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Irrégularités biologiques induites par l’environnement:

PARTIE IV : RÉSULTATS ET DISCUSSION

A. Explications biologiques de l’homicide

3. Irrégularités biologiques induites par l’environnement:

Dans cette section, nous considéreronsle rôle possible de certains produits chimiques et toxiques par rapport à la délinquance violente. Mis à part la possibilité d'une composante biologique innée qui pourrait prédisposer un individu à se livrer à la violence meurtrière, il a également été suggéré que certaines substances pourraient nuire au fonctionnement biologique.

a. Drogues et alcool:

Il existe diverses façons selon lesquelles les médicaments et l'alcool peuvent jouer un rôle crucial dans l'émergence de la violence et de l'homicide. Pour les drogues, le lien pharmacologique est difficile à déchiffrer et dépend certainement de quelles des formes considérées.

La consommation d'alcool imprègne de nombreux incidents d'homicide(ou d'autres formes de violence). Le lien entre les deux est loin d'être simple et n’est certainement pas limité à un effet pharmacologique.

Les liens entre les drogues, la consommation d'alcool et l’homicideseront discutésdans divers autres chapitres.

b. Nutrition:

L'idée que la nutrition peut influer sur le comportement ou sur la santé, n'est pas nouvelle. Le Cholestérol, les carences en vitamines et les allergies alimentaires ont tous été examinés par rapport à un comportement violent. Des histoires anecdotiques d'anomalies nutritionnelles sont communes dans lesmeurtres en série [174].

Virkkunen et ses collègues ont suggéré que l'hypoglycémie était fréquente chez les criminels et les délinquants qui se livrent régulièrement à des comportements violents[100, 175]. Ces mêmes chercheurs ont également revendiqué une association entre le taux de cholestérol et la violence [176]. Bien qu'il semble y avoir des preuves d'une association entre l'hypoglycémie ou le taux de cholestérol bas et la violence, la recherche à ce jour souffre d'un certain nombre de lacunes méthodologiques. Par exemple, dans les études par Virkkunen et ses collègues, tous les délinquants violents, dont la glycémie a été testée, avaient des antécédents d'abus d'alcool conduisant souvent à un régime pauvre.D’autres difficultés retrouvées tournent autour des évaluations inadéquates de l'apport nutritionnel entre les sujets et les contrôles violents avec une incapacité à envisager d'autres différences potentiellement importantes entre les deux groupes ; tels que les niveaux d'activité.

c. Risques périnataux:

La recherche a révélé que plusieurs facteurs, y compris l’exposition prénatale à la nicotine et à l'alcool, les complications à la naissance, les anomalies physiques mineures (AMP) et la malnutrition augmenteraientde

manière significative le risque de comportement antisocial et criminel dans l'enfance, l'adolescence et à l'âge adulte.

d. Tabagisme pendant la grossesse:

De nombreuses études ont démontré que les personnes exposées au tabagisme maternel pendant la grossesse ont un risque élevé de comportement criminel et antisocial tout au long de leur vie [177]. Le tabagisme prénatal prédit des troubles de conduite et une délinquance à l’age adulte [178-180]. Trois études ont également constaté une relation dose-réponse entre le degré de tabagisme maternel pendant la grossesse et le degré de comportement antisocial plus tard dans la progéniture [181, 182].

e. Alcoolisme fœtal :

L'exposition à l'alcool au niveau foetal a longtemps été reconnue comme un facteur de risque de comportement antisocial chez les adolescents et les adultes [183]. Alors que la consommation d'alcool pendant la grossesse peut entraîner un syndrome d'alcoolisme foetal (SAF), les déficits se trouvent même chez ceux qui ne répondent pas aux critères de diagnostic du SAF [184].Deux études ont montré que les enfants et les adolescents exposés à l'alcool foetal avaient des taux élevés de délinquance [185, 186]. En outre, la recherche a montré que les adolescents qui ont été exposés à l' alcool avant la naissance sont surreprésentés dans le système judiciaire [187]. Une étude a révélé que 3% des adolescents dans une unité hospitalière de psychiatrie légale pour mineursn ont été diagnostiqués avec le SAF, et 22 % ont été diagnostiqués avec des effets d'alcoolisme fœtal [187]. Une autre étude a révélé que 58% des adultes, 61% des

adolescents et 14% des enfants âgés de 6 à 11ans, avec une notion d'alcoolisme fœtal, avaient des antécédents de problèmes avec la loi[183].

f. Complications fœtales et néonatales:

Les complications de naissance comprennent une naissance prématurée, un faible poids de naissance, un placement dans une unité néonatale de soins intensifs, un accouchement au forceps, une césarienne, une anoxie, une réanimation nécessaire après l'accouchement, une prééclampsie chez la mère, ouun faible score d'Apgar. Ces complications modifient directement ou indirectement le fonctionnement du cerveau dans le système nerveux central du nouveau-né [188]. Plusieurs études ont démontré que les complications à la naissance interagissent avec les facteurs de risque psychosociaux dans la prévision des troubles de la conduite, la délinquance, le crime impulsif et la violence à l'âge adulte. Par exemple, Raine et al. ont trouvé une interaction significative entre les complications à la naissance ou un rejet maternel et la prédisposition à la criminalité violente à la fin de l'adolescence [123]. Une autre étude a révélé une corrélation entre les complications obstétricales graves, les mauvaises conditions familiales et l'augmentation du risque de récidive violente à l' âge de 17 ans [189].

D’un autre côté, Les anomalies physiques mineures (AMP) sont un biomarqueur de mauvais développement neural du fœtus pendant le premier et le deuxième trimestre de la grossesse, lorsque le cerveau du fœtus est en pleine croissance.

Des exemples de ces anomalies physiques subtiles comprennent un cinquième doigt courbe, une langue sillonnée, un pli palmaire unique, et des oreilles bas implantées [190].

Arseneault et al ont montré que les AMP retrouvées à 14 ans chez 170 hommes ont prédit la délinquance violente à 17 ans, une association qui était indépendante de l'agression à l'enfance et des mauvaises conditions familiales [191]. En outre, Kandel et al ont constaté que le comportement criminel violent et la récidive vers 20-22 ans étaient associés à une augmentation du nombre d'AMP à des âges entre 11-13 ans.

La recherche suggère également que les AMP interagissent avec les facteurs sociaux dans la prédisposition à des comportements violents et criminels. En effet, Mednick et Kandel ont constaté qu'être élevé dans une famille intacte stable diminue le risque d’une relation entre AMP et crimes violents. Ces AMP ne prédisaienttout de même pas le risque de violence chez les enfants élevés dans des foyers instables [192].

Brennan, Mednick et Raine ont rapporté une conclusion similaire dans un échantillon de 72 progénitures mâles de parents avec des diagnostics psychiatriques. Les taux de crimes violents adultes particulièrement élevés ont été retrouvés chez les personnes qui avaient à la fois de mauvaises conditions familiales et des AMP, par rapport à ceux qui avaient un seul de ces facteurs de risque[170].

Bien que la nature exacte des modalités avec lesquelles les facteurs de risque contribuent à un comportement antisocial ne soit pas entièrement connue, les chercheurs ont proposé que les facteurs de risque modifient négativement les

structures du cerveau et des fonctions essentielles à l'apprentissage, la mémoire, l'attention, les systèmes de récompense et la régulation des émotions et peuvent donc à la fois directement et indirectement prédisposer à la criminalité.