeurs sont pro-ducteurs de certains produits alimentaires, mais ils sont également leurs propres fournisseurs de points de vente en tant que grossistes-importateurs. Il s’avère donc compliqué de s’implanter pour de nouveaux acteurs de la distribution, d’où une moindre concurrence dans les Drom. En parallèle, les grossistes-importateurs réalisent des marges relativement élevées qui peuvent se faire au détriment du prix payé par le consommateur.

Ainsi, l’insuffisance des mécanismes concurrentiels à plusieurs stades de la chaîne d’approvisionnement, la fiscalité locale et une production locale peu compétitive, qui profite insuffisamment des exonérations de taxe, dont pourtant elle bénéficie, sont autant de facteurs qui contribuent à des niveaux de prix plus élevés que dans l’Hexagone. La production locale peut contribuer à un approvisionnement à plus bas prix, mais, pour certaines catégories de produits alimentaires, les obstacles à l’importation (octroi de mer, coût du fret, marges des intermédiaires) et la concentration sur les marchés locaux amoindrissent ce possible effet sur les prix.

Les produits importés ou fabriqués dans les Drom sont taxés au profit des collectivités locales par le biais de l’octroi de mer. L’octroi de mer « principal » comprend un volet externe (taxes sur les produits importés) et un volet interne (sur les produits locaux). L’octroi de mer régional est lui aussi divisé entre un taux externe et un taux interne. Ces taxes représentent un tiers des recettes de fonctionnement pour les communes et environ 30 % pour les régions ultra-marines, sauf à La Réunion, où elles atteignent seulement 17 %.

L’octroi de mer interne peut jouer un rôle protecteur pour la production locale si son taux est inférieur à la taxation des produits importés (octroi de mer externe). La modulation des taux d’octroi de mer selon la qualité nutritionnelle des produits constitue l’un des leviers possibles pour favoriser les produits plus qualitatifs ou locaux.

Concernant l’octroi de mer externe, les taux varient selon les produits (tabl. 5, voir IV). Dans l’ensemble des Drom, les produits peu transformés sont moins taxés que ceux transformés ; le taux le plus bas est attribué aux viandes ; les céréales et produits de minoterie sont davantage taxés que les viandes ; des taxes de niveau intermédiaire sont attribuées aux huiles et graisses animales ; enfin les poissons et crustacés sont beaucoup taxés.

Cependant, malgré ces tendances globales, les taux d’octroi de mer externe sont disparates. En moyenne l’octroi de mer le plus faible est observé à La Réunion (6 %), le plus élevé en Guyane (14 %) et à Mayotte (14 %) et des taux intermédiaires en Guadeloupe (10 %) et Martinique (10 %).

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Structure des prix relatifs

Au-delà des effets de prix moyens plus élevés que dans l’Hexagone, se pose la question des prix relatifs des différents biens alimentaires les uns par rapport aux autres. Par exemple, le rapport des prix entre 1 kg de volaille et 1 kg de viande de bœuf peut être différent selon les Drom, et entre les Drom et l’Hexagone. Dans ce cas, il peut influer de façon différente sur les arbitrages des consommateurs (au-delà du fait que les prix moyens sont plus élevés dans les Drom que dans l’Hexagone). Dans les Drom, les rapports de prix des produits alimentaires entre eux poussent-ils alors les consommateurs à surconsommer certains biens et sous-consommer d’autres ? Si oui, les choix sont-ils biaisés en faveur ou à l’encontre de la qualité nutritionnelle des régimes alimentaires ? Nous ne disposons que de peu d’éléments fiables quant aux prix des différents produits alimentaires. Des études sont en cours, par exemple dans le projet ANR Nutwind, mais les résultats ne sont pas encore disponibles. Un travail spécifique de relevés des prix dans un driveen Martinique et dans un drive, du

Type de produit Taux de l’octroi de mer externe (en %)

Viandes et abats comestibles 5,7

Poissons et crustacés 13,4

Lait et produits laitiers ; œufs 7,8

Légumes, plantes, racines et tubercules 6,4

Fruits comestibles 8,1

Café, thé, maté et épices 11,7

Céréales 8,3

Produits de la minoterie, malt, amidons 9,6

Graines et fruits oléagineux 9,9

Graisses et huiles animales ou végétales 9,8

Préparations de viande, de poissons 14,7

Sucres et sucreries 13,0

Cacao et ses préparations 9,9

Préparations à base de céréales, de lait, pâtisseries 14,3

Préparations de légumes, de fruits 13,7

Préparations alimentaires diverses 12,4

Boissons rafraîchissantes sans alcool 15,2

Tableau 5

Taux moyen de l’octroi de mer externe dans les Drom.

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même distributeur, dans l’Hexagone montre que, pour de nombreuses catégo-ries de produits, les prix en Martinique sont environ une fois et demie plus élevés que dans l’Hexagone. Ce ratio est le plus faible pour les fruits, les féculents, les poissons, les viandes rouges et, dans une moindre mesure, les produits apéritifs.

En comparaison à l’Hexagone, cela favorise donc la consommation de ces pro-duits. Inversement, le ratio est le plus élevé pour les boissons non alcoolisées non sucrées, les snacks et fast-foods salés, les volailles/abats/œufs, les légumes et, de façon moindre, les produits oléagineux et les plats préparés. En compa-raison à l’Hexagone, cela défavorise la consommation de ces produits. Il est donc difficile de conclure quant à un effet positif ou négatif de ces rapports de prix sur la qualité de la diète (comparativement à l’Hexagone), dans la mesure où, par exemple, la structure des prix favoriserait la consommation de fruits, mais défavoriserait la consommation de légumes.

Consommation des ménages