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2. Cadre théorique

2.1 La Suisse et la migration

2.1.4 Un cas particulier : Genève

Dans la mesure où notre recherche s’effectue exclusivement sur le canton de Genève, il nous paraît important de revenir sur quelques dates et éléments clés de l’accueil des populations dans ce canton au cours des quinze dernières années.

Comme le montre le tableau 2, en 2014, le canton de Genève a enregistré une hausse de la population de 1,8 %, « la croissance la plus forte enregistrée depuis les années soixante » 4 selon l’information statistique de la population de Genève. Cette forte croissance démographique s’explique principalement par le jeu des migrations qui enregistre, en 2014, 18 503 étrangers arrivés à Genève (immigration) contre 11 228 départs (émigration), ce qui représente un solde migratoire positif de 6 509 personnes. En fin d’année, sur une population totale de 482 545 habitants, le canton dénombre près de 200 000 étrangers, ce qui représente 41,3 % de la population du canton. Autrement dit, plus d’un habitant sur trois est étranger à Genève.

Tableau 2 : Bilan démographique selon l’origine (2014)

Cette grande multiculturalité s’explique également par le fait que Genève, c’est aussi l’histoire d’un tout petit canton devenu un repère international. Actuellement, la ville

4http://www.ge.ch/statistique/tel/publications/2015/informations_statistiques/autres_themes/is_population_09_2 015.pdf

accueille environ 250 organisations non gouvernementales (ONG)5 et 22 organisations internationales. Le siège européen des Nations unies, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), en font par exemple partie. Riche de ses organisations internationales, de ses ONG et de ses recherches mondiales, la ville de Genève s’est peu à peu fait une place dans le monde politique et elle accueille aujourd’hui de nombreux spécialistes étrangers venus s’installer en Suisse pour des périodes plus ou moins longues. Comme le montre le tableau 3, tiré du mémento statistique du canton de Genève, la population étrangère a donc augmenté d’environ 30 000 personnes en l’espace de 10 ans.

Tableau 3 : Variation du nombre d’étrangers en Suisse entre 2004 et 2014 selon la nationalité

Cette importante augmentation soulève des questions quant à la manière de gérer l’afflux d’immigrants et suppose la mise en place de dispositifs et de programmes d’intégration.

L’école est très impliquée et touchée par l’arrivée toujours grandissante de populations étrangères, et les classes genevoises se distinguent par la présence d’élèves qui amènent entre les murs de l’école une importante diversité culturelle et linguistique. Cette hétérogénéité oblige le système scolaire genevois à s’adapter et à proposer de nouvelles méthodes permettant de gérer au mieux ce phénomène migratoire. L’école a donc un rôle à jouer dans l’intégration des élèves comme de leur famille puisque elle est l’endroit « où se rencontrent quotidiennement des modes différents de penser le monde, de valoriser certains comportements et de transmettre des connaissances particulières » (Perregaux, 1994, p. 8).

5 https://www.eda.admin.ch/eda/fr/dfae/politique-exterieure/organisations-internationales/organisations-internationales-suisse.html

A. L’importance démographique des élèves migrants

À Genève, la position du Département de l’instruction publique (DIP) concernant l’accueil et l’intégration des élèves allophones rejoint les préoccupations et les nécessités de l’époque.

Dans son arrêté de 1991, la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) présentait le devoir des cantons suisses « de mettre en œuvre des moyens afin d’intégrer tous les enfants de langue étrangère vivant en Suisse dans les écoles publiques en évitant toute discrimination » (Mottet et Bolzman, 2009, p. 7). Cette évolution en matière d’intégration est, bien entendu, liée au flux migratoire toujours plus important dans le canton.

Au niveau scolaire, cet afflux engendre notamment une forte augmentation des effectifs.

Comme le montre ce graphique tiré de la note d’information du Service de la recherche en éducation (SRED) datant de 2015, on peut constater que, depuis 2013, le nombre d’élèves dans l’enseignement primaire genevois ne cesse d’augmenter pour atteindre potentiellement près de 35 000 élèves en 2018.

Graphique 2 : Facteurs d’évolution des effectifs d’élèves de l’enseignement primaire genevois de 2011 à 2018

Suite au gain migratoire de ces dernières années, il n’est pas non plus étonnant de constater que les écoles genevoises se distinguent par leur grande diversité culturelle et linguistique.

Selon la note d’information du SRED datant de 2011, pas moins de cent soixante nationalités seraient présentes dans les écoles publiques du canton. En observant le tableau ci-dessous, on peut également constater que plus de 40 % des élèves du primaire n’ont pas le français comme langue maternelle. Ce pourcentage élevé interroge nécessairement l’instruction scolaire.

Tableau 4 : Répartition des élèves dans les structures scolaires selon la 1e langue parlée, 2014

Si la littérature démontre la nécessité de se questionner et de réfléchir à la question de l’accueil et l’intégration des élèves allophones nouvellement arrivés à Genève, il n’en reste pas moins que le

DIP doit faire face à plusieurs défis concernant cet accueil. D’une part, il doit gérer la diversité grandissante d’origines et de langues des primo-arrivants. D’autre part, l’assimilation dans certains discours politiques de l’élève d’origine étrangère à une

"catégorie-problème" ainsi que l’émergence d’une manière "ethnicisante" (Mottet et Bolzman, 2009) de voir ces élèves, plutôt que de les considérer sous l’angle de leur statut socio-économique, renforcent la stigmatisation des nouveaux venus6.

À Genève, bien que de plus en plus de moyens soient mis en place pour améliorer l’intégration des élèves primo-arrivants, il est évident qu’une mobilisation générale et toujours plus grande est essentielle. C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’en tant qu'enseignants, nous avons également la possibilité et le devoir de proposer un bon accueil à ces élèves et de tout mettre en œuvre pour faciliter leur intégration, en tout cas au sein de l’école.

6 https://www.geneve.ch/recherche-education/doc/publications/notesinfo/notes-sred-48.pdf