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Chapitre III : Evolution récente des conditions climatiques en Basse-Casamance

1- Le régime pluviométrique de Basse-Casamance et son évolution récente

1.1. L’évolution des pluies au cours de l’année

L’analyse de l’évolution de la pluviométrie au cours de l’année permet de connaître la répartition mensuelle des précipitations et de déterminer la période humide favorable aux activités agricoles. Cette étude permet également de faire une évaluation de la durée de la saison pluvieuse car la connaissance des dates de début et de fin de la saison des pluies constitue un élément majeur pour la planification du calendrier cultural. Cette opération vise à mettre à la disposition des agriculteurs des outils opérationnels leur permettant de faire face aux irrégularités du climat, notamment à

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l’indigence pluviométrique qui rend le plus souvent aléatoires les rendements agricoles (Diop, 1996 et 1999 ; Sané, 2003). L’analyse du régime pluviométrique montre que les pluies interviennent en Basse-Casamance, globalement du mois de mai au mois de novembre. La période décembre-avril est marquée par l’absence de pluies. Les précipitations, qui y sont observées, sont connues sous le nom de pluies "hors saison".

1.1.1) – Les pluies hivernales

Résultat de perturbations extratropicales, les pluies hivernales (hors saison) sont rares et très faibles dans notre zone d’étude et ce, quelles que soient la station et la période choisies (tabl. 7). Ces pluies atteignent le sol lorsqu’elles proviennent de perturbations puissantes qui sont en mesure de saturer l’ensemble de la basse atmosphère. Le processus de fonctionnement et de formation des mécanismes à l’origine des précipitations hivernales sont largement étudiés par Leroux (1968) et Sagna (2005). En Basse-Casamance, la station d’Oussouye est la plus concernée par les pluies dites de "heug" pour presque toutes les périodes confondues. Elle a reçu les quantités suivantes : 1,8 mm en 1951-1980, 5 mm respectivement en 1961-1990 et en 1971-2000, et enfin 3,7 mm entre 1981 et 2010. Cela confirme les conclusions de Sagna (2005) selon lesquelles, plus on s’éloigne des côtes plus ces pluies s’amenuisent ; Oussouye étant la station la plus côtière parmi toutes celles retenues ici. Les normales 1971-2000 et 1961-1990, les plus concernées par les périodes de sécheresse, ont reçu les plus importantes quantités moyennes avec respectivement 9 et 8,4mm. Par ailleurs, le mois de décembre est celui qui a enregistré les moyennes les plus élevées. A titre illustratif, il a recueilli 58,6 % en 1951-1980, 41,7 % en 61-90, 44,4% en 71-2000 et 27,5% en 1981-2010 (tabl. 7). Les pluies hivernales ne sont presque d’aucune utilité pour l’agriculture même si, par ailleurs, elles peuvent contribuer au soulagement du fonctionnement des écosystèmes naturels éprouvés durant cette période par l’absence de pluies. En effet, elles sont souvent associées, d’une part, à une baisse parfois considérable des températures moyennes qui contribue à une modification de leur évolution diurne et, d’autre part, au relèvement significatif de 1’humidité relative dont les valeurs moyennes se rapprochent de ce qui est généralement observé en saison des pluies. Cependant, les conséquences qui peuvent découler des pluies hors saison sont souvent multiples et multiformes. Elles peuvent, si les cultures et les stocks de nourriture sont laissés en plein air, entraîner des dommages considérables, en particulier leurs pertes. Leurs impacts peuvent parfois prendre des proportions plus importantes. A ce propos, Pascal Sagna, dans le journal "Le Soleil" du Sénégal du 31 mars 2012 rapportait les propos du Conseil National de Gestion des Risques et Catastrophes (CNGRC), à propos des pluies de "mangues" enregistrées au Sénégal en 2002 (Ziguinchor en avait enregistré 7,2 mm en janvier) qui ont fait 28 cas de personnes décédées, 13 993 maisons détruites, 13 561

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bovins morts, 91 823 petits ruminants morts et 100 000 personnes sinistrées. Ces chiffres éloquents témoignent de la gravité des conséquences que peuvent avoir les pluies hivernales. Il convient donc de prendre toutes les précautions nécessaires lorsqu’elles surviennent.

Le tableau 5 donne le détail des quantités de pluies hors saison recueillies en Basse-Casamance entre 1951 et 2014.

Tableau 7: Valeurs moyennes mensuelles des pluies hors-saison en Basse-Casamance (1951-2014) Normales-périodes climatiques\mois-stations Stations Décembre Janvier Février Mars Avril

Normale 1951-1980 Diouloulou 0,7 0,4 0,5 0,0 0,0 Bignona 0,7 0,3 0,0 0,0 0,0 Ziguinchor 0,8 0,2 0,4 0,0 0,0 Oussouye 1,2 0,4 0,2 0,0 0,0 Normale 1961-1990 Diouloulou 0,5 0,3 0,0 0,0 0,0 Bignona 0,9 0,3 0,0 0,0 0,0 Ziguinchor 0,9 0,2 0,3 0,0 0,0 Oussouye 1,2 0,4 0,1 1,1 2,2 Normale 1971-2000 Diouloulou 0,7 0,3 0,0 0,1 0,0 Bignona 1,2 0,2 0,1 0,0 0,0 Ziguinchor 0,9 0,2 0,2 0,1 0,0 Oussouye 1,2 0,4 0,1 1,1 2,2 Normale 1981-2010 Diouloulou 0,3 0,0 0,0 0,1 0,0 Bignona 0,7 0,0 0,1 0,0 0,0 Ziguinchor 0,3 0,3 0,2 0,1 0,0 Oussouye 0,3 0,0 0,1 1,1 2,2 Moyenne 1991-2014 Diouloulou 0,4 0,0 0,0 0,2 0,0 Bignona 0,4 0,0 0,2 0,0 0,0 Ziguinchor 0,0 0,5 0,2 0,0 0,0 Oussouye 0,0 0,4 0,1 0,0 0,0 Moyenne 1951-2014 Diouloulou 0,5 0,2 0,2 0,1 0,0 Bignona 0,6 0,1 0,1 0,0 0,0 Ziguinchor 0,5 0,2 0,3 0,0 0,0 Oussouye 0,8 0,3 0,1 0,5 1,1

1.1.2) – Les pluies estivales ou la saison des pluies

L’analyse des précipitations mensuelles montre que la Basse-Casamance reçoit généralement ses premières pluies à partir du mois de mai tandis que les dernières surviennent au mois de novembre. Cette saison des pluies a pour origine l’influence de la mousson dont l’ampleur est liée à l’importance du gradient thermique et barométrique entre la partie continentale ouest-africaine réchauffée pendant l’été boréal et les eaux de l’Atlantique sud refroidies durant cette même période pendant laquelle l’hémisphère sud est en hiver austral. Les activités agricoles, essentiellement dépendantes des apports pluviométriques, se déroulent durant cette période.

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Les précipitations qui surviennent en Basse-Casamance en saison des pluies ont une double origine. Sagna (1988 et 2005) et Leroux (1976 et1983) distinguent, d’une part, les pluies liées aux lignes de grains qui déversent d’importantes précipitations au début et en fin de saison des pluies et, d’autre part, celles générées par la partie active de l’Equateur Météorologique.

L’analyse montre, pour toutes les stations confondues, que les précipitations enregistrées, à partir de mai ou de juin, augmentent progressivement pour atteindre les volumes les plus importants entre juillet et septembre. Le mois d’août se distingue nettement de tous les autres par l’importance des totaux enregistrés. En effet, quelles que soient la station et la période retenues, août reste le mois le plus pluvieux. Les stations septentrionales de la Basse-Casamance, Diouloulou (fig. 11) et Bignona (fig. 12), ont enregistré des quantités comprises entre 387 et 515,5 mm pour les périodes 1951-1967, 1968-2014 et 1951-2014. Dans ces deux stations, on remarque que les précipitations des mois de mai et de novembre sont quasi-insignifiantes pour les périodes 1968-2014 et 1951-2014 comparées à celles de la période 1951-1967. La relative faiblesse de celles des mois de juin et d’octobre est également manifeste.

Les totaux mensuels de la période 1951-2014 sont globalement plus élevés que ceux de la période 1968-2014 mais ils restent encore relativement faibles pour le mois d’août à Diouloulou, station la plus septentrionale parmi celles retenues dans cette étude.

106 Figure 12: Evolution des précipitations moyennes mensuelles à Bignona pour différentes périodes Quant aux stations les plus méridionales, à savoir Ziguinchor (fig. 13) et Oussouye (fig. 14), les volumes reçus sont plus conséquents puisqu’ils oscillent entre 410,8 et 529,8 mm pour les mêmes périodes. Ces stations font partie des sites les plus pluvieux en Basse-Casamance, comme en attestent les moyennes supérieures à 300 mm entre juillet et septembre, toutes périodes confondues. Le mois d’août concentre une pluviométrie moyenne supérieure à 400 mm. La période 1951-1967 reste exceptionnelle en ce sens que les totaux enregistrés dépassent les 500 mm en août aussi bien à Ziguinchor qu’à Oussouye. Un autre fait remarquable est la quantité de pluies enregistrées durant la période 1968-2014 en novembre à Oussouye qui reste globalement la même que celles enregistrées au cours des périodes 1951-1967 et 1951-2014 pour le même mois.

Pour l’ensemble des stations, la période 1951-1967 est celle qui a reçu les volumes pluviométriques moyens mensuels les plus importants de l’histoire de la pluviométrie de la Basse-Casamance, du moins entre 1951 et 2014. La période 1968-2014 se particularise par des apports pluviométriques globalement plus faibles, ce qui confirme le caractère globalement déficitaire de la période. On remarquera également que le retour, à une pluviométrie meilleure que celle de la période précédente, est confirmé par les quantités moyennes mensuelles de la période 1951-2014 qui dépassent globalement celles enregistrées durant la période 1968-2014.

107 Figure 13: Evolution des précipitations moyennes mensuelles à Ziguinchor pour différentes périodes

Figure 14: Evolution des précipitations moyennes mensuelles à Oussouye pour différentes périodes L’analyse de la distribution moyenne mensuelle des précipitations démontre que la diminution des précipitations est amorcée à partir du mois de septembre, mois qui correspond au début du retrait de la trace au sol de l’équateur météorologique du nord du pays. Cette diminution se poursuit progressivement jusqu’aux mois d’octobre et de novembre qui marquent la fin de la saison des pluies dans notre zone d’étude. L’analyse des pluies mensuelles montre également que les mois de

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mai et de novembre constituent, respectivement, des mois de transition vers l’hivernage et vers la saison sèche. Le caractère transitoire de ces mois est matérialisé par la faiblesse des quantités de pluies moyennes mensuelles qu’ils reçoivent. En effet, ces totaux pour le mois de mai n’ont guère dépassé 8,1 mm et restent largement inférieurs à 20 mm pour l’ensemble des stations retenues et les différentes périodes choisies. La faiblesse des volumes pluviométriques enregistrés en novembre annonce l’arrivée de la saison sèche, période pendant laquelle il n’existe pas de précipitations en Basse-Casamance, sauf en cas de perturbations extratropicales qui donnent parfois et exceptionnellement d’infimes quantités de pluies dites pluies de "heug" entre décembre et mars comme indiqué plus haut.

L’application du test d’homogénéité de Pettitt (1979) à la pluviométrie mensuelle laisse aussi entrevoir une forte variabilité interannuelle au sein de la saison des pluies. Les statistiques issues de ce test, pour la période 1951-2014 et pour les différentes stations retenues, montrent des écarts très élevés entre les valeurs pluviométriques extrêmes, c’est-à-dire entre les minima et les maxima, comme en attestent les données consignées dans les tableaux 8 à 11.

Tableau 8: Statistiques des précipitations mensuelles en mm à Diouloulou (1951-2014) Variables Observations Minimum Maximum Moyenne Ecart Type

Mai 64 0,0 54,9 4,4 10,2 Juin 64 0,0 261,5 67,9 54,2 Juillet 64 43,2 546,4 275,1 121,6 Août 64 51,4 1322,0 434,8 195,9 Septembre 64 119,3 624,2 294,0 110,9 Octobre 64 3,3 353,8 80,9 63,5 Novembre 64 0,0 84,3 5,3 14,5 Pluies annuelles 64 538,8 2100,4 1163,3 311,3

Tableau 9: Statistiques des précipitations mensuelles en mm à Bignona (1951-2014) Variables Observations Minimum Maximum Moyenne Ecart Type

Mai 64 0,0 71,2 6,0 12,0 Juin 64 1,9 228,1 102,1 57,0 Juillet 64 93,1 579,2 285,1 109,3 Août 64 103,9 1096,8 412,7 158,7 Septembre 64 102,4 626,3 293,9 115,8 Octobre 64 5,8 782,0 105,6 106,9 Novembre 64 0,0 81,2 6,0 15,5 Pluies annuelles 64 612,6 2188,5 1212,3 313,7

109 Tableau 10: Statistiques des précipitations mensuelles en mm à Ziguinchor (1951-2014)

Variables Observations Minimum Maximum Moyenne Ecart Type

Mai 64 0,0 36,3 4,9 8,1 Juin 64 20,8 307,3 105,8 63,9 Juillet 64 108,0 927,3 335,3 136,9 Août 64 124,7 903,7 442,4 162,3 Septembre 64 148,4 710,8 336,2 109,6 Octobre 64 7,1 285,4 112,8 68,2 Novembre 64 0,0 66,4 6,5 13,0 Pluies annuelles 64 745,6 2006,9 1345,0 305,9

Tableau 11: Statistiques des précipitations mensuelles en mm à Oussouye (1951-2014) Variables Observations Minimum Maximum Moyenne Ecart Type

Mai 64 0,0 32,0 4,5 7,7 Juin 64 0,0 293,0 91,8 65,6 Juillet 64 64,5 717,8 341,8 134,5 Août 64 105,6 914,5 457,4 161,7 Septembre 64 118,9 732,2 328,2 102,3 Octobre 64 0,0 299,4 108,3 70,1 Novembre 64 0,0 400,0 12,4 51,7 Pluies annuelles 64 642,9 2274,7 1347,1 323,1

La distribution mensuelle des pluies pendant l’hivernage influence les totaux annuels et constitue un indicateur de la durée de la saison des pluies, élément déterminant dans les opérations culturales des systèmes agraires fortement dépendants des apports pluviométriques.

1.1.3) – L’évolution de la durée de la saison des pluies

En plus de la fertilité des sols, les conditions climatiques peuvent être considérées comme l’un des principaux facteurs limitants de la production agricole et ce, compte tenu de la forte variabilité spatiale et temporelle des pluies. En effet, si l’abondance des pluies est un facteur déterminant de l’agriculture sénégalaise, sa répartition dans le temps est tout aussi importante en raison des risques de stress hydrique auxquels les plantes peuvent être exposées durant les différents stades de leur développement. A ce sujet, Ingram et al. (2002) ont montré que plusieurs paramètres climatiques ont été identifiés par les agriculteurs ouest-africains comme étant les informations les plus cruciales dans le choix des stratégies agricoles. Par ordre de priorité, on peut noter, les dates de démarrage et de fin de la saison des pluies, la répartition des précipitations au sein de la saison des pluies et enfin le cumul saisonnier des pluies. Il semble donc pertinent d’évaluer la durée de la saison des pluies pour minimiser l’exposition des cultures aux aléas climatiques induits par l’intermittence des pluies

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car les occurrences d’épisodes secs prolongés, surtout en début de saison des pluies après les semis, obligent généralement les agriculteurs à ressemer leurs champs.

Nous déterminons ici les dates de début et de fin de la saison des pluies à partir des données pluviométriques journalières fournies par l’ANACIM pour la période 1951-2014 pour les quatre stations retenues dans cette présente étude. Nous nous sommes inspiré des études consacrées à ce sujet en Afrique de l’Ouest (Sivakumar, 1988 ; Gueye et Sivakumar, 1992 ; Ati et al., 2002 ; Diop, 1996 et 2005 ; Sultan, 2002 ; Balme et al., 2005, Sané et al., 2008), et qui ont montré, par ailleurs, toute la pertinence de l’évaluation de la durée de la saison pluvieuse. La longueur de celle-ci reste un facteur agronomique déterminant pour les cultures dans la mesure où l’agriculture essentiellement pluviale est extrêmement sensible aux fluctuations saisonnières et intra-saisonnières des précipitations.

Les critères de détermination de la durée de la saison des pluies utilisés ici reposent sur des caractéristiques agronomiques. Le début de la saison des pluies est le premier jour où, après le 1er mai, la pluviométrie cumulée avec celle des deux jours précédents atteint 20 mm et plus sans qu’il ne soit suivi pendant les 30 jours d’une séquence sèche supérieure à 15 jours. La date de début est donc basée sur la première pluie significative non suivie d’une séquence sèche prolongée dommageable pour les semis. Quant à la fin de la saison pluvieuse, elle correspond au jour où, après le 1er septembre, il n’y a plus de pluies pendant deux décades consécutives. Elle intervient donc lorsqu’on arrive à l’épuisement de la réserve en eau du sol. La longueur de la saison des pluies correspond par conséquent à la différence en jours entre les dates de fin et de début de la saison des pluies. Précisons cependant que le choix de ces critères demeure subjectif et peut varier d’un auteur à un autre en fonction du climat de chaque région. Le second point qui mérite d’être souligné est que les dates de semis et la phénologie des cultures varient d’une année à l’autre en fonction de la répartition spatio-temporelle des pluies (Sané et al., 2008).

Les résultats issus de cette analyse montrent qu’en Basse-Casamance, tout comme pour le reste du Sénégal (Diop, 1996), les dates de début et de fin de la saison des pluies varient considérablement d’une année à l’autre et d’un site à l’autre. Les stations de Diouloulou et de Bignona situées au Nord de la Basse-Casamance semblent être les plus concernées par la tendance au raccourcissement de la saison des pluies. Aussi, comme le montrent les graphiques (fig. 15 et 16), les dates de début et de fin de la saison des pluies ont tendance à se rapprocher, matérialisant ainsi la réduction de la durée de la saison.

111 Figure 15: Evolution de la durée de la saison des pluies à Diouloulou de 1951 à 2014

Figure 16: Evolution de la durée de la saison des pluies à Bignona de 1951 à 2014

Les stations de Ziguinchor (fig. 17) et d’Oussouye (fig. 18) ne sont pas épargnées par la réduction de la durée de la saison des pluies. En effet, les graphiques montrent que la tendance est presque similaire à celle observée pour les stations septentrionales même si elle est moins marquée.

112 Figure 17: Evolution de la durée de la saison des pluies à Ziguinchor de 1951 à 2014

Figure 18: Evolution de la durée de la saison des pluies à Oussouye de 1951 à 2014

Dans cette analyse de la durée de la saison des pluies, nous avons également opté pour la méthode fréquentielle de Hazen (Diop, 1996 ; Sané et al., 2008). Il s’agit d’une estimation de la fréquence de la probabilité de non dépassement F (x) qu’il convient d’attribuer à chaque valeur xi. Celle-ci repose sur un tri de la série par valeurs croissantes permettant d’associer à chaque valeur son rang r. La fréquence que nous avons adoptée ici correspond à la probabilité d’observation des

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phénomènes (début ou fin de saison des pluies). Il s’agit des fréquences observées 8 années sur 10 (80 %), 5 années sur 10 (50 %) et 2 années sur 10 (20 %). Les valeurs sont rangées par ordre croissant (début d’hivernage) ou décroissant (fin d’hivernage) et sont affectées d’un rang i (Sané et al., 2008). La formule suivante est utilisée pour le calcul de la fréquence au non dépassement :

N i x

F( ) 0,5

Où i correspond au rang de l’observation sur la série de données considérée et N, le nombre d’observations ou taille de l’échantillon.

L’analyse fréquentielle de la durée de la saison des pluies en Basse-Casamance montre que, sur 80 % des observations, le début intervient au plus tôt le 3 juillet, le 29 juin, le 26 juin et le 30 juin respectivement pour Diouloulou, Bignona, Ziguinchor et Oussouye. En revanche, dans 50 % des cas, il survient le 22 juin à Diouloulou, le 20 juin à Bignona, le 17 juin à Ziguinchor et le 18 juin à Oussouye. Globalement, l’analyse du tableau 12 montre que la durée de la saison des pluies est légèrement plus réduite au Nord qu’au Sud. Il ressort également de l’analyse qu’un début précoce se traduit généralement par une longue saison culturale alors qu’un début tardif est souvent synonyme d’un rétrécissement de la saison des pluies. La situation qui prévaut actuellement en Basse-Casamance est globalement préoccupante d’autant plus que le démarrage des dernières saisons des pluies est relativement tardif.

Tableau 12: La fréquence d’occurrences des dates de début et de fin de saison des pluies Stations Dates de début de la saison des pluies Date de fin de saison des pluies

20% 50% 80% 80% 50% 20%

Diouloulou 12-juin 22-juin 03-juil 16-oct 22-oct 01-nov Bignona 07-juin 20-juin 29-juin 12-oct 25-oct 02-nov Ziguinchor 08-juin 17-juin 26-juin 21-oct 28-oct 05-nov Oussouye 09-juin 18-juin 30-juin 19-oct 28-oct 06-nov

Nous pouvons retenir globalement que l’approche fréquentielle de la durée de la saison des pluies utilisée ici revêt un intérêt certain pour la planification des activités agricoles, notamment pour les semis. Pour minimiser les dégâts causés par les faux départs de la saison des pluies et le raccourcissement de la durée de la saison mis en évidence à travers l’analyse des pluies mensuelles et de la longueur de la saison, il semble essentiel de réadapter les activités agricoles à la nouvelle donne afin de mieux gérer les apports en eau des précipitations indispensables à la production agricole.

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Dans l’ensemble, l’analyse du tableau 13 montre une instabilité plus marquée du début que de la fin de saison des pluies. Pour le démarrage de la saison, il y a un écart de 78 jours entre le début le plus précoce et celui le plus tardif, contrairement à la fin de la saison où il est observé un écart de 62 jours entre la fin la plus précoce et celle la plus tardive. En d’autres termes, les débuts de saison des pluies sont plus instables que les fins de saison qui restent globalement et relativement plus ou moins stables. Cette forte instabilité des débuts de saison des pluies pose souvent des problèmes de choix de la date de semis chez les agriculteurs à cause des faux départs de la saison pluvieuse qui sont souvent responsables du double semis, alors que le capital semencier est déjà faible dans la plupart des cas (Diop, 1996).

Tableau 13: Statistiques des dates extrêmes de début et de fin de saison des pluies (1951-2014) Dates \Stations Diouloulou Bignona Ziguinchor Oussouye Dates de début

de saison des pluies

Début le plus

précoce 30 mai 1952 30 mai 1952 12 mai 1981 13 mai 1981 Début le plus tardif 29 juillet 1972 9 juillet 1986 et 1992 16 juillet 1968 30 juillet 1983 Dates de fin de saison des pluies Fin la plus précoce 16 septembre

1983 et 1995 17 septembre 1983 11 octobre 2000 5 octobre 1972 Fin la plus

tardive 10 novembre 1961

13 novembre 1951

et 1957 17 novembre 1954 12 novembre 1957

La distribution mensuelle des pluies et la durée de la saison pluvieuse ont un effet sur les volumes pluviométriques annuels recueillis dans chacune des stations prise en considération dans notre étude.

1.2 – L’évolution interannuelle des pluies

L’analyse des précipitations interannuelles a été faite sur la base du test de Pettitt (méthodologie exposée plus haut) et des anomalies standardisées des précipitations (ou pluies normalisées). Avec cette méthode, on parvient à quantifier le déficit des précipitations à de multiples échelles de temps qui traduit les incidences du déficit sur la disponibilité des différents types de ressources en eau. L’humidité du sol réagit relativement vite aux anomalies de précipitations, tandis que les eaux souterraines, le débit des cours d’eau et les volumes stockés dans les réservoirs sont sensibles aux