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La formation à la nutrition transforme les comportements au Mali

Dans le document Collection: La faim dans le monde (2006) (Page 75-78)

Au Mali, le Gouvernement et les ONG concernées se sont rendu compte que la malnutrition des ruraux était due non pas à une catastrophe soudaine mais plutôt au fait qu'ils ignoraient des notions de base sur la nutrition. Aussi a-t-il été organisé un projet national de communication pour diffuser une série de messages nutritionnels simples, comme les bienfaits de l'allaitement maternel, du traitement des carences en vitamine A et d'une sensibilisation des hommes à la nutrition des femmes et des enfants. Pour les femmes, il a été organisé surtout des programmes de conseils, tandis que, pour les hommes, il a été organisé des saynètes, des réunions de mobilisation et des programmes radiodiffusés, y compris un feuilleton intitulé Saheli Sama (L'éléphant du désert)qui a rapidement connu une grande vogue dans l'ensemble du pays.

Il ressort d'une évaluation de l'impact du programme, cinq ans après son lancement:

• que la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de 3 ans est tombée de 38 pour cent à 28 pour cent dans les villages couverts par le programme mais est demeurée inchangée ailleurs;

• que les taux de malnutrition chronique ou de retards de croissance sont tombés de 46 pour cent à 31 pour cent dans les villages couverts par le programme mais sont demeurés inchangés ailleurs; et

• que la proportion d'enfants recevant le lait maternel initial (colostrum) est passée de 25 pour cent à 58 pour cent dans les villages couverts par le programme mais de 30 pour cent à 42 pour cent seulement ailleurs.

D'une manière générale, l'évaluation est parvenue à la conclusion que le programme de formation à la nutrition avait donné d'excellents résultats et que son rapport coût-efficacité était comparable à celui d'autres programmes de nutrition axés sur les jeunes enfants

Source: Parlato et Seidel 1998.

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4. Les interventions pratiques

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une occasion de prévenir l'infection par le VIH et de freiner sa propagation, qui a des effets dévastateurs sur la sécurité alimentaire (OMS 1999). L'école primaire peut offrir une possibilité de sensibiliser les jeunes avant qu'ils ne deviennent sexuellement actifs, à un âge où ils courent le moins de risques d'être infectés (PAM 2004a). Les adolescentes peuvent également apprendre à l'école pourquoi il est dans leur intérêt de retarder la première grossesse et d'apprendre quels seront leurs besoins nutritionnels si elles sont enceintes (Shrimpton 2001).

• Formation à l'agriculture

Les potagers scolaires, outre qu'ils permettent dans une certaine mesure de diversifier le régime alimentaire, offrent aux enfants, surtout en milieu rural, l'occasion d'apprendre les techniques de production agricole et d'identifier les moyens de traiter les maladies végétales (voir Desmond et al.

2004). Dans certains cas, la culture du potager est intégrée au programme scolaire dans des leçons consacrées à l'agriculture et, dans d'autres, il s'agit d'une activité facultative. Dans l'un ou l'autre cas, ces programmes doivent être soigneusement gérés car le travail des élèves risque sinon d’être utilisé pour produire des légumes dont profiteront les maîtres et les fonctionnaires.

Problèmes multidimensionnels

Fréquemment, l'on se trouvera en présence de plusieurs problèmes, et il sera alors plus logique de mettre au point des enveloppes d'interventions qui se renforcent mutuellement pour y remédier.

• Programmes intégrés

En rassemblant les enfants, les écoles constituent fréquemment un tremplin efficace pour toute une série d'interventions. Deux programmes intégrés démontrent les types de mesures qui peuvent être adoptées. Le cadre FRESH comporte quatre volets qui, dans toute la mesure possible, doivent être offerts ensemble dans toutes les écoles (UNESCO et al. 2000): des politiques de promotion de la santé à l'école; un approvisionnement en eau salubre et des installations sanitaires; une éducation sanitaire fondée sur les compétences; et des services scolaires de santé et de nutrition.

« L’ABC de la santé et de la nutrition scolaires » combine différentes interventions comme

alimentation scolaire, déparasitage, formation à la santé et à la nutrition, distribution de suppléments de micronutriments et sensibilisation au VIH/SIDA.

4.3 Interventions à l'âge adulte Les problèmes à résoudre à l'âge adulte sont liés au manque de moyens de subsistance, de compétences et de connaissances spécifiques ainsi qu'au manque de concentration et d'assiduité. Toutes les

interventions qui ont montré qu'elles pouvaient y remédier (figure 4.6) doivent être replacées dans le contexte des activités de développement en général.

L'apprentissage doit faire partie d'une approche multisectorielle (agriculture, santé, gestion des ressources naturelles et gouvernance locale) complétant la formation par une amélioration des possibilités de la mettre en pratique. Lorsqu'ils sont

• Formation pratique

• Alphabétisation

• Formation à la nutrition

• Distribution de rations familiales

• Formation pertinente Figure 4.6 — Résumé des interventions à l'âge adulte

PROBLÈME 4WHS_P03 french 13-06-2006 15:26 Pagina 74

75 entrepris de façon isolée, les programmes d'éducation

des adultes sont fréquemment voués à l'échec.

Manque de compétences et de connaissances spécifiques

L´insuffisance de leurs moyens de subsistance est souvent le principal obstacle auquel se heurtent les ménages qui souffrent de la faim. Ils ne produisent tout simplement pas assez d'aliments – ou ne gagnent pas assez pour en acheter – pour que tous les membres de leur famille soient nourris comme il convient. En pareil cas, la formation dispensée aux adultes doit être axée sur la formation pratique et l'alphabétisation.

• Formation pratique

La formation pratique, sous forme de programmes de microcrédit, de vulgarisation agricole ou d'activités génératrices de revenus, peut renforcer les moyens de subsistance et atténuer la faim car elle permet d'accroître la production vivrière (services de vulgarisation agricole) ou les ressources

nécessaires pour acheter des aliments (microcrédit, activités génératrices de revenus). Une analyse des programmes de formation pratique et

d'alphabétisation organisés pour renforcer les moyens de subsistance a constaté que "les programmes initialement fondés sur une formation pratique visant à renforcer les moyens de

subsistance paraissent avoir de meilleures chances de succès. Ils peuvent en effet démontrer la justification immédiate de l'apprentissage"

(Oxenham et al. 2002: 2).22 Les programmes d'éducation des adultes, pour être véritablement efficaces, doivent être intégrés aux efforts tendant à soutenir l'économie locale au moyen d'une

autonomisation des populations locales,

fréquemment précédée par une décentralisation, afin de leur permettre d'exercer un contrôle sur les services sociaux et les activités productives de la communauté et de véritablement mettre en pratique ce qu'ils ont appris.

• Alphabétisation

Les programmes d'alphabétisation des adultes

peuvent mettre la génération suivante économiquement mieux à même de se nourrir comme il convient et constituent fréquemment un complément indispensable de la formation pratique.

Certaines études des programmes d'alphabétisation font valoir qu'il ne semble pas y avoir de corrélation entre ceux-ci, en eux-mêmes, et une élévation des revenus (Valerio 2003).23 Si la motivation que représente un objectif concret fait défaut, les adultes apprennent très peu et retombent fréquemment dans l'analphabétisme (Abadzi 2003). Il est par conséquent essentiel de soutenir la "demande" de programmes d'alphabétisation.

Il est cependant établi que les programmes d'alphabétisation, en eux-mêmes, ont d'autres bienfaits et ont notamment pour effet de susciter parmi les parents une attitude plus favorable à l'éducation, d'accroître la participation à la vie sociale et politique et d'améliorer la santé familiale (Ahmed 1975; Lauglo 2001). Toutes ces constatations portent à penser que les programmes d'alphabétisation des adultes peuvent aider à briser le cycle de

transmission de la faim d'une génération à l'autre.

• Formation à la nutrition

Apprendre les rudiments de la nutrition aux mères et aux pères peut améliorer la santé des enfants.

Cette formation peut revêtir différentes formes.

Elle est parfois intégrée à d'autres programmes de santé, comme les programmes de suivi prénatals et post-natals des mères et des nouveau-nés. Elle peut également être combinée à d'autres activités de développement sans rapport direct avec la nutrition. Des études récentes portent à conclure qu'en soi, la formation des mères améliore les perspectives de la génération suivante d'enfants, d'une façon que l'on ne jugeait jadis possible qu'au moyen d'une éducation plus formelle (Webb et Block 2004). Un programme de formation à la nutrition entrepris au Mali a donné de bons résultats sans que cette formation soit combinée à une quelconque intervention nutritionnelle directe (voir l'encadré 4.5).

Manque de concentration et d'assiduité Les coûts d'opportunité de la formation sont

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4. Les interventions pratiques

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fréquemment beaucoup plus élevés que ses coûts directs: ils représentent la valeur de ce à quoi les participants doivent renoncer pour assister aux cours. Il s'agit notamment du manque à gagner (par suite du temps plus réduit qui est passé dans les champs ou au magasin) et de la réduction du temps de loisirs.

• Formation pertinente

Les coûts d'opportunité font que, fréquemment, les secteurs les plus pauvres de la population se trouvent exclus de la formation. Ils contribuent à des taux élevés d'absentéisme et d'abandon et à de moindres taux de succès, spécialement dans le cas des programmes de formation (comme les cours d'alphabétisation) dont les avantages tardent à se concrétiser. Par conséquent, les programmes de formation organisés à l'intention de ceux qui souffrent de la faim doivent offrir des raisons claires et immédiates pour encourager la participation et la persévérance, les avantages escomptés, c'est-à-dire la réduction de la faim et l'amélioration des moyens de subsistance, devant dépasser les coûts de la participation.

• Distribution de rations familiales

Il est établi aussi que, dans une certaine mesure, la distribution de rations familiales peut compenser les coûts d'opportunité et accroître les taux de

participation. Pour les pauvres, les coûts d'opportunité sont souvent liés à la nécessité d'obtenir les aliments nécessaires à la consommation quotidienne, et la distribution d'une ration

compense en partie certains de ces coûts. L'on a constaté, dans le cas de nombreux programmes de formation, que les taux d'assiduité et les résultats s'améliorent dès que des aliments sont distribués aux participants (voir l'encadré 4.6).

S'ils ont faim, les participants à un cours de formation peuvent également avoir des difficultés à se concentrer. Leur attention risque de divaguer et il peut leur être difficile d'assimiler ce qui leur est enseigné. En distribuant des rations familiales, l'on peut faire en sorte que les participants aient assez à manger de manière qu'ils puissent mieux concentrer leur attention sur l'enseignement et en tirer

davantage parti.

Encadré 4.6 — Au Burkina Faso, la distribution de rations familiales accroît l'efficacité des

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