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Accueillir et intégrer au sein d’une classe primaire des élèves non francophones et nouvellement arrivés en Suisse représente de nombreux défis. Premièrement, la variété des langues d’origine et des cultures mais aussi les parcours et les histoires de vie ne permettent pas de définir une procédure d’accueil systématique ainsi qu’un enseignement immuable. Il serait en effet illusoire de croire que les élèves présents dans les classes « se ressembl[ent]

tellement qu’on pourrait finalement leur enseigner d’une seule voix les mêmes choses, en même temps, au même rythme » (Zakhartchouk, 2014, p. 9). De plus, dans le cas de l’accueil de ces élèves, il est aussi nécessaire de considérer d’autres facteurs. L’origine socioculturelle et économique, le contexte migratoire dans lequel ils ont dû quitter leur pays natal ou encore leur âge sont autant de facteurs qui vont influencer leur personnalité, leurs connaissances ainsi que leurs besoins. Les enseignants doivent donc s’adapter à chaque élève en veillant à faire preuve d’empathie, de bienveillance et parfois d’inventivité afin de leur assurer un accueil adapté et une intégration harmonieuse. Au vu du contexte démographique et migratoire actuel ainsi que de l’hétérogénéité grandissante dans les classes genevoises du primaire, la société, et plus particulièrement la fonction publique, doit surmonter un autre défi. Elle doit se donner les moyens d’accompagner au mieux ces élèves et surtout de leur offrir les conditions nécessaires à l’apprentissage du français, mais aussi à leur développement et à leur épanouissement. L’enfant, pour pouvoir maîtriser au plus vite la langue d’accueil, doit impérativement être amené à l’entendre, à la pratiquer et à l’étudier de manière régulière.

C’est notamment à travers des activités structurées et variées que l’élève développera sa capacité à reproduire à l’oral comme à l’écrit cette nouvelle langue qu’il va entendre quotidiennement en classe. L’école s’avère être un premier tremplin à l’apprentissage et à l’acquisition du français. Les établissements scolaires doivent donc réfléchir aux moyens de rendre cette intégration plus harmonieuse. Que cela soit en termes d’organisation interne, de matériel, de méthodes ou encore de formation continue, ils se doivent de mettre en place une bonne structure d’accueil et de garantir un enseignement efficace. Aussi, notre étude s’intéresse à la fois aux pratiques enseignantes et au contexte institutionnel dans lequel les professionnels de l’éducation évoluent. Diverses questions sous-jacentes à ces deux grands pôles guident notre recherche :

Du côté des établissements scolaires

Quelles sont les recommandations des établissements scolaires quant à l’accueil des élèves ?

Que disent les directives ?

Qu’est-ce qui est mis en place pour ces élèves au sein des écoles ?

Du côté de l’enseignant

Comment prépare-t-il l’arrivée de l’élève ?

Comment l’aide-t-il à se sentir à l’aise dans la classe ?

Comment fait-il pour identifier ses besoins ?

Où trouve-t-il les ressources permettant de l’intégrer et de l’accompagner au mieux dans son apprentissage de la langue d’accueil ?

En dépit de ces enjeux d’envergure, un constat est né de notre expérience personnelle dans le milieu scolaire. Celui-ci atteste qu’actuellement, les enseignants genevois exerçant au primaire manquent de ressources pour accueillir et favoriser l’intégration d’un nouvel élève non francophone au sein de leur classe. En tant que jeunes enseignantes, l’inquiétude de ne pas parvenir à identifier les besoins de ces élèves et à gérer correctement leur arrivée nous motive d’autant plus à nous intéresser de manière approfondie à cette problématique. À travers les discours des enseignants, nous constatons malheureusement que cette préoccupation s’étend de plus en plus. Il nous intéresse dès lors de nous entretenir avec eux afin d’identifier comment ils définissent les besoins de ces élèves et de questionner les moyens dont ils disposent pour assurer leur intégration et leur apprentissage. C’est la raison pour laquelle notre recherche vise en premier lieu l’étude des perceptions de ces derniers quant à l’accueil et l’intégration d’élèves spécifiques : les allophones primo-arrivants. Par le terme allophone, nous considérons tout apprenant n’ayant pas comme langue d’origine le français. Par le terme primo-arrivant, nous considérons tout élève en situation d’immigration et scolarisé depuis moins d’un an dans un établissement scolaire. Comme peu de travaux empiriques se sont intéressés aux perceptions des enseignants, nous avons fait le choix de leur accorder une place prépondérante dans cette étude en nous appuyant sur leurs témoignages.

Au-delà de leurs perceptions, notre travail cherche également à mettre en valeur leur savoir-faire et leur créativité. Nous partons du principe que chacun, riche de son expérience, possède un savoir qui mérite d’être entendu et partagé. Suite à nos divers entretiens, nous avons décidé de prolonger ce travail en élaborant et en divulguant un recueil d’outils concrets et exploitables en classe, destiné à faciliter la tâche des enseignants. Ainsi, notre recherche comporte un double intérêt. D’une part, elle souhaite améliorer la qualité des prestations

proposées actuellement dans les classes du primaire en enrichissant les pratiques enseignantes ; d’autre part, elle cherche à étoffer l’ingénierie didactique en complétant et en facilitant l’accès et l’exploitation des ressources existantes.

La démarche adoptée pour récolter les perceptions des enseignants et les ressources qu’ils mobilisent en classe

La première étape de cette recherche consiste à considérer les écrits existants sur le sujet afin de définir et de contextualiser notre problématique à plus large échelle. Avant d’être considéré comme un élève allophone primo-arrivant, l’enfant est d’abord migrant. C’est pourquoi il est premièrement utile de définir le concept de migration et de comprendre les enjeux qui en découlent. Chaque facteur influençant l’accueil et l’intégration de ces élèves fera donc l’objet d’une analyse détaillée afin de divulguer les éventuels difficultés ou risques qui peuvent apparaître aussi bien pour l’élève que pour l’enseignant.

La deuxième étape consiste à comprendre comment ces élèves sont accueillis dans les classes.

Pour ce faire, nous avons tenu à rencontrer les enseignants, premiers concernés par ce phénomène, lors d’entretiens semi-directifs. Bien que conscientes que la thématique retenue concerne l’ensemble des degrés de scolarisation, nous avons choisi de centrer notre recherche sur des élèves âgés de 4 à 12 ans du fait de notre orientation professionnelle. C’est à travers l’échange de pratiques, les apports et les questionnements de chacun des enseignants participant à la recherche, mais aussi à travers l’analyse de leurs paroles, que nous allons apporter des éléments de réponse aux questions que nous nous posons.

La troisième étape consistera en la création d’un recueil d’outils à l’attention des enseignants.

Ce recueil, inspiré des ressources collectées sur le terrain, comprendra une liste d’outils utilisables en classe lors de l’accueil d’un élève allophone primo-arrivant. Cette dernière partie conclut donc notre recherche en tentant de mettre à profit la richesse de nos découvertes.