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H istoire de l ’E mpire de R ussie

Dans le document [Oeuvres de Mr. de Voltaire]. T. [22] (Page 42-46)

A l’Occident dû Duché de Mofcou, eft celui de Smolensko, partie de l’ancienne Sarmatie luropéane

38 H istoire de l ’E mpire de R ussie

Ce Royaume d’Aftracan eft une partie de l’ancien Çapshak conquis par Gengis-Kan , & enfuite par T li­ mer lan ,• ces Tartares dominèrent jufqu’à Mofcou. Le Czar Jean Bqfîlides , petit - fils à’Ivan Bqjilovis , & le plus grand Conquérant d’entre les R uffes, délivra fon pays du joug Tartare au feiziéme fiécle, & ajouta le Royaume d’Aftracan à fes autres conquêtes, en l î $

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-Aftracan eft la borne de l’Afie & de l’Europe, & peut faire le commerce de l’une & de l’autre, en tranfportant par le Volga les marchandifes apportées par la mer Cafpienne. C’était encore un des grands projets de Pierre le Grand : il a été exécuté en par­ tie. Tout un fauxbourg d’Aftracan eft habité par des Indiens.

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Au Sud-Eft du Royaume d’Aftracan eft un petit pays nouvellement formé , qu’on appelle Orembourg : la ville de ce nom a été bâtie en 1734 fur le bord du fleuve Jaïk. Ce pays eft hériffé des branches du mont Caucafe. Des forterefles élevées de diftance en diftance, défendent les paflages des montagnes & des rivières qui en defcendent. C’eft dans cette ré­ gion auparavant inhabitée, qu’aujourd’hui les Perfans viennent dépofer & cacher à la rapacité des brigands leurs effets échappés aux guerres civiles. La ville d’O- ^rembourg eft devenue le refuge des Perfans & de ïèurs fortunes, & s’eft accrue de leurs calamités ; les Indiens, les peuples de la grande Bukarie y viennent trafiquer ; elle devient l’entrepôt de l’Afie.

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Au-delà du Volga & du Jaïk, vers le Septentrion, eft le Royaume de Cafan, qui comme Aftracan tomba dans le partage d’un fils de Gengis-Kan, & enfuite

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Bqfîlides. II eft encor peuple de beaucoup de Tar-

tares Mahométans. Cette grande contrée s’étend juf- qu’à la Sibérie ; il eft confiant qu’ elle a été fioriflante & riche autrefois ; elle a confervé encor quelque opu. lence. Une Province de ce Royaume appellée la grande Permie , & enfuite le Solikam , était l’entre­ pôt des marchandifes de la P erfe, & des fourrures de Tartarie. On a trouvé dans cette Permie une grande quantité de monnoie au coin des premiers C alifes, & quelques idoles d’or des Jartares / ) ; mais ces monumens d’anciennes richefles ont été trouvés au milieu de la pauvreté, & dans des déferts ; il n’y avait plus aucune trace de commerce ; ces révolutions n’arrivent que trop vite & trop aifément dans un pays ingrat, puifqu’elles font arrivées dans les plu? fertiles.

Ce célèbre prifonnier Suédois Stralemberg, qui mit fi bien à profit fon malheur, & qui examina tous ces vaftes pays avec tant d’attention, eft le premier qui a rendu vraifemblable un fait qu’on n’avait jamais pu croire, concernant l’ancien commerce de ces ré­ gions. Pline & Pomponius -M êla rapportent que du tems d’A ugujie, un Roi des Suèvesfit préfent à M i- tellus Celer de quelques Indiens jettes par la tem­ pête fur les côtes voifines de l’Elbe, Comment des habitans de l’Inde auraient-ils navigé fur les rpers Germaniques ? Cette avanture a paru fabuleufe à tous nos modernes, furtout depuis que le commerce de notre hémifph ère a changé par la découverte du . Cap de Bonne-Efpérance. Mais autrefois il n’était pas plu? étrange de voir un Indien trafiquer dans les pay? feptentrionaux de l’O ccident, que de voir un Ro­ main paffer dans l’Inde par l’Arabie. Les In d ien al? laient en Perfe, s’embarquaient fur la mer

d’Hyrça-/ } Mémoires de Stralemberg , confirmés par mesMémoires Ruues.

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nie , remontaient le Rha qui eft le Volga , allaient jufqu’à la grande Permie par la Kama , & de là pou­ vaient aller s’embarquer fur la mer du Nord ou fur la Baltique. Il y a eu de tout tems des hommes err- treprenans. Les Tyriens firent de plus furprenans voyages.

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Si après avoir parcouru de l’œil toutes ces vaftes provinces , vous jettez la vue fur l’O rient, c ’eft là que les limites de l’Europe & de l’Afie fe confon­ dent encore. Il aurait falu un nouveau nom pour cette grande partie du Monde. Les anciens divifè- rent en E urope, Afie & Afrique leur Univers connu; ils n’en avaient pas vu la dixiéme partie ; c’eft ce qtii fait que quand on a parte les Palus - M éotides, on ne fait plus ou l’Europe fin it, & où l’Afie com­ mence ; tout çe qui eft au - delà du mont T au ru s, était défigné par le mot vague de Sçythie , & le fut enfuite par celui de Tartarie ou Tatarie. Il ferait convenable , peu t-être, d’appeller Terres Arctiques, ou Terres du N ord, tout le pays qui s’étend depuis la mer Baltique jufqu’aux confins de la Chine, com­ me on donne le nom de Terres Auftrales à la partie du Monde non moins vafte, ûtuée fous le Pôle An­ tarctique , & qui fait le contrepoids du Globe.

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p s S A Mo ïE D E S , DE S O S T I A K S. ; Des frontières des provinces d’Arcangel, de Re­ fan , d’Aftracan , s’étend à l’Orient la Sibérie , avec les terres ultérieures jufqu’à la mer du Japon ; elle touche au Midi de la Ruffie par le mont Caucafe ; de là au pays de Kamshatka, on compte environ douze cent lieues de France ; & de la Tartarie mé­ ridionale, qui lui fert dé limité , jufqu’à la met Gla­ ciale , on en compte environ quatre cent ; çe qui eft la moindre largeur de l’Empire. Cette contrée produit les plus riches fourrures ; & c’eft ce qui fervit à en

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faire la découverte en i ç6j. Ce ne fut pas fous le Czar Fèdor lïianovits, mais fous Ivan Baplides au fei- ziéme fiécle, qu’un particulier des environs d’Arcan- g e l, nommé A n ika , homme riche pour fon état & pour fon pays , s’apperqut que des hommes d’une fi­ gure extraordinaire, vêtus d’une manière jufqu’alors inconnue dans ce canton, & parlant une langue que perfonne n’entendait, defcendaient tous les ans une rivière qui tombe dans la Duina , g ) & venaient ap­ porter au marché des martres & des renards noirs"; qu’ils troquaient pour des clous & des morceaux de verre, comme les premiers Sauvages de l’Amérique donnaient leur or aux Efpagnols ; il les fit füivre par fes enfans & par fes valets jufques dans leur pays. C’étaient des Samoyèdes, peuples qui paraiffent fem- blables aux Lapons, mais qui ne font pas de la même race. Ils ignorent comme eux l’ufage du pain ; ils ont comme eux le fecours des Rangifères ou Rennes, qu’ils attèlent à leurs traîneaux. Ils vivent dans des cavernes , dans des huttes au milieu des neiges : b ) mais d’ailleurs la nature a mis entre cette efpèce d’hom­ mes & celle des Lapons, des différences très-marquées. On m’ affure leur mâchoire fupérieure plus avancée au niveau de leur n e z , leurs oreilles font plus ré- hauffées. Les hommes & les femmes n’ont de poil que fur la tête ; le mammelon eft d’un noir d’ébène. Les Lapons & les Laponnes ne font marqués à aucun de ces fignes. On m’a averti par des Mémoires en­ voyés de ces contrées fi peu connues, qu’on s’eft trompé dans la belle hiftoire naturelle du jardin du R o i, lorfqu’en parlant de tant de chofes curieufes con­ cernant la nature humaine, on a confondu l’efpèce des Lapons avec l’ efpèce des Samoyèdes. Il y a beau­ coup plus de races d’hommes qu’on ne penfe. Celles des Samoyèdes & des Hottentots paraiffent les deux extrêmes de notre Continent : & fi l’on fait attention aux mammelles noires des. fçmmes Samoyèdes, &

g ) Mémoires envoyés de Pétersbourg. h ) Ibid.

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