• Aucun résultat trouvé

Intervention de Madame Diane Bellemare

4. Table ronde La relation entre Emploi-Québec et les organismes

4.3 Intervention de Madame Diane Bellemare

Diane Bellemare, vice-présidente recherche Conseil du patronat du Québec

La question de la relation entre Emploi-Québec (EQ) et les organismes communautaires se pose dans un contexte spécifique que l’on ne peut ignorer pour répondre adéquatement à ces préoccupations, notamment : le vieillissement de la main-d’ œuvre et les pénuries de main-d’ œuvre dans certains secteurs; la vigueur économique incertaine; les restrictions budgétaires.

C’est en prenant acte de ces éléments que le Conseil du patronat du Québec (CPQ) expose son point de vue dans ce qui suit. De façon générale, le CPQ voit d’un bon œil le partenariat entre EQ et les organismes communautaires. Les groupes communautaires sont souvent mieux à même d’innover dans leurs prestations de services que ne peuvent le faire les fonctionnaires, souvent assujettis à un ensemble de règles et de pratiques. Les groupes communautaires sont bien placés pour intervenir de manière efficace auprès de certaines clientèles cibles, notamment les jeunes, les personnes immigrantes et les travailleurs plus âgés : Les organismes communautaires qui interviennent auprès des jeunes sont potentiellement mieux outillés pour établir un dialogue et un suivi avec des jeunes en difficulté; Dans le cas des personnes immigrantes, les groupes communautaires issus des communautés culturelles comprennent bien les problèmes vécus par les nouveaux arrivants; Il est plus facile pour les groupes communautaires de réaliser un soutien personnalisé pour les travailleurs plus âgés qui désirent réintégrer le marché du travail.

En fait, le partenariat entre EQ et les organismes communautaires représente pour le CPQ

une forme d’impartition ou de partenariat public-privé qui démontre bien que cette

forme d’innovation dans l’organisation du travail est souvent bénéfique à l’ensemble de la société.

Toutefois, même si le partenariat entre EQ et les organismes communautaires est bien considéré de notre point de vue, cela ne veut pas dire pour autant que les budgets disponibles peuvent être illimités et inconditionnels. À cet effet, si ce n’est pas déjà complété, nous encourageons les groupes communautaires à poursuivre leur processus de rationalisation, rendu nécessaire et inévitable à la suite du rapatriement par le Québec des mesures actives.

Avant le rapatriement, certains groupes communautaires étaient financés par le fédéral et d’autres l’étaient par le Québec. Nombre d’entre eux se spécialisaient en fonction des clientèles. Quand EQ a récupéré la tâche de financer presque tous les groupes en employabilité, il ne disposait pas nécessairement de l’argent pour chacun de ceux qui obtenaient du financement avant le rapatriement.

Dans le contexte bien actuel du vieillissement de la main-d’ œuvre, plusieurs organismes communautaires situent souvent leur rôle au chapitre de la formation de base. Il nous semble que, parfois, la formation liée à l’emploi est mal vue par certains organismes du milieu communautaire. Il ne faut pas oublier que, pour beaucoup de personnes, une formation sera pertinente en autant qu’elle conduise à un emploi. Sur ce point, même si nous reconnaissons le bien-fondé de la formation de base, nous souhaitons rappeler que, pour les entreprises, il est important de former les personnes en recherche d’emploi afin qu’elles puissent occuper un poste rémunéré, et cela le plus rapidement possible. En d’autres mots, nous souhaitons que les groupes communautaires partagent davantage les préoccupations des entreprises en matière de formation liée à l’emploi et de formation continue.

Afin de mieux prévenir les pénuries de main-d’œ u vre, nous souhaitons que les groupes communautaires accentuent leurs efforts, notamment auprès des jeunes et des personnes immigrantes. Travailler avec ces clientèles pour les orienter vers des formations en demande. Nous sommes favorables aux entreprises d’insertion qui préparent directement des jeunes à l’exercice d’un emploi. Autant que possible, cette formation devrait être reconnue pour fins d’obtention d’un diplôme ou de reconnaissance d’une norme de compétence professionnelle. À titre d’exemple, certains organismes, dont Intégration- Jeunesse-Québec (IJQ), ont établi des partenariats fort intéressants avec des entreprises afin de former des jeunes pour des métiers semi-spécialisés en demande. Ainsi, IJQ offre des formations professionnelles dans les nouvelles technologies (conseiller technique en communication sans fil, en entretien technique des photocopieurs, comme commis en information documentaire électronique), en vente (technicien-vendeur en articles de sport, conseiller en animalerie, conseiller-vendeur en quincaillerie) et dans le secteur de l’automobile (installateur de vitres et composants électroniques);

Les entreprises d’insertion constituent un autre modèle à signaler pour les jeunes aux prises avec des problèmes plus lourds [actuellement, plus d’une trentaine d’entreprises d’insertion dans le Québec, dans plusieurs secteurs d’activité (services, manufacturiers, récréatifs) offrent des formations d’une durée moyenne d’environ 26 semaines]. Nous encourageons EQ à poursuive ses ententes de partenariat avec de tels organismes communautaires. Nous encourageons également les groupes communautaires à travailler avec les entreprises, dans leur milieu, et à redoubler d’efforts pour augmenter leur part d’autofinancement (en vendant des services de formation aux entreprises, en produisant des biens et des services à vendre, comme c’est le cas pour les entreprises d’insertion).

EQ, de son côté, doit intensifier ses actions en vue de développer des mécanismes de reconnaissance des acquis et des compétences.

Plusieurs groupes communautaires travaillent en alphabétisation auprès de clientèles très éloignées du marché du travail (bénéficiaires de l’aide sociale lourdement hypothéqués par la vie). Les demandes de ces groupes auprès d’EQ peuvent devenir très importantes. Nous comprenons que l’alphabétisation contribue largement à améliorer la qualité de vie de ces personnes toutefois, il n’est pas assuré que toutes réussissent à intégrer le marché du travail, même après avoir appris à lire et à écrire. Ce n’est pas une raison pour ne pas travailler avec ces clientèles. Nous suggérons cependant qu’il serait peut-être utile que les groupes communautaires qui interviennent en alphabétisation auprès de clientèles lourdes fassent aussi appel au bénévolat (des personnes à la retraite souhaitent demeurer actives et entreprendre des activités socialement utiles). Ainsi, ces groupes communautaires pourraient faire d’une pierre deux coups : alphabétiser les clientèles cibles et occuper à des travaux socialement valorisants des personnes plus âgées.

Enfin, au chapitre de l’économie sociale, le CPQ encourage les entreprises de ce secteur à continuer leurs efforts en matière de formation continue, notamment développer des formations qui donnent lieu à une reconnaissance officielle, qui rencontre également celle attendue des entreprises commerciales.