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Contaminations alimentaires et pollutions environnementales

L’impact des pollutions environnementales sur la santé des populations ne sera pas traité ici. Les changements de comportements de la population face aux contaminations alimentaires ou aux pollutions environnementales ne peuvent être décrits par manque d’études sur le sujet. La présentation vise donc à faire une synthèse de la situation particulière à laquelle est confronté chaque Drom et à évoquer l’acceptabilité de la population face à l’information sur ces enjeux (voir II.2).

Le chlordécone aux Antilles

Le chlordécone a été utilisé comme insecticide aux Antilles des années 1960 jusqu’en 1993, notamment pour la culture de banane. Sa faible capacité de

Ce document est la propriété exclusive de jean-bernard monier (jbmonier@gmail.com) - 08 octobre 2020 à 06:23

dégradation environnementale explique l’importante et persistante pollution des sols. Ce polluant est le plus fréquemment retrouvé dans le sang des Antillais (Anses, 2017), qui sont exposés de façon chronique à des faibles doses. La contamination à l’homme passe principalement par son alimentation. De fait, les milieux aquatiques sont atteints, avec une bio-accumulation du chlordécone par les crustacés et d’autres espèces. La pollution du sol contamine quant à elle les légumes, tubercules, mais aussi les œufs et la viande.

En 2013, on estime que 52 % de Guadeloupéens et 31 % des Martiniquais se fournissent par un circuit court (Anses, 2017) et les personnes les plus exposées au chlordécone s’approvisionnent via ces circuits informels.

La connaissance de cette contamination des sols et de ses effets sur la santé s’est diffusée progressivement dans la population générale. En Martinique et Guadeloupe, l’usage du chlordécone et ses conséquences environnementales et sanitaires ont conduit à modifier les comportements alimentaires de quatre personnes sur dix (Inpes, 2009), du fait d’un sentiment de crainte par rapport à la sécurité alimentaire. Pour les foyers de Guadeloupe et Martinique dont les jardins étaient contaminés au chlordécone au-dessus des limites maximales résiduelles, le programme Jafa (jardins familiaux) a été mis en place pour réduire l’exposition au chlordécone par les produits des jardins ou élevages familiaux sur des sols contaminés. Si les terrains ont une contamination supé-rieure à 100 µg/kg, des conseillers Jafa peuvent assurer un suivi personnalisé.

Les conseils portent sur les comportements (limitation des légumes racines à deux fois par semaine par exemple, lavage soigneux et épluchage épais avant cuisson, diversification avec davantage de légumes verts…), mais aussi les types et modes de culture à privilégier (en buttes ou hors sol).

Le mercure et le plomb en Guyane

Les activités d’orpaillage ont conduit au principal problème sanitaire guyanais par l’alimentation, le mercure. En effet, dans le milieu aquatique, le mercure est converti en méthylmercure qui est avalé par les poissons, eux-mêmes consommés par l’homme. Ingéré, le mercure peut provoquer l’altération du développement neurologique ou neurocomportemental chez les fœtus et les enfants. Les populations amérindiennes du haut Maroni et de l’Oyapock sont particulièrement exposées, du fait d’une alimentation riche en poisson.

Le saturnisme chez les enfants guyanais constitue un autre problème de santé publique, avec de fortes suspicions sur une cause alimentaire. L’étude Guyaplomb entre 2015 et 2017 a montré que la contamination par le plomb touche surtout les garçons, les enfants de milieux socioéconomiques défavo-risés, et ceux habitant sur le littoral ou dans des villages sur le fleuve Oyapock (Camopi et Trois-Sauts).

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Des risques multiples à La Réunion

Une contamination au mercure existe à La Réunion comme en Guyane : les femmes enceintes et les jeunes enfants auraient un risque sanitaire accru lié à la consommation d’espadons et autres grands prédateurs, du fait de teneurs élevées de méthylmercure (Afssa, 2006 ; Anses, 2013).

Comme dans l’Hexagone, la médiatisation actuelle porte sur le glyphosate, utilisé à La Réunion comme herbicide autour des champs de canne à sucre.

La contamination proviendrait principalement de l’eau de boisson. Selon le président de l’association Oasis Réunion, pour la campagne « du glyphosate dans nos urines », il y aurait 100 % de résultats positifs chez les personnes testées dans l’Hexagone, même pour celles consommant seulement des produits biologiques.

Concernant la santé animale, la leucose bovine constitue un autre risque sanitaire à La Réunion, qui toucherait 70 à 80 % du cheptel réunionnais. À La Réunion et contrairement à l’Hexagone, comme la viande n’était pas exportée, les bêtes contaminées n’ont pas été abattues car le virus présent dans la viande et le lait est détruit par la chaleur (lait par stérilisation et viande par cuisson).

Le virus n’est pas impliqué dans des maladies humaines, mais une certaine méfiance envers les produits Péi commence à être relevée par les médias.

Les risques sanitaires liés à l’eau

L’eau de boisson constitue un risque sanitaire commun à plusieurs Drom.

Ainsi, à Mayotte, on rencontre des difficultés à la fois pour la consommation d’eau et pour le traitement des eaux usées. D’une part, un nombre important de Mahorais n’a pas facilement accès à l’eau potable. En 2013, l’Insee estime que seulement 72 % des résidences principales disposaient d’un point d’eau dans le logement (LUCEet al., 2017). La contamination par certaines rivières pourrait également être à l’origine de plusieurs cas d’hépatite A (Aboudou et al., 2019). D’autre part, l’assainissement s’avère insuffisant et conduit à des transmissions féco-orales à fort risque d’évolution épidémique.

L’eau de boisson soulève aussi un certain nombre de questions sur le territoire réunionnais. De fait, l’incidence des gastro-entérites aiguës serait le double à La Réunion par rapport à l’Hexagone. Des parasites ont été détectés dans les ressources en eau superficielles. De plus, ces captages superficiels – pour plus de la moitié de l’eau distribuée par les réseaux publics – les rendent fragiles face aux pollutions. Plus globalement, les infrastructures publiques d’adduction d’eau de consommation humaine connaissent un retard important à La Réunion,

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d’où une qualité sanitaire insuffisante (selon les secteurs ou les périodes), une éventuelle pénurie lors de la saison sèche, une montée des nitrates et pesticides.

Des dispositifs de traitement de l’eau demeurent importants à mettre en place face aux risques sanitaires pour la population réunionnaise.

Pour cette question des contaminations alimentaires et des crises sanitaires, les mécanismes de contamination sont beaucoup étudiés, mais peu les inquié-tudes chez les consommateurs et la manière dont ces questions impactent les comportements de la population.

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L’offre de soins dans les Drom doit s’apprécier notamment en fonction du profil de la population des Drom – population vieillissante aux Antilles, population en transition démographique tardive en Guyane et à Mayotte, ces deux Drom restant en croissance démographique avec La Réunion –, mais aussi par rapport aux pathologies nutritionnelles (voir II.6). Les disparités d’offre et de recours aux soins, mais aussi de parcours de soins dans les pathologies de la nutrition sont d’autant plus importantes à considérer qu’elles peuvent être des facteurs d’inégalités de santé (synthèse 6).