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De 1961 à 1977 L’étape du développement négatif 39

Chapitre III L’évolution de l’urbanisation chinoise 31

III.3. De 1961 à 1977 L’étape du développement négatif 39

III.3.1. Contexte

III.3.1.1. La période de rajustement (1961-1965)

Comme le « grand bond en avant » a entraîné un déséquilibre de l’économie nationale, le développement rural a été saboté, la production agricole a décru d’année en année. L’augmentation rapide de la population urbaine a dépassé la capacité supportable de l’économie nationale d’alors. Donc à partir de 1961, les constructions des infrastructures de grande envergure ont été arrêtées, des usines ont appliqué des orientations, comme la fermeture, la cession du travail, la fusion avec d’autres et la reconversion, etc. En même temps, l’Etat était obligé d’évacuer la population migratoire rurale vers leur région natale et de mobiliser une partie d’ouvriers et d’employés ainsi que les membres de leur famille pour qu’ils retournent à la campagne se livrer aux travaux des champs. A travers le rajustement des 3

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années (1961-1963), les ouvriers et employés urbains ont été réduits de quelque 18,87 millions, la population urbaine pléthorique qui a été rapatriée à la campagne a atteint 26 millions environ, soit environ 30% de la population urbaine. C’est le 1er grand reflux de la population urbaine vers la campagne après la fondation de Chine.

De plus, en 1964, la norme d’établissement de villes et de bourgs15 a été révisée, certaines villes ont été dégradées en bourgs, par exemple, Yuci, Jiaxing, Pingdingshan, Yueyang, Huizhou, Beihai, Hankou et Hami. D’autres villes au niveau de préfecture ont été dégradées celles à l’échelle de district, telles que Shijiazhuang, Baoji, Tangshan, Zhangjiakou, Handan, Chengde, Anyang, Hebi, Jiaozuo, Baoji et Yumen. De 1961 à 1965, le nombre des villes a baissé de 40 avec un taux de diminution de 20%, le taux d’urbanisation est passé de 19,29% à 17,98%.

Dans la conjoncture d’alors, il aurait été nécessaire de mettre en place certaines politiques pour renforcer la production agricole, réduire les dépenses de salaires et le volume de vente de grains dans les villes et modérer la pression de diverses infrastructures urbaines. Objectivement, cette modification planifiée a pour but de redresser les cas mal réglés qui proviennent du « grand bond en avant ».

§ Qualifier le système d’état civil

Le 17 avril 1962, le ministère de la sécurité publique (MSP) a émis «l’avis du traitement des affaires sur la migration d’état civil », qui indique qu’ « il faut contrôler strictement la migration de la campagne en ville ; la migration de ville vers la campagne est permise ; la circulation normale nécessaire entre les villes doit être permise, mais il faut contrôler convenablement la circulation des moyennes et petites villes vers les grandes villes, en particuliers vers les 5 grandes villes (Pékin, Shanghai, Tianjin, Wuhan et Guangzhou) ». Dès lors, la migration libre en Chine a été limitée dans une certaine mesure.

Après 1963, le ministère de la sécurité publique (MSP) a décidé de prendre le ravitaillement de grain marchand planifié par l’Etat pour le seul critère de distinction d’états civils différents, c'est-à-dire si une famille urbaine bénéficie du

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grain marchand distribué par l’Etat d’après le programme, chaque membre de la famille est jugé comme un citadin, il ou elle possède un état civil urbain (chenzhen

hukou) ou non agricole (feinong hukou). Sinon il ou elle est considéré(e) comme rural,

il ou elle possède un état civil rural (nongcun hukou). L’état civil de chaque citoyen chinois est enregistré dans le livret de famille de chaque famille. A partir de ce moment-là, le système dual social (ville-campagne) a été davantage renforcé, un état civil urbain est devenu un rêve inaccessible pour des millions de ruraux.

III.3.1.2. La période de stagnation (1966-1977)

Justement quand l’économie nationale est allée mieux après 5 ans de modification, en 1966 a commencé la « révolution culturelle » (wenhua dageming) qui a complètement gêné la marche de l’économie nationale, la construction de bourgs et l’économie marchande rurale organiques se sont graduellement affaiblies. Au début de la « révolution culturelle », du fait de la raison politique un grand nombre d’intellectuels et cadres urbains ont été envoyés travailler à la campagne, 17,52 millions environ de jeunes instruits urbains (zhishi qingnian) (y compris ceux après 1962) ont été mobilisés à la campagne ou dans les régions montagneuses pour « s’y instruire ». C’est le 2ème grand reflux de la population urbaine vers la campagne après la fondation de la Chine. La priorité donnée à l’édification de la défense nationale s’est faite au détriment de la construction d’infrastructure urbaine, ce qui a entravé le développement urbain. Lors de la décennie de trouble (1966-1975), la population urbaine totale s’est seulement accrue de 133,13 millions à 160,30 millions (1975) avec un taux de croissance faible de 1,02%, inférieur au taux de croissance naturelle (2,32%) de loin. Même si après la « révolution culturelle », le développement économique a pris une bonne tournure, tout le pays était en état de relèvement. Jusqu’en 1977, la population urbaine totale était de 166,69 millions. Pendant cette étape, le taux d’urbanisation a d’abord diminué puis a fluctué vers 17% (cf. tableau 9).

Tableau 9 : Taux d’urbanisation de 1958 à 1960

Année Population totale (million) Population urbaine totale (million) Taux d’urbanisation (%)

- 42 - 1962 672,95 116,59 17,33 1963 691,72 116,46 16,84 1964 704,99 129,50 18,37 1965 725,38 130,45 17,98 1966 745,42 133,13 17,86 1967 763,68 135,48 17,74 1968 785,34 138,38 17,62 1969 806,71 141,17 17,50 1970 829,92 144,24 17,38 1971 852,29 147,11 17,26 1972 871,77 149,35 17,13 1973 892,11 153,45 17,20 1974 908,59 155,95 17,16 1975 924,20 160,30 17,34 1976 937,17 163,41 17,44 1977 949,74 166,69 17,55

Source : « Annuaire statistique urbain en Chine » (TJNJ)

C’est une période anormale de l’urbanisation, des facteurs politiques ont fortement atteint le développement urbain, le niveau d’urbanisation est même allé à reculons. Ces 19 années d’urbanisation incluant l’étape précédente (1958-1977) ont connu des flux et des reflux au préjudice du développement de forces productives, cependant vu sous l’angle actif, ces expériences indiquent une voie juste à suivre pour l’étape suivante.

§ Quantifier le système d’état civil

Le 17 janvier 1975, pendant la 1ère Assemblée populaire nationale (APN) la clause « les citoyens chinois ont la liberté de résidence et de déménagement » dans la Constitution a été historiquement effacée, ce qui signifie que d’ores et déjà le droit de circuler librement entre ville et campagne des citoyens chinois a perdu la protection de la Constitution.

En novembre 1956, le Conseil des affaires d’Etat (CAE) a sanctionné « l’arrêté du traitement des affaires sur la migration d’état civil » soumis par le ministère de la sécurité publique (MSP), qui indique qu’ « il faut strictement contrôler

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la migration de la campagne vers les villes et les bourgs (y compris les régions et les zones minières, la transformation de population agricole en non agricole et l’émigration d’autres villes vers Pékin, Shanghai et Tianjin. Pour les circulations de bourgs vers des villes, de petites villes vers de grandes villes, de la campagne vers la périphérie de villes et bourgs ou des fermes d’Etat, des groupements de producteurs de légumes et des zones de la culture industrielle, il faut les contrôler convenablement ». Par la suite, certaines politiques sur la transformation de population rurale en non agricole (nongzhuanfei) ont été successivement formulées. Afin de mettre à exécution les décisions ci-dessus, le MSP a assigné des objectifs du contrôle sur la transformation de population rurale en non agricole à chaque province, région autonome et municipalité, soit « chaque année le nombre de personnes et des membres de leur famille qui migrent de la campagne vers des villes ou bourgs et la transformation d’état civil rural en non rural ne peut dépasser 1,5‰ de la population locale ». La gestion sur la transformation de population agricole en non agricole a ainsi établi un système à double contrôle en « politique » et en « indice », ce système s’est progressivement répandu dans toute la Chine.

III.3.2. Tailles et structures du système urbain

Pendant cette étape, axant la politique sur la réserve de grain, l’Etat a promu la mono-économie et négligé la production marchande. Il était interdit aux ruraux de pénétrer dans les villes pour vendre leurs produits agricoles. De plus, sous la direction de la conception qu’« il faut transformer les villes de consommation en villes de production », la nationalisation du commerce s’est généralisée et le commerce des marchés s’est naturellement affaibli. Par conséquent, la dimension des métropoles et grandes villes s’est graduellement élevée, une partie des petites villes ont progressé au niveau de grandes villes, une autre grande partie des petites villes étaient sur le déclin. La structure urbaine semblait mal équilibrée, surtout le poids modeste des petites villes et des bourgs. Lors de ces 13 ans (1961-1975), le nombre des grandes et moyennes villes a respectivement augmenté de 7 et de 4, mais celui des petites villes s’est effondré de 34, il n’en restait que 95. Quant au poids démographique non agricole, seulement celui des grandes villes a augmenté

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de 60,9% à 62,9%, ceux des moyennes et des petites villes ont respectivement réduit de 22,4% à 22,0% et de 16,7% à 15,1%. (cf. graphique 7).

A cause de la mise en application de normes de plus en plus strictes, les bourgs, en tant que la plus petite taille d’unité urbaine, ont sensiblement diminué. En 1965, la Chine comptait 3146 bourgs organiques avec une chute de 2254 par rapport à l’année 1954. Pendant la « révolution culturelle », une série de bourgs organiques dont la population était inférieure à 20 000 ont été supprimés, en 1978 le nombre de bourgs organiques n’était que de 2 173, plus de la moitié a disparu par rapport à l’année 1954, le nombre des bourgs non organiques a aussi décru de quelque 50 000 à quelque 20 000 en nombre.

III.3.3. Les fonctions urbaines

Les fonctions urbaines durant cette étape se sont limitées à l’industrie et à la communication. Des célèbres villes touristiques comme Hangzhou, Suzhou et Guilin sont devenues des villes industrielles : le paysage et l’environnement se sont considérablement aggravés.

III.3.4. La répartition des villes

Pendant cette étape, l’économie nationale s’est affaiblie, donc 18 villes étaient en diminution, dont 5 au centre, 4 à l’ouest et 9 à l’est. (cf. tableau 10).

Tableau 10 : Nombre et poids de villes dans les différentes régions en Chine (3ème étape)

Année Total Est Poids (%) Centre Poids (%) Ouest Poids (%)

Graphique 7 : Evolution des villes aux différents échelons en nombre (3ème étape) 3148 3040 3043 3142 3142 3248 38 52 129 124 104 94 95 97 95 0 40 80 120 160 1961 1962 1963 1964 1965 1970 1975

- 45 - 1961 208 77 37,02 88 42,31 43 20,67 1962 194 73 37,63 82 42,27 39 20,10 1963 177 67 37,85 74 41,81 36 20,34 1964 167 68 40,72 68 40,72 31 18,56 1965 168 67 39,88 69 41,07 32 19,05 1966 171 67 39,18 70 40,94 34 19,88 1967 172 67 38,95 71 41,28 34 19,77 1968 172 67 38,95 71 41,28 34 19,77 1969 176 68 38,64 74 42,05 34 19,32 1970 177 68 38,42 75 42,37 34 19,21 1971 181 68 37,57 79 43,65 34 18,78 1972 182 68 37,36 79 43,41 35 19,23 1973 181 68 37,57 79 43,65 34 18,78 1974 181 68 37,57 79 43,65 34 18,78 1975 185 68 36,76 82 44,32 35 18,92 1976 188 68 36,17 82 43,62 38 20,21 1977 190 68 35,79 83 43,68 39 20,53

Source: LEE Bingyi, Planning of Urban System, Presse Populaire du Hebei, Wuhan, 1999, p. 283-284