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5. Présentation des résultats et analyse

5.5. Adéquation du projet d’études

5.5.1. Issues de la première année : entre réussites, échecs et abandons

En fin de première année au sein de l’enseignement supérieur, les étudiants ont connu différentes issues, à savoir : des réussites, des échecs et un abandon.

Pour les réussites, Anne, Cécile, Guillaume et Hubert ont terminé avec succès leur première année à l’Unil ou à l’EPFL. Ils l’expliquent par différentes raisons :

- La continuation de l’exercice du métier d’élève, mais aussi la peur de l’échec :

« Euh…j’dirais que, pour moi euh, enfin j’avais jamais redoublé ou comme ça, j’ai toujours, j’ai toujours suivi, enfin j’ai toujours fait ce qu’on (les profs et mes parents) attendait de moi à l’école, (…), mais euh, j’pense que j’avais pas envie de me dire que j’avais loupé une année, et puis euh…je me suis juste accrochée et j’ai travaillé le mieux, un minimum pour assurer mon année (…). Pis je pense que moralement, ça m’aurait un peu embêté, je me serais un peu sentie, un

échec, en échec, mais bon…je pense que tout le monde vit la même chose ! » (Anne)

Nous pouvons faire un lien entre la peur de l’échec, chez Anne, et le cercle vertueux de la réussite scolaire dont parle Castets-Fontaine (2011). Pour lui, « plus la réussite se développe, plus l’envie de réussir s’accroît. Plus la réussite se renforce objectivement, plus l’échec devient inacceptable » (p.113). C’est ce que nous pouvons voir dans l’extrait ci-dessus, ce sentiment d’envie de réussite par non acceptation de l’échec est renforcé par l’attente parentale.

- le travail régulier et une présence constante au cours (Hubert et Cécile) : « Et aussi, j’allais presque tout le temps en cours ! Je culpabilisais pas mal de louper des cours, donc j’allais tout le temps ! Et j’essayais de faire les exercices de tout ce qu’on avait, régulièrement ! » (Cécile). - ou un travail maximal au dernier moment :

« Ben, à pas grand chose quoi ! Au fait que j’ai quand même pas mal de facilités, (…).Mais voilà, en tout cas ce n’est pas grâce à la rigueur… mais à ma mémoire à court terme peut-être ! »

Globalement, le travail scolaire est une des variables qui a une influence sur la réussite de la première année d’études, comme nous le voyons ci-dessus. A ce propos, Grignon et Gruel (1999, in Jellab, 2011, p.60) ont montré « l’étroite imbrication entre l’implication dans les études au sein de l’université, le travail personnel et la réussite aux examens ».

Parmi les étudiants ayant échoué, nous sommes faces à deux types d’échecs différents : les premiers liés à l’organisation du travail :

- Un manque de travail (Emilie) et une mauvaise gestion du temps (Joël) « Et puis je n’étais pas habitué à apprendre par cœur, du coup ça a fait que…enfin, c’est surtout mon manque de travail qui a fait que…que j’ai loupé ! (…). Si vraiment j’avais voulu, je pense que j’aurais pu l’avoir du premier coup ! (…). Mais c’est surtout mon manque de travail qui était plus important dans ma situation… Mais…je n’ai pas assez travaillé ! Mais je pensais…enfin si, je savais qu’il fallait autant travailler, mais j’étais un peu « ouh… »…(Emilie)

- De mauvaises techniques d’apprentissage :

« A un manque de travail au 1er

semestre, ouais… et aussi, surtout la capacité à travailler, enfin…. (…).C’est, je pense qu’il y avait ça ! Enfin, le fait de ne pas poser les bonnes questions, de ne pas répéter

correctement et puis de ne pas s’y prendre assez vite ! Ouais, je pense que c’était principalement ça ! » (Florent)

- Un manque de sérieux face aux études :

« Ben…au gros manque de travail, de volonté aussi un peu et puis ben je n’étais pas assez sérieux pour suivre ouais, pour me dire voilà, tu bosses tant d’heures…beaucoup de manque de sérieux de ma part, manque de rigueur quoi ! » (Ignace)

Et les seconds liés à un mauvais choix d’orientation :

- Un manque de motivation lié à un mauvais choix de filière :

« Ben…le truc c’est que dès le début, je n’avais pas pris assez au sérieux mes études quoi ! J’aurais dû tout de suite un peu lire les textes, tout ça…j’étais à la traîne, donc c’est vrai qu’après je m’étais un peu découragée, pis de toute façon, je m’étais dit que j’allais louper quoi ! Pis je pensais que j’allais faire vraiment autre chose que Sciences Po… ». (Baptistine)

- Un abandon car la voie choisie ne correspondait pas :

« Euh…je pense juste que c’était un métier qui n’est pas fait pour moi ! Parce que…je n’ai pas la personnalité pour ça, après…tout m’intéressait, enfin, ce qui était les cours c’était intéressant, mais c’est juste que le métier en lui-même…euh nan ! » (Diane)

Tous ces étudiants s’attribuent la responsabilité de leur échec ou de leur réussite. Les étudiants font donc appel à des facteurs internes, en termes psychosociaux (Heider, 1958), pour expliquer leur responsabilité dans l’issue de leur première année.

Concernant les échecs à l’issue de la première année, ceux-ci peuvent être interprétés comme une difficulté à s’affilier en tant qu’étudiant professionnel, au sens de Coulon (2005). Ce statut consiste à « considérer son nouveau statut d’étudiant comme une nouvelle profession que vous allez exercer. Ce qui signifie non seulement qu’on va y consacrer un temps important de sa vie immédiate, mais qu’il faut, avant toute autre chose, en commencer l’apprentissage, en maîtriser les outils, en repérer et en apprendre les règles. » (Coulon, 2005, p.6).

Les échecs peuvent également être interprétés par une non considération du métier d’étudiant, car « Le statut d’étudiant est un métier provisoire, qu’il faut apprendre : ne pas le considérer comme tel mène à l’échec. » (Coulon, 2005, p.108). Cet élément peut se retrouver chez Ignace, qui parle de manque de sérieux face à ses études.

5.5.2. Confirmation que la voie suivie est la bonne ou doute du choix