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L’écart salarial selon le statut

1. L’écart salarial

1.4 L’écart salarial selon le statut

Puisque les salaires sont réglementés de manière plus stricte dans le secteur public, l’écart salarial dans le secteur privé est généralement plus important.

Trois années sur quatre, le secteur public n’est pas repris dans l’Enquête sur la Structure et la Répartition des Salaires. Les années des enquêtes élargies, de très nombreux-ses travailleur-se-s du secteur public se retrouvent dans l’enquête via l’enseignement, les soins de santé et le secteur socio-culturel, qui sont entre autres gérés par les administrations locales. L’administration publique au sens strict n’est jamais reprise, même dans les enquêtes élargies.

Depuis 2018, l’Institut calcule chaque année les chiffres de l’écart salarial sur base des données de l’Office National de Sécurité Sociale (ONSS) (plus d’informations à ce sujet dans le paragraphe 1.8).

Les données de l’ONSS permettent facilement de décliner les résultats en fonction du statut de sécurité sociale du/de la travailleur-se et du secteur de l’entreprise. L’écart salarial peut ainsi être calculé séparément pour les différents statuts.

24,2% 20,6%

L’écart salarial entre les femmes et les hommes en Belgique. Rapport 2021

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Ce paragraphe aborde tout d’abord l’écart salarial corrigé pour la durée de travail. Il est comparable à l’écart salarial en salaires horaires bruts. Ensuite, nous nous pencherons sur l’écart salarial non corrigé pour la durée de travail, qui est comparable à l’écart salarial en salaires annuels bruts. Le paragraphe 1.8 explique la méthodologie de manière détaillée.

1.4.1 L’écart salarial selon le statut, corrigé pour la durée de travail

Graphique 8 : Écart salarial selon le statut, avec correction pour la durée de travail (2018)

Source : ONSS (calcul IEFH)

L’écart salarial en Belgique est de 9,2% pour tous les secteurs confondus. Dans le secteur privé, il est de 12,7%, et dans le secteur public, de 5,2%. La ventilation plus détaillée montre à quel point la question est parfois complexe. Dans le secteur privé comme dans le secteur public, l’écart salarial augmente considérablement si l’on tient compte de la distinction entre les ouvrier-ère-s et les employé-e-s. Cela est dû à la combinaison de deux facteurs : 1) en moyenne, les employé-e-s gagnent plus que les ouvrier-ère-s et 2) parmi les hommes, il y a environ autant d’ouvriers que d’employés, mais parmi les femmes, les employées sont majoritaires. Si l’on considère l’ensemble des salaires pour calculer l’écart salarial, cela revient en réalité en grande partie à comparer les salaires d’employées des femmes aux salaires d’ouvriers des hommes. Ces derniers sont, d’une part, inférieurs aux salaires d’employés des hommes et, d’autre part, beaucoup plus élevés que les salaires d’ouvrières des femmes. La ventilation met en lumière cette ségrégation salariale assez importante.

Dans le secteur privé, on observe un écart salarial d’un peu plus de 20% tant parmi les ouvrier-ère-s que parmi les employé-e-s, avec la correction pour la durée de travail. Il existe également un écart entre les ouvrier-ère-s et les employé-e-s : les ouvriers (masculins) gagnent en moyenne 15% de moins que les employées. Les ouvrières gagnent encore moins. Même converti en équivalents temps plein

9,7%

L’écart salarial entre les femmes et les hommes en Belgique. Rapport 2021

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(c’est-à-dire corrigé pour la durée de travail), le salaire annuel brut moyen des ouvrières n’est que de 26.000 euros. Toutefois, pour beaucoup, ce montant reste théorique, puisque seulement 25% des ouvrières travaillant dans le secteur privé travaillent à temps plein. 70% d’entre elles travaillent à temps partiel et 5% sont des travailleuses intérimaires.

Dans le secteur public, outre les ouvrier-ère-s et les employé-e-s, qui forment ensemble les fonctionnaires contractuel-le-s, il existe également la catégorie des fonctionnaires statutaires. L’écart salarial y est beaucoup plus faible : seulement 3,4%. Les hommes deviennent plus facilement statutaires : 55% des fonctionnaires masculins sont statutaires, contre 47% des fonctionnaires féminines.

L’écart salarial parmi les statutaires est peut-être influencé par un effet de sélection, si les femmes sont moins facilement nommées, ce sont peut-être plutôt celles qui sont moins bien rémunérées qui n’accèdent pas à la nomination définitive. La proportion d’ouvrier-ère-s et d’employé-e-s est moins inégale parmi les fonctionnaires contractuel-le-s que dans le secteur privé : 11% des fonctionnaires féminines ont le statut d’ouvrière, contre 15% des ouvriers masculins. Tandis que l’écart salarial parmi les fonctionnaires contractuel-le-s réuni-e-s s’élève à 4,1%, il monte jusqu’à près de 10% lorsque l’on ventile entre ouvrier-ère-s et employé-e-s. Dans le secteur public, 71% des ouvrières travaillent également à temps partiel. La fonction publique emploie très peu d’intérimaires : 29% des ouvrières y travaillent à temps plein.

1.4.2 L’écart salarial selon le statut, sans correction pour la durée de travail

Une grande partie de la différence de genre au niveau des salaires est due au fait que les femmes travaillent beaucoup plus souvent à temps partiel que les hommes. Leurs salaires annuels bruts moyens sont de ce fait beaucoup moins élevés sans correction pour la durée de travail. L’importance de ce second indicateur réside précisément dans le fait qu’il rende visible cette différence de genre. Il correspond également davantage à la réalité, car il s’agit en fin de compte de ce que les femmes et les hommes gagnent dans la pratique, et pas d’un salaire théorique, calculé sur base d’équivalents temps plein.

Sans correction pour la durée de travail, l’effet du temps partiel intervient donc totalement. Les salaires annuels bruts moyens sont alors moins élevés, et l’écart salarial est beaucoup plus important.

Sans correction pour la durée de travail, l’écart salarial en Belgique s’élève à 23,1%. 27,9% dans le secteur privé et 16,3% dans le secteur public. C’est considérable. Ici aussi, l’écart salarial est encore plus important si l’on fait la distinction entre ouvrier-ère-s et employé-e-s. Le taux d’emploi à temps partiel des ouvrières est très élevé, de sorte que l’écart monte à 43,0% dans le secteur privé, et à 36,4% dans le secteur public. Ce n’est pas que les ouvriers (masculins) perçoivent des salaires confortables, mais les salaires des ouvrières sont très bas. Sans correction pour la durée de travail, le salaire annuel brut moyen d’une ouvrière dans le secteur privé n’est que de 15.561,91 euros. Le secteur public fait à peine mieux, avec 15.738,90 euros.

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Graphique 9 : Écart salarial selon le statut, sans correction pour la durée de travail (2018)

Source : ONSS (calcul IEFH)

Sans correction pour la durée de travail, l’écart salarial en salaires annuels bruts parmi les fonctionnaires statutaires s’élève à 10,3%, et à 17,5% parmi les fonctionnaires contractuel-le-s. Parmi les employé-e-s du secteur privé, l’écart salarial monte à 33,3%, dans le secteur public à 18,1%.