• Aucun résultat trouvé

Jean-loup sAlZmAnn

Madame la Ministre, je suis très heureux de vous accueillir à ce colloque de la CPU. Je sais que l’innovation est un thème qui vous est cher et que vous portez résolument. Nous venons de parler des systèmes d’innovation ; pour qu’ils existent, il est nécessaire de libérer les énergies, de permettre au chercheur de mener ses activités et d’en imaginer des applications avec ses étudiants, à l’étudiant de lancer son entreprise, aux entreprises d’organiser le transfert de recherche vers la société. Vous avez conforté la communauté en inscrivant dans les missions des universités celle du transfert. Nous étions comme monsieur Jourdain et la Loi est venue énoncer nos pratiques.

Les réflexions que nous avons menées au cours de ces trois jours ont été très riches. Les propositions que je vais formuler dans quelques instants ne sont pas une fin ou un aboutissement ; tout comme dans le processus d’innovation il s’agit d’un point d’étape.

Avant de dévoiler nos propositions, je souhaite rappeler les convictions qui nous animent, en qualité de présidents d’université, et d’enseignants-chercheurs. La première est que nous ne pouvons nous passer de recherche fondamentale : c’est elle qui est à l’origine des innovations de rupture dont l’impact économique et social est incontestable. Les pouvoirs publics doivent continuer à y investir fortement. On ne peut anticiper le potentiel d’innovation d’une recherche. Au niveau national, la part de recherche et développement en France doit être soutenue et atteindre les 3% définis par

la stratégie de Lisbonne si l’on veut renforcer le transfert de la recherche dans notre pays (pour rappel, notre part de R&D stagne à 2,26% loin des 2,9% de l’Allemagne, des 4,4% de la Corée du Sud et des 4% du Japon). Il est indispensable que les personnes qui font de la recherche fondamentale aient une connaissance de domaines connexes, comme le droit des brevets, si l’on veut favoriser l’état d’esprit qui caractérise l’innovation. On ne peut cependant pas confier aux seules universitaires l’invention et la diffusion des innovations de rupture : il s’agit en cela bien d’un système, où un équilibre et des allers retours existent entre acteurs. En ce sens, nous nous attachons à rendre lisible et à valoriser notre recherche, et le diplôme qui y mène, le doctorat. Le concours « ma thèse en 180s », organisé par la CPU et le CNRS, en est un excellent exemple, en permettant de faire découvrir à un large public ce qu’est le travail de thèse. Nous vous remercions de nous soutenir dans nos efforts pour promouvoir le doctorat.

Notre seconde conviction est que l’innovation est partout, et que tous les domaines où il y a de la recherche, fondamentale ou appliquée, participent au processus d’innovation. Dans les services l’innovation vient souvent des SHS. Cependant on ne peut pas et on ne doit pas cantonner l’innovation des SHS aux services : l’usage, l’utilisation et l’acceptabilité des innovations doivent être pensés grâce à ces disciplines. Face à des mutations globales, multiples et complexes, notre réponse ne peut être étroitement technique mais doit aussi viser à une mobilisation globale de l’ensemble des forces de la connaissance dans leur pluralité. Enfin, la dernière conviction, que j’avais déjà énoncée en ouverture du colloque, c’est que tuer l’expérimentation c’est tuer l’innovation et, comme l’ont écrit dans une tribune commune les dirigeants des universités et organismes, « Renoncer à expérimenter, c’est refuser d’agir pour améliorer notre avenir collectif ». La juste application du principe de précaution, ne doit pas être un obstacle à la dynamique de l’innovation. Sans recherche, sans droit à l’expérimentation, note société va se figer et cesser d’avancer. Or c’est reculer que d’être stationnaire.

Avant de présenter les recommandations de la CPU, je tiens à remercier à nouveau les acteurs de ce colloque : nos partenaires : CDC, BP, MAIF et MGEN ;

restitution des trAvAuX

en séAnCe plénière, ConClusions du Colloque

en séAnCe plénière, ConClusions du Colloque

les organisateurs, Khaled Bouabdallah, François-Noël Gilly, Jean-Luc Mayaud, Jacques Comby et leurs équipes. Merci à Alain Mérieux, notre grand témoin qui a si bien mis en lumière la mission des universités au service de l’innovation. Merci aux intervenants d’avoir accepté notre invitation. Merci à Guy Cathelineau d’avoir assuré le pilotage scientifique, et aux présidents qui se sont engagés à ses côtés. Merci à Florence Egloff d’avoir secondé Guy dans cette tâche ; merci à l’équipe de la CPU, et surtout merci à Tania Martins qui a su coordonner l’organisation d’une main de maître. Les propositions que portent les 128 membres de la CPU, président(e)s d’université, directeur(rice)s d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche, président(e)s de COMUE sont organisées en quatre axes. Il s’agit de propositions provisoires, qui doivent être présentées et approuvées par notre assemblée plénière.

1. déveloPPer la Culture de l’innovation et de

1. déveloPPer la Culture de l’innovation et de

l’entrePreneuriat

l’entrePreneuriat

Renforcer les modules de formation à la culture entrepreneuriale

Proposition 1. Les universités doivent inventer un

modèle de formation naturellement tournée vers la connaissance de l’entreprise, la créativité, l’initiative et le travail en groupe.

Il est nécessaire de repenser les méthodes pédagogiques universitaires pour développer la capacité de créativité, la curiosité et l’esprit d’entreprendre des futurs diplômés dès la première année, en promouvant notamment le décloisonnement par des formations pluridisciplinaires et en suscitant les visions et les analyses systémiques au moyen de démarches projets.

Nous nous engageons pour cela à renforcer les formations dédiées à la culture entrepreneuriale, et aux métiers du transfert.

Les universités doivent favoriser la mixité des équipes enseignantes entre enseignants-chercheurs, entrepreneurs.

Proposition 2. La démarche initiée avec les projets PEPITE

doit être poursuivie et amplifiée, et le statut de l’étudiant entrepreneur, mis en oeuvre. Les établissements s’engagent à créer des espaces de collaborations dédiés aux étudiants entrepreneurs et à s’inspirer du modèle du doctorant-conseil.

Proposition 3 : Intégrer les compétences à

l’entrepreneuriat, au management et à la propriété intellectuelle dans la formation des docteurs.

2. renforCer, simPlifier la reCherChe Partenariale

2. renforCer, simPlifier la reCherChe Partenariale

Pour aCCroître l’imPaCt éConomique et soCiétal du

Pour aCCroître l’imPaCt éConomique et soCiétal du

transfert

transfert

Utiliser le crédit impôt recherche pour faciliter les coopérations entre public et privé

Proposition 4 : l’Université doit mieux s’approprier

et mieux utiliser l’outil CIR qui doit encourager le développement d’unités mixtes public-privé.

Proposition 5 : Inciter au recrutement de docteurs en

entreprise en le liant à l’utilisation du CIR.

Simplifier la gestion de la copropriété entre acteurs publics et privés

Proposition 6 : Donner aux SATT le pouvoir de conclure

elles-mêmes au nom de leurs membres et des autres instruments du PIA (IHU par exemple) des contrats de licence.

Proposition 7 : Inciter financièrement les universités et

les EPST à développer des laboratoires conjoints avec les entreprises. Ouvrir le dispositif « mandataire légal unique » à tous les résultats de la recherche valorisables (logiciel, modèle, savoir-faire).

Proposition 8 : Coordonner le schéma stratégique

territorial de développement économique et de l’innovation avec les différents schémas qui doivent être unifiés et simplifiés. Les universités ou COMUE doivent siéger dans les comités de pilotage des Stratégies Régionales d’Innovation (SRI) en lien avec le processus de «spécialisation intelligente» de l’Union européenne. Les structures de coordination territoriale universitaires doivent participer aux structures de pilotage de l’innovation.

3. favoriser les moBilités entre la reCherChe et le

3. favoriser les moBilités entre la reCherChe et le

monde de l’entrePrise

monde de l’entrePrise

Développer les chaires industrielles

Proposition 9. Développer les chaires industrielles

qui permettent d’une part, de réaliser des recherches à caractère fondamental et appliqué et, d’autre part, de diffuser les connaissances produites au travers de formations par la recherche.

restitution des trAvAuX

en séAnCe plénière, ConClusions du Colloque

en séAnCe plénière, ConClusions du Colloque

Journée du 23 mAi 2014

Créer des passerelles avec les entreprises

Proposition 10 : Développer les contrats CIFRE, dispositif

apprécié par les entreprises et les chercheurs, et amplifier des accords de collaboration/transfert, centrés autour d’actions communes et de services.

Fluidifier les dispositifs de la loi Allègre : là aussi un choc de simplification s’impose !

4. Prendre en ComPte les aCtivités de transfert et

4. Prendre en ComPte les aCtivités de transfert et

d’innovation dans la Carrière et les faCiliter

d’innovation dans la Carrière et les faCiliter

Proposition 11. Mieux prendre en compte les activités

de transfert, d’innovation, d’accompagnement d’étudiants entrepreneurs et d’encadrement de doctorants en bourses CIFRE dans les carrières des chercheurs et enseignants-chercheurs tant au niveau de leur établissement qu’au niveau national. Créer des contingents spécifiques des Congés Innovation Valorisation (CIV).

Proposition 12. Redéfinir et simplifier les mécanismes

d’intéressement pour les rendre plus facilement utilisables.

(AppLAudissements)

(AppLAudissements)

(Intermède vidéo)

(AppLAudissements)

(AppLAudissements)

Khaled BouABdAllAH

Khaled BouABdAllAH

Madame la Ministre, Geneviève Fioraso, je vous laisse la parole.

restitution des trAvAuX

en séAnCe plénière, ConClusions du Colloque

en séAnCe plénière, ConClusions du Colloque

Monsieur le Président de la Conférence des universités, cher Jean-Loup Salzmann,

Mesdames et Messieurs les Présidents d’université, Mesdames et Messieurs,

La conférence des présidents d’université a choisi cette année, pour son colloque annuel, un thème fondamental pour les universités, et plus largement, pour le développement économique et social de notre pays : l’innovation.

Avoir un système d’innovation performant est un enjeu dont nous avons tous conscience depuis de nombreuses années. Mais à l’heure où notre pays est confronté à une situation économique difficile, la performance de notre système d’innovation est plus que jamais un impératif. Elle est nécessaire pour renforcer la compétitivité de la France à l’échelle internationale, et donc favoriser la croissance par le redressement industriel.

Aujourd’hui, la part de l’industrie dans le PIB n’est plus que de 11%, et cette désindustrialisation entraîne l’augmentation du chômage, du déficit et de la dette publique. Faire de la France un pays qui soit un leader en matière d’innovation n’est donc pas une option mais une nécessité, un défi collectif.

Car nous sommes aujourd’hui dans une situation dont nous ne pouvons pas nous satisfaire : les différents rapports internationaux révèlent l’image d’une France trop peu dynamique en la matière, qui ne serait même pas dans les 20 premiers pays innovants, alors que nous sommes au 6e rang mondial pour les publications. Pour répondre à cet enjeu, nous devons avoir une vision claire des mécanismes à la base de l’innovation. L’innovation n’est pas un mécanisme linéaire allant de la recherche fondamentale générée dans des tours d’ivoire vers le produit innovant diffusé sur le marché. L’innovation implique un ensemble de compétences et d’interactions, non linéaires, entre une diversité d’acteurs : chercheurs, ingénieurs, designers, entrepreneurs, investisseurs...

Pour avoir un système d’innovation qui fonctionne, il faut, dans le cadre d’écosystèmes territoriaux dynamiques, que le monde de la recherche et de l’enseignement soit ouvert sur le monde économique et au contact des problématiques d’innovation, et que les entreprises et les entrepreneurs aient un accès simple aux développements scientifiques et techniques en cours.

Les universités, par leur rôle en matière de recherche et de formation, sont bien sûr des éléments clé de notre système d’innovation, et doivent donc peser de tout leur poids pour redresser notre performance en matière d’innovation.

La loi sur l’enseignement supérieur et la recherche fait du transfert, aujourd’hui, une des missions des universités. C’est la première fois que cette mission est explicitée, c’est une évolution qui traduit à la fois le chemin déjà parcouru par les universités, et leurs responsabilités pour l’avenir.

Les universités sont un élément clé du système d’innovation tout d’abord par leurs activités de recherche, qu’il s’agisse de recherche fondamentale, source d’innovations de rupture, ou de recherche technologique, qui permet d’assurer un transfert des connaissances vers l’industrie.

S’agissant de recherche technologique, j’étais lundi au sommet KETs (pour « key enabling technologies »), avec Michel Barnier. Le programme européen Horizon 2020 prévoit d’accorder 6 milliards d’euros à ces recherches sur la micro-nanoélectronique, les nanotechnologies, la photonique, les biotechnologies, les matériaux avancés et les procédés avancés de fabrication.

Les acteurs de la recherche française doivent aller chercher ces financements, nous allons lancer un appel à projets dans ce but dans le cadre des investissements d’avenir.