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L’évolution de la fonction événementielle du site patrimonial du Vieux-Québec

Chapitre 3 : L’évolution de la fonction événementielle

3.2 L’évolution de la fonction événementielle du site patrimonial du Vieux-Québec

« Au début des années 1960, le Vieux-Québec et, plus largement, la Ville de Québec accueillent fort peu de grands événements — une situation qui, du reste, n’est pas unique à Québec » (Berthold, 2010 : 57). À l’exception du Carnaval de Québec (1955) et du Festival d’été de Québec (1968), il n’y a pas d’autres grands événements annuels et très

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peu de grands événements uniques avant les années 1970 (graphique 1)14. Notons tout de même quelques exceptions : la visite royale du duc et de la duchesse de York en 1901 et celle de la reine Élisabeth II en 1964. Le tricentenaire de la ville de Québec en 1908, qui entraîne la création, quelques années plus tard, du parc des Champs-de-Bataille. L’atterrissage et le séjour de Charles Lindbergh en 1928, même si son but principal est d’apporter un sérum à un ami (Floyd Bennett) à l’hôpital Jeffery Hale, il est accueilli par une foule lors de son atterrissage et il est reçu à dîner par le premier ministre de l’époque Louis-Alexandre Taschereau (CCBN); il s’agit donc d’un événement unique d’envergure pour l’époque.

Les années 1970 ne sont pas beaucoup plus florissantes au niveau des grands événements. Par contre, c’est le début des rassemblements culturels mondiaux, commencés en 1969 au festival de Woodstock : ce dernier accueille 500 000 personnes. Le festival se déroule dans l’État de New-York, il est un exemple des changements démographiques en Amérique du Nord notamment par l’arrivée à l’âge adulte des baby-boomers et le

14 Rappelons que les statistiques et les tableaux sont tirés d’une compilation de 117 grands événements entre 1960 et 2017 ayant lieu sur l’ensemble du territoire du site patrimonial du Vieux-Québec.

1 Évolution du nombre d'événements à Québec (tous les grands événements)

0 10 20 30 40 50 60 2017 2014 2011 2008 2005 2002 1999 1996 1993 1990 1987 1984 1981 1978 1975 1972 1969 1966 1963 1960 No m b re d 'év én em en ts Année

Graphique 1 : Évolution du nombre d'événements à Québec (tous les

grands événements)

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déploiement des phénomènes que l’on peut associer à la contre-culture comme les grands rassemblements ou les concerts de musique. Le Québec s’inscrit dans cette mouvance. Effectivement, on assiste à quelques grands événements culturels dans la même lignée, la Superfrancofête de 1974 en est l’exemple le plus probant. Plus de 150 000 spectateurs assistent au spectacle d’ouverture (« J’ai vu le loup, le renard et le lion ») rassemblant trois monuments de la chanson de trois générations différentes (Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois) (Lavoie, 7 août 1999). Cet événement est également lié à l’émergence du Parti québécois, par le fait même, au nationalisme québécois par une protection de la culture québécoise et de sa langue française (notamment par la loi 22 sous le gouvernement libéral de Bourassa de 1974 faisant du français la langue officielle du Québec). La Superfrancofête donne le coup d’envoi à plusieurs autres fêtes du genre dans la province dont une sur notre territoire à d’étude : le Chant’août, qui se déroule en 1975 et 1976, et qui se veut une réplique miniature du spectacle d’ouverture de la Superfrancofête.

Le début de la montée exponentielle des grands événements sur le site patrimonial du Vieux-Québec commence dans les années 1980 (graphique 1). Il est lié à la volonté de bonification des grands événements par la municipalité. En revanche, il est indéniable que l’année 1984 en est une importante dans cette émergence de la fonction événementielle. Le nombre de grands événements a plus que doublé entre 1983 et 1984 (de 5 à 12) (graphique 1), le Sommet économique de la Ville de Québec de 1983, traité en introduction de ce chapitre, y est sans doute pour quelque chose sur le plan idéologique, tout comme les festivités du 375e anniversaire de la ville de Québec de 1983 par ses « fêtes dans les quartiers [et son] animation culturelle » (Lebel, J.M. et Roy, A., 2000 : 143). En revanche, l’année 1984 marquant le 450e anniversaire de la découverte du Canada par Jacques Cartier

en 1534 a un impact beaucoup plus grand. Plusieurs événements sont prévus dès 1978 à Québec pour célébrer cet anniversaire. Des événements uniques tels que les Grands voiliers, la visite du Pape Jean-Paul II et des événements qui sont toujours présents aujourd’hui : la Fête nationale du Québec du 24 juin (cette fête existait avant cette date, mais elle a été prise en charge par le Mouvement national des Québécoises et des Québécois en 1984 lui donnant une plus grande place dans la ville), la quinzaine internationale de théâtre qui deviendra le Carrefour international de théâtre qui était une

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biennale jusqu’en 1996, la biennale Rencontre internationale d’art performance Québec et la quadriennale course Transat Québec/St-Malo. Ces événements qui se déroulent tous les deux ans ou les quatre ans expliquent le fait qu’il y a plus de grands événements les années paires que les années impaires, et ce, encore aujourd’hui (bonifié par la biennale Manif d’art et le Rendez-vous naval de Québec qui se déroulent également toutes les deux années paires) (graphique 1). Les célébrations de 1984 sont en quelque sorte une excroissance directe de la patrimonialisation en effervescence dans ces années sur le site à l’étude (voir chapitre 2), la représentation du berceau y est centrale. Le gouvernement canadien prévoit, depuis 1981, un réaménagement d’infrastructures pour les événements du 450e anniversaire de la découverte du Canada par Jacques Cartier. À Québec, « plus de 100 millions$ sont investis dans la réfection des infrastructures » (Larochelle, 29 décembre 1992), « le port de Québec et ses abords … se sont refait une beauté » (Paquet, 18 mars 2017). Ces investissements font en sorte que le site réaménagé peut accueillir plus facilement de grands événements (figures 2 et 3). En somme, le lancement de la fonction événementielle pour le site à l’étude s’est produit dans ces années par un mélange de

Figure 2 : Le Vieux-Port en 1982 avant le réaménagement. Source : BAnQ, C.80.836.14 35.

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volonté et d’investissements gouvernementaux ainsi que la présence de la commémoration du 450e anniversaire de la découverte du Canada par Jacques Cartier qui a permis l’investissement important de capitaux pour restaurer le secteur (bassin Louise et Pointe- à-Carcy) et créer les infrastructures d’accueil utilisées par les grands événements.

Cette augmentation de la fonction événementielle continue exponentiellement jusqu’à 2017 (la fin de la balise temporelle de cette étude) avec un autre jalon de première importance, en 2008, le 400e anniversaire de la fondation de Québec. Sur le plan événementiel, par ces investissements massifs et leurs très grandes portées internationales, les célébrations de 2008 ont un impact beaucoup plus grand pour le territoire que celles de 1984. Il y a un saut de 33 événements en 2007 à 51 événements en 2008. L’importance du 400e de Québec vient du fait que plusieurs grands événements ont commencé lors de cet anniversaire et sont encore présents neuf ans plus tard. Par exemple, le Pentathlon des neiges, la célébration du jour de l’an, le Marché de Noël allemand de Québec, la biennale du Rendez-vous naval de Québec, le festival Envol et Macadam de Limoilou depuis son déménagement sur l’ilot Fleurie, les spectacles uniques sur les Plaines d’Abraham (Céline Dion et Paul McCartney pour 2008) et les spectacles de cirque gratuits (Québec plein la

Figure 3 : Vieux-port de Québec en 1984 pendant les grands voiliers, on y aperçoit également la nouvelle marina qui accueille l’événement.

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rue en 2008 suivi des Chemins invisibles et de Crépuscule). C’est également le début de six années du Moulin à images qui consiste en une projection sur les silos à grains de la Bunge du port de Québec, c’est le « prétexte d’un hommage à la beauté de la ville de Québec » (Ex Machina, 2015). De multiples événements uniques ont eu lieu sur l’ensemble du territoire de la ville, attirant des foules record pour chacun d’eux. Les trois paliers gouvernementaux ont investi pour soutenir cet anniversaire. 644,4 millions de dollars ont été investis pour la fête dont 127,7 millions dans les infrastructures et dans les aménagements et 85 millions pour l’organisation de la fête (Ville de Québec, 2011). Ces chiffres concernent l’ensemble de la ville, ce qui dépasse largement le territoire à l’étude. Par contre, une grande part de ces investissements sert à bonifier des aménagements du territoire à l’étude. C’est le cas de la revitalisation de la façade maritime de la ville dans le secteur de la Pointe-à-Carcy, entre autres par la transformation de l’Agora « en un amphithéâtre extérieur à la fine pointe de la technologie » (idem : 484). L’Agora accueille aujourd’hui l’annuel cirque gratuit (Crépuscule). Les investissements servent également à

la construction du site officiel des festivités, l'Espace 400e. Il s’agit, principalement, de la

construction d’un bâtiment où l’on retrouve encore en 2017 des expositions. Il s'agit également d'une bonification de l’aménagement des lieux et des quais du Bassin Louise sur lesquels on retrouve, depuis 2016, le grand événement du Village Nordik.

En 2009, la ville veut profiter de la notoriété de ses festivités, elle crée « un Fonds des grands événements de 8,5 M$ pour encourager la tenue d’événements culturels » (idem : 502). À la suite d’une année beaucoup plus faible (en nombre d’événements) en

2009, le legs du 400e de Québec se fait sentir dès 2010 (graphique 1). Effectivement, on

assiste à une multiplication d’événements annuels tels que le Grand Prix cycliste de Québec (2010), le festival Québec en toutes lettres (2010), le Festival d’opéra de Québec (2011), le Festival de magie de Québec (2012), la Coupe du monde FIS de ski de fond de Québec (2016), le Village Nordik (2016), etc. Malgré tout, une légère baisse parait dans les grands événements entre 2012 et 2016 (graphique 1), elle s’explique par la fin de plusieurs événements annuels d’envergure comme le Moulin à images (2013), le Festival de musique militaire de Québec (2013) ou le Festival Altern’art de Québec (2012).

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L’année 2017 atteint un sommet avec 61 grands événements (graphique 1). Ce sommet est dans la lignée de la montée générale de la fonction événementielle depuis les années 1980, il est atteint, malgré une année impaire, puisque c’est la commémoration du

150e anniversaire de la Confédération canadienne. Deux événements biennaux (Manif d’art

et Rendez-vous naval de Québec) ont transféré leur événement de 2016 à 2017 pour se joindre aux festivités et assurément avoir une bonification au niveau de l’assistance à l’événement. De plus, trois grands événements spéciaux sont organisés pour les festivités dont deux sont présentés dans l’ensemble du pays (Grands voiliers à Québec Rendez-Vous 2017 et la patrouille de France à Québec). La somme de ces événements, ajoutée aux événements annuels, explique ce sommet. Les investissements pour cette fête sont répartis sur l’ensemble du pays puisqu’elle est fêtée au pays, donc les investissements pour la Ville de Québec sont d’une part moins grands que ceux de 2008. Les infrastructures déjà en place

et mises à jour pour les festivités du 400e de Québec sont utilisées. Une exception est

l’investissement de 39 millions de dollars venant des trois paliers gouvernementaux pour l’aménagement de la place des Canotiers qui accueille les Grands voiliers à Québec (Radio- Canada, 24 mai 2016).

Sur les sept types de grands événements entre 1960 et 2017 (graphique 2), la majorité est regroupée dans le type culturel (51.3%), suivi des types festif (17.6%), sportif (10.9%), commémoratif (8.4%) et plus marginalement les événements diplomatiques (6.7%), économiques

(2.5%) et religieux (2.5%). L’évolution de chacun de ces types d’événements (graphique 3) nous montre cette dominance des événements culturels des années 1970 à aujourd’hui. Les quelques rassemblements culturels suivant l’initiative de Woodstock de 1969, discutés dans la section précédente, y sont très bien aperçus. « En somme, il s’agit de raffermir la position de Québec en capitalisant sur le pouvoir d’attraction des événements et manifestations d’ordre culturel » (Ville de Québec, 1983 : 62). Depuis, le nombre de grands

2 : Total des événements selon le type entre 1960 et 2017

61 8 3 21 10 3 13 0 20 40 60 Culturel Diplomatique Économique Festif Commémoratif Religieux Sportif Nombre d'événements T y p e d 'év én em en ts

Graphique 2 : Total des événements selon le type entre 1960 et 2017

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événements culturels ne cesse d’augmenter. Plusieurs leaders de l’industrie touristique de la région à l’étude se sont rencontrés et ont présenté, le 3 avril 2012, cinq chantiers dans le cadre de la rencontre Québec : Destination internationale 2020 « pour permettre à Québec de prendre davantage sa place sur l'échiquier des destinations touristiques internationales » (Office de tourisme de Québec, 2017 : s.p.). L’un de ces chantiers : Québec, capitale culturelle et animée à l’année vise à renforcer Québec comme destination culturelle attractive et concurrentielle (Côté, 2016) et

à mettre en valeur ses atouts distinctifs (Tremblay, 2015). Quarante-quatre grands événements culturels ont lieu en 2017 sur le territoire étudié distribués sur l’année, surtout à l’été (34.1%) et au printemps (34.1%), mais très peu en hiver (11.4%) (graphique 4). « Ces événements donnent vie à une cité riche en histoire et ils témoignent de l’effervescence culturelle de

4 : Somme des grands événements culturels de 2017 selon la saison

3 : Évolution de la fonction événementielle à Québec (selon le type d'événements)

0 5 10 15 20 25 30 35 No m b re d 'év én em en ts Année

Graphique 3 : Évolution de la fonction événementielle à Québec (selon le

type)

Culturel Festif Sportif Commémoratif Diplomatique Religieux Économique

9

15 5

15

Graphique 4 : Somme des grands événements culturels de 2017 selon la

saison

Automne Été Hiver Printemps

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la capitale québécoise » (Tremblay, 2015 : 13). Les événements festifs sont en constante augmentation depuis 1998, ce qui rejoint également les idées d’animer la ville. Ce type d’événement ne connaît pas de baisse (graphique 3) puisque les événements festifs du territoire étudié sont présents chaque année (pas d’événement festif biennal ou quadriennal) et seulement deux événements festifs ont disparu depuis 1970, créant cette stabilité.

L’année 1998 marque le début des deux premiers événements sportifs annuels d’envergure du territoire (la compétition de canot à glace aujourd’hui Grand défi Chez Victor et le Marathon des Deux-Rives aujourd’hui Marathon SSQ). Avant cette date, comme grand événement sportif, il y avait seulement la Transat Québec/St-Malo tous les quatre ans. Depuis, il y a une multiplication de ce type d’événements qui prennent de plus en plus leur place dans l’événementiel sur le territoire. Encore une fois, l’événementiel du site à l’étude suit la tendance internationale. Effectivement, les événements sportifs sont en hausse constante depuis les années 1990 partout dans le monde. Les événements plus marginaux sur le territoire à l’étude (commémoratifs, diplomatiques, économiques et religieux) (graphique 3) apparaissent sporadiquement à travers les années puisqu’il s’agit d’événements uniques comme : les visites royales (Reine Élisabeth II en 1964 et en 1987, le couple princier William et Kate en 2011), l’ouverture de la porte sainte de Québec en 2014 et en 2016, les différents sommets (Sommet des Amériques à Québec en 2001, Sommet de la Francophonie en 1987 et en 2008, etc.), les Grands voiliers en 1984, en 2014 et en 2017, etc.

L’idée d’élargir la saison touristique, qui se concentre en été, est déjà présente en 1957. Effectivement, M. Louis Paré, directeur de l’Office municipal du tourisme, mentionne dans un article paru dans Le Soleil que la Ville de Québec est la « même en toutes saisons et reste admirable tout autant sous la fraîcheur du printemps et

de l’automne, et sous la froide brise de l’hiver que sous le soleil ardent de l’été » (Paré, 2 novembre 1957). Lors du Sommet économique de la Ville de Québec en 1983, la ville

5 : Total des événements selon la saison entre 1960 et 2017

34

63 21

22

Graphique 5 : Total des événements selon la saison entre 1960 et 2017

Printemps Été Automne Hiver

60

songe « à prolonger la période d’activités qui, à Québec, ne dure que quelques semaines au cours de l’été, avec comme point culminant le festival d’été de Québec » (Ville de Québec, 1983 : 62). Le tout afin de diminuer les fluctuations saisonnières (idem). Ces propos sont réitérés lors du bilan de consultation de 1987, on y incite les « promoteurs à organiser des activités d’envergure … au printemps ou à l’automne » (Ville de Québec, 1987 : 14). La saison estivale domine clairement du côté des grands événements entre 1960 et 2017 (graphique 5 et 6), il est en hausse constante depuis 1984 (année du 450e anniversaire de la

découverte du Canada par Jacques Cartier). En ce qui a trait au printemps et à l’automne, les deux courbes se suivent dans une légère hausse entre 1984 et 2017.

L’hiver rude du Québec a longtemps fait fuir les événements majeurs dans la Capitale à l’exception du Carnaval de Québec. Par contre, la Ville essaie de promouvoir l’hiver depuis fort longtemps. Le Sommet économique de 1983 demande d’utiliser « à bon escient le thème de l’hiver » (Ville de Québec, 1983 : 65), la Ville s’engage même à développer des idées touchant le thème de l’hiver (idem). Cet accent est également mentionné dans le bilan de consultations de 1987. En 1998, Denys Légaré, président de l’Office du tourisme et des congrès de la Communauté urbaine de Québec, mentionne que

6 : Évolution de la fonction événementielle à Québec (selon la saison)

0 5 10 15 20 25 30 N o m b re d 'é vé n em en t Année

Graphique 6 : Évolution de la fonction événementielle à Québec (selon

la saison)

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l’Office met en place la plus importante « campagne de promotion de son produit hivernal, qui sollicitera plus particulièrement les marchés québécois, canadien et américain » (Cazelais, 23 octobre 1998). Dans le Rapport annuel de l’Office de 1998, on y mentionne la mise sur pied d’un groupe de travail sur la promotion de l’hiver durant la saison estivale (Légaré, 1999). Tout ce travail de promotion concorde avec la montée des grands événements hivernaux. Ces derniers rattrapent en effectifs les grands événements se déroulant à l’automne et au printemps dès le début du nouveau millénaire (graphique 6), et ce, malgré les températures difficiles. Le Sommet mondial de la nordicité organisé par Bernard Pâquet en 1999 y est également pour quelque chose. « La rencontre à caractère scientifique et économique devait permettre d'exposer la maîtrise du froid des Québécois et de découvrir l'expertise développée ailleurs dans le monde » (Morin, 19 février 2012). C’est en quelque sorte le début du développement de l’expertise en organisation d’événements d’envergure en hiver. Un second chantier, présenté lors de la rencontre Québec : Destination internationale 2020, tenue en 2012, touche la thématique de l’hiver. Il s’agit de faire de Québec la capitale de l’hiver « caractérisé[e] par des produits uniques, originaux, distinctifs, faisant preuve de renouvellement » (Arseneault. 2013 : 19). Ce chantier a pour but de « mettre l’hiver au cœur des stratégies de développement de l’offre et de la mise en marché de la région touristique de Québec ». Tous ces efforts depuis vingt ans portent fruit, effectivement, entre 1997 et 2017, les événements hivernaux ont augmenté de 15,2% (une hausse de 14 grands événements) pour une baisse de 15,6% des événements estivaux (malgré une hausse de 17 événements), les deux autres saisons sont restées assez stables proportionnellement (graphique 7). Depuis 1997, il y a eu 15

7 : Nombre de grands événements (en %) selon la saison de 1997 et de 2017

52,6 15,8 26,3 5,3 37,0 16,4 26,0 20,5 0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 60,0

Été Automne Printemps Hiver

Po u rce n ta ge (% ) Saison

Graphique 7 : Nombre de grands événements (en %) selon la saison de 1997 et de 2017

1997 2017

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nouveaux grands événements se tenant uniquement à l’hiver. Les événements sportifs comptent pour 46.6% d’entre eux (graphique 8) démontrant clairement une spécialisation de l’organisation d’événements sportifs d’envergure en saison hivernale.

La fonction événementielle a évolué grandement au cours des derniers 60 ans, d’un seul grand événement à un total de 117 événements de toutes sortes se sont tenus ou se tiennent toujours sur le territoire à l’étude dont 61 pour l’année 2017. La courbe exponentielle semble avoir ralenti depuis 2010 malgré le sommet de 2017 (graphique 1).

3.3 Conclusion

Nous nous sommes intéressés, dans ce chapitre, à la genèse et à l’évolution de la fonction événementielle dans le Vieux-Québec. Pour ce faire, une analyse quantitative du nombre d’événements annuels de 1960 à 2016 est faite. Il en résulte que 1984, année de la

commémoration du 450e anniversaire de l’arrivée de Jacques Cartier sur le territoire, a eu

un impact majeur sur l’enclenchement de la fonction événementielle par des investissements massifs dans les infrastructures d’accueil d’événements d’envergure. Cet événement est également lié à la mise en valeur du patrimoine du site à l’étude, il est directement en lien avec la patrimonialisation et la représentation de l’arrondissement historique comme berceau. Les investissements en préparation à cet événement viennent redynamiser le secteur du Vieux-Port qui devient un secteur de choix pour la tenue d’événements. De plus, les autres anniversaires importants sur le territoire étudié ont des

impacts notables sur la fonction événementielle. Celui de 2008, pour les festivités du 400e

anniversaire de la ville, vient également redynamiser le secteur du Vieux-Port tout comme

8 : Nouveaux grands événements hivernaux (uniquement) depuis 1997 selon le type 1 1

5 1 0 7 0 1 2 3 4 5 6 7 8 N o mb re d e g ra n d é v én eme n ts Type

Graphique 8 : Nouveaux grands événements hivernaux (uniquement) depuis 1997 selon le type

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le 150e anniversaire de la Confédération canadienne en 2017. Le legs de toutes ces fêtes

sur le territoire donne une meilleure image de la ville à l’international grâce aux investissements pour la bonification du décor tout en donnant un legs matériel comme de meilleures infrastructures utilisées souvent pour un événement spécifique l’année de l’anniversaire, mais qui sont réutilisées les années suivantes pour la tenue de plusieurs autres événements. Les secteurs redynamisés et embellis sont également réappropriés par