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L’éloge au néant : mieux que Dieu et pire que le diable

PARTIE 3 : ESPACES DE L’ÉCRITURE : LITTÉRATURE, CRÉATION ET

C. Infini et limites de l’Espace

C.3 L’éloge au néant : mieux que Dieu et pire que le diable

Au centre de la boucle, se trouve un lieu particulier, relevant à la fois de l’infime et de l’illimité : le néant. La notion de vide est la clé de la quête intellectuelle de Michael, comme de son voyage initiatique. Nous avions vu qu’Aphrodite le prépare à affronter le Sphinx, en lui soumettant très tôt l’énigme de la chimère :

« C’est mieux que Dieu.

242 Voir Le Mystère des dieux, p. 324. 243 Voir Le Mystère des dieux, p. 213.

244 Le squelette coupe de l’herbe afin qu’une autre pousse puisse avoir lieu. 245 Par ailleurs beaucoup utilisée par Escher dans ses tableaux.

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C’est pire que le diable. Les pauvres en ont. Les riches en manquent. Et si on en mange on meurt.

Qu’est-ce que c’est ? »247

La réponse consiste en un jeu de mots : rien n’est mieux que Dieu, rien n’est pire que le diable, si on ne mange rien on meurt, etc. La résolution de la charade pousse néanmoins Michael à comprendre et accepter le concept du Rien. Le Rien étant par définition le non-être, le vide absolu, le héros reçoit une leçon d’humilité et de relativité quant à sa place dans l’immensité du cosmos et des univers. Pour l’aider à trouver la solution, le Sphinx prodigue une aide au héros. Elle lui fait remonter mentalement le temps, il revoit sa vie, puis la trajectoire de l’humanité jusqu’à parvenir au souvenir millénariste enfoui du big bang et de la naissance de l’univers. Avant cela, il n’y avait rien. Or le néant est difficilement concevable, comme l’explique Zeus :

« As-tu déjà pensé à rien ? Le problème avec rien c’est la question : « Comment peut-on définir l’absence de quelque chose ? » Si l’on dit : Ce n’est pas du verre, tu es obligé de penser au verre pour définir cette absence … »248

Pour parvenir à cette solution, le Sphinx demande à Michael de faire, littéralement, le vide en lui par le biais de la méditation. Le rien est donc issu d’un cheminement intérieur. Cette entrée en soi permet de « se libérer du tourbillon des images, des désirs et des émotions ; c’est échapper à la roue des existences éphémères, pour ne plus éprouver que la soif de l’absolu »249. Le

dépouillement que prodigue le vide, Michael va l’expérimenter deux fois avant de le vivre pleinement. La première expérience du néant se joue avec la gorgone Méduse. À la manière de son homologue mythologique, la chimère de la trilogie transforme en statue d’un simple regard. Dans le Souffle des dieux, elle règne sur le territoire orange que les protagonistes doivent traverser pour avancer jusqu’à la montagne. Michael croise alors les yeux de la créature et se retrouve statufié. Plongé dans le noir complet, sans aucune sensation physique, il perd tout repère de temps et touche du doigt l’infini du Rien :

« J’attends, il ne se passe plus rien et le temps commence à s’écouler sans que je sache ce qu’il se

247 Voir Nous les dieux, p. 116. 248 Voir Le Souffle des dieux, p.556.

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passe autour de moi. Je suis immobile pour l’éternité, yeux fermés. Vivant, conscient, incapable de percevoir l’extérieur. Je ne pourrai probablement même pas dormir. Combien de temps vais-je rester comme ça ? Une heure, une journée, une année, un siècle, l’éternité ?

Je vais devenir fou. »250

Cette première approche du néant est terrifiante pour le personnage, la perspective du vide à l’infini lui est insupportable. Au sein d’un cycle initiatique, nous pouvons considérer cette première expérience comme un échec. Ce n’est qu’en acceptant le Rien de l’énigme qu’il accède à un nouvel apprentissage qui consiste à contempler le néant de l’extérieur. Dans son mystérieux palais, Zeus possède une sphère-planète composée uniquement de vide. Une pièce lui est dédiée et elle repose sur un coquetier en or, attestant sa préciosité :

« - C’est beau, n’est-ce pas ? - C’est quoi ?

- Du vrai « Rien », annonce-t-il. Pas de lumière, pas de son, pas de chaleur, pas de matière, pas d’énergie. C’est rarissime et précieux. Partout il subsiste quelque chose. Un peu de gaz. Un peu de lumière. Un peu de bruit. Un rêve. Une idée. Une pensée. Mais là, non c’est du silence absolu. De l’obscurité totale. Un endroit épargné par la bêtise des hommes et la prétention des dieux, un endroit où même l’imagination ne rôde pas. Un endroit où même moi je ne peux agir. Une scène propre où tous les spectacles peuvent commencer. Vous imaginez le potentiel de ce Rien ? De la pureté à son point culminant. […] Et voilà le suprême paradoxe. Quand on a tout, on veut …

rien. […] Tu me diras : À quoi sert de posséder cette sphère de « Rien » ? Et je te répondrai : À faire naître un nouvel univers. […] Car un univers ne peut naître qu’à partir de rien. »251

La réflexion de Michael : « Je commence à comprendre » montre son changement d’attitude face à l’appréhension du vide. Et son parcours initiatique ne semble avoir été qu’une trajectoire pour comprendre et faire sienne la notion de Rien. L’ultime épreuve à laquelle il sera soumis avant d’accéder la révélation est une nouvelle fois celle du Vide, il est plongé à l’intérieur de la sphère-planète vide. Mais, contrairement à son expérience de statue, il accepte la confrontation au néant : il lâche la main d’Aphrodite qui le rattachait au monde sensoriel, il lâche prise littéralement, jusqu’à oublier son nom et son sexe :

« Au début cette disparition de tout m’agace, m’énerve, me révolte, puis j’oublie et j’accepte. Je suis là, et il ne se passe rien. »252

250 Voir Le Souffle des dieux, p. 254. 251 Voir Le Souffle des dieux, p. 574 et 575. 252 Voir Le Mystère des dieux, p.433.

92 C’est l’acceptation qui lui permet de triompher. L’épreuve se dessine comme un rite purificateur. Comme le stipule Zeus « Cela fait partie du nettoyage » avant d’avoir accès à la dimension supérieure. En expérimentant le néant intérieur et extérieur, Michael vit une immanence, c’est « l’acte d’abolition de tout acte » dont parle Jacques Maritain253. « Ouverture

totale », « éveil parfait », « espace illimité », « transparence au-delà de tous concepts » … Le Dictionnaire des symboles utilise toutes ces paraphrases pour qualifier la vacuité du vide. Mais celle qui retient particulièrement notre attention est : « vide créateur ». Ainsi, et comme Zeus le soulignait déjà, le néant est l’espace privilégié de la création. Riche de toutes les virtualités de créations possibles, c’est le « point sans point, dont tout découle et où tout retourne »254. De

fait, Michael est né de rien, et il retourne au rien avant de rencontrer le créateur ultime qu’est le lecteur. Dans un grand nombre de cosmogonies antiques, l’univers est engendré ex nihilo : ne serait-ce que dans le domaine grec, les mythes Pélasge et Olympien de la création font mention d’une force féminine (Eurynomé d’une part, la Terre-Mère de l’autre) émergeant du Chaos. Il est à noter que le Chaos est la « personnification du vide primordial, antérieur à la création, au temps où l’ordre n’avait pas été imposé aux éléments du monde »255. À ce jour, la

plupart des théories scientifiques concernant la naissance de l’univers émettent l’hypothèse que tout a été généré à partir du néant, même si cela demeure invérifiable. Dans la mythologie Werbérienne, il semble que tout acte de vraie création ne peut survenir qu’après une confrontation à l’immensité du Rien. Il consacre un article de l’ESRA à la description de la naissance de l’univers comme il l’imagine :

« ... Rien.

Au commencement, il n’y avait rien.

Nulle lueur ne troublait l’obscurité et le silence. Partout était le Néant.

C’était le règne de la première force. La force « N » : la force Neutre.

Mais ce Néant rêvait de devenir quelque chose.

Alors apparut une perle blanche au milieu de l’espace infini : un œuf cosmique porteur de tous les potentiels et de tous les espoirs.

Cet œuf commença à se fendiller … »256

253 Voir Dictionnaire des symboles, p. 1011, article « Vide ». 254 Voir Dictionnaire des symboles, p. 990, article « Vacuité ».

255 Voir Le Dictionnaire des symboles, p. 206, article « chaos ».

93 Loin d’être négatif, le Néant est porteur de toutes les créations et les prises de conscience : « loin d’impliquer nécessairement la disparition, l’absence ou la mort, le néant permet de penser l’altérité, la matière, le devenir, la liberté humaine ou la suréminence du Premier Principe »257.

En littérature, le vide est par ailleurs plus précieux que les mots, ce qui n’est pas dit a peut-être plus d’importance que ce que le verbe affiche : « C’est dans le vide des caractères d’imprimerie que résidait le vrai trésor »258 affirme Zeus à propos d’un livre non édité car trop en avance sur

son temps. La trilogie s’érige comme un véritable éloge au néant qui est un lieu à part entière, et qui semble être l’endroit privilégié de la création.

Conclusion : Quelle place pour le réel ?

Les lieux où se situe l’action du Cycle de dieux sont multiples et foisonnants de diversités. Au sein d’un même espace diégétique, les personnages peuvent passer des enfers grecs à un musée de l’informatique tenu par Zeus en haut d’une montagne, en passant par une reconstruction galactique de l’Olympie antique. Certaines places participent à la construction, voire à la création du héros, en lui présentant des épreuves initiatiques qui entravent son chemin, qui le bloquent jusqu’à ce qu’il ait gagné en valeur pour franchir les ponts ou en abritant des adjuvants qui vont l’aider à poursuivre sa quête spirituelle jusqu’à la hiérophanie finale259. L’auteur se

plaît à mélanger les codes et les genres, dans le corps même du texte ou dans celui des personnages hybrides. D’autres lieux ont alors une vocation intellectuelle, ils sont des marqueurs qui indiquent la spécificité transgenre des romans, ce style particulier qui accumule les mélanges et les mariages improbables au point de ne pouvoir être classé définitivement260.

Une émulation apparaît nettement entre lieux et création, qu’elle soit artistique ou divine. C’est dans le temple de la muse Thalie que Michael vit une révélation artistique concernant l’écriture théâtrale, c’est le Vide sidéral qui fait naître la, ou les Créations. Il nous semble désormais clair que les lieux sont premiers. Ils sont élaborés avant les personnages, comme Eun Bi qui dessine les endroits vides pour que d’autres puissent les peupler. L’objet livre se dresse comme un lieu véritable, à l’importance capitale. Quand Michael déplore n’avoir de terre pour son peuple

257 LAURENT, Jérôme, et ROMANO, Claude, Le néant, Presses universitaires de France, Paris, 2010. 258 Voir Le Souffle des dieux, p. 557.

259 Terme créé par Mircea Eliade qui désigne la manifestation du sacré s’exprimant dans un regard neuf sur ce qui nous entoure et sur nous-même plus que dans une transcendance divine.

260 La rareté des études concernant les écrits de Bernard Werber nous pousse à nous tourner vers les critiques de presse. Ces derniers qualifient en général son texte comme relevant des « Romans Scientifiques » sans que cette classification soit pleinement adéquate.

94 dauphin, Héraclès lui répond :

« Ce sont vos livres qui sont votre seul territoire sûr, Michael. Avec vos livres, vos fêtes, vos légendes, vos mythologies, vos valeurs … vous possédez une patrie virtuelle. »261

Michael lui-même est un personnage contenu dans un livre et il en heurte les pages palpables au moment de la révélation, de son apocalypse. Les mots, quant à eux, s’avèrent être de véritables trésors, capables de porter des idées, mais surtout de les appeler, de les dissimuler derrière un blanc typographique ou un code à décrypter. Prenons en exemple le peuple dauphin qui dissimule ses connaissances scientifiques dans des romans d’aventures262, procédé

comparable à ce que fait Bernard Werber lui-même. Nous avons vu de quelle façon son style d’écriture, certes déploré par la critique, est porteur de sens. Le sens, le pouvoir de la pensée, est au-dessus de tout. Quand Zeus explique sa conception de la cosmogonie, il place la pensée créatrice comme première :

« Au commencement, il n’y avait rien. Puis il y a eu une pensée. […] Cette pensée s’est transformée en désir. Ce désir s’est transformé en idée. Cette idée s’est transformée en parole. Cette parole en acte. Cet acte en matière. »263

S’il retrace là la naissance de son univers (donc du roman), il n’en demeure pas moins que l’idée précède la parole. Si dans la genèse chrétienne « au commencement était le Verbe », ici, c’est l’éclat d’intelligence qui est créateur de mondes, avant les mots.

À la manière d’échos, les images des lieux se répètent, se répercutent à travers les différentes strates des livres. Ces redondances qui semblent s’étendre à l’infini, confèrent, plus qu’un aspect mythique à l’histoire racontée, une aura archétypale aux lieux. Ils sont bâtis comme des effigies des différents stades que l’homme doit traverser, dans son propre voyage initiatique, pour élever son niveau de conscience. La chaumière d’Héra, le palais de Zeus, le labyrinthe, tous les lieux proposent un enseignement à qui sait le faire sien, personnage comme lecteur. Chaque sphère recèle de tels lieux : Terre 17, Terre 18, Terre 1, Aeden, l’univers extra- diégétique… En effet, en de nombreux endroits, le texte touche notre réalité de lecteur. Ces nœuds sont matérialisés notamment par les livres qui existent entre les deux univers : L’Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu ou Le Papillon des étoiles. On relève également des

261 Voir Le Souffle des dieux, p. 187. 262 Voir Le Souffle des dieux, p. 310. 263 Voir Le Souffle des dieux, p. 576.

95 projets similaires : l’Arbre des possibles élaboré par Michael sur Terre 18 existe bel et bien sur le site internet de Bernard Werber, comme le jeu « Le royaume des dieux » repris par Gabriel Askolein et l’entreprise le Papillon bleu sur Terre 18 qui donne aux joueurs le pouvoir d’être des dieux à l’instar des élèves dieux d’Olympie, est un projet concret baptisé « Nous les dieux », le jeu que l’on peut retrouver également sur le site de l’auteur264. Nous pensons également aux

différents personnages qui s’avèrent être des personnalités ayant vraiment existé : Mata Hari, Jean de la Fontaine, Jules Verne, etc. La concomitance des mondes confirme le postulat de la trilogie : l’univers est constitué de sphères imbriquées qui peuvent communiquer les unes avec les autres, et l’auteur inclue dans cette chaîne la sphère même où se trouve le lecteur.

Tout au long du cycle, les personnages n’ont de cesse de mettre en doute leur réalité. Ils ont assez tôt l’intuition d’être dans un roman, Raoul Razorback le premier :

« J’ai l’impression de ne plus faire partie de la réalité, de n’être qu’une pièce dans un jeu dont je ne suis pas le maître, de n’être qu’un pion manipulé par je ne sais quel metteur en scène. »265

Et Michael poursuit :

« Nous avons l’impression que tout cela c’est du toc. Nous ne sommes pas vraiment affolés ni devant la mort de Debussy ni devant les disparitions de Van Gogh et des autres. Comme si nous-mêmes étions dans un film ou un roman. Des personnages qui disparaissent, voilà tout. Et nous ne nous sentons pas vraiment concernés par le danger, nous l’analysons comme un suspense … »266

Un certain métalangage des personnages concernant le livre qui les contient apparaît alors. Dans Le Mystère des dieux, à la fin de la partie d’Y, Michael avoue avoir le sentiment de vivre le « chapitre final » de son histoire et Aphrodite lui affirme vouloir être avec lui pour ce dernier chapitre quand elle le rejoint dans sa cellule de prison. Le rêve de George Méliès s’avère alors prophétique et annonce déjà l’issu de la trilogie :

« J’ai fait un rêve, […] Où nous étions les personnages d’un roman. Nous nous déplacions dans un monde à plat, le monde des pages. Et nous n’étions même pas capables d’imaginer la troisième dimension : le relief. Si nous avion pu percevoir le relief, nous aurions vu le lecteur tenant le livre dans lequel nous étions « aplatis ». »267

264 A l’adresse http://www.bernardwerber.com/frame.php?dossier=jeux&page=jeu_nouslesdieux 265 Voir Nous les dieux, p. 174.

266 Voir Nous les dieux, p. 176. 267 Voir Le Souffle des dieux, p. 275.

96 Ainsi, le rêve s’avère être un accès à la vérité de leur condition. On ne peut s’empêcher alors de penser au lapin blanc qui sauve Michael du premier labyrinthe dans lequel il se perd. Ce lapin le guide jusqu’à la ville. Le lapin similaire d’Alice au pays des merveilles conduisait la jeune fille au pays des rêves, où la vraisemblance n’avait pas de place. On pourrait alors douter du lapin Werbérien : mène-t-il à la réalité ? Au rêve ? Le rêve est-il garant de vérité ? Ces questions taraudent nos personnages qui ne parviennent pas à définir leur réalité. Elle demeure pourtant au centre des attentions, elle est le but de la quête du héros :

« Notre quête est celle de la recherche de la réalité dissimulée derrière les apparences. »268

Michael se base sur la maxime de Philip K. Dick pour appréhender le réel : « La réalité c’est ce qui continue d’exister lorsqu’on cesse d’y croire »269, seulement, il ne peut se défaire de ses

propres croyances. Il ira, avec Mata Hari, jusqu’à émettre l’hypothèse, que leur univers est imaginaire, littéralement issu de leur imagination :

« - Peut-être que tout ici est exactement comme on l’imagine. Une représentation de l’Olympe mythique telle qu’elle figure dans les livres de Terre 1 … […]

- Pour toi « Aeden est ce qui commence à exister quand on commence à y croire ». […]

- Oui, j’aime bien cette idée que c’est notre imagination qui fabrique les Dieux. Après tout, soit Zeus et sa clique ont existé et c’est leur légende qui a servi à écrire la mythologie, soit ils ont été inventés par des hommes. »270

Cette instabilité des créateurs (est-ce Dieu qui a créé les hommes, ou les hommes qui ont inventé Dieu ?) est appuyée, sur le plan de la création littéraire, par le paradoxe de Sherlock Holmes évoqué dans un article de l’ESRA. L’auteur y fait mention d’un groupe de Holmésiens anglais qui affirme détenir des preuves de l’existence réelle du célèbre détective, en revanche la véracité de son créateur, l’écrivain Conan Doyle, prêterait à débat selon leurs convictions. La question primordiale étant donc qui imagine qui ? « Est-ce nous qui imaginons ce monde, ou ce monde qui nous imagine ? »271 La trilogie, en heurtant l’univers extra-diégétique pousse le lecteur à

mettre en question sa propre réalité :

« HÉ, LECTEUR ! TU M’ENTENDS ? EH BIEN SACHE QU’IL N’Y A PAS QUE

268 Voir Le Mystère des dieux, p. 18. 269 Voir Le Souffle des dieux, p. 224. 270 Voir Le Souffle des dieux, p. 343. 271 Voir Le Souffle des dieux, p. 223.

97 NOUS … TOI AUSSI TU ES PROBABLEMENT UN PERSONNAGE. LE MONDE DANS LEQUEL TU CROIS VIVRE ET QUE TU APPELLES LE « RÉEL » N’EST QU’UN ROMAN DANS LEQUEL TU ES INCLUS, ET TA VIE A ÉTÉ IMAGINÉE PAR UN AUTEUR DEPUIS SON DÉBUT JUSQU’À SA FIN ! »272

Ainsi, tout semblant de réalité, devient discutable. Il semble néanmoins que la terrienne Eun Bi porte un projet qui peut fournir une forme de réalité. Avec son ami Korean Fox, la jeune

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