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Les liens entre la patrimonialisation et l'événementiel : une étude de cas du site patrimonial du Vieux-Québec

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Academic year: 2021

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© Mathieu St-Pierre, 2018

Les liens entre la patrimonialisation et l'événementiel :

une étude de cas du site patrimonial du Vieux-Québec

Mémoire

Mathieu St-Pierre

Maîtrise en sciences géographiques - avec mémoire

Maître en sciences géographiques (M. Sc. géogr.)

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Les liens entre la patrimonialisation et l’événementiel :

Une étude de cas du site patrimonial du Vieux-Québec

Mémoire

Mathieu St-Pierre

Sous la direction de :

Étienne Berthold, directeur de recherche

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Résumé :

La place du patrimoine dans les études scientifiques est sans cesse grandissante. Le concept de patrimoine évolue et se transforme grandement depuis plusieurs années. Le patrimoine urbain, surtout dans les quartiers historiques comme celui du Vieux-Québec, prend de l’importance. Les quartiers historiques sont protégés, mis en valeur et labélisés par des instances comme l’UNESCO. Ils sont, depuis les années 1990, animés. La montée de la fonction événementielle est au cœur de cette animation. Par une étude de cas du site patrimonial du Vieux-Québec, cette recherche tente d’identifier et d’analyser l’utilisation du décor patrimonial d’un site, construit par un processus de patrimonialisation, par l’événementiel. La stratégie d’enquête est basée sur l’analyse d’articles et de livres scientifiques et gouvernementaux, également sur une compilation statistique des grands événements ayant eu lieu sur le territoire ainsi que d’une analyse de ces événements par les discours tenus dans les journaux, par les guides touristiques et par les affiches et les vidéos promotionnelles. Le décor du site étudié est en construction depuis le 19e siècle par un processus de patrimonialisation débuté par de grandes commémorations historiques. La fonction événementielle du secteur connait une hausse exponentielle depuis les années 1980, les principales causes sont les grands événements commémoratifs ayant lieu dans la ville et le mouvement de festivalisation mondial. Le décor bonifié par la patrimonialisation est utilisé par la fonction événementielle afin de promouvoir les grands événements. Le décor est utilisé directement par une évocation historique, surtout lors d’événements culturels et commémoratifs, comme les Fêtes de la Nouvelle-France ; il est également utilisé indirectement, comme une image de carte postale, par des événements comme le Red Bull Crashed Ice.

Mots-clés : Patrimoine, Patrimonialisation, Patrimoine urbain, Événements, Vieux-Québec, Décor patrimonial, Label, Festivalisation, UNESCO.

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Table des matières

Résumé : ... iii

Table des matières ... iv

Liste des graphiques ... vi

Liste des figures ... vii

Liste des abréviations et des sigles ... viii

Remerciements : ... ix

Introduction ... 1

Chapitre 1 : Chapitre théorique ... 2

1.1 Problématique ... 2

1.1.1 Du patrimoine à la patrimonialisation ... 2

1.1.2 Les études patrimoniales : le patrimoine urbain et les quartiers historiques ... 4

1.1.3 La labélisation de l’UNESCO ... 5

1.1.4 La fonction événementielle et les grands événements ... 7

1.1.5 Énoncé de la problématique ... 9

1.2 Objectifs et hypothèses : ... 9

1.2.1 Objectif général : ... 9

1.2.2 Objectifs spécifiques : ... 12

1.2.3 Hypothèse : ... 9

1.3 Territoire et période d’analyse : ... 9

1.4 Cadre conceptuel : ... 12

1.4.1 Patrimoine et patrimonialisation : ... 12

1.4.2 Décor patrimonial :... 13

1.4.3 Patrimoine urbain : ... 15

1.4.4 Label : ... 16

1.4.5 Les types d’événement : ... 16

1.5 Méthodologie ... 21

1.6 Intérêt de la recherche : ... 26

Chapitre 2 : La patrimonialisation et la création du décor du site patrimonial du Vieux-Québec ... 28

2.1 La patrimonialisation du site patrimonial du Vieux-Québec ... 29

2.1.1 Les premières préoccupations de protection du patrimoine de la ville et les grandes commémorations historiques... 30

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2.1.2 Taché et Tanguay deux grands architectes qui donnent un visage français à la ville

... 31

2.1.3 Les premières commissions pour protéger les monuments historiques de la ville ... 33

2.1.4 La refrancisation ... 35

2.1.5 Une augmentation des pouvoirs pour les commissions ... 39

2.1.6 Une protection plus globale... 40

2.1.7 Le patrimoine mondial de l’UNESCO et son effet sur le patrimoine du Vieux-Québec ... 43

2.1.8 L’évolution contemporaine du concept de patrimoine ... 45

2.2 Conclusion ... 46

Chapitre 3 : L’évolution de la fonction événementielle ... 49

3.1 Contexte historique ... 49

3.2 L’évolution de la fonction événementielle du site patrimonial du Vieux-Québec ... 51

3.3 Conclusion ... 62

Chapitre 4 : Utilisation du décor tiré du processus de patrimonialisation par l’industrie événementielle ... 65

4.1 Les deux représentations ... 67

4.2 Utilisation directe du décor ... 70

4.3 Utilisation indirecte du décor ... 76

4.4 Conclusion ... 83

Discussion ... 85

Conclusion ... 90

Bibliographie : ... 93

Annexe ... 113

Annexe 1 : Liste des grands événements (saison et type compris) ... 113

Annexe 2 : Liste des publicités analysées ... 116

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Liste des graphiques

1 : Évolution du nombre d'événements à Québec (tous les grands événements) ... 52

2 : Total des événements selon le type entre 1960 et 2017 ... 57

3 : Évolution de la fonction événementielle à Québec (selon le type d'événements) ... 58

4 :Somme des grands événements culturels de 2017 selon la saison ... 58

5 : Total des événements selon la saison entre 1960 et 2017 ... 59

6 : Évolution de la fonction événementielle à Québec (selon la saison) ... 60

7 : Nombre de grands événements (en %) selon la saison de 1997 et de 2017 ... 61

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Liste des figures

Figure 1 : Carte du site patrimonial du Vieux-Québec. ... 11 Figure 2 : Le Vieux-Port en 1982 avant le réaménagement. ... 54 Figure 3 : Vieux-port de Québec en 1984 pendant les grands voiliers, on y aperçoit également la nouvelle marina qui accueille l’événement. ... 55 Figure 4 : Parcours du Grand Prix Cycliste de Québec du 8 septembre 2017. ... 80

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Liste des abréviations et des sigles

CBCQ : Commission des biens culturels du Québec

CCBN : Commission des champs de bataille nationaux

CCNQ : Commission de la capitale nationale du Québec

CCVQ : Comité des citoyens du Vieux-Québec

CLMHC : Commission des lieux et monuments historiques du Canada

CMH : Commission des monuments historiques

CUCQ : Commission d’urbanisme et de conservation de Québec

LBC : Loi sur les biens culturels

MCCQ : Ministère de la Culture et des Communications du Québec

OVPM : Organisation des villes du patrimoine mondial

PDAD : Plan directeur d’aménagement et de développement

FEQ : Festival d’été de Québec

FIS : Fédération internationale de Ski

UNESCO : Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture

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Remerciements :

Je souhaite remercier tous ceux et celles qui, de près ou de loin, m’ont aidé à accomplir cette tâche. Plus particulièrement, Étienne Berthold, directeur de mon mémoire, et Pascale Marcotte, codirectrice de mon mémoire, pour leur temps, leurs conseils, leur soutien et leurs connaissances qu’ils m’ont partagés généreusement et constamment. Merci également pour votre aide financière tout au long de ces deux dernières années. À ce sujet, merci à la Chaire de recherche en partenariat sur l’attractivité et l’innovation en tourisme (Québec-Charlevoix) (et donc Laurent Bourdeau le titulaire de la Chaire de recherche), l’expérience acquise lors des projets auxquels j’ai participé est fort précieuse. Merci à Marc Saint-Hilaire, membre du comité, pour ses commentaires lors du séminaire, merci également de m’avoir donné la chance d’être auxiliaire de recherche dès mes études de premier cycle. Je souhaite également remercier tout le personnel du Département de géographie de l’Université Laval pour les connaissances transmises. Merci aux donateurs et aux instigateurs de la Bourse Fernand-Grenier. Merci également à ceux qui travaillent dans l’ombre comme les archivistes passionnés que j’ai rencontrés et qui m’ont aidé dans ma recherche.

Sur le plan plus personnel, je souhaite remercier mon amoureuse pour le grand soutien intellectuel et affectif des derniers mois, tes encouragements et ton enthousiasme me poussent toujours à aller plus loin et à mettre le plus d’effort possible dans tout ce que je fais. Merci également à mes amis sans qui ces deux dernières années auraient été bien longues, l’espace est trop court pour tous vous nommer, mais j’aimerais faire un merci spécial à Arielle Frenette pour la dernière lecture commentée avant mon dépôt. Également, merci à Émilie Bentz pour tout le temps que tu as consacré pour moi depuis le début de mon parcours universitaire, c’est très apprécié, et ton aide m’apporte beaucoup aujourd’hui. Enfin, un merci spécial à Alexandre « Chi » Chiasson pour l’aide mutuelle qu’on se donne dans nos études, le partage intellectuel ainsi que les temps de décompression fort appréciés, tes actions en tant que leader dans plusieurs domaines t’aideront tout au long de ta vie.

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Introduction

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le tourisme patrimonial augmente considérablement, surtout grâce à la globalisation, l’augmentation des revenus et du temps consacré au loisir (Ryan et Silvanto, 2009). Les touristes culturels sont à la recherche de sites et de monuments ayant une importance culturelle très grande, ce qui favorise la patrimonialisation de certains secteurs (Lazzarotti, 2017). Les interrelations entre tourisme et culture sont indéniables, le touriste est un acteur des constructions patrimoniales et identitaires (Morisset, 2011). Il y a également des liens importants entre le patrimoine (culturel et naturel) que les touristes culturels recherchent et les événements (Alexandre-Burhis et al., 2013) puisque les événements sont un gage de qualité qui construit une image favorable de la ville tout en renforçant son rayonnement (Piquerey, 2017 ; Salomone, 2017 et Pradel, 2017). Depuis les années 1980, l’événementiel prend de plus en plus d’importance à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, la frontière entre tourisme et événement devient de plus en plus floue (Pirou, 2017). Ce mémoire vient donc tisser des liens entre trois concepts forts du 21e siècle, soit le patrimoine, le tourisme et l’événementiel, qui sont aujourd’hui indissociables à plusieurs égards. Plus spécifiquement, la façon dont l’événementiel est alimenté par un processus de patrimonialisation est étudiée par une analyse de la construction et de l’utilisation du décor patrimonial. Nous pensons que le décor d’un site est construit par un processus de patrimonialisation et qu’il est utilisé par l’industrie événementielle surtout à des fins promotionnelles. Le site patrimonial du Vieux-Québec, étudié dans ce mémoire, est soumis aux enjeux de taille liés à ces concepts. Il s’agit, en premier lieu, de faire part des assises théoriques de ce mémoire. En second lieu, il est question d’analyser la patrimonialisation du site patrimonial du Vieux-Québec ainsi que la construction de son décor. En troisième lieu, il s’agit de retracer la genèse et le développement de la fonction événementielle du territoire à l’étude. En quatrième lieu, il est question d’une analyse de l’évolution des paradigmes de l’utilisation du décor comme produit de la patrimonialisation et son impact sur l’événementiel. En dernier lieu, il s’agit de tenir une discussion sur les questions et sur l’hypothèse posées dans ce mémoire.

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Chapitre 1 : Chapitre théorique

1.1 Problématique

1.1.1 Du patrimoine à la patrimonialisation

En ce début du 21e siècle, la place du patrimoine, ces monuments et objets qui racontent le passé d’une collectivité, est sans cesse grandissante dans les sociétés. Le patrimoine est marqué par la multiplication d’objets et de monuments sur un territoire spécifique qui sont délibérément mis de l’avant afin de raconter le passé dans le présent. Le patrimoine correspond à une somme de sémiophores, objets investis de significations, d’une société à un moment et pour un moment donné représentant le meilleur d’elle-même pour les futures générations (Nora, 1984 ; Hartog, 2003 et Morisset, 2009). Il incarne tous ces signes mis en place au fil du temps et les quêtes identitaires d’un peuple ou d’un regroupement de peuples qui révèlent leurs états d’âme et leurs questions identitaires ; il est porteur d’une identité collective (Morisset, 2009). Il est également en constante évolution et, à l’époque contemporaine, il est de plus en plus éclaté et aspire à être universel. Ses formes se multiplient sans cesse. Tout d’abord par le patrimoine-monument qui est le régime de conception du patrimoine de l’entre-deux-guerres ayant pour mission de rappeler le passé (les événements, les rites et les croyances) (Choay, 1995a et Conseil du patrimoine culturel, 2016). Par la suite, cet instrument de mémoire élargit progressivement ses paradigmes. Effectivement, aujourd’hui, on reconnait le patrimoine immatériel. Ce dernier, moins tangible, consiste en les « pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire - ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés - que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent » comme leur patrimoine (UNESCO, 2003 : 2). Cette intégration des lieux de valeur immatérielle se fait dans le respect des diversités culturelles (UNESCO, 2003 ; Dormaels, dans Berthold, 2012b et Cameron 2016a). Les paysages culturels sont également intégrés dans le patrimoine, illustrant « l’évolution de la société humaine et son établissement au cours du temps, sous l’influence des contraintes physiques et/ou des possibilités présentées par leur environnement naturel et des forces sociales, économiques et culturelles » (UNESCO, 2015 : 12). Ces paysages font partie intégrante du patrimoine culturel qui lui est la somme des monuments, des œuvres architecturales, aux structures archéologiques en passant par les sculptures, qui ont été façonnés par l’humain

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ou par l’harmonie entre l’humain et la nature dont « l’intérêt relève de l’histoire, de l’art… de la science… de l’esthétique, de l’ethnologie ou de l’anthropologie » (idem : 11).

Depuis quelques années, l’étude du patrimoine est de plus en plus répandue dans la communauté scientifique, alors que les études patrimoniales évoluent à un rythme soutenu. Les paradigmes en sont maintenant à l’étude du processus de patrimonialisation qui est le processus de construction ou de reconstruction du lien avec le passé. Le processus est de plus en plus étudié comme une construction sociale (Drouin, 2005 ; Davallon, 2006 ; Morisset, 2009 ; Dormaels dans Berthold, 2012b). En étudiant le patrimoine sous cet angle, il dévoile les multiples fonctions qu’il remplit. Ces fonctions sont d’ordre culturel, économique et social. Sa fonction culturelle renforce l’identité et la fierté culturelles locales. Bref, le patrimoine est un symbole d’identité (Hartog, 2003 ; Cameron, 2016b et Gaudreau, 2016). Sa fonction économique est également mise de l’avant. Le patrimoine viendrait modifier l’économie même d’un site donné en y imposant de nouvelles conjonctures économiques, entre autres, sur le plan de l’économie immobilière, mais surtout en lien avec l’économie touristique par une hausse de la fréquentation touristique du site en question (Ryan et Silvanto, 2009 ; Marcotte et Bourdeau, 2006 ; Prigent, 2011 ; Hall et Piggin, 2002 ; Kayahan et Vanblarcom, 2012 ; Berthold, 2012b ; Cameron, 2016b ; Morisset, 2016a ; Gaudreau, 2016 ; Berthold, 2016). « L’usage du patrimoine, son interprétation, voire sa simulation… tiennent lieu d’instrument d’un développement local ou national, en fonction du tourisme et des pratiques marchandes du savoir et du loisir » (Poulot, 2006 : 155). Enfin, la fonction sociale du patrimoine est également étudiée par la communauté scientifique. Le patrimoine agit activement sur les gens qui y habitent ou qui le visitent. Il transforme les paradigmes sociaux sur les territoires patrimonialisés. À titre d’exemple, l’embourgeoisement (gentrification) est susceptible de survenir dans les zones patrimoniales. Cette stratégie urbaine consiste à l’envahissement d’un quartier ouvrier par la classe moyenne (Glass, 1964). Par la suite, la trame urbaine se modifie sensiblement à la faveur d’une restauration architecturale marquée notamment par les curetages. L’accaparement par une population plus aisée d’un secteur se fait souvent rapidement, et ce, jusqu’à ce que la majorité ou l’entièreté de la classe ouvrière originale ait été déplacée et que le caractère social du secteur ait changé (idem). Cette stratégie d’investissement immobilier touche d’abord marginalement les grosses capitales pour ensuite descendre

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l’échelle urbaine touchant désormais de plus petites villes ; le phénomène est maintenant globalisé (Smith, 2002). L’expansion de ce procédé est en lien avec plusieurs changements conjoncturels : un site qui est désirable selon les nouvelles forces économiques contemporaines, un changement démographique profond depuis les années 1970 et des dynamiques immobilières en seraient les principaux (Ley, 1986). Bref, l’étude du patrimoine sous cet angle nous a permis de comprendre les multiples facettes des fonctions patrimoniales en jeu sur un territoire donné.

1.1.2 Les études patrimoniales : le patrimoine urbain et les quartiers historiques

Dans le sillage de l’étude du patrimoine et du processus de patrimonialisation, le patrimoine urbain est une sphère majeure qui intéresse de plus en plus les chercheurs. C’est un « ensemble urbain constitué à la fois par des édifices monumentaux, mais aussi par des éléments d’architecture banale qui… forment une composition (un tissu) cohérente » (Devernois et al., 2014 : 18). Ce patrimoine porteur de l’identité de la ville est la somme des places publiques, des propriétés privées, des rues dont l’ensemble a un intérêt patrimonial par son témoignage d’une époque ; il est « foncièrement le support d’une narration historique… un engagement envers une histoire que l’on désire raconter » (Mercier, 1998 : 272).

Les quartiers historiques occupent une place de choix dans les manifestations du patrimoine urbain. Ceux-ci suscitent également un intérêt grandissant dans la communauté scientifique. Un quartier est une entité urbaine complexe qui est désignée par une « unité physique et sociale d’une partie de ville » (Mercier et al., 2016 : 1). Cette entité est considérée historique « dans la mesure où [elle] fait l’objet d’une mise en patrimoine » (Berthold, 2012b : 4). Il faut mentionner qu’il ne s’agit pas forcément des vieux quartiers, la notion de valeur historique accordée à un quartier résulte d'un processus culturel, social ou politique qui transforme la représentation que peut avoir une population à l’égard de l’environnement bâti. On assiste à une valorisation du bâti et à une transformation de l’image du quartier (Tissot, 2010). Les quartiers historiques se caractérisent par l’importance de leur patrimoine et de sa mise en valeur. Ces quartiers subissent de fortes pressions par des politiques de patrimonialisation qui sont observables depuis

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l’après-5

guerre (Berthold, 2012b). À cette époque, l’idéologie urbanistique fonctionnaliste domine, prônant une séparation des fonctions urbaines dans un épanouissement (habiter, travailler, se divertir, se déplacer) et une architecture bétonnée afin d’adapter « la ville aux nouvelles conditions de l’économie et de la culture » (Mercier, 2011 : 121). Cette idéologie fonctionnaliste sépare la ville « à l’image d’un corps vivant composé d’organes interreliés qui remplissent chacun une fonction précise » (Berthold, 2012b : 4). C’est ainsi que, selon les fonctionnalistes, dans une ville moderne, il doit y avoir un organe historique. À cette époque, on assiste à une prolifération des quartiers historiques qui essaiment un peu partout en occident. La patrimonialisation a considérablement transformé ces quartiers historiques sous plusieurs aspects. Tout d’abord, la transformation des dynamiques économiques en ce qui a trait à la hausse de la fréquentation touristique et de l’économie touristique ainsi que de l’économie immobilière. Ensuite, au plan social, entre autres, par la gentrification de certains secteurs et de certains quartiers. Puis, au plan esthétique par une bonification du cadre bâti. Enfin, au plan normatif, dans la mesure où la patrimonialisation est allée de pair avec le déploiement de lois, de règlementations et de normes encadrant la restauration patrimoniale.

De ce fait, étudier le Vieux-Québec est intéressant. Ce quartier historique voit le jour sur la base d’une loi en 1963 dans une volonté de protection globale qui débute dans les années 1950, mais une patrimonialisation qui plonge ses racines au 19e siècle. La patrimonialisation de ce quartier est plus globale depuis l’après-guerre, mais elle a connu une impulsion très importante à compter des années 1980 avec des programmes d’investissement et la restauration domiciliaire privée. La consécration par une adhésion à la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1985 est une reconnaissance de l’importance de ce quartier historique patrimonialisé.

1.1.3 La labélisation de l’UNESCO

Plusieurs labels peuvent être attribués à des quartiers, notamment celui « d’écoquartier », celui d’arrondissement historique ou celui de patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette instance internationale naît également dans le contexte de l’après-guerre, lorsque la conjoncture urbanistique n’est pas propice à la protection des lieux de mémoire

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et subit une « urbanisation incontrôlée [et les] dommages environnementaux d’une industrie galopante » (Cameron, 2016a : 20). De plus, « le patrimoine culturel et le patrimoine naturel sont de plus en plus menacés de destruction… par l'évolution de la vie sociale et économique qui les aggrave par des phénomènes d'altération ou de destruction encore plus redoutables » (UNESCO, 2015 : 1). C’est ainsi qu’en considérant que « la dégradation ou la disparition d'un bien du patrimoine culturel et naturel constitue un appauvrissement néfaste du patrimoine de tous les peuples du monde » (UNESCO, 1972 : 1) que la Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel a vu le jour lors de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement humain à Stockholm en 1972. Prenant effet en 1975, « cet outil établit un système international de coopération pour la protection des lieux patrimoniaux d’importance mondiale » (Cameron, 2016 : 20). La Convention s’inspire très clairement d’un événement de coopération mondiale survenu en Égypte en 1959. Effectivement, la construction du barrage d’Assouan fait monter les eaux du lac Nasser qui viennent mettre en péril un patrimoine jugé exceptionnel, les vestiges égyptiens des temples d’Abou Simbel et de Philae. On assiste, à la suite d’une demande d’aide des gouvernements égyptien et soudanais, à une mobilisation internationale, une cinquantaine de pays paient la moitié des coûts pour le déplacement de ces vestiges démontrant leurs valeurs exceptionnelles universelles. Cette première sauvegarde mène à celle de Venise et de sa lagune en Italie, suivie de celle des Ruines archéologiques de Mohenjo Daro au Pakistan et enfin à celle de la restauration de l'Ensemble de Borobudur (Indonésie). C’est en 1976 qu’il y a la création du Comité du patrimoine mondial, ce Comité est responsable de choisir, une fois par année, à la suite d’un long processus, les sites qui seront inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. En 1978, les premiers sites patrimoniaux culturels et naturels ayant une valeur universelle exceptionnelle (VUE) (comprenant une authenticité culturelle et une intégrité sans faille) ont été inscrits à cette Liste. Il y en a 12 pour cette première année. Puis, ce label s’est développé très rapidement, et depuis l’ajout des 21 nouveaux sites en juillet 2017, on compte 1073 biens inscrits sur cette Liste. Dans la Liste, la sous-catégorie du patrimoine culturel, soit les centres urbains habités, comme le Vieux-Québec, représente la catégorie la plus importante avec 198 sites (18.5%).

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1.1.4 La fonction événementielle et les grands événements

En supplément des paradigmes de conservation et de mise en valeur du patrimoine urbain (espaces publics et propriétés privées), il s’agit maintenant de développer le tourisme d’activités (Ville de Québec, 1983 et 1987) et ainsi d’animer les quartiers historiques, d’animer le patrimoine, d’y insuffler de la vie (Kullman, 2015), afin qu’il ne soit pas figé dans le temps (Dormaels, 2012). Les résidents et les touristes sont intégrés au patrimoine par une participation aux événements, ils viennent alors définir le quartier historique, ils participent à sa patrimonialisation (Poulot, 2006). La montée de la fonction événementielle est au cœur de cette animation. Les festivals et les événements se multiplient et les quartiers s’illuminent, s’animent et se réaniment (Viau, 2007) « L’organisation de grands événements est devenue un outil essentiel à la régénération culturelle des villes » (Lusso et Grégoris, 2014 : 59). Un grand événement consiste en une manifestation, d’une durée limitée (entre un jour et un an), concernant généralement et principalement un secteur d’activité (sportif, culturel, festif, économique, commémoratif, religieux ou diplomatique) ayant des répercussions territoriales de plusieurs ordres (Augier, 2011; Alexandre-Bourhis et al., 2013 et Lusso et Grégoris, 2014), c’est un rassemblement d’hommes et de femmes, de locaux et de visiteurs dans un lieu pour une célébration collective (Danglade, 2011). Dans ces événements, les consommateurs sont souvent à la recherche de sensations uniques ou d’ordres plus symboliques ou sensoriels (Alexandre-Bourhis et al., 2013). En ce qui a trait aux répercussions, tout d’abord, le recours aux grands événements est justifié par leurs retombées économiques (malgré que ce n’est pas toujours le cas) et sociales dépassant l’événement et son lieu d’organisation (Augier, 2011 ; Cudny, 2014 et Danglade, 2011). Les événements viennent célébrer, développer, promouvoir et solidifier une culture locale, une identité culturelle (Cudny, 2014 et 2016 ; Sably, 2012 et Laville, 2014). Un événement marque une rencontre avec la culture d’un peuple, « c’est là qu’affluent les touristes en quête de culture » (Slaby, 2012 : s.p.). Un événement est une présentation de sa propre culture, ce qu’elle offre de mieux (Giuriati, 1996). Les artistes étant des ambassadeurs de la culture par sa mise en scène (Amico, 2014). Dans certains contextes, les productions culturelles, par les événements, ont le pouvoir de former et de modeler les identités par une identification à une culture, à une tradition (Giuriati, 1996 et Reed Stone, 2014 ). « Ce processus n’est toutefois pas un

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acte de formatage à sens unique : il est consenti, négocié ; il témoigne d’une aptitude à se réinventer dans la continuité » (Amico, 2014 : 194). Les grands événements attirent les touristes, les gardent plus longtemps sur place tout en influençant le choix d’une destination (Getz et Page, 2016). C’est également un outil « afin de se différencier et de se distinguer sur l'échiquier mondial » (Marquis, 2015 : 6) (Amico, 2014). Effectivement, pour certaines destinations, l’image de la destination est modelée par les événements (Amico, 2014 ; Augier, 2011 ; Danglade, 2011 ; Lusso et Grégoris, 2014 et Getz et Page, 2016), ils permettent « la diffusion d’images, particulièrement au plan international » (Augier, 2011 : 66) ; l’événementiel permet de se démarquer durablement (Alexandre-Bourhis, 2013). Enfin, les grands événements peuvent transformer le territoire par une régénération urbaine surtout grâce à l’attraction d’investissements qui serviront surtout à améliorer le secteur touristique (restaurants, hôtels, etc.) (Danglade, 2011 ; Lusso et Grégoris, 2014 ; Marquis, 2015 et Getz et Page, 2016). « En justifiant l’événement urbain on légitime la transformation qu’il permet de mettre en œuvre » (Gravari-Barbas et Jacquot, 2007 : 2). De ce fait, l’instauration d’événements améliore la qualité de vie des citoyens (Marquis, 2015) par une bonification du milieu de vie. De plus, l'événementiel engendre des externalités positives sur d'autres secteurs, tel que le tourisme, bien sûr, mais également sur le secteur des médias, de par les entreprises (souvent locales) qui s’occupent des structures opérationnelles et de l’équipement (Augier, 2011).

En somme, plusieurs raisons poussent à tenir de grands événements. Elles sont autant sociales, par une promotion de l’identité locale, qu’économiques en attirant les touristes; les événements peuvent modeler l’image de la ville et la diffuser à l’international, ils peuvent venir bonifier certains secteurs d’une ville. Mais surtout, ils viennent animer les quartiers historiques. L’exceptionnalité de ces quartiers par la patrimonialisation ainsi que, plus récemment, par la création d’édifices à l’architecture spectaculaire et la création d’équipements dotés d’une architecture pouvant être unique et iconique (Lusso et Grégoris, 2014) donnent un cachet pouvant être utilisé avantageusement par l’industrie événementielle. Ce qui est d’autant plus vrai lorsque ce quartier historique est labélisé par une institution internationale comme l’UNESCO.

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9 1.1.5 Énoncé de la problématique

Le Vieux-Québec est un quartier historique subissant des pressions et des transformations en lien avec son patrimoine. Il a été labélisé par son intégration à la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1985. Depuis, on assiste à un développement de la fonction événementielle sur le territoire qui s’appuie sur le décor du site. Ce dernier est utilisé pour la promotion d’événements. D’où les questions posées dans ce mémoire : un processus de patrimonialisation peut-il alimenter la fonction événementielle? Le cas échéant, de quelle(s) façon(s)?

1.2 Objectifs et hypothèse : 1.2.1 Objectif général :

- Identifier et analyser l’utilisation du décor patrimonial d’un site, construit par un processus de patrimonialisation, par l’industrie événementielle.

1.2.3 Hypothèse :

- Le processus de patrimonialisation alimente la création d’un décor patrimonial utilisé ensuite par la fonction événementielle surtout à des fins promotionnelles.

1.3 Territoire et période d’analyse :

Le site à l’étude traité dans ce mémoire fait partie des sites culturels de la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. La période d’analyse du site commence à une date antérieure à l’inscription sur la Liste soit vers la fin du 19e siècle. Cette date a été choisie

puisque ce sont les balbutiements de la protection et de la conservation du patrimoine, donc une conscience de l’importance patrimoniale du bien. Effectivement, le processus de patrimonialisation (voir le cadre conceptuel) ainsi que la plupart des effets étudiés (protection et conservation) ont comme genèse des événements antérieurs à 1985, date de l’inscription à l’UNESCO. Le choix de ce site est justifié par le fait qu’il s’agit d’une ville

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habitée ayant plusieurs monuments patrimoniaux à même la ville dont le développement touristique est basé sur son décor patrimonial, ainsi que, de plus en plus sur l’événementiel.

Le site se situe au Canada, dans la province de Québec. Il s’agit d’un quartier central de la ville de Québec, la capitale de la province. Depuis 1963, le Vieux-Québec est légalement protégé par la Loi sur les biens culturels (LBC) (loi provinciale) : le désignant alors comme un arrondissement historique. Ses limites (figure 1) sont établies en 1964 par décret provincial. Le site est reconnu comme site du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1985 sous deux critères : le quatrième par son « ensemble urbain cohérent et bien préservé [le site] est un exemple exceptionnel de ville coloniale fortifiée, de loin le plus complet au nord du Mexique » (UNESCO, 2016 : s.p.) et le sixième critère puisque Québec est « l’ancienne capitale de la Nouvelle-France [ce qui] représente une des étapes importantes de la colonisation des Amériques par les Européens » (idem).

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Figure 1 : Carte du site patrimonial du Vieux-Québec.

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12 1.2.2 Objectifs spécifiques :

- Analyser la patrimonialisation du Vieux-Québec et la construction de son décor;

- Retracer la genèse et l’historique de la fonction événementielle dans le Vieux-Québec;

- Analyser l’évolution des paradigmes de l’utilisation du décor comme produit de la patrimonialisation et son impact sur l’événementiel;

- Évaluer la contribution du label du patrimoine mondial à la patrimonialisation;

- Évaluer l’utilisation du label du patrimoine mondial dans le développement et la promotion des événements (choix du site, image, discours).

1.4 Cadre conceptuel :

1.4.1 Patrimoine et patrimonialisation :

Le premier concept en jeu dans notre étude est le patrimoine. Le concept a substantiellement évolué depuis l’année française du patrimoine en 1980 où « tout devient patrimoine » (Guillaume, 1980 : 11). Le patrimoine est une forme de passion d’un peuple envers son passé, alors que les « efforts de conservation [de ce patrimoine] ne sont pas à l’échelle des mécanismes des sociétés industrielles vouées par nature au déracinement, à l’obsolescence et à la destruction » (Ibid.). La notion de patrimoine « est d’abord né(e) dans un cadre juridique en se présentant comme un bien transmis de père en fils, de génération en génération » (Berthold, 2012a : 1) avant d’être transposée dans l’univers culturel (Babelon et Chastel, 2000). Les auteurs situent l’émergence du patrimoine vers la fin du 18e siècle avec le début de l’État moderne (Guillaume, 1980 ; Babelon et Chastel, 2000 ; Hartog, 2003). C’est l’émergence du concept de monument (le patrimoine monumental étant étranger à la monarchie) comme repère et témoignage permettant de connaître la vie des générations disparues. Le monument ou le patrimoine et le monument historique ou le patrimoine historique sont deux concepts distincts (Choay, 1995a). Le premier étant un instrument de la mémoire existant chez tous les peuples et ayant pour but la commémoration. Le second étant un construit, « il est choisi par le regard érudit, parmi des édifices anciens, qu'il s'agisse ou non de monuments, indépendamment de toute finalité pratique, en raison de sa valeur pour l'histoire et pour l'art » (Idem : 6). Le patrimoine est

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un objet matériel de communication (Davallon, 2006) du passé dans le présent (Nora, 1984 ; Hartog, 2003 ; Davallon, 2006 ; Poulot, 2006). C’est un objet de remémoration « il met en évidence un cheminement commun, un passé partagé » (Prigent, 2011 : 8). Cet aspect a beaucoup évolué dans le temps et dans les écrits scientifiques, tout d’abord, étant en lien avec des lieux de mémoire (Nora, 1984), une société fait consciemment surgir le passé (donc la mémoire) dans le présent par la mise en valeur de lieux étant porteurs d’une mémoire collective (idem). La transmission du patrimoine se fait lorsque le rapport au temps a été complété. Le concept de mémoire est le fait que l’on se souvienne, il se différencie du concept de patrimoine qui est l’intérêt dans le présent des objets et des réalisations du passé, « le passé n’existe que comme construit dans le présent » (Davallon, 2006 : 27).

C’est à partir de ce moment que l’on parlera moins de patrimoine, mais de la patrimonialisation, soit l’étude du processus de construction patrimoniale ou de reconstruction du lien avec le passé (Davallon, 2006). La patrimonialisation relève d’une construction sociale (Drouin, 2005 ; Davallon, 2006 ; Morisset, 2009 ; Dormaels dans Berthold, 2012b). Il ne faut pas figer le patrimoine dans le temps (Dormaels dans Berthold, 2012b). Aujourd’hui, les habitants du patrimoine jouent un rôle significatif relativement à la dimension immatérielle du patrimoine puisqu’ils le portent, de ce fait, les exclure modifierait considérablement le côté patrimonial d’un site (idem). La voix citoyenne est maintenant intégrée dans le rapport de force avec les autorités et les promoteurs lors de conflits urbains (Drouin, 2005 et 2012). En somme, ces balises conceptuelles du patrimoine et du phénomène de la patrimonialisation sont importantes afin de pouvoir interpréter et décoder les processus patrimoniaux permettant de comprendre les significations en lien avec le territoire et l’espace patrimonial qui sera à l’étude dans ce mémoire.

1.4.2 Décor patrimonial :

Le décor patrimonial est plus que le décor urbain, plus que l’architecture des lieux : il s’agit du paysage entier tel qu’il se manifeste au terme du processus de patrimonialisation. Dans un premier temps, par la mise en valeur d’un élément précis du passé, ce processus reconstruit l’image d’un lieu et confère à ce lieu une nouvelle

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représentation ; à son tour, cette représentation devient une partie du décor. Dans un deuxième temps, la patrimonialisation vient faire un marquage matériel des représentations du passé qui rend tangible la valeur patrimoniale. Dans cette perspective, un décor en attente de marquage n’est pas patrimonial ; il le devient à la suite du processus de patrimonialisation (Mermet, 2013).

Le phénomène s’inscrit dans le cercle des représentations (Jenkins, 2003 ; Garrod, 2009 et Devanne et Fortin, 2001), qui se définit comme une co-construction d’une image d’un lieu à partir de plusieurs sources (iconographiques, paysagères, architecturales, etc.) qui structurent l’image d’une destination (Devanne et Fortin 2001). Ces images sont reprises par différents acteurs et sur différents médias, elles deviennent tellement familières, qu’elles apparaissent intemporelles, partagées et reconnues par tous, elles informent et reflètent l’image de la destination (Garrod, 2009). Le touriste voit le décor et le considère comme authentique, car il correspond à l’image qu’il en a déjà, par extension, il pensera que les expériences qu’il y vivra le seront aussi.

Le décor est néanmoins composé d’aspects authentiques et d’aspects faux (qui rappellent l’authentique) (MacCannell, 1976). Le tissu cohérent créé par la patrimonialisation parait présenter parfois un décor « plus vrai » que ce qu’il est réellement, car il correspond à une image embellie, patrimonialisée. La distinction entre l’authentique et le faux est mince, surtout lorsque la sphère commerciale ajoute à ce cercle des représentations en présentant un décor plus vrai que nature, ou plus « naturel » que vrai dans un but de promotion touristique (MacCannel, 1976 et Kurzac-Souali, 2012). La transformation naturelle d’un site par le temps est abolie pour donner une apparence se rapprochant le plus de son aspect originel, pour que le décor soit considéré comme vrai, comme sur l’image, non pas désuet et vétuste : « la stabilité des formes matérielles et visibles du paysage constitue un élément stratégique important » (Devanne et Fortin 2001 : 62). Ce processus crée un décor touristique qui donne « l’impression aux touristes de se retrouver dans l’éternité d’une carte postale » (Jeudy et Berenstein-Jacques, 2006 : 6).

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15 1.4.3 Patrimoine urbain :

La notion de patrimoine urbain émerge lentement à compter de la fin du 19e siècle et prend de l’importance au milieu du 20e siècle, à la suite des reconstructions des villes

européennes, au lendemain des guerres mondiales (Déom, 2012). Le patrimoine urbain est un tissu cohérent rassemblant tous les éléments architecturaux tant patrimoniaux, monumentaux ou banals dans un milieu urbain (Choay, 1992 ; Dalmas et al., 2014 ; Devernois et al., 2014 et Pietrostefani, 2015). Ce tissu est vu comme un ensemble ayant une valeur identitaire et historique, non seulement une qualité architecturale. « C’est justement cet ensemble qui a une grande valeur par sa cohérence, car il se peut qu’aucun élément, pris isolément, n’ait valeur de chef-d’œuvre » (Dalmas et al., 2014 : 846). L’esthétisme et l’aspect historique sont mis en valeur dans ce type de patrimoine, le patrimoine urbain est porteur de l’identité de la ville ; c’est donc l’ensemble qui est devenu l’élément à préserver. Ce patrimoine est vivant lorsque l’on considère toutes les transformations que connait un tissu urbain autant sur la trame urbaine que l’aspect démographique. C’est ainsi que cette évolution dans la manière de penser le patrimoine urbain par cette prise de conscience fera en sorte que le concept glissera vers celui de paysage urbain dépassant le patrimoine urbain en y incluant « le contexte urbain plus large ainsi que son environnement géographique » (UNESCO, 2011 : 59). Des éléments géographiques naturels comme la topographie et la géomorphologie sont intégrés au concept de paysage urbain (le capital naturel) ainsi que tout le côté patrimonial immatériel (le capital social) par une considération de la diversité culturelle et la mise en valeur des traditions et des conceptions des communautés locales (Pietrostefani, 2015). Il s’agit d’une structure vivante et évolutive qui témoigne d’une époque devant être préservée et mise en valeur afin de la transmettre aux générations futures (UNESCO, 2011 et Devernois et al., 2014). Le patrimoine urbain dépasse l’idée de transmission générationnelle, c’est « à la fois un outil de revitalisation urbaine et de cohésion sociale, un outil de développement économique et touristique et, enfin, un outil au service du développement durable » (Devernois et al., 2014 : 19).

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16 1.4.4 Label :

Le label constitue une procédure qui évalue et donne une assurance (certification) qu’une installation, un produit ou un service (ici un territoire ou un site) est conforme aux normes spécifiques. Pour identifier le produit labélisé, ce dernier peut arborer un logo, un signe visuel (comme celui du patrimoine mondial de l’UNESCO). Dans le cas du label du patrimoine mondial de l’UNESCO, il sert d’assurance de l’importance tant historique que culturelle d’un site inscrit (Ryan et Sylvanto, 2010), c’est une promesse de qualité et de différence, c’est une marque de prestige, un sceau (Marcotte et Bourdeau, 2006 ; Ryan et Sylvanto, 2009). Celui-ci est utilisé dans cette optique de démarcation (Hall et Piggin, 2001), il donne une reconnaissance internationale (surtout pour les plus petits sites) (Marcotte et Bourdeau, 2006 ; Kayahan et Vanblarcom, 2012). Il a un impact positif sur la protection des sites, mais ce n’est pas un remède ni une marque de commerce sans faille (Prigent, 2011) même s’il peut être utilisé comme outil de promotion des produits culturels, et qu’il peut être un facteur clé du choix d’une destination (Marcotte et Bourdeau, 2006). Il peut également être utilisé comme un instrument de négociation dans la gestion patrimoniale (Prigent, 2011).

1.4.5 Les types d’événements :

Comme mentionné en problématique, plusieurs critères font d’un événement un grand événement. Il s’agit d’une manifestation d’une durée limitée ayant des répercussions territoriales, ces grands événements rassemblent des personnes de tous horizons afin de célébrer ou de vivre des sensations uniques ou symboliques. Ils ont souvent de grandes retombées économiques ou sociales ayant une portée internationale (dans la conception de l’événement, dans les médias ou dans son contenu). Enfin, ils concernent généralement un type d’activité, malgré que d’autres secteurs puissent s’y greffer. Cette section touche les différents types d’activité des grands événements.

À la suite d’une revue exhaustive de la littérature scientifique, il a été possible de séparer les événements ayant lieu sur un territoire en plusieurs types. Les auteurs ne s’entendent pas sur leur nombre ou le titre de chacun des types. Par contre, il est ici présenté sept types d’événements qui reviennent le plus souvent dans la littérature (entre autres

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Getz, 2008 et Blin, 2012) : culturels, festifs, sportifs, commémoratifs, diplomatiques, économiques et religieux. Les spécificités de chacun sont mises de l’avant dans cette section.

1.4.5.1 Événements culturels :

Un événement culturel est une attraction, une activité ayant comme élément constitutif la création artistique (Vauclare, 2009 et Arnaud, 2014). La création peut être plus ou moins présente, mais doit obligatoirement en faire partie. Vauclare mentionne qu’un « événement culturel matérialise par sa programmation dans un espace et un temps particuliers un projet culturel et artistique en lien avec un territoire et des objectifs en termes de développement de ce dernier et de mobilisation d’un public » (Vauclare, 2009 : 3). L’événement culturel apporte au public local des spectacles culturels qui ne pourraient pas avoir lieu sur le territoire en d’autres occasions par manque d’équipements culturels permanents qui permettent la diffusion de ce type d’événement (idem). Les événements culturels aident également à la conservation des traditions par son exposition au public (Getz, 2008). Il y a deux types d’événement culturel, le premier, traditionnel, est centré sur un seul genre artistique (musique, peinture, théâtre, etc.), parfois même un genre artistique précis (musique country, peinture abstraite, théâtre québécois, etc.), par exemple, le festival de musique Heavy MTL qui a lieu au mois d’août à Montréal est un festival qui présente de la musique métal et ses branches connexes très proches. Le second type d’événement culturel est celui explorant des formes nouvelles, il est en lien avec une thématique, il métisse les genres et est souvent en lien avec des commandes de création. Un exemple, le festival Under Pressure à Montréal tous les mois d’août, depuis 1996, qui a pour thème les arts urbains. Il mélange les artistes de la rue, les graffiteurs, les DJ, les danseurs urbains, la musique et le skateboard. Ces artistes produisent des fresques aux influences graffitis, il y a des performances musicales et de danses, des expositions ainsi que des conférences (Quartier des spectacles de Montréal, 2017). Les deux types d’événement culturel rejoignent trois différents types de public : le grand public (événements ayant une portée très grande et souvent tirés de la culture populaire, par exemple, le festival de musique Osheaga à Montréal), le public amateur ou averti (événements plus spécifiques qui ne s’adressent pas à tout le monde, par exemple, le Symposium international de peinture et de

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sculpture du Saguenay-Lac-Saint-Jean) et le public professionnel (événements très poussés dans un domaine qui est difficile d’apprécier sans une base solide dans le domaine, par exemple, le Festival international de poésie de Trois-Rivières). Bref, « un événement culturel repose sur la rencontre d’un public avec la création artistique dans un lieu et un temps donnés » (Vauclare, 2009 : 1).

1.4.5.2 Événements festifs :

Un événement festif doit avoir comme objectifs principaux le plaisir, le divertissement ou le social (Getz, 2008 et Blin, 2012). C’est un moment de fête, de convivialité, de distraction et d’émotions collectives (Blin, 2012). C’est l’occasion d’animer des lieux, notamment lors des périodes creuses (Fournier, 2010), d’animer la ville, dont certains secteurs moins utilisés, de faire descendre les habitants dans les rues (Blin, 2012). Lors des événements festifs, il peut y avoir une transgression des règles établies comme boire de l’alcool dans les rues (dans un périmètre prédéterminé), marcher dans la rue, etc. Les événements festifs jouent un rôle de cohésion sociale, ils sont l’occasion de rencontrer, de fêter et de se réjouir avec les habitants de sa ville et les touristes qui sont en visite (idem). L’aspect festif se retrouve dans la presque totalité des événements, quel que soit le type. Effectivement, la majorité des événements culturels est également l’occasion de rencontres sociales, de la consommation d’alcool et de nourriture sur place, tandis que les événements sportifs présentent aussi des spectacles de musique pendant l’épreuve. Même si les objectifs principaux des événements festifs sont multiples, leur raison d’être s’explique par le souhait des participants de sortir de leur routine ainsi que de s’amuser.

1.4.5.3 Événements sportifs :

Le développement des pratiques sportives et l’extension des territoires sportifs aux espaces publics des villes par la création d’événements sportifs ont commencé dans les années 1980 et ont connu une véritable explosion dans les années 1990 (Blin, 2012). Il y a deux types de personnes participant à ces événements : les participants à la compétition qui se motivent par le défi beaucoup plus souvent que par la victoire (à l’exception des événements sportifs professionnels) ainsi que les partisans qui assistent à l’événement qui

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retirent leur plaisir de l’effort d’autrui en s’identifiant aux compétiteurs ou tout simplement dans un effet de nostalgie (Getz, 2008). Les spectateurs peuvent venir du monde entier pour assister aux événements sportifs (Charrier, 2009). Les villes utilisent ces événements comme un levier de régénération urbaine puisque des investissements plus ou moins massifs dans les infrastructures d’accueil sont faits pour leur tenue. D’autres impacts sont liés à ce type d’événement, il constitue un puissant moteur de promotion territoriale surtout lorsqu’un espace favorable pour l’événement, tout en ayant un attrait visuel hors pair, est utilisé. Le site « doit être à la fois propice à la course et porteur de symboles patrimoniaux, sans trop paralyser la ville » (Blin, 2012 : 273). De plus, les impacts sociaux sont non négligeables surtout en lien avec l’encouragement à la pratique sportive (Junod, 2007) soit par la découverte d’un nouveau sport ou le développement d’infrastructures propices à la pratique du sport en question (Charrier, 2009). Bref, à l’exception des méga-événements comme les Jeux olympiques, les Coupes du monde de la FIFA ou des événements plus locaux, le phénomène des événements sportifs à grande échelle est récent. Il consiste à tenir sur un territoire donné une activité sportive (compétitive dans la plupart des cas) afin de divertir les partisans et spectateurs en place et à travers le monde par la médiatisation de l’événement.

1.4.5.4 Événements commémoratifs :

L’événement commémoratif est un rassemblement populaire qui célèbre une personne ou un événement en lien avec une ville ou un pays (Arellano, 2006 et Frost, 2012). D’un côté, il peut contribuer à promouvoir l’identité nationale en engageant le participant dans un patrimoine joué ou dans un espace public significatif (Arellano, 2006). D’un autre côté, il peut faire la promotion de l’histoire nationale qui est au coeur des événements commémoratifs, lorsqu’il s’agit d’une fête à l’échelle du pays. La première capitale ou la ville ayant le plus d’importance aura tendance à avoir la plus grande part de l’événement (Frost, 2012). Il est multidimensionnel puisqu’on y retrouve un mélange d’éléments du présent, du passé, du patrimoine, de l’art, de l’improvisation et du tourisme (Arellano, 2006). Malgré que le touriste y participe, certains événements commémoratifs sont créés sans la volonté d’en attirer. Citons en exemple le centenaire de la fédération d’Australie, surtout fêté à Melbourne, et qui a été une fête pensée pour les gens de la ville (Frost, 2012).

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Par contre, le legs laissé par ces événements attire d’autres événements plus touristiques, par exemple, la promenade Samuel-De Champlain à Québec est un legs de son 400e anniversaire en 2008. Bref, il s’agit d’une fête commémorant un aspect de l’histoire dont la diffusion et la revendication servent à l’inscription d’un espace significatif en lieu de mémoire porteur de mémoire collective (Arellano, 2006).

1.4.5.5 Événements diplomatiques :

Il y a deux types d’événements diplomatiques, le premier est principalement marqué par la présence de dirigeants (premiers ministres, présidents, ministres, diplomates, etc.) de plusieurs États ou de plusieurs membres importants du même État. Il prend souvent la forme de rencontres ou d’un sommet ayant pour but d’établir des relations diverses (économiques, militaires, politiques, etc.) entre des pays ou à l’intérieur même du pays. L’événement diplomatique est souvent associé à un thème ou quelques thèmes (pour la paix, pour la culture, pour faire un accord, etc.), il peut être unique sur le territoire ou revenir annuellement, mais en changeant de ville pour atteindre le plus d’acteurs possible. Il n’est pas un vecteur touristique en soi.

Le second type est en lien avec la présence d’une ou de plusieurs personnalités étrangères, ayant une notoriété diplomatique ou politique certaine, qui sont en visite sur le territoire. Le tout ponctué entre des rencontres avec des têtes dirigeantes du pays ainsi que des apparitions publiques (discours, commémorations, inaugurations, etc.). Les visites de la royauté britannique sur les territoires du Commonwealth en sont un exemple tout comme la visite du Canada par Charles de Gaulle en 1967. Ce second type attire plus de touristes surtout du fait de la notoriété de la personnalité présente, de la médiatisation de l’événement et des apparitions publiques de la personnalité.

1.4.5.6 Événements économiques :

L’objectif principal des événements économiques est d’établir de nouvelles relations économiques entre deux ou plusieurs acteurs privés ou étatiques. Il inclut des réunions, des rencontres, des conventions, des expositions et des foires (Getz, 2008 et Mair et Jago, 2010). L’événement économique a majoritairement un thème qui est lié à un secteur spécifique de l’économie. Les expositions agricoles du Québec en sont un exemple

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probant. Les plus gros événements incluent des acteurs internationaux qui mènent à des marchés internationaux (Getz, 2008). Ce type d’événement est très ancien ce qui fait qu’essentiellement toutes les villes majeures possèdent déjà les installations pour en accueillir, sinon les investissements sont faits surtout pour la construction d’un centre pouvant en accueillir et des hôtels pour héberger les participants (souvent dans le même bâtiment ou à une très petite distance) (Getz, 2008 et Mair et Jago, 2010). Généralement, ce type d’événement n’attire que des touristes d’affaires.

1.4.5.7 Événements religieux :

Un événement religieux est un rituel de fête, il s’agit d’une visite d’un lieu sacré ayant un événement spécial qui lui est rattaché (Getz, 2008). Il peut être en lien avec le lieu d’arrivée d’un pèlerinage comme le hajj, l’annuel pèlerinage des musulmans vers les lieux saints de la ville de La Mecque qui rassemble plusieurs millions de personnes. Un autre exemple est le pèlerinage de Gribha qui rassemble les Juifs d’Afrique du Nord vers la synagogue de Gribha en Tunisie. Un événement religieux peut également être en lien avec un événement spécial à connotation religieuse sur un territoire comme une neuvaine dans la religion catholique romaine ou tout simplement l’ouverture d’un sanctuaire normalement fermé ou avec une entrée restreinte. Ce type d’événement a une signification plus personnelle et vient chercher des sentiments profonds chez les participants (Getz, 2008 et Iqbal et al., 2016). Pour un instant, les participants suspendent leur routine par la visite du lieu saint, par des observations de la grandeur de ce lieu et de son esthétisme souvent grandiose (Jackson, 2012). Il n’y a pas seulement les croyants qui participent à ces événements, plusieurs participants le font dans une optique plus spirituelle ou tout simplement par curiosité.

1.5 Méthodologie

Le présent chapitre détaille les approches méthodologiques utilisées dans le mémoire. Il y est d’abord exposé les méthodes utilisées pour l’analyse qualitative du patrimoine, et visant, en partie, à comprendre et à retracer les processus de patrimonialisation du Vieux-Québec. Ensuite, il est question des méthodes utilisées pour

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l’analyse quantitative qui permet de cerner l’évolution de la fonction événementielle. Pour finir, il est présenté les méthodes utilisées pour l’analyse qualitative et quantitative permettant de comprendre l’utilisation du décor patrimonial par l’industrie événementielle.

Avant d’entrer dans le détail méthodologique par chapitre, il faut présenter la documentation qui est utilisée pour l’ensemble du mémoire. Les sources primaires et secondaires utilisées sont des articles de presse d’époque et modernes, des vidéos, des affiches promotionnelles, des articles de loi, des photographies (d’archives ou prises sporadiquement sur le terrain lors des événements sur le site à l’étude), des sites internet, des documents gouvernementaux, des rapports d’entreprise et des documents d’archives. Toutes les données primaires servent à cerner les discours et les manières de penser en place à différents moments et à différentes époques et ainsi de cerner leurs évolutions. Pour appuyer, affiner et confronter ces sources, des ouvrages généraux et spécialisés ainsi que des études scientifiques et professionnelles ont été sélectionnés. L’ensemble des données sert à éclairer, documenter et comprendre les différentes dynamiques qui se produisent sur le site patrimonial étudié.

Le second chapitre (le premier des résultats) traite de la patrimonialisation et de la construction du décor du site patrimonial du Vieux-Québec et de ses environs. Il s’agit d’une analyse de discours faite majoritairement à partir d’ouvrages scientifiques et professionnels traitant du site à l’étude. Le but est de remonter au moment le plus ancien de la mise en valeur du patrimoine du site à l’étude et d’analyser la manière dont la patrimonialisation a construit le décor du secteur. Pour ce faire, une lecture scientifique exhaustive, surtout la lecture d’ouvrages concernant l’histoire, l’architecture, le patrimoine, la géographie historique, la politique et l’aménagement du site étudié a été faite. Peu de sources de première main sont utilisées dans ce chapitre, soit des documents gouvernementaux et des articles de lois, le tout afin d’analyser les apports des différentes commissions gouvernementales et des lois en rapport au patrimoine au cours des cent dernières années. L’information a été traitée, analysée et synthétisée dans le chapitre.

Le troisième chapitre porte sur l’évolution de la fonction événementielle dans le Vieux-Québec. Il s’agit d’une analyse de la genèse de la fonction événementielle du site étudié. Le corpus principal est, pour ce chapitre, comme source primaire, les guides

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touristiques de la ville de Québec (ville et région) publiés par l’Office du tourisme de Québec et le gouvernement du Québec. Seulement les guides de 1966, 1974 et de 1985 à 2018 ont été trouvés et utilisés pour un total de 34 guides. L’image ou les images de la page couverture ont été relevées ainsi que l’ensemble des événements de la section « Événements » des guides. Pour ces derniers, un tri a été fait pour garder seulement les événements ayant lieu sur le site à l’étude. L’objectif étant de recenser les grands événements ayant eu lieu sur le territoire, une vérification pour s’assurer que les événements ont les prérequis établis a été faite. Pour ce faire, une revue de presse a été nécessaire ainsi qu’une consultation, le cas échéant, des sites internet de ces événements. Pour la revue de presse, la banque de données Eureka.cc disponible via l’Université Laval (pour la période 1988 à 2009) ainsi que les journaux en ligne (pour la période 2007-2017) ont été utilisés. Concernant les événements, un total de 92 articles de journaux et de 23 sites internet ont été consultés. Pour les articles de journaux, l’utilisation de mots-clés généraux comme « événement » et « ville de Québec » dans un langage booléen1 a d’abord été faite pour trouver le plus d’événements possible pour ensuite vérifier spécifiquement chacun d’eux. Des sites traitant l’ensemble du 20e siècle du Québec en événements ont été

épluchés afin de ressortir seulement ceux du territoire à l’étude. Les événements retenus et ajoutés au recensement sont ceux ayant la majorité des critères élaborés2, le tout établi suite à une recherche de chaque événement en archive, dans les journaux ou sur les sites internet. Il est important de mentionner que seul le nombre d’unités a été comptabilisé, mais que l’augmentation ou la diminution du nombre d’unités ne signifie pas une hausse ou une baisse de la festivité sur un territoire. En revanche, le nombre de jours d’activités sur le territoire est beaucoup plus précis à ce niveau. Un recensement de jours d’activités n’a pas été choisi pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cela rend la tâche de recensement colossale et même impossible pour un site ayant ce nombre d’événements, surtout du fait que les événements annuels n’ont pas toujours le même nombre de jours d’activités chaque année,

1 Langage informatique qui sert à spécifier une recherche à l’aide de mots (ET, OU, NON, etc.) ou de signes (« »,%,*, etc.). À titre d’exemple, entourer une expression de guillemets permet de chercher l’expression au lieu de chacun des mots séparément.

2 Durée de un jour à un an, rassemble une grande quantité de personnes de tout horizon, une grande diffusion d’images, une portée internationale (soit dans leur programmation ou dans leur rayonnement), les événements ayant transformés le territoire à la suite d’investissements massifs, ceux ayant des retombés économiques ou sociales importantes, ceux ayant de fortes externalités positives et ceux ayant une saveur unique ou symbolique très grande.

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ce qui rend la recherche difficile par manque d’archives. De plus, le manque d’archives fait en sorte que le nombre de jours d’activité des événements plus anciens est introuvable, il faudrait donc éliminer les événements en question, ce qui viendrait affecter les résultats globaux. Enfin, les tableaux de résultats seraient moins compréhensibles et plus difficiles d’analyse puisqu’une année comme 2008 viendrait déformer le tableau par une trop grande quantité de jours d’activités, il y a eu beaucoup d’événements chaque jour de l’année en 2008 (festivités du 400e anniversaire de la fondation de Québec). La période utilisée pour

le recensement est de 1960 à 2017. L’année 1960 comme balise temporelle de départ est justifiée par la volonté de cerner si le classement de l’arrondissement historique du Vieux-Québec de 1963 et l’adhésion à la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO de 1985 ont eu un impact sur la fonction événementielle. De ce fait, la recherche de grands événements précédant cette date a été faite et elle a été très peu fructueuse. La date de 2017 comme fin a été retenue, tout d’abord, parce qu’un grand événement se prévoit plusieurs mois, voire plusieurs années, d’avance et qu’il s’agit de la période de rédaction de ce mémoire. Ensuite, parce qu’il n’est pas vraiment possible de savoir si certains événements seront renouvelés en 2018. Tous les événements se trouvant en partie ou en totalité sur le territoire à l’étude ou à proximité (Plaines d’Abraham, Vieux-Port, sur le fleuve à proximité du Vieux-Port, Saint-Roch, Saint-Jean et colline Parlementaire) ont été recensés. 117 grands événements ont été recensés pour la période étudiée (Annexe 1). Les données recueillies lors de ce recensement ont été compilées et traitées par le logiciel de traitement statistique Microsoft Excel. Ils y sont compilées l’année ou les années durant lesquelles le grand événement s’est déroulé, la saison pendant laquelle il a eu lieu (il peut, cela dit, s’étendre sur plusieurs saisons), le type d’événement dont il s’agit (culturel, festif, sportif, commémoratif, économique, diplomatique ou religieux) enfin, il y est noté si l’événement utilise le label du patrimoine mondial de l’UNESCO sur son site internet. Pour les événements plus anciens (datant d’avant l’arrivée d’internet ou lorsque son utilisation était limitée), une recherche en archives de publicités ou de journaux anciens traitant de l’événement a été faite afin de voir si le label était utilisé, les événements ayant eu lieu exclusivement avant décembre 1985 (date d’adhésion au label) ont été exclus. Une limite méthodologique pour cette section est le fait que plus l’on recule dans le temps, moins les ressources sont disponibles pour retracer les événements. La fiabilité et la validité des résultats peuvent en

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être amoindries. Les données qualitatives nominales sont représentées par des graphiques à courbes pour bien cerner l’évolution de la fonction événementielle et par des tableaux à bandes horizontales pour les résultats globaux pour les types d’événements du territoire à l’étude. Lorsqu’il s’agit du nombre d’événements pour les saisons, on retrouve seulement quatre variables, ce qui rend le graphique en secteurs efficace, il est donc utilisé dans cette situation. Il faut noter que selon les types d’événements, on atteint un total de 119 grands événements et, selon la saison, un total de 140 grands événements en raison d’une multiplication des événements qui se retrouvent dans plus d’une de ces catégories.

Le chapitre 4 est une analyse de l’utilisation du décor patrimonial par l’industrie événementielle. Les 117 événements recensés pour le chapitre 3 sont utilisés de nouveau dans ce chapitre, mais tous ne sont pas retenus dans l’analyse de l’utilisation du décor puisque de la publicité n’a été trouvée que pour 70 des 117 événements. Effectivement, la publicité des grands événements est analysée dans ce chapitre afin de voir l’ampleur de l’utilisation du décor par l’industrie événementielle dans la promotion. Deux principaux types de publicité sont analysés, soit les affiches publicitaires et les vidéos promotionnelles. Par contre, à 3 occasions, l’image principale du site internet de l’événement a été utilisée et à 6 occasions la vidéo récapitulative publiée après l’événement a été utilisée. Les images et les vidéos ont été récoltées sur le site web de l’événement et sur YouTube, pour les événements plus anciens, une recherche en archive a été nécessaire. À des fins d’analyse, une compilation des grands événements, de la présence ou non du décor du site patrimonial du Vieux-Québec (pour les vidéos promotionnelles, un accent sur un bâtiment patrimonial ou une vue d’ensemble du site doit avoir lieu pour que la présence soit prise en compte), le type de publicité (affiche ou vidéo) et des notes sur la publicité a été faite (annexe 2). Les grands événements uniques du 400e anniversaire de la Ville de Québec ont été réunis pour cette analyse puisqu’il existe une seule publicité pour l’ensemble de ces événements (ceci n’inclut pas les événements ayant continué par la suite comme le moulin à images). De plus, 47 événements n’ayant pas de publicité ont été enlevés de la liste, il s’agit de grands événements souvent uniques comme les visites royales. Les journaux ont traité ces événements, mais aucune publicité officielle n’a été faite ou n’a été trouvée. Enfin, des célébrations pouvant être à plus grande échelle et reproduites à plusieurs endroits comme la fête nationale du Québec qui est célébrée partout dans la province ont également été

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