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Bilan lésionnel Traitements

IV. Enquête auprès des patients diabétiques et cas cliniques

2. Observations de cas cliniques en milieu hospitalier

3.2. Les actions préventives spécifiques

3.2.2. L’éducation du patient

3.2.2.1. Les missions du pharmacien d’officine

L’étude de l’observance mesure la pertinence des outils d’éducation157. Les données

récoltées indiquent que les patients de grade 3 ont une meilleure observance, une meilleure connaissance des conseils préventifs et un meilleur suivi que ceux de grade 1 et 2. Les patients à risque podologique élevé sont majoritairement pris en charge dans les réseaux de

soin multidisciplinaire, où la surveillance et l’éducation sont renforcées158. En effet,

l’efficacité de la prévention, dont bénéficient les patients de grade 3, résulte du fait qu’ils rencontrent, au cours de leur parcours de soin, une multitude de professionnels susceptibles de leur faire passer des messages préventifs. De plus, ils profitent d’ateliers éducatifs ciblés en milieu hospitalier, alors que les patients de grade 1 et 2 ne consultent le plus souvent qu’un médecin ou le duo médecin/podologue.

Dans le milieu libéral, les patients de grade 1 sont loin d’être pris en charge par la structure minimale de gestion, décrite par le Consensus International. Ceci est dû aux choix d’organisation de la prévention faits par les autorités en remboursant les séances chez le podologue qu’à partir du grade 2. L’éducation des patients avec un risque podologique de grade 1 constitue donc un champ, qui pourrait être saisi par le pharmacien d’officine.

Outre l’accompagnement dans la gestion du diabète, le pharmacien a pour rôle de relayer toutes les informations concernant le pied diabétique, de transmettre des conseils préventifs, des mesures d’hygiène, et de chaussage. De plus, il doit veiller à ce que l’éducation du patient soit mis en place, car donner des conseils est une chose, vérifier que le patient sache les appliquer en est une autre. Or l’officine est un lieu se prêtant ni à la démonstration des gestes à acquérir, ni à l’évaluation de la compréhension des conseils transmis au patient. Conscient de ses propres limites, le pharmacien se doit d’orienter les patients vers un professionnel (podologue, infirmier) ou une structure (atelier éducatif à

l’hôpital ou dans les associations de patients), qui pourra assurer les fonctions qu’il ne peut couvrir. L’orientation vers un spécialiste permet ainsi d’améliorer la prise en charge et d’en promouvoir la pluridisciplinarité.

Encourager l’observance, détecter les patients non compliants et rechercher quelles en sont les causes font également partie des missions du pharmacien. Les patients de grade 1 sont les moins observants (Graphique 10). Un des obstacles à l’application des conseils est le sentiment de ne pas être à risque. La prise de conscience du risque majoré de blessures en raison de leur neuropathie est primordial. Cela impacte l’observance de la prévention et diminue les délais de consultation en cas de blessure. On le sait, plus tôt une lésion est auto- dépistée, plus vite elle est prise en charge, et meilleures seront les chances de cicatrisation.

Pour permettre aux patients de prendre conscience de leur perte de sensibilité, les kinésithérapeutes du CHU de Bordeaux, les font marcher avec des cailloux dans leurs

chaussures sur de courtes distances159. Les pharmaciens d’officine pourraient proposer aux

patients de réaliser ce test chez eux.

3.2.2.2. Une prévention pluridisciplinaire

La prévention du pied diabétique se doit d’être pluridisciplinaire, car elle demande une approche multidimensionnelle. De plus, multiplier les interlocuteurs du patient offre un encadrement optimal et permet de déceler plus de points entravant la prévention (non- observance, déficit visuel, moteur, etc.). L’optimisation du système actuel passerait par une meilleure collaboration et communication entre les acteurs impliqués dans la prévention et l’éducation. Avoir un moyen de partage des éléments cliniques du patient serait intéressant,

car connaitre son grade podologique est essentiel pour délivrer des messages adéquats160,161.

Or le plus souvent, le pharmacien d’officine ignore l’état précis du patient. Actuellement, pour avoir des informations cliniques sur ce dernier, il faut le questionner. Est-ce qu’il a une

neuropathie périphérique? Une artériopathie? Des déformations au niveau du pied? Ressent- il ses pieds quand il marche? Ressent-il la température de l’eau quand il se douche? La peau de ses pieds est-elle sèche ou craquelée? A-t-il déjà eu une plaie au niveau du pied? A t-il déjà été amputé?

Pour cette thèse, j’ai conçu des carnets d’information et de suivi (Annexe 8), dont le contenu a été repris dans le tableau suivant (Tab.14). Ils ont été créés pour résoudre les dysfonctionnements mis en évidence jusque là. Ainsi, ils permettent de délivrer des

assurent la traçabilité et donc le contrôle du suivi des patients. Enfin, ils contiennent un

bilan-diagnostic partagé, dont l’accès permettrait d’adapter les messages éducatifs délivrés

et pourrait, par exemple, aider le pharmacien dans leurs conseils lors des demandes

spontanées du patient*. *

De plus, il a été imaginé que sur la base du bilan-diagnostic podologique partagé, il serait possible de mettre en place un projet éducatif et thérapeutique coordonnée et

multidisciplinaire, dans lequel chacun apporterait ses compétences (Fig.16). En effet, la

prévention du pied diabétique ne se limite pas à la seule prise en charge du pied, mais est plus globale, avec:

-

une éducation thérapeutique du patient, pour comprendre et gérer son traitement.

-

une éducation nutritionnelle, pour atteindre un équilibre glycémique, mais aussi pour

lutter contre les facteurs de risque cardiovasculaire.

-

une éducation pour acquérir les connaissances afin de prendre soin de ses pieds.

-

une consolidation régulière des acquis.

-

des soins podologiques (traitement des hyperkératoses, ongles incarnés, etc.)

-

la mise en place d’un chaussage adapté.

-

une surveillance de la compliance du patient et un suivi régulier.

D’autre part, toutes les difficultés rencontrées lors de l’éducation du patient pourraient être consignées dans le carnet de façon à les porter à la connaissance de chaque intervenants et à adapter le programme éducatif.

Un tel projet pourrait être coordonné par le médecin traitant. Les rôles ainsi que les responsabilités des intervenants devront être clairement définis. Si une prise en charge coordonnée des patients à risque venait à se généraliser dans le milieu libéral, les actions

préventives pourraient être plus efficaces que ce qu’elles sont actuellement.

Rappelons qu’aucun des 57 patients interrogés n’avaient reçu de conseils préventifs de la part du pharmacien. Il ne tient qu’à lui de s’inscrire dans la pluridisciplinarité de la prise en charge du pied diabétique. Dans ce sens, il devrait développer des liens plus étroits avec les autres acteurs impliqués (les médecins généralistes, diabétologues, podologues, infirmiers de son quartier, les maisons de santé); il devrait également approfondir ses connaissances par la formation continue, et intensifier son investissement, et ses actions auprès des patients diabétiques.

Tab.14: Contenu des carnets d’information et de suivi

Contenu Grade 0 Grade 1 Grade 2 et 3 Source/Inspiré de:

Informations générales Le diabète et ses conséquences - Neuropathie - Artériopathie Le diabète et ses conséquences - Neuropathie - Artériopathie Le diabète et ses conséquences - Neuropathie - Artériopathie • Informations disponibles sur le site de la Fédération des Diabétiques166

• Outil d’éducation de La Tour de Gassies • Brochure produite par:

Scottish Diabetes Group - Foot Action Group165

Comment prévenir les complications pouvant atteindre les pieds?

Comment prévenir les complications pouvant atteindre les pieds?

Comment prévenir les complications pouvant atteindre les pieds? Comment est déterminé le

niveau de risque de complications?

Comment est déterminé le niveau de risque de complications?

Comment est déterminé le niveau de risque de complications? Quel est votre niveau de

risque de complication?

Quel est votre niveau de risque de complication?

Quel est votre niveau de risque de complication?

Brochure suisse du Programme Cantonal Diabète168

Prévention

Recommandations pour les personnes à « risque faible » de complications

Recommandations pour les personnes à « risque augmenté » de complications

Recommandations pour les personnes à « risque élevé et extrême» de

complications • Outil d’éducation de la Tour de Gassies • Outil de prévention de

l’hôpital universitaire de Leuven167

Comment choisir ses

chaussures? Comment choisir ses chaussures?

Inspection des pieds Inspection des pieds

Hygiène des pieds Hygiène des pieds

Bilan-diagnostic

podologique initial Bilan-diagnostic podologique initial

Fiche de synthèse du bilan- diagnostic destinée aux podologues (Annexe 10) Suivi du projet thérapeutique et préventif Suivi du projet thérapeutique et préventif

Gestion du diabète: Séances d’éducation thérapeutique Gestion du diabète: Séances d’éducation thérapeutique Gestion du diabète: Séances d’éducation thérapeutique Gestion du diabète: Séances

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Suivi podologique annuel: avec recherche de neuropathie

Suivi podologique semestriel

Suivi podologique tous les 3 mois ou tous les 2 mois Consultation annuelle multidisciplinaire pour le grade 3 Évaluation annuelle de l’évolution de la neuropathie Évaluation de l’évolution de la neuropathie Évaluation annuelle de la

circulation sanguine dans les membres inférieurs

Évaluation annuelle ou semestrielle de la circulation sanguine dans les membres inférieurs

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