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Chapitre 2 Perspectives du développement durable et de

2. Perspectives du développement durable et acceptabilité sociale du projet

2.4 L’acceptabilité sociale

2.4.2 L’acceptabilité sociale et le BAPE

L’acceptabilité sociale au Québec est une notion qui émerge dans le développement des processus d’audiences publiques menées par le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) à partir des années 1986.

Au fil du temps, la notion d’acceptabilité sociale semble avoir surtout permis de polariser les acteurs, ceux qui sont pour un projet et ceux qui sont contre.

Gauthier et Simard dressent le bilan du BAPE depuis son existence et démontrent que l’expérience du BAPE permet aussi d’observer une évolution marquée de la question de l’objet du débat sur les projets relativement à trois éléments : l’environnement, l’acceptabilité sociale et la diversification des projets. Dès sa période de fondation, le BAPE adopte une définition large de la notion d’environnement, et ce, avant même la formalisation du concept de développement durable (CMED, 1988). En effet, celle-ci doit contenir les dimensions biophysique, sociale, économique et culturelle. De même, à partir du début des années 1990, la notion de développement durable deviendra un cadre de référence pour analyser les projets. Par ailleurs, l’étude des plus récents projets majeurs examinés par le BAPE laisse entrevoir la montée des enjeux mondiaux (les gaz à effet de serre, la mondialisation et la biodiversité) lors des débats et, parmi les composantes de la notion de développement durable, il semble que ce soit la dimension sociale, l’acceptabilité sociale des projets, qui s’impose en cours de route. Au tournant des années 1990, ce critère, bien qu’il demeure généralement flou, se précisera.

Dorénavant, l’appréciation d’un risque ne concerne plus uniquement les décideurs ou les experts et elle relève non seulement de facteurs quantifiables, mais aussi de la perception de la population. L’importance de l’acceptabilité sociale des projets fait en sorte qu’en plus de diminuer les effets négatifs, les promoteurs sont tenus de maximiser les incidences positives (retombées économiques) et de compenser les effets résiduels.

L’Institut du Nouveau Monde (2014) a établi quelques pistes à retenir de ce qu’est ou ce que n’est pas l’acceptabilité sociale :

• L’acceptabilité sociale n’est pas l’acceptation passive d’un projet par une majorité silencieuse.

• L’acceptabilité sociale ne se résume pas à une vision binaire, pour ou contre un projet.

• L’acceptabilité sociale met en débat des valeurs, des visions des territoires et des modèles de développement.

• L’acceptabilité sociale exige la mise en place de processus d’interaction, sous forme collaborative ou conflictuelle, de nombreux acteurs : personnes élues, société civile, promoteurs, État.

• Ces processus doivent être situés dans leur contexte particulier, en lien avec les valeurs et l’histoire des territoires concernés. Ils doivent tenir compte du fait que certains contextes peuvent poser des contraintes à l’expression de vues alternatives et à la participation (ex. : économie en difficulté, populations vulnérables, environnement dégradé, etc.).

• Les meilleurs processus ne mènent pas toujours à une acceptation. • Quoique jamais définitivement acquise, l’acceptation peut avoir des

fondements solides si les finalités et les changements apportés par le projet ont été explicitement exposés puis admis comme souhaitables, car jugés cohérents avec les valeurs sociales et l’avenir du territoire.

Autre acteur concerné par le développement des projets, le Conseil patronal en environnement du Québec identifie trois valeurs essentielles pour réussir l’acceptabilité sociale d’un projet. Aussi donne-t-il le conseil suivant aux entreprises : « L’état d’esprit dans lequel les entreprises entreprendront une

démarche en vue d’une acceptabilité sociale d’un projet s’avère un élément primordial qui influencera le niveau de succès ou l’échec de la démarche. L’écoute, la transparence et l’intégrité, de part et d’autre, constituent les trois piliers de la démarche. »

Ce qui ressort de ces pistes sur ce qu’est l’acceptabilité sociale, c’est le rapport aux valeurs. Ce rapport présente une cohérence entre les valeurs sociales et l’avenir du territoire. On y retrouve des valeurs en lien avec le

territoire, avec des valeurs sociales et celles qualifiant le processus d’interaction entre les parties prenantes.

Dans tous les cas, il s'agit d'implanter un projet d'exploitation de ressources naturelles dans une communauté et de qualifier sa faisabilité en considérant la réaction de la communauté. Le terme « implantation » est la clé parce que l'objectif est vraiment de tester la résistance et d'obtenir une réaction positive. Dans le cas contraire, on pourra cesser les procédures à temps pour minimiser les pertes.

Pour un promoteur qui doit démontrer l’acceptabilité sociale de son projet aux autorités gouvernementales, dans le but d’obtenir son permis d’activité, la définition importe beaucoup moins à court terme que la façon dont il peut mettre en place les conditions pour l’obtenir et démontrer, hors de tout doute, qu’il l’a obtenue! C’est aussi ce que s’évertuent à faire, à l’inverse, les opposants à un projet : démontrer que l’acceptabilité sociale n’est pas au rendez-vous, mesure à l’appui si possible. On assiste alors à la multiplication et à la sophistication des processus de participation mis en place par les promoteurs, laissant se profiler à l’horizon des écueils. (INM 2014)

LesAffaires.com renchérit en reconnaissant que « l'actualité nous fait prendre conscience que récemment, plusieurs grands projets ont fait les frais d'une forte mobilisation citoyenne », c’est donc dire l’importance que le secteur du

développement des affaires accorde à l’acceptabilité sociale.

C’est donc dans le giron entourant les débats concernant les impacts environnementaux de la mise en œuvre des projets industriels, de toutes natures, que se développe la notion d’acceptabilité sociale.