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3.1 Description de la cohorte COSMO

3.1.1 L’étude COSMO

La présente analyse fait partie d’un large projet de recherche nommé COSMO. Le but global de ce projet de recherche est de mieux comprendre les liens entre les problèmes de santé mentale et les conduites de consommation à risque de VIH et de VHC chez les usagers ayant une consommation problématique de cocaïne injectée ou fumée. Les conduites de consommation à risque évaluées dans l’étude COSMO s’articulent autour de la transition des modes de consommation, du partage de matériel de consommation, de la polyconsommation et finalement de l’intensité des épisodes de consommation incluant la consommation par épisode de binge sur laquelle se penche particulièrement cette analyse.

3.1.1.1 Éthique et confidentialité

L’étude COSMO, basée principalement sur l’analyse de données obtenues par des entrevues dirigées auprès d’une cohorte d’usagers fumant ou s’injectant la cocaïne, a obtenu l’approbation éthique de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke et du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Cette approbation éthique a d’abord été obtenue en 2010 avant la mise sur pied de la cohorte puis a été renouvelée annuellement, incluant durant la période d’analyse des données faisant suite aux dernières entrevues réalisées en 2014. Chaque participant devait être apte à signer par lui- même un formulaire de consentement avant le début de l’étude. Ce formulaire était expliqué de manière à assurer le caractère libre et éclairé de la décision. Par ailleurs, du temps était laissé aux participants pour poser des questions, puis leur compréhension de l’étude était validée et il était rappelé aux participants qu’ils pouvaient se retirer de l’étude en tout temps. Afin de respecter la stricte confidentialité des données colligées auprès des participants d’une étude de cohorte, un identifiant numérique leur fut attribué au moment de leur recrutement. Ainsi, les questionnaires ne portent aucune identification nominale et sont conservés dans un lieu sécurisé où l’accès est restreint aux membres de l’équipe de recherche qui doivent les

manipuler. Rapidement, les données des questionnaires ont été transcrites dans une base de données informatisées et conservées sur des serveurs sécurisés.

3.1.1.2 Recrutement et fonctionnement de la cohorte COSMO

Afin de répondre à plusieurs des objectifs de l’étude, un large groupe d’individus a été recruté. Ceux-ci devaient faire partie de l’ensemble de la population des usagers actifs de cocaïne fumée ou injectée. Contrairement à un sondage sur l’ensemble de la population ou sur une population de référence bien définie, ce groupe d’individus est généralement difficile d’accès par les méthodes standards de recrutement (téléphone, adresse postale, etc.). En effet, de par l’instabilité sociale liée à la consommation de drogues, il serait virtuellement impossible d’obtenir une cohorte représentative de cette population spécifique par échantillonnage aléatoire, même en effectuant une large enquête populationnelle. De plus, pour des questions pratiques, le territoire cible se limitait au centre-ville de Montréal et à ses quartiers limitrophes. Ainsi, le recrutement des participants s’est fait principalement par la visite des agents de recherche à l’intérieur de différents organismes communautaires œuvrant auprès des usagers de drogues, que ce soit des sites d’accès au matériel stérile de consommation ou des organismes en itinérance.

Afin d’obtenir une sélection la plus variée possible de participants, les agents de recherches ont réalisé un horaire de recrutement couvrant les différents moments de la journée, de la semaine, du mois et des saisons, considérant que certains types de consommateurs pourraient fréquenter préférentiellement les organismes pendant une période de temps plutôt qu’une autre. Les endroits où ont eu lieu la majorité des recrutements sont les organismes Cactus, Spectre de rue, Sac à dos et Dans la rue, en plus des refuges Maison du père et Accueil Bonneau. Enfin, un nombre limité de participants (30) ont été recrutés à l’Hôpital St-Luc du CHUM, car cet hôpital situé au centre-ville offre des services médicaux auprès de la population toxicomane avec un accès rapide au moyen de consultations à l’urgence ou encore de rendez-vous dans un délai court en clinique externe, sans référence nécessaire.

Lorsque les agents de recherche rencontraient un individu intéressé qui répondait aux critères généraux de l’étude, un rendez-vous était fixé dans un court laps de temps. Ces rendez-vous, et les entrevues subséquentes, avaient lieu au centre-ville près des milieux de

recrutement à l’intérieur de locaux discrets et facilement accessibles. Le premier rendez-vous était constitué de la vérification de l’éligibilité, du processus de consentement, de l’administration du questionnaire initial d’une durée approximative de 90 minutes qui comprenait des questions socio-démographiques et sur la consommation, ainsi qu’un questionnaire sur la santé mentale. Ensuite, les questions éventuelles des participants étaient répondues et ceux-ci pouvaient être référés à différentes ressources selon les besoins présentés. Finalement, une compensation financière de 30 $ était remise aux participants à la fin de l’entrevue initiale en plus d’une invitation à participer à d’autres entrevues tous les trois mois pour un maximum de cinq entrevues supplémentaires. Les rencontres subséquentes se déroulent de façon similaire, c’est-à-dire au même lieu, auprès d’un agent de recherche formé pour l’administration des questionnaires, ayant une expérience avec la population d’usagers de drogues et auquel était remise une compensation financière.

L’ensemble de toutes les questions ont été administrées par un interviewer, c’est-à-dire qu’aucune donnée auto-recueillie n’a été incluse dans l’étude. Au total, 609 individus ont été rencontrés entre octobre 2010 et avril 2013 pour une entrevue initiale. Toutefois, quatre individus n’ont pas poursuivi la démarche jusqu’au questionnaire initial, soit parce qu’ils ne répondaient pas aux critères d’éligibilité, soit parce qu’ils n’ont pas consenti à l’étude. Pour être éligible, un participant devait avoir fumé ou s’être injecté de la cocaïne dans le dernier mois. De plus, il devait avoir 14 ans ou plus au moment du recrutement, parler le français ou l’anglais couramment et être apte à fournir lui-même un consentement éclairé. Il n’y avait pas de critère d’exclusion supplémentaire.