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Dans l’enseignement secondaire, de nombreuses initiatives permettent de découvrir des structures, mais aussi des pratiques culturelles. En ce qui concerne le cinéma, nous pensons bien évidemment au dispositif « lycéens et apprentis au cinéma », mis en place par le CNC et le Ministère de l’Éducation nationale et coordonné par la Région145.

145 "Lycéens et apprentis au cinéma" s’adresse aux élèves de seconde, première et terminale des lycées d’enseignement général, professionnel publics et privés, des lycées agricole et des CFA. Dans le cadre du temps scolaire, ce dispositif propose la projection d’au minimum de trois films par classe et par année. (…) Un document destiné aux enseignants accompagne chaque film (synopsis, générique, réalisateur et acteurs, analyse de la structure dramaturgique, analyse d’une séquence, contexte historique ou esthétique...). Chaque élève reçoit également, lors des projections, une fiche technique par film. Les objectifs de "Lycéens et apprentis au cinéma", portés par les enseignants et leurs

Hormis cet exemple de dispositif, de nombreux établissements du secondaire sont amenés à mettre en place des ateliers ou des options (théâtre, cinéma, arts plastiques, danse…) Certains enseignants n’hésitent pas non plus à proposer des sorties à connotation culturelle telle que la visite de structures ou encore de sortie au théâtre, au musée, ou à l’opéra. Ces différentes actions répondent à la mission de transmission de l’École et permettent à des lycéens de porter un premier regard sur un art ou une forme artistique. En entrant à l’université, les étudiants sont confrontés à la gestion autonome de leur temps et cela concerne aussi bien leur temps de travail personnel, que leurs activités annexes. Les "sorties", telles qu’elles avaient été éprouvées au moment du lycée, deviennent marginales au moment des études. De fait, les étudiants deviennent complètement autonomes par rapport aux impératifs de l’enseignement secondaire et entrent ainsi dans une phase d’observation exploratoire – pour ne pas dire expérimentation – de ce qui conditionnera leurs pratiques culturelles futures. Si une grande partie de leurs expériences culturelles peuvent alors être éprouvées au sein même de l’université, bon nombre de sorties se feront à l’extérieur, au sein des structures locales.

Dès lors, la mission de l’université devient celle d’accompagner les étudiants vers ces structures en établissant un dialogue, et quand cela s’y prête, un partenariat. C’est ce que soulignent Florence Kunian et Guillaume Houzel dans leur ouvrage :

« Les étudiants sont d’abord un public potentiel important des évènements culturels programmés à

partenaires professionnels, sont de faire évoluer le regard porté par les lycéens sur des cinématographies méconnues, voire rejetées, de développer chez eux une approche critique de l’image animée, et de leur donner la capacité de cerner les enjeux d’un film. Le développement d’une culture cinématographique, la mise en perspective du film dans un contexte historique et esthétique, l’acquisition d’un vocabulaire technique et l’approche de l’analyse filmique sont les thèmes les plus largement traités en classe. »

l’université et alentour. Il convient donc de les informer, et même parfois de négocier des politiques tarifaires incitatives pour qu’ils fréquentent les lieux culturels146 ».

La création de dispositifs tels que le « Patch culture147 » permet aux étudiants (mais également à toute la communauté universitaire : enseignants chercheurs, personnel administratif) de bénéficier d’une tarification intéressante en ce qui concerne le théâtre, l’opéra, les cinémas du territoire avignonnais. Lors du premier Séminaire National des Arts et de la culture étudiante (SNACE) qui se déroulait à Angers en 2013148, certains professionnels et universitaires s’étaient posé la question de l’incorporation automatique d’un dispositif similaire au patch culture sur la carte d’étudiant. Or, l’obtention du Patch tel qu’il a été conçu à l’Université d’Avignon doit faire l’objet d’une mobilisation personnelle :en effet la personne désireuse de bénéficier des avantages du Patch doit se faire connaître afin de valider ce dispositif.

Ce système tend à responsabiliser chacun quant à ses pratiques culturelles et fait de l’université non pas un marqueur culturel incontournable mais bien un prescripteur qui permet d’avoir accès aux richesses du territoire. Il apparaît donc essentiel de s’interroger, non plus seulement sur la nécessité de mettre en place des dispositifs

146 KUNIAN Florence, HOUZEL Guillaume,Politiques de vie étudiante des universités, La documentation françaises, Paris, 2009, p.202

147 « Le Patch culture est un dispositif qui a pour objectif de développer et diversifier les pratiques culturelles de la communauté universitaire d’Avignon. En effet, dans notre université, la culture est pensée comme un lieu de rassemblement : elle ne doit pas favoriser les corporatismes en distinguant étudiants, enseignants-chercheurs et administratifs. D’autre part il ne s’agit pas de se contenter de consolider les pratiques culturelles de ceux qui en ont déjà. » Extrait du texte de présentation du dispositif sur le site www.univ-avignon.fr.

148 Le SNACE s’était déroulé le 5, 6 et 7 avril 2013 à Angers. Il a été organisé par la FAGE (Fédération des Associations Générale Étudiantes) en partenariat avec l’université d’Angers et la municipalité angevine.

d’accès à la culture, mais aussi de mener une réflexion sur la manière dont ces dispositifs vont fonctionner. Eneffet, passé le premier contact, il ne s’agit plus seulement de rendre possible la première fois mais de pérenniser des pratiques culturelles autonomes afin de faire des étudiants – alors jeune public de la culture – le public de demain, qui deviendra à son tour passeur de culture.

La problématique des pratiques culturelles au sein des établissements d’enseignement supérieur intervient donc à plusieurs niveaux :la garantie de l’accès, quelque soit le niveau de ressources, à la culture de tous les étudiants, et la construction d’une identité culturelle qui permettra à ce dernier de se réaliser en tant qu’individu et de ne pas restreindre ses aspirations et perspectives d’avenir aux heures d’enseignements théoriques. Faire de l’étudiant un acteur de sa formation tend à le responsabiliser par rapport à celle-ci, mais aussi par rapport à son avenir et de renforcer le sentiment d’appartenance à la communauté universitaire, notamment par le biais de la culture dont l’expérience esthétique peut aller au-delà des clivages de diplômes, ou d’origine sociale.