• Aucun résultat trouvé

l’étude des valeurs du Ksar Ait Ben Haddou, une étape importante pour sa

III. La sauvegarde des ensembles historiques, des interventions à l’échelle urbaine

III.3 La sauvegarde des ensembles historiques, le respect de l’homogénéité urbaine

III.3.1 La sauvegarde des Ksour cas du Ksar de Aït Ben Haddou à Ouarzazate, une

III.3.1.1 l’étude des valeurs du Ksar Ait Ben Haddou, une étape importante pour sa

Ce ksar se distingue par :

Sa préservation du style architectural employant la terre compactée comme matériaux.

Son adaptation avec les conditions climatiques et environnementales.

Son harmonie avec le milieu environnemental.

La cohérence de ses parties et ses dimensions architecturales.

L'authenticité des méthodes architecturales utilisées, témoignant des modes de vie en vigueur dans la région semi-désertique.

Bernard M. Feilden et Jukka Jokilehto (1996) proposent une approche analytique pour les sites du patrimoine mondial qui examinent à la fois : les valeurs culturelles, leur nature, leur fondement, et leur impact.(Guide de gestion des sites du patrimoine mondial, icomos, 1996 p.17) Pour le ksar des Aït Ben Haddou, la trame d'analyse est illustrée par le tableau ci-dessous (tab:01):

Les valeurs associées au ksar

Composantes Fondements nature Impact

La reconnaissance Liens émotionnels:

La recherche Valeur architecturale ; adaptation

Tableau. 01: Grille des valeurs associées au Ksar Aït Ben Haddou (inspirée du modèle de B.M.

Feilden & J.Jokilehto, Guide de gestion des sites du patrimoine mondial, 1996) Source: ZAKRITI. H ,2006

En égard au caractère mondial du site, des organisations mondiales ont apporté leur aide au gouvernement marocain, pour la préparation des études scientifiques et techniques nécessaires à l'exécution des projets de restauration. Dans ce cadre, et en coopération avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un centre d'étude, de restauration et de réhabilitation des kasabahs du Sud atlasique et subatlassique CERKAS a été créé à Ouarzazate en 1987 et ce dans le but d'organiser et de coordonner les travaux de restauration du ksar

C'est ainsi que le ksar Ait Ben Haddou a bénéficié durant la période de 1989 à 1994 des interventions du ministère des Affaires culturelles et du PNUD, Ces interventions s'articulaient autour de :

• La restauration de la mosquée et de l'école coranique.

• Le pavage des rues.

• La restauration des sculptures et ornements dans les tours des kasabahs.

• La protection des champs des glissements de terrain

Toutefois, ces interventions ont été marquées par leur caractère intermittent, dû à l'absence de la visibilité et à l'intervention sectorielle parfois timide pénalisant les efforts déployés dans ce sens.

C'est pourquoi, il est indispensable d'élaborer un plan directeur et en définir les mécanismes d'aménagement et d'exécution pour la concrétisation d'un projet intégré visant la structure toute entière pour la gestion du patrimoine en vue d'un développement durable.

Selon Hassan ZAKRITI (2006) (Université internationale de langue française au service du développement africain), le contexte institutionnel dans lequel s'inscrit le ksar - en termes de gestion- est marqué d'une part, par :

• le déclin de l'organisation communautaire ;

• la faible présence de la société civile, malgré la présence d'une association (Aït Aïssa, fondée en 1989) dont l'organisation est assez critiquée par apport à la gestion du ksar ;

• la diversité des acteurs et le manque de coordination entre les services administratifs dont dépend le devenir du ksar : Equipements, Eaux et Forêts, Office régional de mise en valeur agricole (ORMVAO), Office national de l'électricité (ONE), Office national de l'eau potable (ONEP), Santé publique, Education et Jeunesse, Habitat, Urbanisme et Aménagement du territoire, Artisanat, Tourisme et la Culture. Celle ci représentée par une délégation provinciale et par le CERKAS exerce une tutelle symbolique. Le classement du ksar au niveau national (janvier 2004) et la diffusion du texte de classement lui conféreraient des attributions effectives en matière de sauvegarde et de gestion.

• le faible engagement des collectivités territoriales : la Région de Sous-Massa Draa (dont le siège est à Agadir), la province de Ourazazate (celle-ci manifeste un intérêt pour le site et commence à mobiliser des ressources pour son électrification), et la commune rurale d'Aït Zineb (dotée de faibles moyens)

• la faible mobilisation du secteur privé, malgré les potentialités du site. L'activité touristique est assez anarchique. D'où la création assez récente du Comite provincial du tourisme (2003) qui regroupe les professionnels du tourisme. Cette structure n'a pas porté encore ses fruits.

Et d'autre part par:

• l'absence d'une stratégie globale de sauvegarde qui est due davantage à une difficulté de conception quant à la mise en place d'outils opérationnels, qu'à une pénurie de moyens ou de ressources souvent invoqués. Le contexte institutionnel local relatif à la sauvegarde du ksar, est marqué par l'émergence diachronique de comités créés à cette fin. Les gestionnaires du site se perdent entre le Comité local de sauve garde, le Comité de gestion locale, et le Comité de contrôle du site. Ce dernier institué par le Gouverneur de la Province de Ouarzazate avait pour mission d'établir des constats des lieux régulièrement (une fois tous les 15 jours), mais il n'a pas empêché les infractions de se produire. Le Comité de gestion locale, quant à lui, mis en place également par l'autorité locale et regroupant plusieurs administrations, est un cadre trop large pour être efficace.

• Cette diversité de comités n'a fait que disperser les efforts et rendu la tâche de sauvegarde moins claire et trébuchante. En outre, le CERKAS, acteur principal de sauvegarde, s'est retiré des travaux de comité en raison du manque de concertation et d'autre part, il s'est retrouvé absorbé par des programmes dans lesquels il est engagé (voir chapitre précédent).

• des processus de protection non aboutis: l'effectivité du Plan de développement et d'aménagement rural (PDAR) approuvé en 2000 est assez relative, faussée par des infractions en matière de constructions. Tandis que l'opérationnalité du classement annoncé récemment (publié en février 2004) est subordonnée à sa diffusion et à son acceptation locale.

• des potentialités sous exploitées: à ce titre le Cerkas est assez révélateur. Lui même est confronté à une étendue géographique très importante, à des moyens assez limités et un statut bloqué. Au niveau de la coopération, le statut actuel offre peu d'opportunités de partenariat dont les manifestations se sont révélées porteuses d'espoir pour le site, mais restent à l'heure actuelle insuffisantes.

Lors des ateliers de consultation locale sous le thème "La gestion du patrimoine et développement durable" tenu à Ouarzazate en 2003, il a été conclu que rendre l'âme à ce patrimoine universel ne veut pas dire le transformer en musée historique ou conserver la mémoire et momifier le passé, il faut certes, une vision et de l'imagination pour faire de ce site le socle d’une civilisation ancestrale afin de vivre le présent et préparer l’avenir. Et cela ne pourrait se faire sans :

le retour des habitants dans le ksar et la réhabilitation de ce dernier pour l'employer en tant que patrimoine architectural vivant.

la réalisation d'un inventaire de la situation foncière des kasbahs présentes à l'intérieur du ksar.

la satisfaction des besoins des habitants en infrastructure de base : eau potable, électricité et passerelle ou pont liant les deux rives de l'oued et donnant accès au ksar.

le réemploi des bâtiments en ruine dans le ksar par leurs propriétaires, dans uns cadre légal respectant les normes spécifiques aux sites classés.

la mise à niveau du milieu en vue de l'intégrer dans l'économie locale qui gravite autour de l'activité touristique.

Cependant, toutes ces interventions ne peuvent être accomplies que dans le cadre d'un plan directeur de restauration du K.A.B.H, ayant pour fondements :

- Les normes internationales en vigueur en matière de sauvegarde des sites classés.

- La mobilisation des fonds nécessaires à l'équipement du site en infrastructures de base : eau, électricité et pont, dans le cadre d'un partenariat avec les ministères concernés, les conseils élus et la société civile.

- L'élaboration d'un programme pratique pour l'exécution des opérations de restauration des bâtiments en ruine, en collaboration avec leurs propriétaires.

- La mise en place d'une commission de gestion du site, qui sera chargée de l’élaboration d’un programme des interventions des autorités publiques, des conseils élus, des acteurs économiques, des composantes de la société civile et des associations qui s'intéressent au patrimoine architectural et de définir une vision architecturale et urbanistique pour le réemploi du ksar Ait Ben Haddou, qui servira de base pour l'élaboration du plan directeur d'aménagement et de restauration du Ksar. Cette commission sera aussi chargée de:

• Assister les propriétaires des kasbahs dans les travaux de restauration et d'entretien des bâtiments du ksar, dans le cadre d'une vision architecturale et urbanistique respectant les normes internationales relatives aux monuments classés ;

• Elaborer les lois sanctionnant les contraventions en matière de construction et de restauration, sur la base de la décision de classement du K.A.B.H en tant que patrimoine historique et national ;

• Fixer les mécanismes juridiques à même de garantir le financement indépendant des travaux d'entretien et de restauration du site ;

III. 3.2 La Sauvegarde du centre historique de Sana’a (Yemen), deux visions pour la