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De l’élaboration du corpus de référence pour un portrait de groupe

Dans le document Des amiraux au service de Vichy (1940-1944) (Page 46-84)

Un corpus, reflet d’un corps

11. De l’élaboration du corpus de référence pour un portrait de groupe

Le libellé même du sujet fournit les critères de définition du corpus. Ceux-ci renvoient à une réalité institutionnelle, être officier général, et à une problématique97, exercer une fonction qui mette en situation de servir l’Etat français, d’être l’un de ses relais.

111. L’officier général, du point de vue réglementaire. 111.1 Une élite fortement hiérarchisée.

Les conditions d’accès à ce corps sont définies par la loi du 4 mars 192998

. Il faut présenter dans le grade de C.V trois ans d’ancienneté99 et dix-huit mois de commandement à la mer100. Ce temps de service exigé peut être réduit de moitié pendant les campagnes de guerre et les services accomplis pendant la durée de l’état de guerre comptent pour le double de leur durée effective pour l’avancement101. Peuvent être maintenus dans la première section, qui correspond au groupe des officiers généraux en activité, sans limite d’âge mais en étant numériquement remplacés, les V.A qui ont commandé en chef, dans leur grade, en temps de guerre et, par décret rendu en Conseil des ministres, les V.A qui, dans leur grade et dans une expédition maritime, se sont signalés par un éminent fait de guerre. Sont maintenus dans la première section jusqu’à leur retour en France les officiers généraux qui, dans l’exercice d’un commandement à la mer sont atteints par la limite d’âge. Ceux qui, dans un service commandé hors de France, autre qu’un commandement à la mer, atteignent cet âge limite, peuvent être maintenus dans leur emploi, mais passent dans la deuxième section. En temps de guerre les officiers généraux commandant à la mer, atteints par la limite d’âge peuvent, être

97 PhilippeHamon, op. cit., p. 79.

98 Loi du 4 mars 1929, portant organisation des différents corps d’Officiers de l’armée de mer et du corps des équipages de la Flotte, BOM 1929, 1er semestre, p. 180-219.

99 Ibidem, article 8, p. 185.

100 Ibidem, article 33, p. 197.

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46 maintenus dans la première section par décret rendu sur un rapport motivé du ministre de la Marine tant qu’ils restent en possession de leur commandement et au plus tard jusqu’à la fin des hostilités102. Les nominations ont lieu exclusivement au choix103. Elles sont du ressort du ministre104. Comme toutes les nominations d’officiers, elles donnent lieu à décret avec parution au journal officiel105. Le passage de C.A à V.A outre les règles d’ancienneté déjà indiquées peut se faire avec un an de service à la mer dans le grade de contre-amiral, soit en qualité de commandant d’une force navale, soit en qualité de chef d’état-major d’une force navale106, distinguant ainsi deux types de profil. Il est à noter que selon les règles d’avancement, on nomme au grade de C.A et on promeut à celui de V.A107

. Ces officiers forment un groupe très réduit, en moyenne moins d’une cinquantaine de personnes, représentant un peu plus de 2% de l’ensemble des officiers :

102 Ibidem, article 22, p. 191-192.

103 Ibidem, article 12, p. 187.

104 Décret sur le service dans les forces navales et à bord des bâtiments de la marine militaire du 18 février 1928,

JO du 2 juin 1928, article 27.

105

Loi du 4 mars 1929, portant organisation des différents corps d’Officiers de l’armée de mer et du corps des équipages de la Flotte, BOM 1929, 1er semestre, article 19, p. 199.

106 Ibidem, article 33, p. 197.

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Les officiers généraux, un groupe stable et très restreint108.

Atteints par la limite d’âge, les officiers généraux glissent alors en deuxième section. Instaurée par la loi du 17 juin 1841, brièvement supprimée en 1848, elle est réaffirmée par la loi du 29 janvier 1853. Les textes principaux qui précisent le statut de ces officiers, pour la période qui nous concerne, sont de 1929 et 1939109. Placés en deuxième section, les officiers généraux restent à la disposition du ministre110. En effet, si en temps de paix les emplois d’activité sont exclusivement réservés aux officiers généraux de la première section, en temps

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Effectifs de 1919, 1927, 1935 (effectifs réalisés), 1939 (effectifs statutaires), d’après Eric Schérer, Les

uniformes des officiers de la marine, 1830-1940, Rennes, Marines Editions, 2011, 315 p. et p. 21.

Pour les effectifs réels de 1939, Philippe Vial donne un total de quarante-six officiers généraux, seize V.A et trente C.A. Philipe Vial, La mesure d’une influence : les chefs militaires et la politique extérieure de la France à

l’époque républicaine,op. cit., p. 299 et 311.

Effectifs de 1940 : d’après l’annuaire de 1940 (janvier 1940).

109 Loi du 4 mars 1929, portant organisation des différents corps d’Officiers de l’armée de mer et du corps des équipages de la Flotte, BOM 1929, 1er semestre, p. 180-219.

Décret relatif au statut des officiers généraux de la 2ème section du cadre de l’état-major général du 6 juin 1939,

BOM 1939, 2ème semestre, p. 176-179.

Décret du 27 juillet 1939, portant modification au décret du 26 novembre 1937 sur la discipline générale dans l’armée de mer, BOM 1939, p. 461-462

110 Décret du 6 juin 1939, BOM 1939, 2ème semestre, article 7, p. 176-179.

1880 1919 1927 1935 1939 1940 VA 15 14 11 13 18 18 CA 29 30 24 28 36 36 VA + CA 44 44 35 41 54 54 Nombre d’officiers 1888 1755 2199 1932 CA+VA/ Total officiers 2.33% 1.99% 1.86% 2.79%

48 de guerre ces emplois peuvent être pourvus par des officiers de deuxième section111. Ils jouissent de tous les droits dévolus aux autres citoyens, notamment des droits politiques. Mais ils ont l’obligation en raison de leur situation d’officier général du cadre de réserve, de s’abstenir de toute activité présentant un caractère politique ou de polémique. Il leur est interdit notamment de faire mention de leur grade dans tous documents à fin publicitaire ou commerciale et dans tous autres écrits, d’utiliser cette mention sans la faire suivre de l’indication « du cadre de réserve ». Ils ne peuvent dans tous les cas où les officiers de l’armée active sont astreints, pour certains écrits, discours ou conférences, à l’autorisation ministérielle préalable, faire mention de leur grade sans cette autorisation, et si cette dernière n’est pas sollicitée ou est refusée, de faire mention de leur état d’officiers112

. Tout officier doit rigoureusement s’abstenir, dans ses écrits, d’indiquer les fonctions qu’il occupe ou a occupées dans l’armée de mer113

. Ils ne peuvent de la même façon procéder, sans la même autorisation, à la remise de drapeaux ou fanions à des sociétés, associations ou groupements civils. Ne sont néanmoins pas concernés les officiers généraux membres du parlement114. Ils disposent d’une carte de circulation, d’une carte d’officier et perçoivent leur pension mensuellement. Ils sont autorisés à revêtir l’uniforme pour les revues, réunions, fêtes et cérémonies, à l’exception des réunions publiques ou privées ayant un caractère politique. Ils doivent dans ces occasions être dans la même tenue que les officiers en activité. S’ils exercent une activité professionnelle, ils ne doivent jamais dans le cadre de cette activité, porter leur uniforme. Les officiers réformés

111 Ibidem et loi du 4 mars 1929, BOM 1929, 1er semestre, article 21, p.191.

112 Décret du 6 juin 1939, BOM 1939, 2ème semestre, article 7, p. 176-179. Décret du 27 juillet 1939, p. 461-462.

113 Ibidem.

114 Ibidem, Décret du 6 juin 1939, BOM 1939, 2ème semestre, article 7, p. 176-179. Décret du 27 juillet 1939, BOM 1939, 2ème semestre, p. 461-462.

49 par mesure disciplinaire et les officiers destitués ne peuvent en aucun cas revêtir l’uniforme115

.

Le corps des officiers généraux peut se définir par les grades, le rang et les appellations ou titre qui le composent. Aujourd’hui grâce aux travaux d’André Corvisier116, Georges Dillemann117, de Philippe Vial118 sur les grades en général, et pour la Marine ceux de Claude Huan119, de Mathieu Le Hunsec sur celui de l’amiral120, l’histoire des grades et en particulier ceux de la Marine sont bien balisés.

L’organisation du corps des officiers généraux, telle qu’elle existe en 1940121

, se met en place à la Révolution et plus particulièrement sous la Monarchie constitutionnelle. En 1791, les décrets de l’Assemblée nationale du 22 avril et du 1er

mai 1791 suppriment le corps de la Marine tel qu’il existe auparavant, les grades et dignité disparaissant pour faire place à trois grades d’officiers généraux : les contre-amiraux, les vice-amiraux et les amiraux, la charge d’Amiral de France étant supprimée. Si les grades de C.A et les V.A connaissent une certaine stabilité, celui d’Amiral lui disparaît, réapparaît au gré des diverses évolutions politiques, mettant ainsi bien en lumière la dimension politico-militaire du grade122. Le décret du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795) fait du grade d’amiral un titre temporaire accordé pour la

115

Arrêté ministériel réglant l’uniforme et les tenues des officiers et fonctionnaires des différents corps de l’armée de mer du 22 janvier 1931, BOM 1931, 1er semestre , article 5, p. 404-405.

116 André Corvisier « Hiérarchie », André Corvisier (dir.) Dictionnaire d’art et d’histoire militaires, Paris, PUF, 1988, p. 433-440.

André Corvisier, « Grades et charges militaires », François Bluche, (dir.) Dictionnaire du Grand siècle, Paris, Fayard, 1990, p. 673-674.

117 Georges Dillemann, « Insignes des grades et des fonctions des officiers généraux », Les Carnets de la

Sabretache, n°32, 2ème trimestre 1976. http://www.defense.gouv.fr/bog/officiers-generaux/historique/les-etoiles, consulté le 23 décembre 2013.

Georges Dillemann « Les étoiles, insignes des grades et des fonctions des officiers généraux », Carnets de la

Sabretache, n°57, 2ème trimestre 1981, p.51-53.

118 Philippe Vial, La mesure d’une influence : les chefs militaires et la politique extérieure de la France à

l’époque républicaine, op. cit., chapitre VIII, p. 540-691.

119 Claude Huan, « L’amiral de la Flotte : un grade ou une dignité », Les carnets de la Sabretache, 2ème trimestre, nouvelle série, n°102-E, 1990, p.43-45.

120 Mathieu Le Hunsec, « L’amiral, cet inconnu.», Revue historique des armées, 266|2012[en ligne], mis en ligne le 17 février 2012. URL : http://rha.revues.org/ndex7393.html. Consulté le 25 avril 2012.

121 Et perdure encore à nos jours.

50 durée d’une campagne aux officiers généraux chargés d’armées navales dont la composition minimale est fixée123. Si la dignité d’Amiral de France est restaurée par l’ordonnance royale du 18 mai 1814124 et attribuée au duc d’Angoulême sans qu’il n’exerçât le moindre commandement125, le grade d’amiral n’apparaît pas dans l’ordonnance du 1er

juillet 1814 qui conforme les appellations de CA et de V.A. A la fin de la Restauration, par l’ordonnance royale du 14 décembre 1828, le grade d’amiral est réaffirmé par le biais de la réactivation de la commission temporaire attribuée au V.A dans les mêmes conditions que celles définies par le décret d’octobre 1795. Il se voit attribuer pendant la durée de sa commission les mêmes honneurs et prérogatives que le maréchal de France. L’ordonnance royale du 13 août 1830 de Louis Philippe réactive le grade d’amiral le faisant correspondre à celui de maréchal de France. Il impose la rareté de la charge en créant trois places126. Quelques jours plus tard, le 21 août la charge d’amiral de France disparaît définitivement. A noter cependant que la Marine ne semble pas avoir fait le deuil de cette appellation car on la retrouve mentionnée dans plusieurs textes concernant soit les appellations, soit les uniformes : en 1928, il est précisé que l’appellation pour Amiral de France est Mr l’Amiral127

; en 1931 il est rappelé,

pour mémoire il est vrai, que la couleur de la soie des ceintures et des ceinturons porte-épée

est blanche pour l’amiral de France128

, que la plume du chapeau est frisée blanche pour, entre autres, l’Amiral de France129

. La Marine dans l’esprit n’a donc pas tout à fait renoncé à cette

123 Ibidem, p. 6.

124 Napoléon avait instauré le titre de grand amiral de l’Empire en 1805 pour Murat. Ibidem.

Pour une liste des amiraux de France du XIIIème siècle à 1942 et surtout pour avoir la liste des différentes dénominations, voir Claude Huan, « Amiral de la Flotte un grade ou une dignité », op. cit., p. 44-45.

125 Philippe Vial, La mesure d’une influence : les chefs militaires et la politique extérieure de la France à

l’époque républicaine, op. cit., p. 678.

126

Mathieu Le Hunsec, op. cit. p. 7.

127 Décret du 18 février 1928 sur le service dans les forces navales et à bord des bâtiments de la marine militaire,

JO du 2 juin 1928, p. 6071, article 13.

128 Arrêté ministériel du 22 janvier 1931réglant l’uniforme et les tenues des officiers et fonctionnaires des différents corps de l’armée de mer, BOM 1er semestre, articles 53 p. 428 ; 55 p. 429 ; 98 et p. 461-462.

129 Ibidem, article 38, p. 422-423. Réaffirmée dans la modification du 21 septembre 1939, BOM 1939, 2ème semestre, p. 841.

51 appellation. Faut-il y voir la manifestation d’un attachement symbolique à la Royale ? à la volonté d’avoir un titre équivalent à maréchal de France ? Quoi qu’il en soit, 1841 marque un tournant important puisque la loi du 17 juin impose la condition du commandement à la mer pour accéder au grade d’amiral, marquant ainsi la dimension professionnelle du grade. En 1841, les trois places d’amiraux sont ramenées à deux130

. La loi du 18 juin 1896 portant organisation du corps des officiers généraux ne mentionne plus le grade d’amiral : la dernière nomination remonte donc à 1869 avec celle de l’Al Tréhouart. Le grade s’éteint de fait avec son décès en 1873. De 1830 à 1869, douze marins se voient accorder ce grade : le baron Duperré en 1830 ; le comte Truguet en 1831 ; le baron Roussin en 1840 ; le baron Mackau en 1847 ; Charles Baudin en 1854 ; Alphonse Hamelin et Alexandre Parseval-Deschênes en 1854 ; Armand Bruat en 1855 ; Joseph Romain-Desfossés en 1860 ; Charles Rigault de Genouilly et Léonard Charner en 1864 ; François Tréhouart en 1869131. Le décret du 20 mai 1885, réactualisé par la loi du 10 juin 1896, réactive néanmoins la notion de commission temporaire d’amiral et en 1900 le commandant en chef le V.A Gervais la reçoit à l’occasion des grandes manœuvres navales réunissant les escadres de la Méditerranée et de la Manche132. Plus aucun marin ne se voit donc distingué par ce grade, mais il n’est pas supprimé de la hiérarchie des officiers généraux puisque la loi du 4 mars 1929 qui précise les correspondances de grade entre l’armée de terre et la Marine rappelle pour mémoire que celui d’amiral est équivalent à celui de maréchal133

. Mais elle ne mentionne aucun grade supérieur à V.A dans son tableau correspondance de grades entre les officiers généraux de marine et ceux

130

Mathieu Le Hunsec, op. cit., p.7.

131 D’après Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d’histoire maritime de Paris, Laffont, Collection Bouquins, 2002, 1 502 p., tome 2, p. 58-59.

132 Philippe Vial, La mesure d’une influence : les chefs militaires et la politique extérieure de la France à

l’époque républicaine, op. cit., p. 686.

133 Loi du 4 mars 1929, portant organisation des différents corps d’Officiers de l’armée de mer et du corps des équipages de la Flotte, BOM 1929, 1er semestre, article 1, p. 180-181.

52 des autres corps de la Marine134. L’adoption par la Marine de la quatrième et cinquième étoile comme insignes de fonction par la circulaire du 16 décembre 1931, quatre étoiles pour les commandants en chef, préfets maritimes et commandants en chef d’une force navale et cinq étoiles pour les inspecteurs généraux des forces maritimes et le chef d’état-major général, ne débouche pourtant pas sur la création de nouveaux grades. Il faut attendre le décret du 6 juin 1939 pour que les choses soient modifiées. La genèse de ce texte est bien connue135 : la volonté de parité avec les marines étrangères dans le cadre protocolaire des échanges internationaux mais aussi le souhait de pouvoir revendiquer un commandement interallié marquent ce texte. Philippe Vial a rappelé combien il était aussi important d’inscrire cette volonté dans le cadre d’une concordance avec la hiérarchie de l’armée de terre et plus particulièrement avec le maréchalat136. Il est donc proposé par le ministre Campinchi, inspiré par l’Al Darlan, que le chef d’état-major de la Marine reçoive le titre d’amiral de la Flotte en temps de guerre avec une marque de grade de six étoiles. Les chefs d’état major des Armées de Terre et de l’Air recevraient le titre de général d’armée. Pour la Marine, le grade d’amiral prendrait place entre le vice-amiral et l’amiral de la Flotte. Le décret ne donne pas satisfaction à l’Al Darlan puisque ce texte qui vise à réformer « les appellations dans les hauts grades de

la hiérarchie militaire »137, crée le rang et l’appellation de vice-amiral d’escadre et d’amiral. Les V.A commandant une ou plusieurs escadres et les préfets maritimes reçoivent l’appellation de V.A.E (article 2). Certains officiers généraux membres du Conseil supérieur de la Marine ont rang et appellation d’amiral (article 3). Le chef d’état-major de la Marine a

134 Ibidem, art 4, p. 182.

135

Claude Huan, « Amiral de la Flotte, un grade ou une dignité ? », op. cit. , p. 43. Hervé Coutau-Bégarie, Claude Huan, Darlan, op. cit., p. 127-128.

Analyse reprise par Mathieu Le Hunsec, op. cit., p. 11-12.

136 Jusqu’en 1923, huit généraux sont promus au maréchalat, mais aucun marin à l’amiralat. Philippe Vial, La

mesure d’une influence : les chefs militaires et la politique extérieure de la France à l’époque républicaine, op. cit., p.579.

137 Décret du 6 juin 1939, JO du 7 juin 1939, p. 7142. Reproduit in extenso dans Philippe Vial, La mesure d’une

influence : les chefs militaires et la politique extérieure de la France à l’époque républicaine, op. cit., p.

53 rang de commandant en chef des forces navales (article 4). Ces rangs et appellations sont temporaires : les officiers, lorsqu’ils cessent leur fonctions, « reprennent normalement leur

place sur la liste d’ancienneté des officiers généraux de leur grade » (article 6). La hiérarchie

des officiers généraux de marine reste donc limitée à deux grades comme défini en 1795. Le décret du 24 juin 1939 compense ce premier décret en accordant le rang d’amiral avec rang de commandant en chef des forces maritimes au V.A Darlan, chef d’état-major général de la Marine avec effet au 1er janvier 1937 (article 1) et lui accorde le titre d’amiral de la Flotte (article 2). En avril 1942, l’Al Darlan qui vient d’être nommé commandant en chef des forces militaires, rédige le décret le maintenant dans la première section et précise sans limite d’âge avec rang, titre et prérogative d’amiral de la Flotte, faisant ainsi du rang et de l’appellation d’amiral de la Flotte un grade définitif138. Sur le plan réglementaire les choses paraîssent donc claires, deux grades : CA et V.A ; des appellations d’amiral et de vice-amiral d’escadre liées à des fonctions mais temporaires ; le rang d’amiral conféré au commandant en chef des Forces maritimes, chef d’état-major général avec titre de l’amiral de la Flotte. L’arrêté du 21 septembre 1939 faisant suite aux décrets de juin de la même année attribue cinq étoiles aux amiraux, quatre aux V.A.E , trois aux V.A et deux aux C.A.

Si le grade établit donc la hiérarchie, l’ancienneté dans le grade est un élément également fondamental : elle concerne tous les grades mais prend une acuité particulière chez les officiers généraux attachés à la préséance que cela occasionne dans l’attribution des commandements. Elle est déterminée par la date de nomination dans le grade et pour les officiers promus à la même date par l’ancienneté dans le grade précédent139. L’annuaire est le

138 Décret du 12 avril 1942 portant maintien en situation d’activité sans limite d’âge dans la 1ère section du cadre des officiers généraux de marine de M. l’amiral de la flotte Darlan, JO du 16 avril 1942, p. 1438. Cité par Mathieu Le Hunsec, op. cit., p. 21.

Claude Huan, « Amiral de la Flotte un grade ou une dignité ? », op. cit., p.44.

139 Arrêté ministériel du 15 mars 1927 fixant la durée des commandements, article 15, BOM 1927, 1er semestre, p. 188.

54 reflet de cette ancienneté : les listes d’officiers ne sont pas établies par ordre alphabétique mais bien par ordre d’ancienneté. Les officiers généraux tiennent évidemment beaucoup à cette hiérarchie. Elle est souvent invoquée pour les affectations et les promotions.

Le corpus sans surprise se compose donc d’hommes qui sont C.A, V.A, V.A.E, amiraux et amiral de la Flotte, appartenant à la première et deuxième section.

111.2 Un univers de symboles.

La position de l’officier dans la hiérarchie se marque bien évidemment au travers de l’uniforme. L’étoile a été depuis 1776, date de sa première apparition, le signe distinctif des officiers généraux toutes armes confondues. Philippe Vial accorde une triple origine à ce symbole, chrétienne, maçonnique et républicaine140. Les étoiles sont les signes distinctifs qui ornent quasiment tous les éléments de l’uniforme. Le texte principal qui régit l’uniforme des

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