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CHAPITRE 3 : B IOLOGICAL CONTROL OF TETRANYCHUS URTICAE (ACARI:

4. CONCLUSION GÉNÉRALE

4.1 Lâchers de prédateurs au champ

La première partie de mon projet de maîtrise portait sur la mise en place d’un moyen de lutte biologique contre le tétranyque à deux points en pépinières extérieures. Ces essais furent effectués à la pépinière Québec Multiplants de Saint-Apollinaire Qc, Canada. Nous avons choisi de ne pas présenter les résultats sous forme de chapitre car, pour les deux années à l’étude (2008 et 2009), le climat fut malheureusement peu favorable au développement des tétranyques. En conséquence, les lâchers furent effectués trop tardivement dans la saison et l’efficacité des prédateurs n’a pu être testée de façon concluante.

En 2008, les lâchers n’ont pu être effectués que sur un seul bloc, et sans répétition des traitements aucune analyse statistique n’a pu être validée. De plus, nous avons testé une méthode d’échantillonnage basée sur un système de classe comptabilisant le nombre de colonies de tétranyques. Mais l’évaluation de ce paramètre s’est avérée difficile en raison du regroupement de colonies. En 2009, nous avons opté pour une méthode de dépistage basée sur la présence de tétranyques, cependant le pourcentage de folioles occupées par au moins un tétranyque n’a pas dépassé le seuil de 10%. Malgré plusieurs inoculations de tétranyques en juillet, les populations de tétranyques sont demeurées plutôt faibles jusqu’à la fin août, et ce n’est que tard en saison que les populations de phytoséiides ont pu s’établir. Cependant, plusieurs informations importantes ont pu être tirées de ces essais et en voici un bref aperçu.

En 2008, les résultats du dépistage ont démontré que la sensibilité des plants de rosiers aux tétranyques variait de façon significative selon les cultivars de rosier. En effet, les densités de tétranyques sont demeurées très faibles pour les cultivars qui possédaient une importante couche de cuticule sur leur feuillage. Ainsi, seuls les plants de rosiers rustiques (R. rugosa Thunb.) dont les feuilles ne sont pas recouvertes d’une épaisse cuticule furent utilisés en 2009 (rugosa 'blanc' et rugosa 'rose'). Cette information est importante, autant pour le dépistage des acariens que pour la mise place d’un système de lutte intégrée, car les taux d’introduction de prédateurs sont directement liés à la densité de population d’acariens dépistés.

À notre avis, les facteurs pouvant limiter l’adoption des prédateurs phytoséiides comme moyen de lutte par les producteurs seraient :

- le coût des prédateurs est encore nettement supérieur à celui de traitements acaricides. Le recours à la méthode conventionnelle représente un coût moyen à l’hectare d’environ 425$ par hectare par traitement alors qu’un lâcher peut varier de 1000$ pour un lâcher préventif de N. californicus au taux de 25/m2 ou un lâcher préventif de N. fallacis au taux de 5/m2 à 3000$ par hectare pour deux lâchers de N. californicus au taux de 25/m2 et 1 lâcher de P. persimilis au taux de 12/m2. Le coût de l’utilisation d’une combinaison d’un lâcher préventif et d’un lâcher curatif équivaut à l’application d’environ 9 traitements acaricides.

- le délai de livraison des prédateurs suite à une commande peut varier de plusieurs jours à une semaine, ce qui limite passablement la marge de manœuvre quant au meilleur moment du lâcher;

- en lien avec ce point, les conditions climatiques n’étant en aucune manière contrôlées en conditions extérieures peuvent être changeantes et peu propices aux lâchers de prédateurs; - les dépenses supplémentaires engendrées par l’achat de nouvelles matières compatibles avec la présence des prédateurs, mais souvent plus coûteuses, et d’un souffleur d’ennemis naturels (airbug) pour en assurer l’application;

- une connaissance, néanmoins sommaire, de la biologie des prédateurs pour optimiser leur efficacité (moment du lâcher) nécessitant le recours à une aide technique extérieure;

- et la perte partielle d’auxiliaires via la vente des plants au cours de la saison et la mortalité des espèces lâchées, dont N. californicus, qui ne passent pas l’hiver sous nos conditions.

Néanmoins, les productions en pépinières extérieures offrent plusieurs avantages quant à l’établissement des prédateurs phytoséiides:

- un choix de matières actives à risques réduits plus large que pour les cultures destinées à la consommation humaine (exemple de la culture de la framboise et de la fraise) (É. Lemaire, comm. pers.);

- un terrain aéré (soumis au vent) et une densité de feuillage assez importante sont favorables à la dispersion des auxiliaires dans le champ;

- la dispersion des prédateurs jusqu’au cœur des plants permettrait une action de répression des tétranyques meilleure qu’un traitement acaricide;

- et l’application de prédateurs grâce à un souffleur s’avère deux fois plus rapide qu’un traitement acaricide classique (T. Chouffot, Koppert, comm. pers.). Ce gain de temps permettra aux travailleurs d’occuper d’autres tâches.

Les études préconisant l’utilisation de prédateurs phytoséiides contre les tétranyques sont encore peu nombreuses en production ornementale. Notre étude n’a pas permis d’établir un protocole complet de lâchers de prédateurs, mais elle fait ressortir certains points importants à considérer lors de futurs essais. Nous pouvons citer comme exemple l’utilisation combinée de prédateurs et d’acaricides compatibles. De plus, les données récoltées lors du dépistage 2009 ont apporté des informations intéressantes qui seront nécessaires pour le développement futur d’une nouvelle méthode de dépistage.

Finalement, il est à noter que des lâchers réalisés en 2008 par l’IQDHO à la pépinière Plant Select de Saint-Paul d’Abbotsford, Qc, sur des hémérocalles ont donné des résultats forts encourageants. Ainsi, ils ont démontré que trois lâchers combinés de N. californicus et P. persimilis se sont avérés aussi efficaces que l’application de huit acaricides durant la saison (Girault 2009).

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