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Les aménagements traditionnels calqués sur les grandes unités géomorphologiques, que l’on retrouve le long des littoraux ouest-africains, les techniques d’exploitation qui leur sont associées et la réglementation des différents usages, qui les accompagnent, peuvent être considérés comme les fondements des systèmes agraires des Rivières du Sud. Les nombreuses études qui leur sont consacrées (Pélissier, 1966 ; Raulin, 1967 ; Linares, 1970 ; Marius, 1985 ; Diop, 1990 ; Cormier-Salem, 1992, 1995 et 1999 ; Chéneau-Loquay, 1995 ; Journet, 1995 ; Journet-Diallo, 2010; Penot, 1995 ; Souaré, 1995) ont montré que les sociétés (Diola, Balante, Baga…), qui vivent dans ces domaines littoraux, ont toujours utilisé la mangrove pour diverses raisons : milieu de pêche, d’agriculture, d’approvisionnement en bois (source d’énergie, construction d’ouvrage...), etc. Dans un souci d’aménagement et de protection, ces sociétés ont élaboré une législation (droits d’usages et règlements) pour mieux gérer ces milieux. Elles ont su mettre en place des techniques d’exploitation agricole ingénieuses et originales, remarquablement adaptées à ces estuaires complexes. Les paysans diola, issus de ces sociétés, sont réputés pour leurs techniques très élaborées d’aménagement en rizières des zones de mangrove qui se trouvent dans le vaste estuaire du fleuve Casamance. Ces techniques d’aménagement rizicoles se traduisent dans les paysages par des séries de digues et de diguettes, de réseaux de canaux plus ou moins parallèles aux courbes de niveaux.

L’occupation et la mise en valeur de la Basse-Casamance étant le résultat de la structure, de l’organisation de son peuplement et du patrimoine technique de sa population, la présentation des aménagements agricoles traditionnels est nécessaire pour mieux comprendre les systèmes agraires. Ainsi, il nous a paru important de décrire les techniques agricoles mises en œuvre en fonction des milieux et des possibilités qui leur sont offertes. En effet, le rôle de la toposéquence est fondamental dans la déclinaison des opérations culturales et des plantes cultivées. Les spécificités des zones de peuplement diola peuvent par ailleurs expliquer, en partie, les spécificités culturales à l’origine des systèmes agraires qu’on y retrouve.

Dans cette analyse, nous nous interrogerons aussi sur la place de la riziculture et du riz en milieu diola mais également sur les cultures de plateau (arachide, mil, maïs, etc.) qui constituent, s’il en est besoin, un élément essentiel dans l’organisation socio-économique des paysages agraires de Basse-Casamance.

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Le foncier, les relations de genre et la division sociale du travail en milieu rural de Basse- Casamance seront également examinés afin de mettre en évidence les principales tendances des systèmes agraires de la zone étudiée.

Sans prétendre revenir sur l’analyse des fondements de la vie rurale en Basse-Casamance, objet de nombreux travaux (Thomas, 1959 et 1960a ; Pélissier, 1966 ; Loquay, 1979 ; Marzouk - Schmitz, 1984 ; Gourou, 1984 ; Cormier-Salem, 1992 et 1999 ; Linares, 1992 et 2002), nous ne retiendrons ici que les éléments utiles à notre raisonnement.

I – Les aménagements agricoles traditionnels en Basse-Casamance

Les paysages de Basse-Casamance se caractérisent par une opposition fondamentale entre deux types d’unités géomorphologiques complémentaires : le domaine des terres basses inondables des bassins fluviaux parcourus par un réseau complexe de marigots, et qui se trouve périodiquement recouvert par l’eau de mer, et le domaine des bas plateaux du Continental Terminal où la forêt est remplacée, par endroits, par les cultures d’arachide, de mil, de maïs et d’arbres fruitiers. Ces différents éléments morphologiques constituent l’un des traits géographiques fondamentaux des paysages agraires de Basse-Casamance. Le réseau hydrographique dense, constitué par un ensemble de marigots aux tracés plus ou moins perpendiculaires au fleuve Casamance (Soungrougrou, marigots de Diouloulou, de Bignona, de Guidel, de Kamobeul…), arrose une multitude de dépressions délimitées par des îlots de hautes terres bien drainées. C’est dans ce milieu réputé hostile que les Diola ont su faire prospérer une "civilisation agraire" grâce à une organisation spatiale remarquable de par les aménagements qui y sont réalisés pour la production du riz, aliment de base et produit incontournable dans les rites en milieu diola. Ces aménagements ne sauraient donc être réduits à de simples processus techniques.

1 – La place de la riziculture et du riz dans les agrosystèmes de Basse-

Casamance

L’importance de la riziculture, donc du riz, en milieu diola a été démontrée par plusieurs études. Les descriptions faites il y a plus de cinquante ans par Thomas (1959) et Pélissier (1966) sur l’importance de la riziculture et la place du riz dans la société diola demeurent, à maints égards, toujours pertinentes malgré les profonds bouleversements subis depuis plusieurs années et les difficultés actuelles qu’éprouvent les communautés paysannes de Basse-Casamance pour assurer leur survie matérielle.

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Pour Pélissier (1966), la riziculture diola peut être qualifiée d’authentiquement africaine du fait de l’organisation de cette société autour du riz, notamment de l’espèce Oryza glaberrima. Pendant longtemps, le riz était considéré comme une plante d’origine asiatique qui aurait été introduite en Afrique il y a seulement quelques siècles. D’après cet auteur, de nombreux récits relatifs aux voyages d’exploration des côtes d’Afrique après 1444 (notamment dès la première apparition des navigateurs portugais) relèvent l’existence du riz comme plante cultivée par les populations littorales ouest-africaines. De même, grâce aux travaux d’agronomes tels ceux de Vavilov (1933) puis de Portères (1950, 1952, 1955, 1961, 1962) et de Portères et Barrau (1980) sur l’origine des plantes cultivées, on reconnait actuellement l’existence très ancienne d’une riziculture typiquement africaine. Selon Portères (1950), la naissance de la riziculture africaine remonterait à un millénaire avant J.C. Tourte (2005) montre également l’ancienneté de l’agriculture en Afrique en affirmant qu’au fur et à mesure qu’ils progressent le long des côtes d’Afrique occidentale, australe, orientale, les navigateurs européens, guidés par les Portugais, découvrent des hommes, des plantes cultivées, des animaux domestiques. Ces hommes pratiquent des systèmes agricoles très différents de ceux élaborés en Europe et même, dans une notable mesure, de ceux révélés dans les siècles précédents par les auteurs arabo-berbères qui, eux, ont pénétré l’Afrique tropicale par le nord désertique. Tourte (2005) confirme qu’en 1446, Estevão Afonso débarque en terre de Casamance où il trouve "le pays couvert de vastes cultures, avec beaucoup d’arbres à coton et beaucoup de domaines semés de riz, et encore d’autres arbres d’espèces très variées".

Dans son analyse sur les relations entre le riz, la terre et les fétiches (ukiin), Journet (1995) a montré que l’aménagement des terroirs rizicoles en milieu diola, surtout flup, ne saurait être réduit à un ensemble de processus techniques car rizières, champs et palmeraies s’inscrivent dans un espace symbolique où l’intervention matérielle prend sens dans un ensemble de représentations de la personne, du temps et de l’espace qui interdisent de les confiner à une série d’opérations techniques. Elle montre donc que cet aménagement met toujours en jeu une histoire et des représentations spécifiques, au cœur des modes de mobilisation des stratégies paysannes. Pour elle, le système social reste tout entier orienté par les attentions matérielles, sociales et rituelles que requiert la production de riz. C’est autour de la riziculture que se construisent les relations sociales mais aussi les modes de division de l’espace et du temps, qu’il s’agisse des activités économiques ou rituelles. Journet (1995), Chéneau-Loquay (1995) et Penot (1995) démontrent, dans leurs analyses respectives, que la riziculture est à la fois enjeu, mémoire des sociétés locales et espace symbolique pour le Diola. Cette dimension identitaire est attestée par les rites et les lois de la société qui concourent à la cohésion des communautés

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diola organisées autour de la riziculture. Cormier-Salem (1995), dans son analyse sur les relations entre le riz, les poissons et les hommes en termes de stratégies paysannes, précise que tous les auteurs s’accordent à reconnaître la place majeure du riz dans le paysage, l’alimentation, l’organisation du terroir villageois et le calendrier des activités. La production du riz demeure en milieu rural de Basse-Casamance, tout comme sur les littoraux des "Rivières du Sud", l’objectif prioritaire des communautés paysannes en dépit de la variété de stratégies mises en œuvre par la population pour utiliser les ressources du terroir durant toute l’année. En effet, si le riz permet de couvrir les besoins élémentaires, il est aussi source de richesse (capitalisé sous formes de troupeaux de bovins) et de prestige, ce dont témoignent encore, dans certaines localités, les greniers de riz qui sera consommé lors des fêtes ou utilisé lors des rites. L’organisation du terroir est donc articulée autour des rizières tandis que les activités rizicoles rythment toute la vie de la communauté paysanne (Pélissier, 1966 ; Marzouk, 1981a et 1981b ; Cormier-Salem, 1992 et 1995). L’importance de la riziculture transparaît également, comme on l’a vu dans le chapitre précédent, à travers l’implantation des établissements humains. Les villages sont, dans la plupart des cas, localisés à la limite des zones inondables et des plateaux, notamment à l’interface des rizières de bas-fonds et de mangrove et des cultures pluviales. Diédhiou (2001) explique pourquoi le riz doit être considéré comme la base et le symbole de la civilisation diola. Il témoigne de la valeur que le Diola accorde au riz qui ne vaut que pour l’usage qu’il en fait. Cette valeur est avant tout liée à sa fonction sociale (alimentation, accumulation, prestige et obligations rituelles telles que les funérailles, les sacrifices, l’initiation et la lutte). Être riche signifie disposer de rizières et de greniers de riz abondants, source de prestige et de prospérité, et donna accès aux biens tant matériels que spirituels. À côté du mort que l’on enterre, est soigneusement déposée une provision de ce précieux viatique ; il n’est pas de sacrifice aux boekin qui ne comporte, avec le vin de palme traditionnel, une offrande de riz (Pélissier, 1966). Le riz est offert aux plus démunis, à la fille qui se marie en guise de cadeau, au filleul qui rentre d’une visite à ses parents et à l’étranger qui embarque. Il accompagne les jeunes initiés sur les chemins qui mènent vers l’âge de la maturité, c’est-à-dire qui conduisent aux secrets du bois sacré. Chez le Diola, redistribuer une partie du riz aux autres personnes équivaut à élargir les bases de ses relations sociales. Il impose donc à ce titre la structure sociale traditionnelle et contribue au fonctionnement des communautés rurales diola. L’honneur qui se rattache à la possession d’une grande quantité de riz fait que partout en pays diola, le grenier des hommes sert de réserve pour les réjouissances lors des fêtes ostentatoires tandis que celui des femmes sert à la nourriture quotidienne de la famille (Thomas, 1959 ; Pélissier, 1966 ; Diédhiou, 2001).

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L’importance de la riziculture et du riz en milieu rural de Basse-Casamance a fait dire à Pélissier (1966) que le déroulement de l’année agricole et la plupart des manifestations collectives, y compris nombre de cérémonies religieuses, sont déterminés par les soins apportés aux rizières : tout le rythme de la vie diola est commandé par la riziculture. Il précise que "manger", pour un Diola, n’a d’autre sens que "manger du riz", et c’est être au dernier degré de la misère que de passer une journée sans en consommer. De son côté, Thomas (1959) fait observer que chez le Diola, la culture du riz est plus qu’une simple technique, c’est une véritable institution sociale. Fort de ces constats, on peut conclure que la riziculture et le riz sont très présents dans l’existence des populations diola à travers les pratiques sociales et religieuses qui en manifestent la portée. Cette riziculture est à l’origine d’ingénieuses techniques d’aménagements dans l’estuaire et dans les bas-fonds.

2 – L’organisation de l’espace rizicole dans les agrosystèmes de Basse-

Casamance

En Basse-Casamance, les terres rizicultivables sont traditionnellement aménagées en fonction de la toposéquence. Cette configuration de l’espace individualise trois unités géomorphologiques sur lesquelles sont portés les aménagements agricoles (plateau, versant et bas-fond). C’est ainsi que les cultures de riz et les variétés plantées s’échelonnent de la bordure des bas plateaux jusqu’au cœur de la mangrove. Pélissier (1966) précise que c’est cette configuration qui permet de retrouver des rizières sous les palmeraies, sur les versants, dans les dépressions des plateaux, dans les plaines des vallées drainées par l’eau douce et sur les langues de sable de l’estuaire de la Casamance. L’ensemble est matérialisé par un système de carroyage des terrains rizicoles remarquablement bien élaboré à partir des digues et des diguettes qui témoignent de l’ingéniosité des méthodes culturales en milieu traditionnel diola.

Plusieurs études (Thomas, 1959 ; Pélissier, 1966 ; Lake et al., 1979 ; Loquay, 1979 ; Marzouk, 1981a et 1981b ; Marzouk-Schmitz, 1984 et 1991 ; Marius, 1985) ont montré que l’originalité des aménagements rizicoles traditionnels réside dans l’art avec lequel le Diola transforme en rizières les zones inondables et dans les méthodes qu’il utilise pour pratiquer la riziculture inondée. Ces aménagements rizicoles varient très sensiblement d’une zone de peuplement diola à une autre en fonction des facteurs suivants : nature des terres inondables, qualité des eaux, proximité ou éloignement de l’estuaire et topographie. La densité de la population et la disponibilité de la main d’œuvre se révèlent être aussi parmi les éléments d’explication de l’utilisation plus ou moins systématique des terres cultivables et le développement des différents types de rizières. Ce sont ces différents facteurs qui interviennent dans la

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hiérarchisation des rizières. Précisons que le critère topographique est privilégié puisque c’est lui qui introduit les conditions pédologiques et hydriques en relation avec les différents modes de gestion. C’est ainsi que, des pieds des villages jusqu’aux palétuviers, se juxtaposent de façon générale trois types de rizières. Il s’agit respectivement des rizières hautes, des rizières moyennes et des rizières profondes (fig. 6).

Ces trois compartiments constituent, dans les agrosystèmes diola, le poumon des activités agricoles. Toutes les terrasses, les bas-fonds et la mangrove sont transformés en rizières en fonction des besoins et des possibilités offertes par les techniques de contrôle hydraulique et de lutte contre la salinité et l’acidification (Gueye, 2007). Ce schéma traduit globalement l’architecture suivante dans le paysage rizicole : riziculture pluviale sans aucune submersion, riziculture sur sols hydromorphes et riziculture inondée.

Figure 6: Organisation spatiale des terrains rizicoles en Basse-Casamance (Source : Marzouk, 1984) Pélissier (1966) et Marzouk (1991) rappellent que les rizières dites "hautes" sont aménagées en bordure des plateaux et sur défriche forestière sur des sols sablonneux faiblement désaturés avec une teneur en argile plus élevée en profondeur. Elles sont réalisées sur des sols non salés, généralement plus perméables et moins alimentés en eau. En effet, leur alimentation provient essentiellement des eaux de pluie. Dans l’ensemble, et jusqu’aux années 1970, ces types de rizières sont restées relativement marginales au sein des paysages rizicoles de Basse-

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Casamance. Cependant, depuis le début de la sécheresse des années 1970 et 1980, et les modifications qu’elle a provoquées dans les agrosystèmes (salinisation des eaux et des sols, acidification des rizières de bas-fonds), les rizières hautes connaissent une extension remarquable dans certains terroirs villageois. Ce type de rizières abrite généralement les variétés de riz à cycle court (semées directement) du fait de leur faible alimentation en eau. C’est là aussi que les pépinières de plants de riz destinées au repiquage dans les rizières moyennes et profondes sont réalisées. Les rendements y sont globalement modestes.

Le deuxième type de rizières que l’on rencontre en Basse-Casamance est représenté par les rizières moyennes ou rizières de nappe. Ces rizières sont implantées dans les vallons et les plaines à hydromorphie temporaire. Ici, les sols sont plus argileux et l’humidité plus importante que dans les rizières hautes. L’alimentation de ces rizières est assurée à la fois par les précipitations et la nappe phréatique. La culture du riz s’y effectue par repiquage sur billons ou à plat. Le repiquage permet de lutter efficacement contre les mauvaises herbes qui peuvent gêner les plantes de riz dans leur développement.

Les rizières profondes sont aménagées sur des zones conquises sur la mangrove. Elles se rencontrent dans des zones proches de la mer, le long des marigots et des défluents de l’estuaire. Elles sont qualifiées de "rizières construites" du fait qu’elles résultent d’une transformation profonde du milieu naturel formé par les vasières salées et les palétuviers. Endiguées, défrichées, dessalées, les mangroves sont reconverties en rizières au prix d’un travail accumulé sur plusieurs générations (Journet-Diallo, 2010). Elles représentent un domaine agricole prépondérant dans les îles de l’estuaire au nord et au sud de la Casamance, et le long des vastes vallées sur la façade ouest des plateaux, notamment dans la zone du Buluf. Pélissier (1966) a décrit les travaux gigantesques et prenants menés pour la conquête et l’entretien des rizières profondes aménagées au cœur de la mangrove. Il précise que leur aménagement a entraîné la transformation en véritables polders de zones inondables par l’eau de mer et a nécessité une connaissance précise des sols de mangrove et des marées, et l’élaboration de techniques sophistiquées permettant de maîtriser ces milieux. Le périmètre choisi pour être transformé en rizière de mangrove est d’abord ceinturé par une digue puissante destinée à l’isoler du reste de la mangrove et à contrôler le flot de marée. De place en place, les digues sont traversées par des drains mettant en communication rizière et marigot. Le rôle de ces drains est de permettre l’évacuation de l’eau retenue dans la rizière à marée basse et l’entrée de l’eau du marigot dans le périmètre à marée montante. Ce drainage est indispensable car il permet la submersion et la ré-oxygénation naturelles des couches de sols exploités par le système radiculaire du riz. Ces rizières, installées sur des sols fertiles, exigent donc beaucoup d’efforts en termes

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d’aménagement pour éliminer la mangrove et maintenir la salinité et l’acidité à des taux acceptables. Etant donné qu’elles sont les plus productives et les plus appréciées par les paysans, leur mise en culture dépend du niveau d’inondation de la parcelle par l’eau de pluie qui permet le lessivage du sol (Loquay, 1979 ; Marzouk, 1981 ; Gueye, 2007). C’est dans ces rizières que le repiquage du riz est le plus tardif.

La typologie des espaces rizicoles ainsi dressée ne donne en réalité que les grandes lignes de la structuration de l’espace rizicole de Basse-Casamance. A un niveau plus fin de description, les aménagements peuvent parfois se révéler plus complexes. En effet, les différents types de rizières peuvent ou non se partager le terrain et cela, en fonction des potentialités offertes par le milieu concerné. Dans le Buluf et sur la façade méridionale de l’estuaire de la Casamance (Bandial, Pointe-Saint-Georges) par exemple, les trois types de rizières sont souvent associés sur le même terroir villageois. En milieu insulaire par exemple (Niomoune, Carabane) tout comme dans certaines zones côtières (cas de Diembering) les rizières hautes des formations dunaires sableuses et celles profondes sur défrichement de palétuviers peuvent être juxtaposées. Ailleurs, on ne retrouve que les rizières hautes et moyennes. C’est le cas des petites vallées des plateaux septentrionaux de la Basse-Casamance.

C’est sur ces différentes catégories de rizières que sont cultivées différentes variétés de riz qui peuvent être regroupées en deux grandes familles : Oryza glaberrima et Oryza sativa. Oryza

glaberrima est une espèce de riz d’origine africaine. Plusieurs études (Chevalier, 1937 ;

Portères, 1955 ; Thomas, 1959 ; Pélissier, 1966 ; Gallais, 1967 ; Gourou, 1984 ; Marzouk, 1984 ; Cormier-Salem, 1992 et 1999 ; Bezançon, 1994) ont confirmé l’origine africaine de cette espèce issue d’une souche sauvage, Oryza breviligulata dont le berceau originel semble être le delta intérieur du Niger, vers 1500 avant J.-C. Selon ces auteurs, cette souche a été diffusée le