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PARTIE I : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE RECHERCHE

CHAPITRE 5 : APPROCHE ÉPISTÉMOLOGIQUE ET

5.2 Approche multi-stratégique de recherche

5.2.1 Introduction à l'approche multidimensionnelle de recherche

Notre recherche s’inscrit dans le courant des sciences sociales de l’environnement fait appel à des méthodes de recherche qualitative pour mieux analyser les relations homme-nature- culture-territoire, sous une perspective épistémologique et méthodologique principalement axée sur la systémique et la perception de l'environnement ou vision du monde qui a occupé une place prépondérante. La perception de l'environnement, en tant qu'outil méthodologique, nous a permis d'effectuer un voyage à travers l’univers culturel. L’étude d’une stratégie d’aménagement local demande d’être replacée dans un contexte plus vaste dans la mesure où elle peut avoir des conséquences en dehors du milieu ou il a été circonscrit. Ainsi, l’analyse des pratiques d’aménagement et surtout, naturellement, dans le cas d'un ensemble complexe, doit mener en effet à se méfier des conceptions sectorielles et garder à l'esprit l'idée que l'objet de l'étude est un système aux interactions multiples et soumis à des facteurs nombreux, pour la plupart inconnus. Nous proposons ici un modèle de système représentant

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un environnement global, cadre dans lequel nous allons incorporer notre démarche méthodologique. Pour la caractérisation du contexte, nous avons eu recours à l'observation de reconnaissance et à la recherche documentaire. L'observation de reconnaissance s'inscrit en complémentarité avec les stratégies suivantes : les entrevues individuelles et les entrevues de groupes de discussion. Elle vise à permettre une meilleure compréhension de la réalité sociale et à mettre en relation le discours et les pratiques de notre population cible (Jaccoud et Mayer, 1997).

La portée de notre recherche se situe au cœur des enjeux du développement durable, où la compréhension du rapport à la nature des communautés locales sous le point de vue des perceptions, du savoir du sens commun et des représentations sociales de la nature est un élément fondamental d’adaptation des stratégies aux besoins et aux préoccupations locales, actuelles et futures. Pour l’étude d'une population dans un écosystème naturel, il faut s'intéresser non seulement aux effectifs de cette population, à sa distribution et à sa biomasse, mais encore aux activités de cette population et de ses éléments constituants. Il faudra également se pencher sur les interrelations importantes entre la population humaine avec les composants biotiques, non biotiques du système et les facteurs exogènes. Dans cette perspective de recherche, le système est dynamique et dépend des processus qui y interviennent. Au niveau de la population humaine, l'état biopsychique rassemble toutes les variables qui décrivent les caractéristiques biotiques et psychiques des populations locales. L'état biopsychique est influencé dans une large mesure par les conditions de vie auxquelles sont soumises ces populations. Ces conditions de vie sont en relations avec l'environnement dans son ensemble, sans en être une fonction directe. Les catégories de variables susceptibles d'être prises en compte dans les études écologiques intégrées des populations humaines comportent non seulement l'expérience de variables matérielles, telle que la qualité des aliments mais encore l'expérience de variables psychosociales, telles que l'interaction des petits groupes ou le sens de la compétition dans les activités quotidiennes (Boyden, 1976). Il ne faut pas classer les variables en catégories absolues mais il faut surtout insister sur le fait que la trame d'une approche aussi intégrée est l'interaction entre des variables de différentes catégories. Si les composants biotiques et non biotiques du système s'affectent mutuellement d'une façon directe, la culture, l'état biopsychique, les conditions de vie et même les facteurs exogènes ont un rôle très actif dans le système mais seulement par le biais de la dimension de processus de la population humaine, c'est-a-dire du comportement de

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l'homme. Le choix de la perception de la vision du monde comme outil méthodologique nous permettant d'accéder à la connaissance des relations entre l'être humain et son milieu, et de surcroît répondre à l'un des objectifs importants de cette recherche qui consiste à obtenir dans une société une compréhension systématique et scientifique des perceptions à partir de l'intérieur. Le rôle des recherches concernant la perception de l'environnement dans les relations entre l'homme et son milieu peut se résumer à cinq objectifs sous forme d'orientation politique (Whyte, 1978). Il s'agit de :

Contribuer à une utilisation plus rationnelle des ressources du milieu en harmonisant les connaissances à l’extérieur.

Accroître, dans tous les domaines, la compréhension des bases rationnelles des différentes perceptions de l'environnement.

Encourager la participation locale au développement et à la planification, en vue d'une réalisation plus efficace d'une transformation mieux appropriée.

Aider à préserver ou à enregistrer les perceptions et les systèmes de connaissance de l'environnement qui sont en voie de déclin.

Agir en tant qu'instrument éducatif et agent d'évolution et procurer des occasions de se former aux personnes concernées par la recherche.

La vision du monde, des mythes fondateurs, des Dieux ou des institutions, sont accessibles par les voies du symbolisme, de la littérature gnomique et de l’initiation. Le symbolisme, la littérature gnomique, l'art et l'initiation traduisent en fait la perception de l'environnement. La connaissance de l'univers culturel peut contribuer à préciser et à comprendre le fonctionnement et l'articulation des mécanismes régissant toutes les sphères de la vie de la collectivité en vue d'y intégrer et d'y adapter les impératifs de développement (Kasisi, 1989). Nous pouvons également, par ce biais, saisir le sens et la portée de la plupart des comportements d'un groupement humain. Beattie (1972), affirme que ce que nous trouvons symbolisé de différentes façons dans différentes cultures, ce sont des notions plus ou moins abstraites tels que le pouvoir, la solidarité de groupe, l'autorité familiale ou politique. En ce qui a trait aux contes et aux légendes émaillés de dictons, de proverbes, ils permettent à chacun de s'instruire, de se cultiver, de s'enrichir. C'est par eux que les anciens transmettent aux jeunes, sous des formes faciles à retenir, la cosmogonie, l'histoire de la tribu, les lois sociales, l'origine des divers produits, les croyances religieuses, la structure sociale, la vie économique, les relations avec les autres ethnies, l'évolution de la civilisation, c'est-à-dire

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l'invention des castes, la fondation des villages, les liens totémiques entre un animal et un clan. L'initiation, comme dernière voie de connaissance témoigne par son essence que la majorité de ses rites marquent les grands moments, les principales articulations de la vie de 1'individu et, par conséquent celles de la société. Ce sont ces articulations issues du savoir initiatique qui conditionnent le comportement de 1'homme au cours de son existence et qui fixent les normes d'éthique de la société. Comprendre l’initiation dans sa globalité c’est comprendre les mécanismes de fonctionnement de la société. L’avantage de cette démarche de perception de l’environnement attachée à la vision du monde est de minimiser les contrecoups inhérents à une acculturation brutale qui impliquerait à la fois une déculturation (perte de certains traits) et enculturation exogène (participation à une nouvelle culture) (kasisi, 1989).