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Les jeunes d’aujourd’hui sont-ils plus bêtes… ou plus intelligents ?

Dans le document Psychologie et cerveau (Page 51-54)

Mesure du niveau intellectuel et réussite scolaire

11 Les jeunes d’aujourd’hui sont-ils plus bêtes… ou plus intelligents ?

L’effet Flynn

Ah ! de mon temps, on savait plus de choses ? On ne peut plus dire ça depuis les études de Flynn. Non pas Erroll Flynn, le Robin des Bois du célèbre film en technicolor, mais James Flynn pourtant originaire lui aussi de la même région australe, la Nouvelle-Zélande.

Ce chercheur a patiemment récolté les scores obtenus, dans les tests d’intelligence, par différentes générations sur 35 pays. Les tests sont les grands classiques pour lesquels des données sont disponibles depuis leur création soit parfois sur trente ans. Les résultats sont spectaculaires puisque, d’une manière générale, les enfants et adolescents se montrent plus intelligents qu’autrefois. En Hollande, les jeunes de 18 ans en 1952 ont obtenu en moyenne un QI de 100 au test des matrices de Raven (QI = 100 en moyenne par construction) alors que la génération des 18 ans, trente ans plus tard, a obtenu un QI de 121, soit un gain de 21 points de QI. Les gains sont variables d’un pays à l’autre mais relativement importants. Cependant, grâce à ces comparaisons systémati-ques, Flynn remarque que les gains sont plus élevés pour les tests de raisonnement que pour les tests de connaissances (souvent verbal et mathématique). Par exemple en France, de 1949 à 1974 chez les recrues de l’armée (18 à 22 ans), le gain au test de Raven est de 25 (Girod et Allaume, 1976, cit.

Flynn), de 9 points à un test verbal et 9,6 à un test de mathé-matiques.

Le test de Wechsler permet cette comparaison du fait de sa double fonction, de test verbal et de test de performance.

D’une façon générale, l’échelle de performance permet, comme le test de Raven, les plus gros écarts de QI (sur

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

30 ans) avec presque un point de QI gagné chaque année.

En revanche, l’échelle verbale est moins sensible aux effets de génération avec des écarts de 3 pour la France, mais jusqu’à 20 points pour l’Autriche et le Japon.

Gain en points de QI pour différents tests sur des périodes de 30 ans (ou plus) dans quelques pays (d’après Flynn, 1987)

Globalement, on ne peut que se satisfaire de tels résultats, les enfants et adolescents sont de plus en plus intelligents. Sur le plan pratique de la psychométrie, ces résultats doivent inciter à la plus grande prudence car c’est par convention que le QI de 100 correspond à la moyenne du score d’une tranche d’âge. Or si le test n’est pas révisé, un enfant paraîtra plus intelligent qu’il ne l’est en réalité (par rapport à sa généra-tion). Du fait de cette augmentation générationnelle, l’emploi d’une version ancienne d’un test peut faire croire à beaucoup de parents que leur enfant est un génie ; en effet, sur un plan pratique Lewis Terman avait sélectionné pour étude, les 2 % d’enfants les plus intelligents, ce qui correspondait à un QI de 130. Au Japon ou en Autriche, un enfant pourrait ainsi être considéré comme un génie (QI de 125) alors qu’il est dans la moyenne et qu’un test correctement révisé lui donne-rait un QI autour de 100 !

À quoi est due cette amélioration de l’intelligence générale ? Le gain est sans doute dû à des causes variées comme une meilleure santé et alimentation (protéines, vita-mines) comme on le voit dans l’augmentation de la taille (le cerveau en profite aussi). Mais sans doute doit-on ce phé-nomène plus encore à une culture plus complète, grâce à une scolarisation précoce et généralisée. André Flieller de l’université de Nancy, qui a observé l’effet Flynn sur des tests inspirés de la théorie de Piaget (1987), note que la scolarisation au collège est passée de 60 % en 1967 à 90 % en 1993. Cependant, comme l’amélioration est plus importante dans les tests de résolution de problèmes (appe-lés aussi « tests de raisonnement ») que dans les tests de connaissances et de vocabulaire, on peut penser que l’édu-cation précoce aux jeux d’éveil à la maison ou à la crèche a un rôle décisif.

Ce qui influence peut-être le plus l’amélioration des tests de résolution de problèmes (tests de raisonnement ou de per-formance), ce sont les jeux vidéo. Par exemple, un jeu vidéo simple comme Tétris (faire tourner des blocs qui tombent pour les insérer dans des emplacements vides) nécessite une vitesse de détection, des rotations mentales et une vitesse de réaction, qui sont nécessaires dans différents tests, par exemple, les puzzles, les cubes de Kohs… De plus, les tests de raisonnement/performance sont souvent chronométrés.

Ainsi Okagaki et Frensch (1996, cit. Greenfield, 1998) montrent une augmentation de performance sur ce genre de test après 6 heures d’entraînement sur Tétris. De même Patricia Greenfield (1998) trouve des améliorations grâce à des jeux vidéo variés qui, selon elle, améliorent le traite-ment de l’information imagée et les rotations traite-mentales. On pourrait ajouter les jeux éducatifs, les magazines pour enfants (Mickey Jeux, etc.) qui comportent des jeux directe-ment inspirés des tests, comme les rébus, le jeu des différen-ces, les labyrinthes, les énigmes, etc.

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Conclusion

Enfin, il faut noter l’élargissement du domaine culturel produit par le développement extraordinaire des médias, télévision, livres… Autrefois, les programmes scolaires correspondaient à la culture d’un pays, les départements français, Louis XIV et Napoléon, Molière et Albert Camus.

Mais depuis les années soixante, on assiste à une mondiali-sation de la culture de sorte que des œuvres étrangères, comme Harry Potter ou Le Seigneur des anneaux sont plus lus que Les Précieuses ridicules ou Les Misérables ; le phénomène est encore plus flagrant dans le domaine du cinéma, de séries télévisées et de la musique. Si bien que les jeunes ont certainement une culture qui va au-delà de ce qui est évalué d’après les programmes scolaires.

Les anciens ne peuvent plus dire : « De notre temps, on était meilleur ! »

12 Que valent les tests

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