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Les intervalles du corps

Dans le document La logique du corps articulaire (Page 22-64)

Dequi (viennent) lesdeuxchevillesqu' ona faites en bas, lesdeuxrotulesen haut du genou del'Homme ? D'oùa-t-on tiréles deuxjamb esqu'on a misesen place ?

Etlesdeuxjointures du genou ? Qui comprendcela? Atharva-VetU! X.2.21

Nommer le corps2

Les blessuresdans la premièreépopée occidentalesom nombreuses:

188Troyens et 52 Grecs en meurenr', Maisloin de donner l'imp ression d'unedestruction anarchique du corps, ellesen élaborent une concep tion précise,commelesmorts, dansleur grande majorité,sont expliquées par

1. Traduction de Louis RENOU.

2. L'!liaMdépeint un monde brutal011les femmes-pr étexte desdisputes-som échangées com meil enestfairdes bœufs,et où la violen ce deshommesestjustifiéeparl'allégationd'un vou loir divin, L'injus tifiab leavait déjàrecours àlatranscen dan ce.Parlan t deïIliad«,Onians comm en te le corn-ponem en t deshom mesvis-à-visdescapti ves deguerre par la phrase:The attitude rosexisone of fran k naturalism(l'a ui rudeen vers le sexe estcelle d'un franc naturalisme) .Cette phrasevient directement après la citation suivante:"Levénérable Nestor dit: "Ne laissez aucun homme se hâter de s'en retourner avant que chacun ait couchéauprès d'une épo usetroyen ne etracheté ses efforrs et ses plaintespour Hélène»,Quelle que soit lavaleurlittéraired'un e œuvre etquan d bien mêm e le contexte de celle-ci serait mythique,cautionner avec désinvolture le systèmerépressif- pratiqué jusqu'ànos jours- desviolsde guerre me paraît radicalement inacceptable.Cf.R.B.ONIANS,The OriginsofEuropean Thought,p.4.

3.Robert GARLAND,«The Causation of Dearh in the Ïliad»,p. 43.

LïUADE

une description des blessures qui les causent, les descriptions renvoyant à certaines zones corporelles nommées et délimitées avec soin.

L'étude du corps en littérature nécessite d'observerce qui reçoit un nom. Il est de ce fait indispensable de respecter la nomenclature offerte par le texte sans faire d'opérations de synthèse quant aux parties désignées.

Ainsi,le tableau de Frôlich est problématique ",Le tableau s'intitule Tableau statistique des blessuresde guerre dansl'Iliade. Il se subdivise verticalement parles parties du corpset horizontalement par

t

issuede la blessure et

t

arme

employée.L'issue de la blessure est mortelle, non mortelle ou incertaine;

l'arme est la pierre, l'épée, la lance ou la flèche; la partie du corps est la tête, le cou, le tronc,les membres supérieurs ou les membres inférieurs.

Nous verrons que ce tableau ne peut servirà l'analyse du corps dansl'Iliade, car la rubrique appelée parties du corps n'est pas en mesure de rendre compte de la spécificité des blessures telles qu'elles apparaissent dans le texte, une grande partie d'entreelles étant articulaire.

Pour ce qui est des autres rubriques, à savoir l'issue de la blessure et l'armeemployée, Mirko Grmek affirmeàjuste titre que «[d]ansl'Iliade, l' issuefatale d'uneblessure dépend plus de la région et de l'organe touché que de l'arme employée»,et il ajoute que«[ljes descriptions homériques des traumatismes attestent une excellente connaissancedes endroits vul-nérables du corps humain, de la disposition anatomique des principaux organes et de la conséquence la plus probable des lésions qu'ils subissent5».

Par contre, les maladies n'ontpas leur place dans l'épopée:

«...[Ljorsd'unsiège prolongé, les maladies infectieuseset carentielles ne pouvaient manquer. Et pourtant, les héros deYIliaden'ontjamais de coliques intestinalesou néphrétiques et ne sont mêmejamais enrhumés.

L'historiendesmaladies doit regretter que les exigencesd'ordre moral et esthétique,auxquelles se plie la composition de l'épopée,le privent d'infor-mationsprécisémentsur la catégoriepathologique qui estprimordiale pour son investigation6».

Effectivement, le corps dansl'Iliadene concerne pas les maladies, non seu-lement pour des raisons esthétiques et morales, mais aussi parce que le corps dans cette épopée en particulier n'est pas fait de contenants qui s'infectent, se tuméfient et suppurent: ilest fait de points de jonction mis en danger par l'interférence des armes.

En ce qui concerne la question des formules, je partage l'avis de Nor-man Austin: la répétition ne diminue pas l'importance d'unpropos, elle la souligne.

4. Le tableau aété traduit par MirkoGRM EK.LesMaladiesàl'aubedelacivilisationoccidentale. p. 53.

Ilse trouvechez H.FROLICH.DieMilit ârmedicinHomer's,àla p.58,er les catégories corporelles sont" Kopf Hals,Rurnpf Obergliedm assen,Untergliedmassen».

5. M.GRMEK,op. cit .,p.52.

6. Ibidem.p.63.

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«Lesens desformules homériquesnou séchapperaroujours si nous les lison scomme des moyensderemplir les mènes C«metricai fillers"). Elles ne somcert aine me nt pasla techniqu edu pauvre poèteluipermet tantde promouvoirun récit ench anteur j ilserait plus corrected' inver ser l'ordre ct de direque lesrécits so nt desinventions perm cttamdevéhiculerles for-mules. Celles-ci SO Ilt les éléments fonda men ta ux auxq uels Homèr e retourne encore et encore, comme un musicien compositeur retourne encore et encore à ses gammes fondamentales ou à ses thèmes.7»

Je m'intéresserai en particulier aux formules qui expriment le résultat d'une blessure mortelle.En outre, je chercherai à montrer que le récit sert non seulementàvéhiculer les formules, mais aussiàdonner forme àune vision complexe et cohérente du corps humain, vision dans laquelle la capacité sensorielleet en particulier la sensibilité motrice jouent un rôle prépondérant.

Énée blessé àla hanche

La blessure d'Énée est articulaire et sa description met en évidence l'importance de la nomination. Issu d'Aphroditeet d'Anchise, Énée est fils d'unedéesse et d'un mortel, tout comme Achille.Sa valeur est comparée à celle d'Hectorpar Arèsqui parle sous les traitsd'Acamas(V, 461-469).

Dansle passagesuivant,Énée est blessé par Diomède.

68È XEwa8Lov Àa~EXELpl

Tu8Et8l)S, I-lÉya Ëpyov,Ôoùôùoy' dvôpeq,ÉPOLEV, oloi vûv ~pOTOl ELa' .68É I-lLVpÉarraÀÀE Kal cl os . TL\l ~aÀEv Alvctco KaT' taXlOv, Ëv8a TE I-ll)POS taXl e',! ÈvaTpÉq,ETUL, KOTUÀl)V8É TÉ I-lLV KaÀÉouaL . 8ÀaaaE 8Éol KOTUÀl)V, rrpèc8'al-lq,w pfj~E TÉVOVTE waE 8'arropLVOV Tpl)XÙV Àl80s .uùrùp0y'~pws ËaTl) yvù~ÉpLTrWV Kal ÈpdaaTo XEL pl rraXEl1;l yall)S . al-lq,l 8Èoaa EKEÀULV~ VÙ~ ÈKaÀUljJE.

CV,

302-310)"

[Lors danssa main leTydé id e prit unepierr e éno rme et quene sau-raientsoul everdeux hommes d'aujourd' h u i,mais qu'ilbrandit toutseul, sans peine.Il touch alahanch ed' Én ée,àl'endro it où la cuisses'emboîte dansla han chectqu'on appelle le cotyle. Il broyale co tyle et déch irales deux tendon si lapierrerugueusearrachala peau ;lorslehéros s'écro ulaà gen oux ,appuyédesaforte main au sol,ct unenuitobscur eenveloppases yeux.]

7.NormanAUSTIN.Archeryat the Darkofthe Moon.p. 6(traduction del'auteur).

8.L'éditionde A.T.MURRAYetWilliamF.WYATTest utiliséepourtoutesles citations de['l/jade. Les traductionsemre crochetssom de FrédéricMUGLER,les autressont de l'auteur.

L'lUADE

On voit avec quelle minutie le texte sait décrire une blessure. Diomède lança la pierre«à la hanche»(KaT' tOXLOV),«là où la cuisse tourne dans la hanche»:Ëv8ci TE IlTJPOS tOXLltl ÈVOTpÉ~ETaL. Ainsi,la zone affectée est nommée,puis elle estenco re délimitée au moyen d'unephrase intro-duite parËv8d « » ;Ëv8a.Ivn,08louencoreom.lsont régulièrement em ployés pourlocaliser les blessures :l'arme frapp elàoù tel ossejointà telos.Le texte ne met pas en évidence un organe (lequel serait isolable en tant que tel), mais une zone de contact,une relation physiologique.

La zone touchée à l'intérieurde la hanche porte elle-même un nom:

c'est le cotyle9. Lacte de transmission que représente cette information est signifié par la phrase KOTUÀTJ V 8É TÉ IlLV KaÀÉOUOl, « ils l'appellent cotyle».Llliadevéhiculeun savoir anatomique qui esttransmis parla des-cription de chaque blessure et la nomination précise et systématique des parties affectées. Ce qui est vrai en général dans le texte l'est doublement ici, comme l'acte de nomination est lui-même désigné.

Ilest à noter que le verbe «tourner dans }) (ÈV-OTpÉ~W) est employé pour décrire la relation de mobilité qui existe entre «la cuisse »et «la hanche»(Ëv8ci TE IlTJPOS LOXlltl ÈVOTpÉ~ETaL). Le mouvement articu-laire est donc ici considéré comme un mouvement tournant. Cene infor-mation correspond à ce qui est vérifiable du rapport de la têtedu fémur à son emboîtement iliaque,suggérant ainsi la transmission d'un savoir pure-ment physiologique. Toutefois,nous verrons que l'idée de rotation articu-laire suit, dans certains cas,une logique autonome.

Après avoir situé la zone blessée, le texte décrit les conséquences du coup porté d'abord d'unpoint de vue anatomique local: Diomède«lui broya le coryle»(8ÀcioOE 8É ol KOTUÀTJV), «sectionna les deux tendons»

(rrpos 8'éill~wl'rlÎÇE TÉVOVTE)et«la pierre arracha la peau»(>-l8osWOE 8'cino pwov).Puisil est question des conséq uences pour la personne en son entier: Énée tombeàgenoux Ct lanuit voile ses yeux.Le texte orga-nise les informations offertes de façon significative. La première donnée est une localisation exacte de la zone affectée, soit la partie de l'os du bassin est brisée, qui est en contact avec la tête du fémur. C'est cela que le texte explique en premier. Ensuite,ilparle des tendons rompus et en dernier lieu de la peau déchirée. Lordre des informations ne suit pas le chemin du pro-jectile qui d'abord pénètre la peau pour ensuite broyer l'os. Lordre des informations suit une logique selon laquelle le corps est fait avant tout de jonctions osseuses. Selon les sujets des verbes, c'est l'agent humain qui blesse l'ossature et les rendons alors que ce n'est que l'objet inanimé, la pierre,qui entame la peau.

Le terme employé dans ce passage pour signifier«peau »est

li ill

V6s

«peau d'un homme ou d'un animal vivant ou mon», Ce mot apparaît

9.Lesens premier decotyle est"creux,cavité».

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douze fois dans l'Iliade :onze foispour désigner le cuir d'unebête, une fois pour désigner la peau d'unhomme,en l'occur renceI:.née1oLemploidece terme en ce qui co ncerne un homme est uniquedans l'Iliade.Àl'inverse, la rupture des tendons humains apparaîtàplusieurs reprises.

La rupture des tendons

Diomède a sectionné chez I:.née«les deux tendons» qui maintenaient le fémur au bassin. Le terme employé pour«tendon» est6 TÉ1'W1', O1'TOS', de la famille de TEL1'(ù«tendre» ;il apparaît encore dans les passages sui-vants.

Diomède et Ulysse ont capturé Dolon, espion troyen. Celui-ci implore leur pitié, quand Diomède brusquement le décapite.

[ ...] 68'aÙXÉ1'a uéooov ËÀaaaE

<l>aaya1'(~ a i.çaS',drro8'a~<I>w KÉpaE TÉ1'OVTE .

<l>eEyyo~É1'ou 8'apa TOl) YE KapT! KOVL1:lGLV È~i.xeT!v.

(X,455-457)

[Il lui planta son fer en plein milieu du cou et lui trancha les deux ten-dons.La voix se tut, ct la tête rouladans la poussière.]

Nous retrouvons ici, comme dans la description delablessure d'Énée,la phrasea~<I>wTÉVOVTE«lesdeuxtendons»,Ainsi,une blessure art iculaire, qu'ellesoitàla hancheou qu'ellesoitau cou, affecte deuxtendons,lesdeux tendons qui s'y trouvent. Ladualitén'est pas spécifiée,cependant,lorsdu meurtredeSrhénélaospar Patrocle.

KaL p'Ë~aÀE 1:eE1'ÉÀaov, 'I0m~ÉvEoS'<l>i.Ào1'ulov, auxÉvaXE p ~ a8i.~ , pijÇE1'8' drrèTcio TÉVOVTaS'.

(XVI, 586-587)

[Il atteignit Sthénélaos,le filsd'Irhéménès,d'unepierre en pleincou, et lui brisanet les rendon s.]

Dansce passage, les tendons sont au pluriel sans qu'il soit préciséqu'ilssont deux.Par contre, la mortd'Archéloque, tué par Ajax, filsdeTélamon,est narrée en détails.

TOV p' Ë~aÀE1' KE<I>aÀijS' TE KaL aÙXÉvoS' ÈvaUVEOXW~, 1'dOT01' aaTpayaÀOv, arro8' a~<I>(ù KÉpaETÉ1'OVTE . TOl) 8È rroÀùrrpôrepov KE<I>aÀ~crou«TE p'LVÉS'TE oü8n rrÀij1'T'

Ti

rrep Kvij ~m KaL yoûvarrEGOVToS'.

(XlV, 465-468)

10.Cf. RobertRENEHA N, •The Meaningofl:!1MAinHomer»,p.275.

L'lLlAD E

[L'épieu frappa l'endroit011la tête ct le cou se joignent,la dernière ver-tèbre,ct luitrancha les deux tendons. Archéloque tomba; sa tête, sa bouchectson nez touchèrentlesolbien avant sesgenoux ct ses jambes.]

Ànouveau, le cou est dit avoir deux rendons. Larme, cette fois, heurte la nuque au niveau de «la dernière vertèbre (vElaTov ciuTpd:yaÀov), à la jointure (Èv uuvEOXIl41)de la tête (KE<j:>aÀlÎS) et du cou (uuXÉVOS) »,Il n'est donc pas question de l'avant du cou comme'chez Dolon. Il s'agit d'unezone précise de la nuque: l'épieu se plante«dans» (Ev)le point de contact du crâne et de lacolonne vertébrale.

Ainsi, le texte rend compte de plusieurs niveaux d'observation. Pre-mièrement,au niveau de l'ensembleducorps, l'articulationdu co u joint le troncàla tête. Deuxièmement, au niveau du cou lui-même,différentes zonesopèrentla jonction. Une zone est à l'avant, une autre est à l'arrière.

À l'avant, deux rendons assurent le maintien de la jonction osseuse. Nous verrons, quand il sera question d'Hecror, l'extrême importance de cette zone avec en particulier le rôle joué par les clavicules.À l'arri èredu cou, deux rendons maintiennent la jonction des vertèbres cervicales et du crâne, la dernière vertèbre faisant office de joint à proprement parler. Enfin, le passage qui suit constitue un troisième niveau d'observation,celui des cer-vicales elles-mêmes et de la moelle qu'ellescontiennent.

Achille tue Deucalion:

.1EuKaÀlwva 8' E'TTELS','Lva TE çuVÉXOUUL TÉVOVTES ciYKWVOS, TlJTOV YE <!>lÀT]S 8Là XELpOS E'TTELpEV atXlliJ xaÀKEClJ .08É llLV llÉVE xdpa ~apuvSElS, 'TTPOUS'opOWVScivaTOV .08È <!>auyavlll auxÉva SElvas TilÀ'aUTlJ 'TT~ÀT]KL KcipT] ~ciÀE . llUEÀOS alJTE

u<!>OV8UÀlWVEK'TTaÀS',68'E'TTL XSOVL KELTO TUVUUSELS.

(XX, 478-483)

[Puisiltoucha Deucalion, à cet endroit du coude011se joignent les tendons, ct lui perçale bras,tandis que,le bras engourdi, le Troyen l'atten-dait, la mort devant les yeux. Lui tranchant le cou de son glaive,il fit voler la têteavec le casque; et des vertèbres la moelle gicla sur le corps qui s'écroula?tterre.]

La rupture des tendons a lieu, mais cette fois au niveau du coude.Le coude est blessé«là où les tendons se rejoignent»(Lva TE ÇUvÉXOUGL TÉVOVTES).

Puis «le cou (auxÉva) est tranché, la tête (Kapn) tombe, et la moelle (IlUEÀOS) gicle des vertèbres (u<!>OV8UÀllùV EK'TTaÀS') ».La zone articulaire du cou est disséquée en profondeur. Les constituants du cou sont nommés, il s'agit des vertèbres, et à l'intérieurdes vertèbres se trouve la moelle, sub-stance suffisamment fluide pour jaillir. Cet aspect, s'ilétait isolé,pourrait renvoyer au corps-enveloppe; mais il s'intègre ici dans une logique du rap-port, propre au corps articulaire.

LESINTERVALLESDUCORPS

Une phrase comme«les deux tendons» (Oll<j>W TÉVOVTE) relève de la formule, laquelle correspond à l'image d'unejointure maintenue de deux côtés par des lanières.Cependant,les informations offertes par le texte cor-respondentàcertains aspects vérifiablesdu corps. En ce qui concerne les tendons, il est possible de palper deux structures longilignes au passage de la nuque et du crâne. Ce sont

les

faisceaux supérieurs du muscle trapèze qui s'insèrentsur laprotubérance occipitaleexterne. De même, à l'avant du cou, deux tendons SOntaisémentperceptibles,qui se rejoignent au-des-sus du sternum pour former lafourcherresternale ;ils terminent le muscle srerno-cléido-mastoïdien. Ce muscle reliele sternum et les clavicules à l'apophysemastoïdeetà la ligne courbeoccipitale supérieure. En termes plus prosaïques, ce muscle correspondà la forme longilignequi court de l'avant du coujusque derrière l'oreille. Il traverse en biaisles parties laté-rales du cou et reliel'avant Ct l'arrièrede cette articulation majeure. La dimension concrète des informations offertes par le texte n'est pasà négli-ger: il est indispensable de chercher àdéfinir ce qui a pu attirer l'attention, ce qui a été sélectionné de la réalité corporelle pour jouer un rôle dans la logique formulée par l'œuvre.

Diorès est tué en deux temps:

"Eve' ,A~apuYKELOriV ALl,)pm uoîp' ÈlTÉOllCJE .

XEwaoi.t~ yàp ~ÀilTOrrnp« O"<j>upov OKplOEVTL

KV~~llv OEÇlTEp~V .~âÀE oÈ 0PBKWV ayos avopwv, nELpWS 'I~~pao"LollS, OS op' AlV68EV ElÀllÀoUeEl .

a~<j>oTÉpWoÈ TÉVOVTE Kat OCJTÉa ÀâasaVal8~s

0XPlS àlTllÀOLllCJEV .<'> 0'ÜlTTLOs Èv KOVLBCJl

KâlTlTEaEV, OJl<j>w XELpE <j>LÀOLS ÉTCipOLOl lTETâO"O"as,

eu~àvàlTOlTVELlùV .ô 0' ÈlTÉopa~Ev oS

p'

Ë~aÀÉv trep, nELplÙS, OllTa oÈôou pl rrnp'o~<paÀov. ÈK 0' dpa rrdoru XUVTO xaJlat XOÀâOES,TOV OE O"KOTOS OO"O"E KciÀulj;E.

(IV, 517-526)

[Lors ledestin frappa Diorës,filsd'Arnaryncée. Un groscaillou pointu l'atteignitàla jambe droite.près du talon.L'auteurdu coup étaitle chef desThraces,l'Imbraside Pires,qui arrivait tout droitd'Enos.La pierre sans pitié lui écrasa complètement lestendonsct lesos, ct l'homme chutàla renverse dans lapoussière. Il éleva les deux bras versles siens ct rendit l'âme.Piros,son vainqueur,courut vers lui ct le frappa prèsdu nombril; lors routes sesentraillescoulèrentsur lesol,et l'ombre recouvritses yeux.]

Ce passage réunit une blessure articulaire et une blessure qui relève de l'enveloppe. Lapremière concerne lazone articulairedela cheville(rrup à O"lj>upèw) dans laquelle«les tendons et les os»(TÉVOVTE Kat OO"TÉa ) sone broyés;la seconde consisteà percer le venere dans la région du nombril, laissant les entrailles sc répandreà terre.Lablessure articulaire vient en

pre-['ILIADE

mier et, bien qu'elle affecte une zone qui n'est pasftpriorivitale (la che-ville),elle a des conséquences catastrophiques: le guerrier exhale son thu-mas (6VIlOV ciTIOTIVELlùv)11, ce qui est synonyme de mort. En un second temps, l'enveloppe est entamée, ne retenant plus les viscères. Ainsi, la bles-sure qui, dans la logique du corps-enveloppe, non seulement serait la plus grave, mais encore suffirait àcauser la mort, est ici secondaire en compa-raison d'une destruction de l'articulationde la cheville.

Il est encore fait mention des tendons dans deux passages célèbres. Dans le premier, Hippothoos traîne la dépouille de Patrocle par une cheville:

811aciIlEVOS TEÀallWVL rrnpù a<j>vpàv cill<j>L TÉvovTas (XVII, 290),

«l'ayant lié (811aciIlEVOS) au moyen d'une courroie (TEÀafu;)VL) à la che-ville(rrup«a<j>vpàv)autour des tendons (cill<j>L TÉVOVTaS) », La référence aux rendons,qui estsuperflue puisquela cheville a été désignée, souligne l'importancede ces lanièresphysiologiques. Dans le second passage, Achille transperce les tendons et utilise des lanières de bœuf pour attacher le corps d'Hectorderrière son char.

cill<j>OTÉpwV IlEToma6E TIo8wv TÉTPllvE TÉVOVTE Ès a<j>vpov ÈK TITÉpvllS,~oÉOUS 8' ÈÇ"!ÎTITEV tllcivTas, ÈK 8L<j>POlO 8'Ë811aE, KciPll 8' ËÀKEa6m ËaaEv.

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Dans le document La logique du corps articulaire (Page 22-64)

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