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Le 12ème plan quinquennal a inauguré en Chine une stratégie volontaire de transition visant à réduire

l’intensité énergétique de son économie et à en diversifier les sources (Wilhelmsen (2019). Cette option accompagne tout particulièrement la montée en puissance de l’usage du gaz naturel dans les espaces métropolitains où il s’agit de réduire le rejet de particules fines. La part du gaz naturel qui aujourd’hui de 7% du mix énergétique national, devrait être portée à 10% en 2020 puis à 15% en 2030). La croissance importante des besoins énergétiques maintient la consommation du charbon, la Chine est devenue en 2017, le troisième consommateur de gaz derrière les Etats-Unis et la Russie et le second importateur mondial de GNL après le Japon.

Figure 55. L’évolution du mix énergétique chinois (1965 – 2017)

La Chine dispose d’importantes réserves conventionnelles de gaz naturel, au Centre et dans le Nord- ouest du pays, de de réserves non conventionnelles sous forme de gaz de schiste qui a une production annuelle de 9 Md m3 en 2017, des réserves estimées supérieures à celles des Etats-Unis, mais dont

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l’exploitation située dans des régions montagneuses et arides seront limitées, faute de ressources en eau nécessaires au craquage de la roche (Fig. 62). La production nationale a plus que doublé entre 2007 et 2017, passant de 70 à 150 Md de m3. Sur ce volume, 7% sont liquéfiés dans des pôles de taille moyenne à proximité des gisements pour être redistribués par camion à l’échelle régionale. Les débouchés qui ont un temps été orientés vers les régions côtières trouvent désormais preneurs dans les espaces voisins des zones d’extraction, notamment dans le nord du pays où il est utilisé pour le chauffage en substitution du charbon. Le prix de vente du gaz des gisements chinois est fixé à un prix nettement inférieur à celui du marché mondial et entretient une forte demande intérieure visant à limiter la pollution urbaine (chauffage, production électrique mais aussi transport cf. Fig. 60).

Figure 56. La consommation de gaz naturel selon les secteurs d’activité 2000 – 2015 (en Md de m3). Données National Bureau of Statistics of China. http://data.stats.gov.cn/english/easyquery.htm?cn=C01

Au cours des années 1990, le gouvernement central a soutenu le développement d’un réseau inter- régional de gaz (Fig.61), conduisant au triplement du réseau entre 2010 et 2015, qui est passé de 36 000 à 100 000 km, puis à 164 000 en 2017 !). L’infrastructure la plus importante est le gazoduc de 3900 km qui relie les gisements du Bassin de Tarim à Shanghai.

Le volume des importations de gaz naturel (43 Md m3 en 2017) permet à la Chine de faire jeu égal avec l’UE (de l’ordre de 60 Md de m3). Le pays vise les 100 Md m3 en 2025. La capacité de ses terminaux s’élève aujourd’hui à 120 Md de m3, conduisant à une saturation des installations de stockage (Fig.63).

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Figure 58. Niveau d’importation du GNL et capacité de stockage(2010 – 2017)

Le GNL et dispositifs des terminaux portuaires

La Chine compte aujourd’hui 19 terminaux portuaires d’import (Large Scale GNL) contre 9 en 2013 (marqués par un drapeau sur la carte de la Fig. 64). Les grands opérateurs du secteur demeurent les entreprises publiques chinoises des hydrocarbures : CNPC, Sinopec and CNOOC. Elles contrôlent la production et dominent les achats à l’import, avec 96% des volumes importés de GNL. Comme au Japon, des acteurs privés sont apparus récemment à la faveur d’un souhait d’introduction de la concurrence et la souplesse du marché. Ces dernières disposent de quelques infrastructures de stockage mais sont plus actives sur le marché spot, les small scale GNL et le développement de l’offre pour les poids lourds.

Figure 59. Les terminaux GNL dans les ports chinois

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La main visible du gouvernement central

Le boom dans l’achat des véhicules au gaz fait suite à l’annonce d’une prochaine restriction d’accès aux zones urbaines pour les véhicules diesel ou essence, avant même toute prise de décision effective, ce qui en dit long sur la perception du public sur la détermination gouvernementale de répondre à l’enjeu majeur de santé publique. Ce développement vient appuyer l’ambitieux 13ème plan quinquennal

en la matière qui visait 10 millions de véhicules au gaz naturel en 2020, ainsi que l’ouverture de 12,000 stations-service et 200 stations d’avitaillement pour bateau (Odgerel, Pack William, 2019).

La demande croissante de gaz naturel (essentiellement GNC) a bien sûr un effet accélérateur pour l’ensemble de la chaîne, autant pour les capacités d’importation que pour le transport intérieur. Cette évolution s’accompagne de la montée en puissance d’une filière industrielle soutenue à la fois par le pouvoir et portée par le développement du marché.

L’évolution très rapide du gaz naturel en Chine, souligne le poids des politiques publiques. L’adoption du cadre réglementaire concernant les installations et les opérations GNL-carburant marin ont été accélérées : les principes arrêtés en juin 2019 devront aboutir à l’établissement de spécifications

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standards à la fin 2020. Le pays devra disposer à cette date d’un réseau adapté au soutage GNL dans tous les grands ports. En 2025, la couverture doit porter sur l’ensemble du système portuaire maritime et fluvial (www.lngworldnews.com, du 13/08/18). La part des unités de navigation au GNL aurait significativement crû pour les nouvelles unités mises en service (de l’ordre de 10 à 15% notamment dans les zones de contrôle d’émission (source www.GNLworldnews.com, août 2018).

Il convient néanmoins de tempérer cet engouement pour le transport maritime, où le nouveau terminal privé de GNL à Zhoushan (face à Ningbo) inauguré en 2017, a été le premier, et encore un des seuls à être en mesure d’offrir un service de soutage effectif pour les navires océaniques.