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L’écoquartier dans son environnement urbain :

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1. FAIRE DE L’ECOQUARTIER UN LEVIER

1.2. L’écoquartier dans son environnement urbain :

sa participation à la revalorisation et à la régénération des territoires et son articulation avec les autres projets urbains à proximité

En plus d’économiser l’espace, il importe de revaloriser et de revitaliser l’espace urbain existant,à travers des stratégies de régénération urbaine / renouvellement urbain des territoires1combinant des projets de rénovation de certains quartiers et des projets d’aménagement et de construction neuve de nouveaux quartiers. Ceci permet notamment de mieux exploiter les aménagements existants (voie-ries, équipement publics et commerciaux) et d’améliorer le cadre de vie des habitants déjà installés.

Les différentes stratégies fondant la conception urbaine des écoquartiers se traduisent par des rap-ports à leur environnement urbain très divers : de l’écoquartier autonome à l’articulation avec l’en-vironnement et à l’inscription dans une stratégie de renouvellement urbain du territoire.

Or, la pertinence des projets d’écoquartiers dépend tout d’abord de leur contribution à la régéné-ration urbaine des « territoires » dans lesquels ils s’insèrent2. Ces territoires sont souvent des lieux de réalisation de multiples projets. Le développement durable vise à optimiser l’efficacité des moyens consacrés au développement urbain. Or, pour tirer au mieux parti de ces investissements il est indispensable d’articuler ces différents projets afin de créer une réelle synergie entre eux et de renforcer la cohérence du territoire concerné.Le seul moyen d’assurer une telle articulation consiste à ce qu’ils s’intègrent dans une véritable stratégie de renouvellement urbain d’ensemble du territoire, inscrivant les opérateurs porteurs des différents projets et leurs concepteurs dans des orientations stratégiques, un schéma directeur et un dispositif de gouvernance communs globale-ment portés et pilotés par les collectivités compétentes.

Dans les faits, la mise en œuvre d’un processus de renouvellement urbain ne repose pas toujours sur une véritable stratégie intégrant ces différents projets, qui restent souvent dissociés, car ils sont réalisés dans des temporalités différentes, portés par des opérateurs autonomes travaillant avec des concepteurs différents, soucieux chacun de leur indépendance. Ils mettent en œuvre des pro-cédures et des modes d’intervention également différents, et donc des conceptions et des logiques d’action particulières, dont l’articulation est souvent problématique.

1. Par « territoire » nous entendons des secteurs des villes qui constituent des entités urbaines ayant une certaine cohérence et une identité particulière, bien qu’étant souvent composés de diverses formes de tissus urbains qui paraissent parfois quelque peu disparates (tissu de faubourg, quartier pavillonnaire, groupes d’habitat social, zone d’activité…etc. ), dont certaines parties sont de qualité alors que d’autres sont très dégradées, formant une sorte de patchwork traversé de mul-tiples coupures urbaines et comprenant des espaces en friches. Selon les contextes, il peut s’agir d’un ensemble d’une centaine de logements dans un bourg ou souvent d’un tissu de faubourg pouvant représenter plusieurs milliers de loge-ments dans une grande ville.

Faire de l’écoquartier un levier de régénération urbaine des territoires dans lesquels il s’insère

2. Signalons que cette intégration des écoquartiers dans des projets de renouvellement urbain ne se limite pas à leur réalisation dans le cadre de projets de rénovation urbaine de grands ensembles, bien que ce soit un mode d’intervention très intéressant, comme l’illustre le projet d’écoquartier sur une ancienne friche industrielle en limite du grand ensemble de Lormont dans la banlieue de Bordeaux.

L’absence d’inscription des projets dans des stratégies de régénération urbaine sur un large terri-toire ou leur faible intégration urbaine ne permet pas qu’ils bénéficient des ressources qu’offre cet environnement et peut générer des contradictions.

En l’absence de projets de rénovation urbaine des espaces urbains ou des quartiers environnants dégradés, les quartiers neufs peuvent être dévalorisés par cet environnement dégradé. Cette déva-lorisation peut accroitre les délais de commercialisation des logements et décourager les promo-teurs privés d’investir dans l’écoquartier, ou bien les conduire à exiger une réduction de la charge foncière, ce qui se fera nécessairement au détriment de la qualité des aménagements et des équi-pements, en accroissant donc le processus de dévalorisation.

Mais, inversement, la réalisation d’un nouveau quartier peut dévaloriser davantage des quartiers périphériques dégradés, ce qui peut générer un accroissement de leur marginalisation, voire un sen-timent d’insécurité des habitants de l’écoquartier et des réactions visant à se protéger de cet envi-ronnement et de ses habitants.

Dans ces deux cas de figure, la création de l’écoquartier n’est pas mise à profit pour générer une dynamique de valorisation du territoire.

La plupart des écoquartiers analysés risquent de se couper plus ou moins de leur environnement, malgré ce que peuvent dire les documents de communication qui les promeuvent…

Les écoquartiers autonomes

Relativement isolés voire enclavés, ce sont des quartiers qui se préoccupent peu de leur articulation avec leur environnement, et qui de ce fait apportent peu de chose aux habitants de cet environnement, voire génèrent des nui-sances comme par exemple le fait d’interdire les circulations et les stationnements auto-mobiles à l’intérieur du quartier, en implan-tant des parkings silos ou des nappes de parking à leur périphérie et donc en les infli-geant aux riverains. C’est également le cas des écoquartiers qui construisent des immeubles de grande hauteur à proximité du tissu pavillonnaire qui les borde, sans aucun souci de créer des échelles de construction intermédiaires pour atténuer la rupture mor-phologique avec leur environnement.

En l’occurrence, ce ne sont pas véritablement des projets urbains mais plutôt des projets immobiliers (même s’ils disposent d’équipe-ments voire de locaux d’activité). L’isolement de ces quartiers fait que leurs habitants béné-ficient peu des ressources qu’offre leur envi-ronnement urbain. Envienvi-ronnement dont ils sont relativement coupés et qu’ils fréquentent peu et parfois dont ils essaient surtout de se protéger lorsqu’il est quelque peu dévalori-sant et leur parait insécure. Cette forme de quartier favorise l’entre-soi et parfois l’hostilité des riverains, voire le repli dans le logement.

Les écoquartiers soucieux de leur articulation avec leur environnement urbain

Ces écoquartiers s’efforcent de s’articuler avec leur environnement, en veillant notam-ment à l’articulation des trames viaires, en favorisant l’accessibilité des équipements et des réseaux de transport en commun pré-existants. Ils soignent les interfaces avec l’en-vironnement et veillent à créer des échelles intermédiaires entre le tissu environnant et les constructions plus élevées du quartier, en implantant précisément des équipements dans des secteurs en interface avec les rive-rains, tels que les écoles, les équipements sportifs, un parc, les commerces, parfois de manière à former de petits pôles de centra-lité, donc dans des lieux qui peuvent inciter les riverains à les fréquenter.

Tous les écoquartiers que nous avons éva-lués s’inscrivent dans cette logique, mais cette articulation est plus ou moins bien poussée et réussie. Mais il faut également tenir compte du fait que cette articulation est plus ou moins aisée, qu’elle peut se heur-ter à des contraintes structurelles dues aux infrastructures routières ou ferroviaires (autoroutes, voies express, voies ferrées).

L’environnement est lui-même plus ou moins favorable et offre parfois des ressources très limitées.

Faire de l’écoquartier un levier de régénération urbaine des territoires dans lesquels il s’insère

Typologie des écoquartiers selon leur articulation

à l’environnement

Les écoquartiers fondés sur l’intégration urbaine dans l’environnement

Nous distinguons clairement l’articulation avec l’environnement et l’intégration urbaine dans l’environnement, alors que ces deux notions sont souvent confondues. L’articula-tion urbaine consiste comme on vient de le voir à établir des liens avec cet environne-ment, à soigner les interfaces et favoriser les échanges avec l’environnement des quartiers.

La recherche de l’intégration dans l’environ-nement suppose que le quartier est vérita-blement conçu en fonction de l’environnement dans lequel il vise précisément à s’intégrer, en créant une grande fluidité et en étant d’abord soucieux des ressources qu’il peut apporter aux riverains, mais au-delà à l’ensemble des habitants des quartiers voisins.

La visée d’intégration urbaine suppose égale-ment de promouvoir des formes urbaines et architecturales et de générer une identité urbaine qui ne cherchent pas à opérer une rupture formelle avec l’environnement, comme c’est le cas de certains écoquartiers, mais qui s’inscrivent en harmonie avec celles qui prévalent à proximité.

Les écoquartiers inscrits dans des stratégies de renouvellement urbain des territoires dans lesquels ils s’insèrent

Dans cette perspective, les écoquartiers sont considérés comme des outils au service d’une stratégie de renouvellement urbain d’un large territoire. Cela suppose qu’une telle stratégie soit mise en œuvre – globale-ment et par anticipation – par les collectivi-tés territoriales.

Tous les écoquartiers se présentent comme étant conçus dans une visée d’intégration urbaine dans l’environnement. Dans notre échantillon, la Caserne de Bonne à Grenoble correspond réellement à ce modèle : elle bénéficie en effet d’un contexte particulièrement riche et favorable, puisque elle est située en centre-ville, dans un tissu très structuré et une ville dynamique entourée d’un paysage de montagne particulièrement agréable. C’est partiellement le cas du projet de Monconseil à Tours, notamment du fait qu’il s’organise le long d’un axe urbain potentiel (rue Daniel Mayer) et à proxi-mité d’un autre axe urbain (avenue Maginot) qui constitue une entrée majeure de la ville. Mais l’ar-ticulation de l’écoquartier avec l’avenue Maginot est limitée et le projet n’exploite peut-être pas complètement les potentialités qu’elle offre. Le projet aurait gagner à s’appuyer davantage sur cet axe urbain déjà en partie constitué.

Faire de l’écoquartier un levier de régénération urbaine des territoires dans lesquels il s’insère

PRECONISATIONS

Lever certaines contraintes dues au mode d’aménagement des espaces situés à la périphérie du projet d’écoquartier

Les projets peuvent buter sur certaines contraintes dues au mode d’aménagement antérieur des espaces situés à leur périphérie qu’il serait aisé de lever, comme par exemple :

> La rectification de certaines voies à la périphérie du quartier pour favoriser l’articulation avec la trame viaire du nouveau quartier, en évitant des jonctions par des baïonnettes compliquées ;

> La démolition de hangars, voire de quelques pavillons pour créer des voies reliant le quartier à un axe urbain proche, en réduisant ainsi son enclavement ;

> Le réaménagement d’un carrefour très routier à proximité du quartier pour aménager une placette et en faire un petit pôle de centralité accueillant des commerces qui seraient fréquentés par les riverains et les habitants du quartier, au lieu d’en créer à l’intérieur qui risquent de ne pas être utilisés par les riverains et de dépérir ;

> La transformation d’une voie très routière en boulevard urbain ;

> Dans certains cas la création d’équipements dans des lieux propices proches du quartier, au lieu de les implanter à l’intérieur même dans des espaces moins pertinents.

Caserne de Bonne - Grenoble Rue Berthe de Boissieux : une partie de l’interface entre le nouveau quartier et le tissu urbain existant

Caserne de Bonne - Grenoble Prolongement d’un parc existant

La Courrouze - Rennes / Saint Jacques de la Lande Formes urbaines existantes / nouvelles formes urbaines Monconseil - Tours

Avenue Daniel Mayer : axe urbain de développement de l’écoquartier

1.3. Temporalités et mutabilité en vue d’un développement

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