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L’élaboration d’un partenariat

Dans le document Le bien-être et la santé autochtones (Page 107-110)

Je présente ici les différents acteurs qui jouent chacun un rôle crucial dans les ateliers, suivant l’ordre chronologique d’élaboration de ce projet de partenariat. Celui-ci repose ainsi sur un partenariat engagé au sein de deux institutions culturelles (l’Institut culturel Avataq et le Musée McCord), d’un organisme gouvernemental (le Module du Nord québécois) et d’une université (l’Université McGill).

La première étape de l’élaboration du projet a consisté à définir une collection d’objets inuit anciens, ainsi qu’un lieu où effectuer les entrevues avec des informateurs inuit. Mon premier choix s’est arrêté sur le Musée McCord d’histoire canadienne4 à Montréal. Cette institution possède une collection de plus d’un million d’objets, parmi lesquels des photographies et des documents d’archives, dont 16 000 sont de nature ethnologique et archéologique issus des Premières nations et des Inuit du Canada. La collection de l’Arctique nord-américain compte plus de 1 600 objets et représente un échantillon de la culture matérielle inuit idéale pour mes entrevues, puisqu’elle contient plusieurs exemples des catégories d’artéfacts qui font l’objet de mes analyses (équipement de chasse, de traitement des peaux et de couture, outils domestiques, ornements et objets personnels et amulettes). Le Musée McCord est par ailleurs engagé, et depuis longtemps, dans une collaboration soutenue avec les Premières nations et les Inuit du Canada, tant dans ses projets de recherche et d’éducation que dans la réalisation de ses expositions. Leur contribution/participation à mon projet d’atelier se situe donc parfaitement dans ce mandat de collaboration.

Le second partenaire à se joindre à notre projet représente une aide logistique majeure : il s’agit de l’Institut culturel Avataq. Cet organisme inuit sans but lucratif se consacre, depuis 1980, à la protection et à la promotion de la langue et de la culture des Nunavimmiut (habitants du Nunavik). Mandaté par le conseil biannuel des aînés inuit du Nunavik, l’Institut comporte divers secteurs d’activités : archéologie, comités culturels locaux, recherche, bibliothèque et archives, muséologie, publications et promotion du nunavimmiutitut, c’est-à-dire l’inuktitut (langue inuit) du Nunavik. L’Institut culturel Avataq est également le dépositaire officiel des archives du Nunavik. Sa maison mère se situe à Inukjuak (Nunavik) et son centre administratif est à Montréal. J’ai approché cet institut tout d’abord pour des raisons d’aide financière et logistique (recrutement des participants et service d’interprètes, principalement). Pour des raisons analogues à celles du Musée

McCord, l’Institut s’est joint à mon projet car son mandat s’inscrit directement dans la préservation et la promotion de la langue et de la culture inuit. Mes recherches participent ainsi à un projet mené au sein de l’Institut intitulé : Sivulitta inuusirilaurtangit atuutilaurtanigillu ou Le temps et l’espace chez les Inuit du Nunavik (projet ARUC 2008-2013, dirigé par Daniel Gendron)5.

Le troisième et dernier organisme partenaire du projet est le Module du Nord québécois6. Le Module est une organisation gouvernementale formée d’infirmières, d’intervenants sociaux et d’interprètes prenant en charge les Inuit du Nunavik qui reçoivent des soins médicaux à Montréal. Leurs programmes sociaux visent à soutenir ces visiteurs face au choc culturel et aux difficultés de communication qu’ils vivent à Montréal, ainsi qu’au sentiment de solitude et d’ennui que ce séjour loin de leurs proches et de leur environnement familier peut entraîner. L’idée d’approcher le Module fut tout d’abord motivée par le besoin de participants pour les entrevues. Les résidences du Module hébergent en moyenne autour de 100 à 200 individus du Nunavik et ce, en tout temps. Une partie de ces derniers sont des aînés en visite médicale pour des tests de contrôle ou divers traitements qui leur permettent de prendre part à des activités telles que mes ateliers. Le recrutement s’effectue à l’aide d’affiches que j’ai réalisées avec une graphiste de l’Institut culturel Avataq7, et placées dans les résidences du Module (voir l’illustration 1, page suivante). C’est aussi grâce au travail de promotion et d’organisation de la part des employés de la Nunavik House (résidence principale du Module jusqu’en avril 2011) et de la section du support social du Module, que mes ateliers réussissent à attirer l’attention et la participation des résidents8.

L’idée de faire participer le Musée McCord, l’Institut culturel Avataq et le Module du Nord Québécois à mes ateliers répond aussi à mon mandat de recherche collaborative, tel que mentionné plus haut. En travaillant de concert avec d’importants gardiens du patrimoine inuit (le Musée McCord et l’Institut culturel Avataq), une organisation qui appartient et qui est mandatée par des communautés inuit (l’Institut culturel Avataq), et avec des individus inuit en résidence temporaire à Montréal, ma recherche académique se trouve alors triplement engagée avec les communautés descendantes et traditionnellement liées aux collections archéologiques que j’étudie.

Illustration 1 : Affiche installée à la résidence principale du Module du Nord québécois afin de recruter des participants pour les ateliers au Musée McCord.

Dans le cadre de cette alliance, chacun des partenaires joue un rôle essentiel. Le Musée McCord fournit ainsi la collection des objets inuit, le local, ainsi que l’expertise pour le bon déroulement des entrevues9. Il diffusera éventuellement les témoignages recueillis, par l’intermédiaire de l’organisation d’expositions, de son site Internet (http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/) ou de son centre de documentation. L’Institut culturel Avataq participe, quant à lui, au recrutement des

participants, à l’organisation logistique des entrevues (interprètes, matériel audio- visuel) et éventuellement, à la transcription, la traduction, la préservation et la promotion du contenu des témoignages (en particulier auprès des communautés du Nunavik). À l’instar de l’Institut culturel Avataq, le Module du Nord québécois remplit le rôle crucial du recrutement des participants. Mon implication dans le projet se situe à différents niveaux : en tant que conceptrice et coordonnatrice du projet d’atelier, j’ai approché et réuni le Musée McCord, l’Institut culturel Avataq et le Module, obtenu une approbation du comité d’éthique de recherche auprès de l’Université McGill, supervisé l’élaboration et réalisé les ateliers. Au moment où j’écris ces lignes, neuf ateliers ont été effectués sur une période d’un an (depuis avril 2010), avec en moyenne six participants par groupe. Chaque atelier dure environ deux heures.

Dans le document Le bien-être et la santé autochtones (Page 107-110)