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4. Chapitre 4 : Aspects méthodologiques 84

4.3 Aspects théoriques de la méthodologie de recherche 88

4.3.2 L’échantillon : Aspects théoriques 90

Il s’avère important de rappeler quelques caractéristiques théoriques sur l’échantillonnage en recherche qualitative. Encore une fois, les caractéristiques de l’échantillon pour cette thèse sont présentées et élaborées dans les deux chapitres suivants.

Miles et Huberman mentionnent les caractéristiques de base de tout échantillon en recherche qualitative. L’échantillon qualitatif est de petite taille et situé dans un contexte particulier. Il ne vise pas à atteindre une représentativité statistique, mais bien théorique. Il est souple puisque le chercheur peut le modifier à sa guise lors du processus de recherche et en fonction des données recueillies. L’échantillonnage implique enfin une délimitation du champ d’étude et la création d’une structure permettant la découverte, la confirmation ou la qualification du processus à l’étude [9].

En recherche qualitative, plusieurs types d’échantillons sont possibles, notamment l’échantillonnage par cas unique ou multiple [10]. C’est ce dernier type qui fut retenu pour les fins de cette recherche. Il est notamment utilisé afin de rendre compte des systèmes de valeurs, des représentations sociales ou des expériences de vie propres à un groupe particulier. L’échantillon peut également être par contraste ou homogène. L’échantillonnage par contraste vise la comparaison externe par l’entremise d’un nombre diversifié de cas. Quant à l’échantillon homogène, préconisé dans cette recherche, il tente d’étudier un sujet donné au sein d’un groupe relativement

homogène, par exemple le groupe des néphrologues québécois, transplanteurs ou référents.

Deux principes guident la constitution de l’échantillon homogène : le principe de diversification interne qui consiste à diversifier les participants de l’échantillon homogène en fonction de variables comme l’âge, le sexe, la spécialité médicale, le lieu de pratique, la langue du milieu de travail, etc. Le second principe est celui de la saturation empirique des données qui désigne le phénomène par lequel le chercheur juge que les dernières données n’apportent plus d’informations nouvelles pour justifier une augmentation du matériel empirique. La saturation est tributaire du principe de diversification et ces principes sont liés l’un à l’autre. De plus, le principe de saturation possède deux fonctions : l’une opérationnelle qui indique au chercheur à quel moment il doit arrêter sa cueillette de données et la seconde est d’ordre méthodologique puisque ce principe permet de généraliser les résultats de recherche à l’ensemble de la population auquel le groupe appartient [10].

4.3.3 : La collecte de données : Aspects théoriques

La collecte de données s’effectue en fonction des besoins de la recherche et de sa construction théorique. À mesure que le chercheur se pose des questions ou élabore des hypothèses, il doit aller chercher des éléments empiriques, donc des données afin d’analyser et de comprendre le phénomène social à l’étude [10]. Pour les besoins de cette recherche, l’entretien semi-dirigé et l’utilisation de vignettes sont priorisés comme méthodes de collecte de données.

4.3.3.1 L’entretien semi-dirigé : Aspects théoriques

L’entretien est la forme de collecte de données la plus utilisée en recherche qualitative. Il s’agit d’une méthode visant à recueillir des données suscitées par le chercheur, au moyen des questions posées ou d’interactions [2]. Il existe trois formes d’entretiens : l’entretien non dirigé, l’entretien dirigé et l’entretien semi-dirigé, utilisé dans le cadre de cette recherche.

Pour Lorraine Savoie-Zajc, l’entretien semi-dirigé se définit de la façon suivante : « Une interaction verbale animée de façon souple par le chercheur (…) dans le but d’aborder, sur un mode qui ressemble à celui de la conversation, les thèmes généraux qu’il souhaite explorer avec le participant » [11].

Selon Jean Poupart, spécialiste des méthodes qualitatives, il existe trois arguments préconisant l’utilisation de l’entretien semi-dirigé. L’un de nature épistémologique, l’autre de nature éthique et politique et le troisième de nature méthodologique. Le premier argument mentionne la nécessité de l’entretien semi-dirigé puisqu’une exploration en profondeur de la perspective des acteurs sociaux est indispensable pour la compréhension d’un phénomène donné. Le second argument mentionne que les entretiens peuvent servir à dénoncer des préjugés, des pratiques discriminatoires et des iniquités. Les entretiens peuvent également donner la parole à des acteurs marginaux. Finalement, le dernier argument d’ordre méthodologique consiste au fait que ce type d’entretien s’avère un moyen très efficace pour recueillir des informations sur diverses réalités sociales, mais également pour avoir accès à l’expérience des acteurs [12].

Un bon entretien semi-dirigé nécessite la mise en place de certaines conditions et stratégies afin de faciliter la parole des acteurs. Il faut avant tout savoir obtenir la collaboration de l’interviewé. Le meilleur moyen consiste à faire valoir la nécessité et l’utilité de la recherche. Une seconde stratégie vise à trouver les moyens de mettre à l’aise l’interviewé par des éléments de mise en scène. Il s’agit de trouver par exemple le moment le plus propice à l’entretien, donner rendez-vous dans un lieu calme, réduire l’effet négatif des appareils d’enregistrement, utiliser des techniques verbales et non-verbales afin d’encourager la prise de parole chez le participant, etc. Il faut également gagner la confiance de l’interviewé afin qu’il accepte de parler en profondeur. Certaines techniques peuvent être employées pour y arriver, comme l’anonymat des propos, le calme et l’empathie de l’intervieweur, etc. Enfin, le chercheur doit essayer d’amener l’interviewé à prendre l’initiative du récit et à s’engager de manière personnelle tout au long de l’entretien [12].

L’utilisation d’un entretien semi-dirigé n’est pas dépourvue de biais. Poupart en identifie trois principaux : le biais lié au dispositif d’enquête, le biais associé à la relation intervieweur-interviewé et le biais rattaché au contexte de l’enquête. Le premier biais renvoie aux déformations que peut engendrer la manière de poser les questions, les techniques d’enregistrement des données, les interventions du chercheur ou le lieu et le temps de l’entrevue. Ces biais sont liés aux éléments de mise en scène de l’entretien. Le second biais concerne les relations de pouvoir et les différences sociales pouvant exister entre l’intervieweur et l’interviewé, dont la perception qu’a le chercheur de la position sociale de l’interviewé. Cette

interprétation peut influencer le cours de l’entretien et l’interprétation des données. Le discours de l’interviewé peut également être influencé par la perception qu’il a du chercheur ou du groupe social auquel celui-ci appartient. Quant au dernier type de biais, il est lié à la façon dont les interviewés perçoivent les enjeux de la recherche ainsi qu’à ses répercussions possibles sur leur vie et dans la société [12].

4.3.3.2 L’utilisation de vignettes : Aspects théoriques

Les vignettes sont utilisées depuis longtemps en sciences sociales ainsi que dans les sciences de la santé [13; 14]. Les vignettes représentent de courts scénarios fictifs dépeignant une situation en lien avec le sujet de recherche. Elles peuvent être textuelles ou visuelles. L’utilisation de vignettes dans une recherche qualitative vise à mesurer des perceptions, des attitudes et des valeurs morales, ce qui est particulièrement indiqué dans le cas de cette étude [13; 15; 16]. Les vignettes possèdent plusieurs avantages. Elles permettent de soutenir l’intérêt et d’évaluer les connaissances des participants sur un sujet complexe et facilitent l’appréciation du processus décisionnel dans une situation donnée. Elles sont aussi très utiles lorsqu’il est question d’aborder un sujet délicat ou non traité dans des recherches antérieures. Enfin, elles peuvent être employées pour évaluer les compétences professionnelles du participant [17]. Pour les besoins de cette recherche, les vignettes ont permis de rendre à l’aise les participants dès le début de l’entretien en les faisant réfléchir sur de courts cas cliniques, ce qu’ils sont habitués de faire dans leur pratique quotidienne.

Les vignettes présentent toutefois certaines limites à prendre en considération. Les réponses données aux vignettes ne peuvent être appliquées qu’à la situation décrite et sont donc difficilement généralisables. Les réponses des répondants aux vignettes peuvent ne pas nécessairement correspondre à ce qu’ils feraient dans la réalité. Leurs réponses peuvent être influencées par un biais de désirabilité sociale. De plus, l’utilisation de vignettes peut incommoder certains participants [13].

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