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Vers un système de soutage plus décentralisé

Le soutage de fioul lourds pour les navires se concentre sur quelques grands hubs mondiaux autour de Singapour (48,6 M de tonnes métriques), Fujairah (24 M de tonnes métriques), Rotterdam (de tonnes métriques), Hong-Kong (7.4 de tonnes métriques) et Anvers (6.5 de tonnes métriques) selon les données www.shipandbunker.com pour des valeurs de 2015 et 2016 (Rotterdam et Singapour). En revanche, le GNL occupe plus d’espace pour un potentiel énergétique comparable. Il exige donc des soutages plus fréquents et un nombre plus important de ports équipés en mesure d’assurer les opérations.

L’International Association of Port and Harbours (IPAH) encourage vivement les ports dans l’investissement dans les installations de soutage. Les conditions de développement de cette technologie se sont nettement améliorées avec 60 sites disponibles à travers le monde, 28 sites additionnels ont été décidés et au moins 36 sont en discussion.

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Figure 41. Routes empruntées par les navires motorisés au GNL

Vers une mise en réseau des ports GNL

D’une logique régionale fondée sur les liaisons maritimes de courtes distances avec des navires des petite taille, l’offre doit désormais se structurer à une échelle mondiale pour des navire plus puissants, conduisant à multiplier les points de ravitaillement potentiels le long des principales routes maritimes et à ajuster la capacité de traitement des terminaux à des besoins plus massifs.

Pour répondre à ce défi, des accords ont été passés entre des ports majeurs sur pôles économiques dominants afin de coordonner les efforts dans la structuration d’une offre globale. Les ports de Yokohama/Nagoya et Singapour se sont ainsi engagés dans une étroite coopération afin de structurer l’offre autour de deux pôles en Asie du nord et du sud. Deux événements ont marqué ce rapprochement : le Sommet Japon-Singapour en 2016 suivi par l’étude « Japan-Singapore Joint Study on GNL Bunkering » en 2017 (Fig. 42).

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Figure 42. Les alliances Singapour-Yokohama, dans la structuration d’une offre globale GNL

Le rapprochement Singapour/Yokohama est appelé à établir les standards dans les équipements, les procédures et la formation des personnels impliqués dans la filière de l’avitaillement GNL. Les deux ports se conçoivent comme des points d’appuis dont les prolongements se ramifient vers l’Europe et l’Amérique. Dans une perspective régionale, l’autorité singapourienne doit compter avec la concurrence de Petronas qui souhaite développer un système national capable d’alimenter le soutage GNL dans divers ports de l’archipel malais et approvisionner des sites de stokage de petite taille (Pengerang, Johor, Sungai Udang, Melak). De son côté, l’autorité portuaire de Singapour soutient la construction d’une unité d’approvisionnement de GNL à hauteur de 2.25M$.

Principal importateur mondial de gaz naturel pour couvrir ses besoins énergétique (notamment la production électrique), le Japon par l’appui gouvernemental pousse cette telle stratégie. Elle correspond aux grands choix énergétiques du pays engagé dans la transition énergétique, même si malgré l’accident de Fukushima, l’option a été retenue d’un retour raisonné à l’énergie nucléaire. Dans cette perspective, le ministère japonais de l’économie, du commerce et de l’industrie a publié en 2015 un document prospectif “Long-Term Energy Supply and Demand Outlook” qui projette le recul progressif des énergies issues du pétrole en faveur du gaz naturel. Toutefois, le Japon qui s’est orienté de longue date vers la GNL avait engagé ses entreprises publiques sur des contrats de long terme qui ont imposé des prix avantageux aux fournisseurs, alors que le marché de l’énergie s’était retourné. Afin d’ajuster l’offre aux prix du marché, la politique gouvernementale pousse vers l’ouverture à la concurrence. Les nouveaux entrants pouvant bousculer les deux groupes parapublics établis en profitant de conditions de marché plus favorables. Encore faut-il que les capacités de stockage sous- utilisées des acteurs dominants soient rendues accessibles aux nouveaux entrants. L’enjeu est ici de permettre au Japon de jouer un rôle de hub à l’échelle asiatique et mieux profiter des cours assez bas du gaz naturel. Le Japon peut tirer parti des 40 terminaux GNL à l’échelle du pays dont les installations sont à adapter pour le soutage GNL.

Reste à résoudre le caractère opérationnel du soutage. Dans le cas de la baie de Tokyo, elle est passée par le regroupement d’acteurs importants dans la construction d’un navire avitailleur LNG qui devrait être mis en service en 2020. Les trois partenaires l’autorité portuaire internationale de Yokohama- Kawasaki et les groupes Sumitomo and Uyeno ont pu compter sur le soutien gouvernemental (www.lngworldnews.com, 11/7/2018). Sur le même modèle d’une joint-venture, Central LNG Shipping

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Japan Corporation (CLS) regroupant l’armement Kawasaki Kisen Kaisha (K Line), Chubu Electric Power, Toyota Tsusho Corporation et Nippon Yusen Kabushiki Kaisha (NYK Line). Ces partenaires se sont entendus pour financer et exploiter navire avitailleur dans la région de Chubut (Japon central) (Mai 2018).

Une mise en réseau global autour de Singapour : le GNL Bunkering port focus group

Un réseau international de huit ports majeurs équipés pour assurer le soutage GNL a été mis en œuvre. Sous l’appellation « Network of GNL Bunker Ready Ports », la structure a été lancée en 2016 autour de Singapour pour assurer la promotion de pratiques et de standards communs dans le cadre d’un texte commun “Memorandum of Understanding on Cooperation on the Development of GNL as a Marine Fuel (MoU)”. Le noyau initial lancé en 2014 par Singapour (Maritime and Port Authority of Singapore) avec les autorités portuaires d’Anvers, de Zeebruges, de Rotterdam, de Jacksonville et de la Norvège (notamment le port de base pour les expéditions polaires, Hammerfest) a été élargi en 2016 au Japon (Ministry of Land, Infrastructure, Transport and Tourism) et à la Corée (Autorité portuaire d’Ulsan) et enfin, en 2017 se sont adjoints au groupe constitué les ports de Ningbo-Zhoushan, le GPM de Marseille- Fos et celui de Vancouver.

Une majorité des grands ports d’avitaillements en fioul lourd sont aujourd’hui en mesure de livrer du GNL, ou à proximité immédiate de terminaux GNL où il s’agit d’organiser la distribution de ce carburant aux navires. Dans ce tableau, les Etats-Unis constituent une exception notable, puisque les équipements concernent surtout les ports du Golfe du Mexique et assez peu les autres façades pourtant plus directement concernées par les grandes routes commerciales.

Parmi les autres ports importants équipé pour l’avitaillement GNL, on peut citer Barcelone : en 2017 avec pour objectif affiché la réduction de la pollution des nombreux paquebots de croisière, Montréal qui offre depuis 2017 un soutage GNL comme Port Fourchon en Louisiane, Panama, la République dominicaine qui se positionne sur le potentiel régional des croisières dans les Caraïbes et une fonction de hub gazier pour les porte-conteneurs.