• Aucun résultat trouvé

Justification du choix méthodologique

Vient le moment de l’observation où l’ensemble de notre modèle d’analyse constitué de nos hypothèses, des concepts et dimensions évoqués est mis à l’épreuve lors d’une confrontation avec des données observables. Ce « travail de terrain » implique une enquête consistant en la récolte et l’analyse de matériaux empiriques, ici nous passerons par l’enquête par questionnaire puis par le biais d’entretiens semi-directifs.

Cette observation nous permet tout d’abord de tester nos hypothèses, occupant une place essentielle dans le dispositif de recherche en participant à sa cohérence générale. Elle confère ensuite à la recherche un principe de réalité, les concepts théoriques peuvent alors se confronter à l’expérience et au ressenti des personnes concernées. Ces études quantitatives hypothético- déductives sont symbolisées par « la théorie enracinée », développée par Glaser et Strauss (1967).42 L’observation nous permet enfin de nous étendre vers de nouvelles explorations, de nouvelles pistes de recherche réclamant parfois une remise en cause.

Afin de faire avancer les conclusions, le chercheur doit faire preuve d’une grande rigueur dans le recueil des données pour asseoir la validité scientifique de l’étude. Aussi, nous présenterons la légitimité des deux méthodes sélectionnées dans cette étude en nous basant sur les conceptions de Luc Van Campenhudt, Jacques Marquet et Raymond Quivy (2017).43

3.1.1 Le questionnaire

En réalisant notre enquête, nous interrogeons un certain nombre d’individus en vue d’une généralisation (Ghiglione & Matalon, 1998). Nous choisissons dans une approche quantitative une première enquête par questionnaire impliquant une étude statistique basée sur les réponses des sujets.

Il nous est apparu qu’interroger les enseignants sur leurs pratiques visant à développer les habiletés cognitives allait s’avérer complexe lors de la conception de notre échantillonnage pour les entretiens de recherche. Nous allons ainsi utiliser cette méthodologie afin de produire des données chiffrées destinées à vérifier ce phénomène. Le questionnaire « traduit la vision

42Cité par Garreau L. (2012). La méthode enracinée. Revue internationale de psychosociologie. N°18. p 89 à 115. 43Luc Van Campenhoudt, Jacques Marquet & Raymond Quivy. (2017). Manuel de recherche en sciences sociales.

39

simplifiée de la réalité sociale assumée par le chercheur et inscrite dans son modèle d’analyse. » Dans leur manuel, les auteurs nous assurent qu’il « ne peut remplir ce rôle sans un certain degré de standardisation ».

Nous avons ainsi formulé des questions fermées avec deux possibilités de réponses (oui/non) ou un échantillon plus large (très important, important, peu important…). Des questions semi-ouvertes où l’individu peut choisir une autre réponse que celles présentées. Et enfin des questions ouvertes afin de diversifier l’enquête et d’éviter que le questionnaire soit trop monotone entraînant le découragement de nos répondants. Les questions sont posées du thème le plus général en allant vers le particulier. Nous les avons structurées de façon à ce que les différentes thématiques soient distinguées par des blocs de questions liés. Nous avons, en fin de questionnaire invité les répondants à communiquer leur contact afin de faciliter la constitution de l’échantillonnage de notre deuxième méthodologie : l’entretien semi-directif. Cette question quelque peu intrusive est placée consciemment en fin de questionnaire.

Nous procédons à une « administration indirecte » de notre questionnaire ou questionnaire « auto-administré ». Le remplissage du questionnaire est réalisé directement par le répondant. Celui-ci a été diffusé auprès de réseaux d’enseignants et par internet. Nous visons ainsi un public large avec un coût très faible. C’est l’un des principaux avantages de cette méthodologie relevé par Luc Van Campenhudt, Jacques Marquet & Raymond Quivy. Nous avons ainsi la « possibilité de quantifier de multiples données et de procéder dès lors à de nombreuses analyses multivariées ».

Cette méthodologie a tout de même ses limites. Notamment lors d’une diffusion via internet, le dispositif est fragilisé. Les répondants ne sont pas assurément représentatifs de la population visée (ici, des enseignants du premier degré). Il est « difficile de réaliser un échantillon aléatoire et d’obtenir une qualité suffisante au niveau de réponses ». Ce procédé va mettre en péril la validité interne de l’enquête puisque les réponses seront peu nuancées et ainsi privilégier la validité externe les questions étant standardisées.

Comme complément d’approche méthodologique nous utiliserons certaines réponses de ce questionnaire, notamment ouvertes afin d’enrichir notre étude qualitative. Celle-ci se réalisera par le biais d’entretiens semi-directifs afin d’apporter plus de fiabilité à notre étude.

40

3.1.2 L’entretien semi-directif

Les méthodes d’entretien « se caractérisent par un contact direct entre le chercheur et ses interlocuteurs et par une faible directivité de sa part. ».44 Il s’agit d’un processus de communication au travers d’interactions entre enquêteur et enquêté. Nous allons au cours des entretiens recueillir les expériences, les opinions et les représentations des enseignants.

Parmi les différentes variantes telles que l’entretien non directif, le récit de vie, l’entretien centré ou l’entretien compréhensif nous privilégierons l’entretien semi-directif ou semi-dirigé. Celui-ci est défini par Luc Van Campenhudt, Jacques Marquet & Raymond Quivy comme n’étant « ni entièrement ouvert, ni canalisé par un grand nombre de questions précises. » Nous instaurerons ainsi un climat de confiance et de souplesse. Nous amènerons les enseignants à parler ouvertement et librement en recentrant au besoin les questions sur nos objectifs. Pour se faire nous avons réalisé un guide d’entretien composé de questions guides. Nous y avons répertorié les thèmes que nous voulons aborder. Nous avons préparé des questions générales et des sous-questions plus précises afin de relancer au besoin l’entretien.

L’entretien semi-dirigé est mis en avant par les auteurs de par sa souplesse permettant de « récolter les témoignages et les interprétations des interlocuteurs » tout en « respectant leur propre cadre de référence, leur langage et leur catégorie mentale ». De même, ils lui confèrent un certain « degré de profondeur » des éléments recueillis selon les auteurs. Outre des qualités intellectuelles évidentes, cette méthodologie requière des qualités humaines. Le chercheur se doit d’être à l’écoute de son interlocuteur, avoir de l’empathie tout en conservant sa neutralité. De plus, choisir l’entretien semi-directif induit également le choix de la méthode d’analyse des informations parallèlement.