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3   LES MODES DE PRODUCTION AGRICOLE ALTERNATIFS 51

3.1 L’agriculture durable 52

Telle que décrit dans le premier chapitre, la définition de sécurité alimentaire renferme un aspect temporel qui soutient que pour qu’un contexte de sécurité alimentaire soit en place, la capacité de se procurer des aliments en quantité et qualité suffisante doit être constante dans le temps et ne doit pas être compromise dans le futur. Cela implique inévitablement que le système de production alimentaire, dont la base est l’agriculture, soit durable. Pour être qualifiée de la sorte, l’agriculture doit être pratiquée de manière à ne pas avoir d’effets adverses qui pourraient compromettre l’intégrité de l’environnement, elle doit être accessible et praticable pour les fermiers et elle doit engendrer une augmentation de la productivité (Pretty, 2007). Autrement dit, l’agriculture durable doit permettre le maintien et l’amélioration continues des conditions qui soutiennent ses opérations (Russell, 2008). Ainsi, comme le rapporte le conseiller spécial sur le droit à l’alimentation pour l’ONU, pour pouvoir nourrir la population que comptera la terre en 2050, il faudra adopter les techniques agricoles les plus efficientes disponibles (De Schutter, 2010), ce qui permettra d’augmenter la production tout en ayant le plus faible impact possible sur l’environnement. Cela pourrait comprendre l’intégration des principes de l’agriculture biologique et

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écologique afin de minimiser l’utilisation des ressources non renouvelables et de mettre à profit les connaissances et les habilités des agriculteurs pour régler les différentes problématiques que connaît le monde agricole (Pretty, 2007).

L’importance d’éviter les effets adverses sur l’environnement est un point essentiel puisque l’agriculture repose sur une gamme de services écosystémiques qui lui sont indispensables et qui dépendent de l’équilibre des agroécosystèmes. Un agroécosystème peut se définir comme étant un écosystème où les humains ont sélectionné les éléments qui le composent. Contrairement à un écosystème, un agroécosystème est géré et modifié intentionnellement par l’Homme. Le but de cette gestion est de produire des aliments ou autres produits pouvant être utilisés par l’Homme, ce qui attribue à ce système des dimensions humaines, économiques, environnementales et écologiques (FAO, 2011c). Un autre concept important lorsqu’il est question de services écosystémiques rendus par un agroécosystème est l’agrobiodiversité, soit ce qui supporte les fonctions clés de l’agroécosystème (Conseil de l’Europe, 2002). Celle-ci se définie donc par la variabilité et la variété des organismes, animaux, plantes et microorganismes, qui composent le milieu agricole et ce autant à l’échelle génétique, qu’à celle des espèces ou de l’écosystème (Centre de recherche pour le développement international, 2010).

Sur ce point, la situation est préoccupante, car plusieurs de ces services sont mis en péril par les pratiques actuelles. L’ONU estime qu’à ce jour, 60 % des services écosystémiques sont surexploités ou mis en danger (Lundberg et al., 2008). Bien qu’à court terme, il soit possible de palier à leur dégradation en utilisant des succédanés, il est primordial d’assurer leur conservation et leur qualité à long terme pour permettre une productivité agricole qui perdurera dans le temps.

Cependant, il existe de plus en plus d’évidences que l’approche actuelle en agriculture a atteint une limite environnementale critique, que les coûts en terme de services écosystémiques qui sont perdus ou détériorés deviennent de plus en plus élevés et qu’il sera de plus en plus difficile pour l’humanité de les assumer (Kitzees et al., 2008). Cela, sans

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compter qu’en détruisant ainsi la capacité de régénération de la terre, on sacrifie également sa capacité à nourrir les générations futures (Jordan, 2008).

Une liste non exhaustive des services écosystémiques qui sont bénéfiques à l’agriculture et qui doivent être préservés est présentée au tableau 3.1.

Tableau 3.1 Les fonctions des écosystèmes et leurs services rendus à l’agriculture.

Exemples de fonctions de l’agro- biodiversité des agro-écosystèmes

Bénéfices pour l’agriculture

La prévention de l’érosion des sols Empêche le phénomène de

désertification et permet de préserver les terres arables. Le maintien de la matière organique du sol est essentiel pour permettre le recyclage et la rétention des nutriments dans le sol.

Le recyclage des nutriments Permet une réutilisation des nutriments

dont le carbone qui représente une source d’énergie pour les plantes et qui est rendu disponible grâce au travail des micro-organismes du sol.

La fixation de l’azote Assure la fertilité du sol en azote.

La pollinisation Permet la reproduction les plantes.

Le contrôle des mauvaises herbes et des insectes ravageurs

Minimise la compétition entre les plantes et les mauvaises herbes et réduit la lutte que doivent faire les plantes contre les insectes nuisibles.

55 La conservation de la diversité

génétique

Assure la résilience des cultures puisque les maladies se propagent plus lentement au sein de cultures diversifiées (Jordan, 2008). Augmente la productivité des cultures grâce aux interactions

complémentaires et à la répartition des ressources qui facilite la rétention des nutriments (Finke et al., 2008).

La préservation de la fertilité du sol Permet de réduire la quantité des engrais chimiques. Un sol qui possède une bonne matière organique permettra plus facilement de retenir les nutriments et par le fait même d’éviter leur fuite dans les cours d’eau (Jordan, 2008).

La capacité de rétention de l’eau du sol Rend l’eau disponible pour les plantes sur une plus longue période et permet d’en réduire la consommation tout en prévenant les inondations.

La fixation du carbone Réduit la quantité de GES dans

l’atmosphère.