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Intervention de Madame Nancy Neamtan

4. Table ronde La relation entre Emploi-Québec et les organismes

4.2 Intervention de Madame Nancy Neamtan

Nancy Neamtan, présidente et directrice du Chantier de l'économie sociale, coprésidente de la COCDMO et représentante du milieu communautaire à la CPMT

Une des raisons principales pour laquelle on a organisé ce colloque était d'essayer de prendre du recul par rapport aux enjeux liés au partenariat que l'on vit au quotidien, et d'essayer de trouver des moyens pour avancer. Je vais tenter de résumer les constats qui ont émergé depuis hier. Des constats qui nous mènent à la croisée des chemins. Je tenterai par la suite d'évoquer un certain nombre de pistes à suivre pour le milieu communautaire.

Les enjeux

De nombreuses problématiques récentes vécues sur le marché du travail (vieillissement, pénurie de la main-d' œuvre, problématique d'une main-d' œuvre très peu scolarisée, éloignement, etc.) rendent les pratiques des organisations communautaires en employabilité plus que jamais nécessaires. Prenons comme exemple, les jeunes qui décrochent, l'augmentation du taux d'activités des femmes, la population immigrante très scolarisée mais dont le taux de chômage est élevé. Chacune de ces problématiques montre l'importance du travail fait par le milieu communautaire. Pourtant nous sommes à la croisée des chemins en ce qui a trait aux moyens utilisés pour répondre à ces enjeux. Pour moi, il importe de reconnaître la diversité des pratiques.

Il importe notamment de laisser place à l'innovation, de continuer, comme société, d'investir dans la recherche et le développement, dans la flexibilité, dans la capacité d'innover et d'agir. Ce, non seulement pour les pratiques mais aussi pour continuer d'influencer les politiques publiques de façon proactive, que ce soit par l'insertion sociale et professionnelle, l'insertion par l'économique ou la formation continue. Il importe notamment à cet effet de diversifier les lieux d'enseignement et d'explorer de nouvelles avenues pour la formation que les commissions scolaires et les Cégeps. La sous-traitance représente parfois un risque de limiter cet espace d'innovation.

L'avenir du partenariat présente un second enjeu important. Un bout de chemin fut parcouru à travers des batailles et des tensions constantes entre les partenaires et l'appareil politique et administratif. On observe une progression, mais l'enjeu demeure. Est-ce qu'on va continuer à reconnaître les instances partenariales? Est-ce qu'on va laisser aux organisations communautaires une véritable place? Il s'agit d'éléments qui sont constamment à réaffirmer. Ainsi, nous sommes à la croisée des chemins notamment au niveau local où il n'existe pas de partenariats solides, de lieux d'arbitrage et de gouvernance partenariale. Dans tout le «rebrassage» des structures on parle souvent du rôle des élus municipaux pour maintenir et même approfondir les lieux de partenariat. Il s'agit d'un enjeu extrêmement important pour le milieu communautaire.

L'investissement dans le développement de la main-d' œuvre présente un autre enjeu important. Nous sommes présentement dans une période de croissance économique. On parle beaucoup de coupures. Que ce soit de la part du gouvernement fédéral avec l'argent qui doit revenir au Québec, ou que ce soit de la part du gouvernement du Québec, plus que jamais la formation est le moteur de l'emploi. Nous nous trouvons ainsi à la croisée des chemins dans les choix budgétaires qui seront faits. Est-ce que l'investissement dans la main-d' œuvre se poursuivra ou sera-t-il réduit? Ces investissements touchent directement l'action des organismes communautaires dans le domaine de l'emploi.

Un autre enjeu est de savoir comment les organismes communautaires, qui ont chacune leurs spécificités, leur réalité régionale, leurs populations spécifiques, pourront travailler ensemble pour promouvoir une façon de faire et de voir les choses. Est-ce que ce sera chacun pour soit ou est-ce que nous allons continuer de renforcir une cohérence et une

reconnaissance mutuelle nous permettant d'aller de l'avant. Pour moi, il s'agit là des grands enjeux auxquels nous feront face.

Des pistes d'actions

Le thème du colloque est le partenariat entre Emploi-Québec et les organismes communautaires. Mais dans les faits, pour moi, une des pistes les plus importantes se trouve dans les alliances avec les partenaires du marché du travail. Entre le milieu communautaire, le secteur privé et le mouvement syndical. Il faut travailler de manière à renforcir concrètement ces partenariats dans les instances mais aussi dans les pratiques. Je crois que la notion de gouvernance locale peut nous aider en ce sens. On a mentionné hier la question des comités sectoriels de main-d' œuvre. Pourquoi ne pourrait-on pas y être davantage présent? Nous représentons un enjeu important, celui de l'intégration des personnes exclues des milieux de travail. Rappelons que nous sommes dans un contexte de pénurie de main-d' œ u vre. Par ailleurs, les partenariats avec les associations patronales sont intéressants en ce qui concerne la responsabilité sociale des entreprises face aux personnes exclues. Pour moi, il s'agit d'une piste importante qu'il faut investir si l'on veut avancer et atteindre les missions pour lesquelles nos milieux nous ont créé.

Seconde piste, j'ai l'impression qu'il faut continuer à faire en sorte que nos pratiques soient connues et non seulement nos pratiques antérieures mais notre potentiel d'innovation. Il ne s'agit pas juste de mots. Le gouvernement affirme vouloir faire plus de partenariat. Il faudrait ainsi mettre de l'avant tous ces projets. Notre meilleure option pour se défendre est de se développer, de mettre de l'avant, par rapport aux enjeux, tout ce qu'on peut faire, tout ce qu'on voudrait faire. Nous avons le potentiel de développer une cohésion dans nos rangs, de mobiliser nos communautés. Jamais la société québécoise a eu autant besoin de nous: Emploi-Québec a besoin de nous, les associations patronales ont besoin de nous dans la recherche de main-d' œuvre, le mouvement syndical aussi. Je pense que nous détenons un potentiel de développement. Il y a une réalité qui joue en notre faveur mais il faut être en mesure de construire les alliances d'une façon correcte et d'aller de l'avant pour se développer avec toute la fierté de notre passé et la conviction qu'on a beaucoup de choses à offrir à la société.