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Le cadre juridique des investissements directs étrangers a subi des soubresauts politiques du pays. D’abord soumis aux influences directes des puissances occidentales sous la dynastie

Qing, le gouvernement chinois a regagné sa souveraineté législative pleine et entière dans le

domaine économique, au point d’exercer un pouvoir de contrôle absolu sur les

investissements directs étrangers durant la politique l’économie planifiée. Malgré ce regain

total de souveraineté sous le gouvernement communiste, les gouvernants ont gardé une

attitude méfiante vis-à-vis des capitaux étrangers, ce qui explique le caractère restrictif du

droit chinois des investissements directs étrangers. Cette nature restrictive du régime des

investissements directs étrangers s’est certainement affaiblie avec le temps avec les pressions

internationales contemporaines en raison de l’adoption d’un droit de mondialisation, mais a

tout de même su garder une importance non négligeable par rapport aux régimes juridiques

des investissements directs étrangers des pays occidentaux.

CHAPITRE 2.

C

ADRE INSTITUTIONNEL ET JURIDIQUE DES

INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS

123. Présentation introductive : un cadre «à la chinoise». La spécificité principale du

régime juridique de la Chine réside dans l’importance du Parti communiste chinois au sein

du gouvernement. Étant un État à parti unique, le gouvernement chinois fonctionne de

manière différente de ceux des États occidentaux. Le gouvernement communiste estime

qu’elle dispose d’un système démocratique car, officiellement, les chefs d’État sont élus à

l’issue d’une procédure de démocratie représentative, et les lois nationales sont votées par

les représentants du peuple. Cependant, il est indéniable que son système démocratique

nécessite des explications complémentaires, car il ne partage aucun point commun avec les

systèmes juridiques (et politiques) connus en Europe ou aux États-Unis. Cette différenciation

est d’autant plus considérable dans le domaine des investissements directs étrangers en

raison de sa nature politique et de l’instrumentalisation du droit des investissements directs

étrangers par le pouvoir politique. Il est donc primordial de comprendre l’organisation des

pouvoirs étatiques (Section 1) et d’étudier la hiérarchie des normes adoptée par la Chine

dans le domaine des investissements étrangers (Section 2).

SECTION 1.ORGANISATION DES POUVOIRS ET DES AUTORITES

124.Une organisation spécifique au régime communiste chinois. Un État communiste est

un régime politique dans lequel un parti unique se réclamant du communisme exerce le

définissant un système communiste est le monopole qu’occupe le Parti communiste »

200

.

Ayant adopté ce régime communiste, la Chine est un État centralisé à parti unique dont le

pouvoir est concentré dans les mains du Parti communiste chinois situé à Pékin (I).

Cependant, ayant conscience des limites d’un pouvoir centralisé au sein d’un État dont la

superficie est 15 fois celle de la France, le gouvernement a décidé de procéder à une

décentralisation du pouvoir législatif au profit des autorités locales afin de rendre le droit des

investissements étrangers directs respectueux des spécificités concrètes de différentes

localités (II).

I. Concentration des pouvoirs étatiques dans les mains du Parti

communiste chinois

125.Plan. Malgré sa très large superficie, la Chine est un État centralisé et n’adopte pas le

système fédéral des États-Unis (A). Cette centralisation est accentuée par l’exercice du

pouvoir législatif par l’exécutif, même sans fondement juridique lui octroyant ce pouvoir

(B) Cette centralisation du pouvoir législatif est d’autant plus considérable dans le domaine

des investissements directs étrangers en raison de la finalité politique de cette branche du

droit (C).

A. Supériorité du Parti communiste chinois sur l’État

1) Rôle esssentiel du Parti communiste chinois au sein de l’État

126. Histoire de la séparation chinoise des pouvoirs. Le régime politique de la Chine est

d’inspiration occidentale. Il n’applique cependant pas aujourd’hui le principe de la

séparation des pouvoirs de Montesquieu

201

. Cette vision des Lumières ne connaît en effet

pas d’équivalence dans l’histoire chinoise des idées politiques

202

. Montesquieu reconnaissait

200 Brown (A.), The Rise and fall of communism, Vintage Books, 2009, p. 105.

201Tout serait perdu si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d’exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particulier” (Montesquieu, De l’esprit et des Lois, Paris, Gallimard, 1949, XI

202 Chang (W. J.), “Traditional Chinese Legal Thought - Postcript”, in National Taiwan University Law Journal, 25.4, 1996, p.22

lui-même cette situation dans son ouvrage Esprit des Lois, que « la Chine est […] un État

despotique dont le principe est la crainte. Peut-être que dans les premières dynasties,

l’empire n’étant pas si étendu, le gouvernement déclinait un peu de cet esprit. Mais

aujourd’hui cela n’est pas »

203

.

L’introduction de l’idée de séparation est envisagée au tournant du XXe siècle sous le règne

du gouvernement nationaliste. Elle est le fruit d’une transplantation de l’Occident, mais ne

reproduit pas le schéma traditionnel en trois pouvoirs. En effet, Sun Yat-Sen a choisi de s’en

inspirer pour élaborer sa théorie politique, tout en proposant une nécessaire adaptation à la

réalité chinoise : il énonce ainsi une division en cinq pouvoirs

204

qui constitue aujourd’hui

encore le fondement du droit constitutionnel de Taiwan. Les institutions de la Chine

continentale n’ont rien conservé de la doctrine de Sun Yat-Sen, mais ont préféré d’adopter

une séparation organique tripartite entre le Parti communiste chinois, le gouvernement

populaire central et l’Armée populaire de libération, les trois étant sous l’égide du Parti.

127.Organisation constitutionnelle de la séparation des pouvoirs. Il est incontestable

que le Parti communiste chinois joue un rôle essentiel de direction en Chine, mais il est

également indéniable que des efforts ont été faits pour que le pouvoir du Parti communiste

soit exercé par le biais de mécanismes étatiques légalement admis. Ainsi, les dispositions de

la Constitution de 1975 et celles de la Constitution de 1978 énonçant que le Parti constitue le

cœur de direction du pays (core leadership) ont été abolies. La Constitution de 1982 ne

mentionne donc plus directement le statut du Parti communiste

205

, mais il n’en demeure pas

moins que le Parti communiste détient toujours un pouvoir considérable dans les affaires de