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Ras a 42 ans et vit depuis toujours à Moabit. Je l’ai rencontré pendant mon stage au ZK/U, il assistait Gustavo Sanroman à la technique dans le cadre d’un programme de 8 mois mené par l’équivalent du Pôle emploi allemand. Il est né et a grandi en Allemagne, mais selon la loi en vigueur à sa naissance, il est de nationalité turque, ses deux parents étant eux même Turques.

Thème : Vie sociale à Moabit Engagement, activisme

Certaines personnes, certains projets comme Moabit ist beste, cherchent à rassembler les Moabiter (habitants de Moabit) pour s’unifier derrière une unique voix. Le projet est dirigé par Kapitain Kiez, Moabiter. Moabit est une ville dans la ville, les gens sont très proches les uns des autres. Tu sais que Moabit est une île, si tu veux en sortir il faut traverser des ponts. Dans ma jeunesse, nous étions juste entre immigrants. Juste des jeunes issus de l’immigration, enfin pour beaucoup. Parce que cette zone est principalement une zone industrielle. Nous avions beaucoup d’industries ici, maintenant de grandes industries sont parties, BMW, Siemens sont encore ici mais c’est presque tout. Les autres grandes entreprises sont parties ou on fait faillites, ou se sont faites ravaler par d’autres grandes entreprises.

Jusqu’ici nous n’avons jamais eu de Macdonalds ou Burger king, quand tu y penses. Pourquoi ?

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C’est seulement des habitants du quartier qui ont ouvert leur restaurant, et les voisins qui viennent y manger, tu vois ce que je veux dire ?

Vie culturelle in Moabit ? Avant comment c’était ?

Dans ma jeunesse, il y avait des Youth Club (foyer des jeunes), toutes les deux ou trois rues tu trouvais un Youth Club. Les enfants ou les jeunes jusqu’à 18 ans pouvaient venir là juste pour se détendre, jouer au babyfoot ou aux cartes, ne pas trainer dans la rue. On disait « Ne fais pas de la merde dans la rue, va au Youth Club ! » Il y avait des travailleurs sociaux qui chapeautaient un peu le tout pour être sûrs qu’il n’y avait pas de problème. Que ça ne dérange personne.

Puis le gouvernement a donné de moins en moins d’argent pour ces projets, donc ils ont du fermer. Mais quand j’étais jeune c’était le premier endroit pour se détendre. Parce que tu sais à l’époque on avait pas de portable pas d’internet, le seul moyen de se connecter avec les autres c’étaient de se retrouver là-bas, rechercher le groupe, la foule. « Où sont- ils ? Où est la bande ? S’ils ne sont pas là ils doivent être ailleurs, dans un autre Youth club. » C’était comme ça qu’on se rencontrait.

Après ça a fermé et je ne sais pas, j’ai grandi. Je ne peux parler que pour moi même.

Les premiers espaces culturels institutionnalisés à Moabit ?

Le premier ou le plus grand c’était la Kulturfabrik, c’est là que les premières soirées Hip Hop ont commencé. Il existe aussi près de Turmstrasse la Bucherei, tu sais, la grande bibliothèque ? Eh bien ils organisaient aussi des évènements culturels.

Depuis 5 ans des bars et cafés un peu chics sont apparus, un par là, un autre par là / par ci par là. Beaucoup d’investissements ont été fait. Surtout par des scandinaves. Tu sais on a beaucoup de vieux bâtiments ici, donc ils achètent ces bâtiments, les assainissent, les restaurent, et après les revendent. Ce n’est pas pour louer c’est pour vendre. Donc beaucoup de Scandinaves font la gentrification ici. C’est ce que j’ai vu. Les parcs ?

A l’époque, quand j’étais adolescent, je pouvais les traverser mais ce n’était pas un endroit où j’avais envie de me poser. Il y avait de mauvaises

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personnes, avec qui tu ne veux pas avoir à faire. De la drogue partout. Tu sais aujourd’hui ils ont nettoyé les parcs, mais les dealers sont toujours là, à Kleine Tiergarten ou Otto Park.

Quelque chose que tu aimes particulièrement à Moabit ?

Ce que j’aime à Moabit c’est la communauté, le fait que quand je marche dans Turmstrasse je peux dire bonjour à quelqu’un tous les 10 mètres. Ça je ne veux pas le perdre.

Turmstrasse est notre seule rue principale. C’est aussi pour ça que je suis là depuis si longtemps.

ET ZK/U ça fait du bien au quartier, parce qu’ils créent un nouveau point de rencontre pour la nouvelle génération de Moabit, je dirais ça comme ça. Cette nouvelle génération a aussi un endroit pour se rencontrer. Parce que les autres jeunes ou groupes ils ont leurs propres bars, à schisha, ou peu importe. Parfois je trouve ça dommage que nous vivions dans cette société double. Vivre en parallèle mais pas ensemble.

Que veux-tu dire par société double ?

Je ne le sais pas très bien. Mais j’ai vu pendant Moabit ist Beste, qu’ils ont essayé de se réunir en une seule voix pour aller parler au maire de quartier. Si tout le monde dans Moabit se connectait et parlait avec une seule voix, on pourrait changer beaucoup de chose. On pourrait parler avec une seule voix à Hanke (SPD, Maire de l’arrondissement de Mitte). Il a essayé. Peut être il n’avait pas une très bonne image. Pendant un an, il a eu un certain succès, il a pu changer des choses, et après, il a abandonné. Il avait trop de problème. Les gens ne voulaient plus de lui. Mais si les gens ne veulent pas de lui, ils peuvent se réunir ensemble et créer une association à Moabit. Par exemple si une aire de jeu est endommagée, ils peuvent s’organiser pour la réparer, écrire une lettre, la donner au maire. Ce ne serait pas UNE personne qui dirait ça au maire, mais 50 ou 100,

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