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Et justement qu’est-ce que ça représente d’aller à la Bpi, c’est important ?

R : « Oui, parce que tout est adapté, et je préfère ici que de travailler chez moi… Il y a une ambiance qui… qui favorise un peu… qui motive. […] Et puis il y a tout. » (F., autour de 30- 35 ans, malvoyante, en reprise d’étude après une expérience d’enseignement).

On retrouve cette même réflexion chez une autre personne, qui évoque elle aussi une « bibliothèque adaptée », avant de préciser qu’il s’agit de la loge :

« Ben moi, au départ, je suis venue par curiosité, j’avoue… parce que je me dis, une bibliothèque adaptée… je ne sais pas, ça me fait bizarre en fait. Je pensais pas qu’il y en avait. Et donc j’ai appris qu’il y en avait, que la loge était adaptée. Au départ, c’était par curiosité en fait. »

Or, lorsqu’elle parle ensuite du projet d’association sur lequel elle travaille, c’est pour révéler qu’elle ignore tout du fonctionnement de la bibliothèque :

« Après ici, je ne sais pas si je pourrais trouver des documents pour m’aider à élaborer un projet comme ça. [...] Du coup, je ne sais pas comment… parce que c’est une question… parce que vous, dans la bibliothèque, ce sont des documents qui ne sont pas en braille en fait. C’est de la documentation normale, enfin normale… Et puis vous avez, comment… à la bibliothèque, elle est rangée comment ? C’est vrai, je ne sais pas comment elle est rangée. C’est vrai que… et je sais, est-ce que… elle est grande, non, j’imagine ? […] Je ne sais pas du tout comment ça se passe. Je suis venue que dans la loge en fait. » (F., âgée de 25 ans environ, très malvoyante, salariée dans une entreprise, inscrite depuis peu).

Cette question est fondamentale et révèle beaucoup d’une (mé?)connaissance particulière de la bibliothèque par ce public. Seules les loges leur sont réellement proposées, comme si le reste de la bibliothèque ne pouvait leur être accessible et de fait leur devient étrangère. Ceci contredit leur désir, ou leur impression, d’être traité comme n’importe quel public. Cette ambivalence autour de ce « vivre ensemble » est nettement perceptible à propos du projet de rénovation. Ainsi la proposition d’une offre proche des collections est perçue très

différemment selon le profil de ces usagers. Seule une minorité (malvoyants, non-voyants jeunes et très soucieux de leur indépendance, souvent très au fait des nouvelles technologies) s’en réjouit :

« Ben, ce serait pas mal en fait, par exemple une loge en droit, une loge en Histoire, pourquoi pas, d’ailleurs c’est un peu, c’est un peu comme ça que ça se passe à la BnF… J’ai essayé aussi d’être formée là-bas… Alors là la personne est en congé maternité, en fait c’est toujours pareil, il y a toujours une personne ! Et ce que je trouvais bien par contre là-bas, moi, en même temps c’était indispensable, c’est qu’il y a des téléphones dans les loges qui servent justement à appeler, par exemple le… le bureau, là, où on peut commander des livres… Et ça je trouve ça pas mal, et c’est vrai que, je veux dire dans la mesure où on réfléchit à dispatcher les loges à la Bpi, ça peut être bien de faire des postes téléphoniques. Oui, voilà, parce que bon, on perd beaucoup de temps dans les déplacements finalement, c’est là où on perd le plus de temps, à chercher, à machin… c’est-à-dire que le travail est un effort et le déplacement pour les aveugles, c’est un effort, plus que quelqu’un qui voit, parce que il va se déplacer naturellement, alors qu’il y a déjà un effort quand on est aveugle… [Aussi, pour elle, il ne serait pas déplacé de proposer une offre de collection dédiée :] Mais surtout ça serait bien qu’il y ait des partitions en braille, surtout que c’est pas grand-chose, je pense, une fois qu’on les aura… » (F., entre 25-30 ans, non-voyante, étudiante en doctorat, qui fréquente la Bpi depuis plusieurs années avec l’aide des guides bénévoles).

Pour cet autre, le jugement est plus nuancé, bien qu’il appréhende de ne plus retrouver la même qualité dans l’offre :

« Oui, ça serait pas mal, mais bon, moi, après, personnellement, peu importe, quoi.

Sincèrement, peu importe. Voilà, moi après, si un jour… Le truc c’est que voilà, si un jour il n’y a que la loge d’Histoire qui est disponible, eh bien les gens, ils vont monter au deuxième. Ils ont besoin d’une loge, donc où est-ce que… comme on en a besoin de ces loges-là, vous pouvez les mettre au sous-sol, les gens ils viendront, quoi. » (F., âgée de 24-25 ans, très malvoyante, étudiante, inscrite depuis quelques mois sur le conseil d’une de ses amies non voyantes).

En revanche, le cas ci-dessous est assez intéressant car il illustre la façon dont on peut

proches des collections, mais en reconnaissant que cela lui permettra surtout une économie de temps pour son guide :

R : « Je trouve que c’est très bien, ça facilite l’accès. C’est… Et on n’est pas obligés de monter, de redescendre, donc je trouve que c’est… »

Q. Le fait que vous soyez près des collections… Quand vous parlez de faciliter l’accès,