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Non résécables (n= 32)

1. Rappel anatomo-pathologique

1.2. L’adénocarcinome pancréatique `

L’adénocarcinome canalaire et ses variantes représentent près de 90% de toutes les tumeurs pancréatiques.

a. Macroscopiquement

L’adénocarcinome canalaire « classique » siège dans 60 à 70% des cas dans la tête du pancréas. Il se présente habituellement à l’examen macroscopique sous la forme d’une tumeur ferme, mal limitée, parfois spiculée, de teinte blanc jaunâtre, mesurant de 1 cm à plus de 10 cm de grand axe. Les remaniements nécrotiques et hémorragiques sont inhabituels.

b. Histologiquement

La plupart des adénocarcinomes canalaires sont bien à moyennement différenciés. Ils se caractérisent par une prolifération tumorale infiltrante faite de structures glandulaires imitant plus ou moins les canaux pancréatiques et enserrées dans un abondant stroma desmoplastique.

Les adénocarcinomes bien différenciés sont constitués de glandes de grande et de moyenne taille parfois séparés par des canaux résiduels non tumoraux. Des structures cribriformes et pseudopapillaires peuvent s’observer. Les cellules tumorales sont cylindriques mucosécrétantessouvent claires. Le noyau nucléolé présente peu d’atypies. Les mitoses sont rares (5/10 champs x 40). Dans les adénocarcinomes moyennement différenciés, les glandes sont plus petites et les atypies sont plus marquées. Les mitoses sont estimées de 6-10/10 champs x 40. La mucosécretion est irrégulière. Plus rares, les adénocarcinomes peu différenciés réalisent des glandes de très petite taille mêlées à des cordons, des travées et des massifs tumoraux.

Des foyers malpighiens, fusiformes ou anaplasiques peuvent s’observer mais ne doivent pas dépasser 20% de la tumeur. Des foyers hémorragiques et nécrotiques sont observés. Les atypies nucléaires sont très marquées et les mitoses sont estimées à plus de 10/10 champs(6).

Figure 50: Adénocarcinome pancréatique: Coupe macroscopique(A) et aspect histomorphologique (B). (7)

c. Immunohisctochimie

Aucun marqueur immunohistochimique ne permet de trancher formellement en faveur de la nature pancréatique de l’adénocarcinome canalaire. Cependant les cellules tumorales expriment l’Antigène carcino-embryonnaire (ACE) et les cytokératines 7, 8, 18 et 19(8).

d. Variantes morphologiques

L’adénocarcinome mucineux, non kystique, qui se présente macroscopiquement sous la forme d’une tumeur nodulaire, souvent mal limitée, de consistance molle, friable et mucoide.

A l’examen microscopique il est composé de vastes flasques de mucus au sein desquelles flottent des cellules carcinomateuses.

Les carcinomes à cellules en bagues à chaton ou à cellules indépendantes est une tumeur ferme, mal limitée ; de teinte beige blanchâtre. Histologiquement il est composé de cellules arrondies, dont le noyau irrégulier est souvent refoulé en périphérie. Ces cellules se groupent en travées, ou siègent de manière isolée au sein d’un stroma abondant fibreux.

Le carcinome adénosquameux : macroscopiquement se présente souvent sous la forme d’une tumeur mal limitée, blanchâtre, indurée. A l’examen microscopique la lésion à une double composante ; une composante glandulaire d’architecture lobulée et une composante carcinomateuse de type épidémie, d’architecture tubulée.

Le carcinome anaplasique ou indifférencié ou sarcomatoide : tumeur nodulaire, mal limité, blanchâtre, de consistance molle et friable, avec parfois des remaniements nécrotiques et hémorragiques. Histologiquement la prolifération tumorale à une architecture diffuse composée de cellules arrondies et fusiformes.

Le carcinome indifférencié à cellules géantes de type ostéoclastique est une variante de carcinome anaplasique, faite de cellules arrondies, de grandes tailles, plurinucléés, s’apparentant morphologiquement à des cellules de type ostéoclastique.

Le carcinome médullaire : rare, la tumeur est peu différenciée, a une architecture lobulée et trabéculée, syncytiale, refoulant le parenchyme pancréatique.

Le carcinome mixte canalaire endocrine : est une variante rare de cancer pancréatique, présentant une double composante tumorale adénocarcinomateuse canalaire et endocrine, d’architecture trabéculée, composée de cellules arrondies siégeant au sein d’un stroma fibreux parfois richement vascularisée, Le pronostic de ce cancer rejoint celui des adénocarcinomes canalaires « classiques »

e. Cytogénétique

Les anomalies génétiques observées dans les cancers du pancréas exocrine sont représentées en premier lieu par la mutation du codon 12 du gène K-ras apparaissant très tôt dans la cancérogenèse pancréatique compte tenu de sa détection dans les tumeurs borderlines. Une mutation des gènes suppresseurs de tumeurs (p53, p16/MTS-1 et DPC-4/SMAD4) est également décrite. Leur mutation aboutit à la perte de leur fonction inhibitrice sur la prolifération cellulaire ce qui contribue à la progression tumorale(9).

f. Classfication TNM (10)

On se réfère à la classification radiologique TNM et stadification de l’AJCC Cancer StagingManual, 8ème édition.

Elle introduit des modifications dans les catégories T et N par rapport aux classifications antérieures (Kamarajah, Burns, Frankel, Cho, & Nathan, 2017).

S’applique aux carcinomes du pancréas exocrine et aux carcinomes neuroendocrines de haut grade.

La maladie doit être confirmée histologiquement ou par cytologie.

Tableau X: Classification radiologique TNM des carcinomes du pancréas exocrine

Catégorie T Taille de la tumeur, mesurée dans sa plus grande dimension

Modifications par rapport à la 7ème

classification* T1 Tumeur ≤ 2 cm T1a Tumeur ≤ 0,5 cm T1b Tumeur > 0,5 cm et < 1 cm T1c Tumeur > 1 cm et ≤ 2 cm

T2 Tumeur > 2 et ≤ 4 cm Basée sur la taille et non pas sur l’invasion extra-pancréatique (avantage : plus objective, meilleure

corrélation avec la survie)

T3 Tumeur > 4 cm

T4

Tumeur envahissant l’axe cœliaque l’artère mésentérique supérieure et/ou à

l’artère hépatique commune

Basée sur l’envahissement des artères et non pas la notion de résécabilité

Catégorie N Adénopathies régionales (subdivision dans la nouvelle classification)

N0 Pas de métastase ganglionnaire régionale

N1 1 à 3 ganglions régionaux métastatiques

Distinction N1/N2. N2 ≥ 4 ganglions régionaux métastatiques

Catégorie M Métastases à distance (pas de changement)

M0 Pas de métastase à distance M1 Présence de métastase(s) à distance

Les ganglions lymphatiques régionaux pour les tumeurs de la tête et de l’isthme ne sont pas définis de façon consensuelle. Classiquement, les adénopathies régionales sont définies comme étant celles du pédicule

Définition du caractère régional des adénopathies

hépatique

, de l’artère

hépatique

commune, de la veine porte, pyloriques, antérieurs ou postérieurs aux vaisseaux pancréatico-duodénaux, et le long de la VMS et du bord latéral droit de l’AMS (AJCC 2017).

Les ganglions lymphatiques régionaux pour les tumeurs du corps et de la queue ne sont pas non plus définis de façon consensuelle et pourraient ne pas être les mêmes pour les tumeurs la partie proximale du corps et de la queue. Classiquement, les adénopathies régionales sont définies comme étant celles le long de l’artère

hépatique

commune, du tronc cœliaque, de l’artère

splénique

, et du hile

splénique

(AJCC 2017).

Les atteintes des autres groupes lymphatiques sont considérées comme des métastases à distance

g. Stades

Tableau XI : Stadification des tumeurs

Stade IA T1 N0 M0

Stade IB T2 N0 M0

Stade IIA T3 N0 M0

Stade IIB T1-T3 N1 M0

Stade III Tout T

T4

N2 Tout N

M0 M0

1.3. Cholangiocarcinome :

a. Macroscopiquement

Les cholangiocarcinomes se présentent sous 3 formes :

Les tumeurs nodulaires, provenant plutôt des canaux biliaires périphériques et se développant par invasion directe du parenchyme hépatique adjacent ;

Les tumeurs à infiltration péricanalaire, qui trouvent leur origine dans le canal hépatique principal ;

Les tumeurs à croissance intracanalaire, les plus rares, qui restent le plus souvent confinées à l’intérieur des voies biliaires et n’en franchissent que rarement la paroi.

b. Histologiquement

Quatre-vingt-dix pour cent des tumeurs des voies biliaires sont des adénocarcinomes, le plus souvent mucosecrétants et bien différenciés, développés à partir de l’épithélium des voies biliaires.

c. Classification TNM (8ème édition 2017)

Cette classification s’applique aux carcinomes des voies biliaires au-delà de l’insertion du canal cystique. Un cancer du canal cystique est considéré comme une tumeur de la vésicule biliaire.

Les ganglions régionaux sont ceux situés le long du canal cholédoque, de l’artère hépatique commune, vers le tronc cœalique, pancréaticoduodénaux antérieurs et postérieurs, le long de la veine supérieure mésentérique et du bord latéral droit de l’artère mésentérique supérieure.

Tableau XII : Classification radiologique TNM des cholangiocarcinomes extra-hépatiques distaux.

T – Tumeur primitive

TX La tumeur primitive ne peut être évaluée

T0 Pas de tumeur primitive décelable

Tis Carcinome in situ

T1 Tumeur limitée à la paroi des canaux biliaires T2 Tumeur étendue au-delà de la paroi de la voie biliaire

Note : La « paroi des canaux biliaires » comprend l’épithélium, le tissu conjonctif sous-épithélial et la couche fibromusculaire

T3 Tumeur envahissant la vésicule biliaire, d’autres organes adjacents. le foie, le pancréas, le duodénum, ou T4 Tumeur envahissant le tronc cœaliaque, ou l’artère mésentérique supérieure

N – Adénopathies régionales

NX Les adénopathies régionales ne peuvent être évaluées N0 Pas d’adénopathie régionale métastatique

N1 Métastases ganglionnaires régionales

M – Métastases à distance

M0 Pas de métastase à distance

M1 Présence de métastases à distance

d. Classification histopathologiquepTN

Les catégories pT et pN correspondent aux catégories T et N.

pN0 : l’examen histologique d’un prélévement de ganglions régionaux comprend habituellement 15 ganglions ou plus pour un carcinome périhilaire et 12 ganglions ou plus pour un carcinome des voies biliaires extrahépatiques distal. Si les ganglions lymphatiques examinés sont négatifs, mais que le nombre habituellement réséqué n’est pas atteint, classer pN0.

e. Stades

Tableau XIII : Stadification des Cholangiocarcinomes distaux : Groupement par stades

Stade 0 Tis N0 M0

Stade IA T1 N0 M0

Stade IB T2 N0 M0

Stade IIA T3 N0 M0

Stade IIB T1, T2, T3 N1 M0

Stade III T4 tous N M0

Stade IV tous T tous N M1