1.3 L’adh´esion cellulaire
1.3.5 L’adh´esion dans les processus m´etastatique et immunitaire
1.3.5.1 La diap´ed`ese des leucocytes
Comme cela a d´ej`a ´et´e ´enonc´e au paragraphe 1.3.1, l’adh´erence cellulaire intervient
au cours de nombreux processus physiologiques et pathologiques. Dans la r´eponse
immu-nitaire, la diap´ed`ese est la travers´ee active des parois vasculaires par les leucocytes. La
diap´ed`ese est sous la d´ependance de l’expression de mol´ecules d’adh´erence `a la surface des
leucocytes et des cellules endoth´eliales. Ces mol´ecules appartiennent `a quatre familles :
– Les S´electines : E-s´electine (endoth´eliale), P-s´electine (endoth´eliale et plaquettaire),
L-s´electine (leucocytaire).
– La Superfamille des Immunoglobulines : ICAM-1, VCAM-1..., mol´ecules d’adh´erence
principalement endoth´eliales.
– Les Int´egrines : LFA-1, MAC-1, VLA-1..., mol´ecules d’adh´erence surtout
leucocy-taires. Les cadh´erines : VE-cadh´erine, prot´eine assurant l’adh´esion intercellulaire
entre les cellules endoth´eliales.
Ces mol´ecules interviennent dans les diff´erentes ´etapes de la diap´ed`ese (Fig. 1.15) :
– Margination : les leucocytes sont press´es vers le bord des microvaisseaux o`u le flux du
sang est plus lent. Il sont alors proches de l’endoth´elium qui, lors d’une inflammation,
est activ´e par des m´ediateurs chimiques, cette activation entraˆınant une augmentation
d’expression des s´electines.
– Roulement : les leucocytes, exprimant des sucres PSGL-1 et des prot´eoglycanes,
roulent `a la surface des cellules endoth´eliales dans les microvaisseaux en formant des
liaisons fragiles et transitoires avec les s´electines de l’endoth´elium.
– Activation : les cellules endoth´eliales, activ´ees par des m´ediateurs d’inflammation,
produisent des ch´emokines associ´ees aux prot´eoglycanes. Ces prot´eoglycanes
sti-mulent les r´ecepteurs pr´esents `a la surface du leucocyte.
int´egrines inactives sur la membrane avec des signaux nucl´eaires. Ainsi, l’adh´erence
faible des leucocytes via les s´electines stimule indirectement l’expression des int´egrines.
Ces int´egrines activ´ees s’attachent aux ICAM
10de la cellule endoth´eliale.
L’interac-tion entre les int´egrines et des mol´ecules de la superfamille des immunoglobulines
(ICAM) conduit ensuite `a une adh´esion forte.
– Travers´ee de l’endoth´elium : la migration se fait entre deux cellules endoth´eliales dans
la r´egion d’inflammation, en suivant un gradient de concentration des m´ediateurs
d’inflammation.
Fig. 1.15: La diap´ed`ese des leucocytes (pour des raisons de clart´e, l’´echelle de taille n’est pas respect´ee).
1) Margination, 2) Roulement, 3) Activation, 4) Adh´esion, 5) Diap´ed`ese. (source : http ://www.unifr.ch/
anatomy/elearningfree/francais/bindegewebe/popup zelle/f-diapedese.php)
1.3.5.2 La diap´ed`ese des cellules canc´ereuses
Au cours du d´eveloppement d’un cancer, l’adh´esion cellulaire est pr´epond´erante dans la
formation des m´etastases secondaires, tout particuli`erement lorsque les cellules canc´ereuses
d´etach´ees de la tumeur primaire s’arrˆetent `a un endroit pr´ecis du r´eseau de circulation
sanguine pour former une nouvelle tumeur. On peut classer les facteurs d’arrˆet potentiel
en trois cat´egories :
– Les contraintes m´ecaniques.
– Les effets de taille et les effets microfluidiques : en effet, une cellule tumorale circulante
va s’arrˆeter dans un capillaire si le diam`etre est inf´erieur `a son diam`etre, adh´erer puis
croˆıtre localement pour former une tumeur secondaire
– Les m´ecanismes de reconnaissance sp´ecifique : les cellules tumorales sont ainsi
ca-pables d’interagir avec l’endoth´elium vasculaire par l’interm´ediaire de mol´ecules d’adh´esion
exprim´ees `a la surface des deux types cellulaires, ce qui leur permet de s’arrˆeter,
d’adh´erer et de transmigrer (Miles et al., 2008).
L’adh´esion `a la paroi du vaisseau sanguin est donc une phase cl´e dans le processus
m´etastatique puisqu’il pr´econditionne la diap´ed`ese, ou «extravasation», i. e. la travers´ee
de l’endoth´elium par la cellule canc´ereuse, processus qui marque l’entr´ee dans le tissu
sous-jacent.
Les m´ecanismes biologiques impliqu´es dans la diap´ed`ese des cellules canc´ereuses ne sont
pas clairement compris. Un mod`ele de la diap´ed`ese des cellules canc´ereuses a ´et´e ´etabli
sur la base de la migration trans-endoth´eliale des leucocytes, ph´enom`ene d´ej`a largement
´etudi´e et aujourd’hui bien caract´eris´e. Ceci se justifie tout d’abord car la transmigration
des cellules canc´ereuses et celle des leucocytes au travers de l’endoth´elium vasculaire se
d´eroulent toutes deux en pr´esence d’un ´ecoulement. De plus, certains des r´ecepteurs de
l’endoth´elium se liant aux prot´eines d’adh´esion des cellules canc´ereuses sont similaires `a
ceux impliqu´es au cours de la reconnaissance immunitaire lorsque les leucocytes atteignent
une zone d’inflammation. Cependant, malgr´e des similitudes entre la diap´ed`ese des
leuco-cytes et l’extravasation des cellules canc´ereuses, il y a des diff´erences entre les leucoleuco-cytes
et les cellules canc´ereuses circulantes :
– Les cellules canc´ereuses, avec un diam`etre moyen de 20µm, ont une taille plus
im-portante que les leucocytes (environ 8µmde diam`etre), ce qui les rend moins motiles
(Chotard-Ghodsniaet al., 2003).
– Leur taille plus importante combin´ee `a la pr´esence de certaines mol´ecules d’adh´esion
conf`ere aux cellules canc´ereuses une tendance `a s’agr´eger soit entre elles soit avec
des leucocytes ou plaquettes. Ces agr´egats sont alors facilement arrˆet´es par des
contraintes de taille dans le vaisseau sanguin, ce confinement tendant `a augmenter
le taux de formation de m´etastases.
– Chez les cellules canc´ereuses, l’expression de mol´ecules d’adh´esion et d’enzymes est
modifi´ee par rapport aux cellules saines, ce qui influence les ph´enom`enes adh´esifs et
la d´egradation de l’endoth´elium vasculaire par les cellules canc´ereuses (Thiery, 2003).
– Les propri´et´es rh´eologiques des cellules canc´ereuses sont diff´erentes de celles des
leu-cocytes. Les cellules tumorales sont en g´en´eral plus d´eformables que les cellules saines
(Suresh, 2007).
Du fait de sa localisation dans un microvaisseau sanguin ou lymphatique, la phase
d’adh´esion qui pr´ec`ede la diap´ed`ese se produit dans des conditions particuli`eres : la cellule
canc´ereuse est confin´ee et soumise `a une contrainte de cisaillement. En effet, dans des
g´eom´etries confin´ees o`u le diam`etre peut ˆetre inf´erieur `a 100µm, la contrainte de
cisaille-ment `a la paroi peut atteindre 10P a (Gaver et Kute, 1998). On peut donc supposer que
les conditions de flux et le confinement sont deux param`etres qui influencent fortement les
ph´enom`enes adh´esifs mis en jeu. Ce travail de th`ese s’inscrit dans ce contexte : pour tester
l’influence du flux et du confinement sur l’adh´esion d’une cellule canc´ereuse confin´ee, un
dispositif microfluidique a ´et´e mis au point. Il mod´elise un vaisseau sanguin `a la paroi
duquel des cellules canc´ereuses adh`erent dans la phase pr´ec´edant la diap´ed`ese.
1.4 La r´eponse cellulaire `a des sollicitations externes
Dans le document
Effet de l'écoulement sur l'adhésion de cellules en géométrie confinée
(Page 45-48)