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Intervention de Madame Chantal Aznavourian

3. Une relation d'affaire et/ou un partenariat : les conditions à

3.1 Intervention de Monsieur Jean-Marc Fontan: le Partenariat Public-

3.2.1 Intervention de Madame Chantal Aznavourian

Chantal Aznavourian, directrice générale du Collectif des entreprises d'insertion du Québec et ex-directrice générale du Resto-Plateau entreprise d'insertion

Dans un premier temps j'aimerais réagir aux propos de Monsieur Jean-Marc Fontan. Le glissement du type de financement ou de l'entente de service vers l'achat de services et éventuellement la sous-traitance pose un enjeu fondamental. L'exemple de ce qui s'est passé à Baie-Comeau est en ce sens intéressant. Si nos organisations communautaires doivent répondre uniquement aux besoins de l'État, qu'advient-il de la mobilisation citoyenne au sein des conseils d'administrations? Qu'advient-il de notre identité communautaire?

Qu'advient-il de notre pouvoir d'innovation? Le fait d'être identifié comme «entente de service» occasionne déjà des pertes d'autonomie. Dans le cadre de ces ententes de service, les organisations communautaires en employabilité doivent répondre à un certain nombre d'objectifs prédéfinis par l'État. Les orientations actuelles du gouvernement quant au ciblage des clientèles de la sécurité du revenu, en présente un exemple.

Ainsi, qu'advient-il de la mobilisation citoyenne dans nos organisations? Comment les gens qui sont impliqués, qui se regroupent autour de projets sociaux issus de la communauté vont-t-il réagir à force de se faire dire, que les orientations qu'ils ont définies ne correspondent pas aux besoins de l'État et qu'il faut s'y aligner. Lorsqu'on veut travailler sur une société qui se mobilise autour de la pauvreté, autour des problèmes de société, il ne faut pas amputer leur pouvoir de décision.

Le thème abordé est comment le Collectif gère sa relation partenariale avec Emploi- Québec, ou plutôt comment la relation partenariale s'est construite entre le Collectif et l'État.

En 1994, dans le contexte particulier du développement des corporations intermédiaires de travail, il était urgent pour certaines organisations déjà un peu plus ancrées, comme le Bouleau vert ou Formétal à Montréal qui avaient déjà entamé une pratique d'entreprise d'insertion et qui ont été un peu secoué par l'arrivée des CIT, de voir une mesure qui mettait de côté tout l'encadrement sur le cheminement des personnes. Sur l'initiative de l'Institut de développement économique et communautaire, se sont regroupées des expériences d'insertion par l'économique. Elles se sont regroupées et elles ont tenté de se définir et de se donner un cadre de référence, une charte qui définirait leurs actions et leurs pratiques. Ça a donné lieu à un consensus regroupant rapidement plusieurs organisations à travers le Québec.

Une fois que les organisations en insertion se sont reconnues, elles se sont données des critères de reconnaissance. Il fallait alors penser à la prochaine étape qui était la reconnaissance par le gouvernement de cette forme de travail d'insertion par l'économique. Non seulement ces entreprises devaient se faire reconnaître, mais elles devaient également être financées à la hauteur des besoins. Les entreprises d'insertion ont bénéficié d'un appui politique important. On a ainsi pu poser les bases d'un partenariat. Sans une volonté

politique de reconnaître les entreprises d'insertion, les choses auraient probablement évoluées différemment. Ainsi la volonté politique est une prémisse à une structuration plus grande de l'ensemble des partenariats. Les choix qui sont faits par les gouvernements vont teinter la relation partenariale qui s'établit entre les différentes parties.

À l'époque, nous avons eu une expérience intéressante par la mise en place d'un comité interministériel avec une participation directe des entreprises d'insertion. Ceci permit d'élaborer le cadre de reconnaissance et de financement des entreprises d'insertion. Là encore, la volonté politique a joué un rôle important. La participation des organisations de la société civile n'était alors pas une pratique courante. Une pleine reconnaissance de la mission des entreprises d'insertion, de leurs pratiques, de leur mode de fonctionnement et de leur autonomie en est ressortie.

Le cadre de reconnaissance prévoit la mise en place d'un comité de suivi constitué de représentants d'Emploi-Québec aux niveaux national, régional et du Collectif. Ce comité de suivi a pour rôle de s'assurer de l'application et du suivi du cadre à travers l'ensemble des régions, partout où il y a des entreprises d'insertion. Le comité de suivi a joué ici un rôle important en permettant la discussion à un niveau national des difficultés rencontrées et en permettant d'intervenir et d'améliorer les conditions de réalisation de l'entente de services entre les entreprises d'insertion et Emploi-Québec. Un des éléments importants du cadre est le fait qu'il prévoyait un processus d'accréditation et d'évaluation des entreprises d'insertion. Au fil des années, nous avons travaillé en étroite collaboration avec Emploi-Québec sur le processus d'accréditation à partir de sept critères que se sont données les entreprises d'insertion. Il s'agissait ainsi d'un processus d'accréditation qui permettait à toutes les entreprises qui le désiraient d'être accréditée par Emploi-Québec à titre d'entreprise d'insertion et de s'assurer que ces organisations correspondent à l'esprit du cadre de reconnaissance des entreprises d'insertion.

Un autre élément important qui a permis de consolider la relation partenariale est l'engagement de qualité que le Collectif et les organisations d'insertion ont pris avec Emploi-Québec. Cet engagement de qualité s'est traduit par la mise en place d'un cadre d'évaluation qui fut négocié. L'identification des indicateurs se fit avec la base. En ce moment, le processus d'évaluation est en train de se construire et tout ce qui se fait, se fait

en étroite collaboration entre le collectif et les entreprises d'insertions. Il s'agit d'un processus qui prendra plus d'un an mais qui vient renforcir l'idée que nous sommes mutuellement engagés à offrir des services de qualité à des personnes qui sont en difficulté. J'aimerais mentionner cet autre élément. Chaque fois que nous avons eu à travailler avec Emploi-Québec et les représentants, ce qui fait toujours consensus est de regarder notre travail en fonction des besoins des clientèles. C'est là qu'on arrive à avancer. Je crois que la mise en commun de nos objectifs fait en sorte que le partenariat est possible et continu à être réalisé.

Bien sûr, il ne se fait pas sans difficulté. Dans le cadre de réforme de l'administration publique, de reddition de compte, parfois la logique de conformité prend le dessus sur la logique les besoins des clientèles. Alors, on arrive à des n œuds et à des problèmes. Un autre élément à mentionner est le financement. Quel que soit le partenaire, si la volonté gouvernementale n'est pas au rendez-vous, les relations sont difficiles. Dans bien des cas, il y a une bonne volonté de travailler ensemble. Les relations ont évolué. Mais quand les sous ne sont pas au rendez-vous on a beau avoir la meilleure volonté, on se fâche!