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C HAPITRE 9 : D ISCUSSION À LA LUMIÈRE DES ENQUÊTES RÉALISÉES

II. L’ INTERVALLE VÊLAGE SUB

Au vu de plusieurs constats, il semble que l’IVV moyen long soit subi et non, souhaité. En effet, il aurait pu être attendu que l’éleveur 3 qui présente des IVV longs d’année en année et de bons résultats économiques, recherche l’IVV long et que celui-ci conviendrait à son système de production laitière (tableau 20). Mais il s’avère qu’il subit cet IVV long. De plus, les vétérinaires sondés ne reprennent pas les raisons d’allongement volontaire de l’IVV comme causes principales de l’IVV long en Wallonie (figure 29). Un pourcentage important de vaches montre un IVV de moins de 380 jours quelque soit l’exploitation, même celles ayant un IVV moyen de plus de 459 jours (tableau 5). Les éleveurs chercheraient donc à avoir un IVV de moins de 380 jours pour leurs vaches, la plupart de celles-ci remplissent cette condition mais certaines vaches dépassent largement cette règle. Plus ce pourcentage de vaches est élevé, plus l’IVV moyen affiché par le troupeau est, alors, élevé.

Un moyen de diminuer l’IVV d’un troupeau serait de réformer ces vaches. Cela a été mis en évidence uniquement dans l’analyse multivariée de l’IVV moyen, le taux de réforme a tendance à augmenter pour les exploitations dont l’IVV est court. De nombreuses exploitations ne semblent pourtant pas réformer pour cette raison. Seuls deux éleveurs sur cinq déclarent réformer pour des performances de reproduction médiocres. Il ressort des discussions entretenues avec les éleveurs que la longueur de l’IVV d’une vache n’est pas l’aspect le plus important, si l’animal produit toujours, montre un niveau de production laitière correct, il a toujours sa place dans le troupeau, quelque soit son IVV.

L’IVV troupeau actuel en Wallonie, plus particulièrement en Région herbagère liégeoise, serait donc subi. Le fait que l’IVV soit subi a des conséquences sur le calcul du coût par jour d’IVV en plus et donc l’optimum technico-économique de l’IVV (Esslemont et al., 2001 ; Sorensen et al., 2003, ; Inchaisri et al., 2010 ; Inchaisri et al., 2011). De plus, il est important de prendre cela en compte lorsqu’il s’agit de donner un optimum technico-économique d’IVV à un éleveur. L’éleveur doit en premier lieu parvenir à cet IVV optimum. Il est utile d’identifier les causes de l’IVV long, pour examiner si l’éleveur peut influencer ces facteurs et atteindre l’objectif d’IVV présenté.

Discussion

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III.

L

ES CAUSES DE L

INTERVALLE VÊLAGE SUBI

L’IVV subi serait dû à de multiples causes. La revue bibliographique a notamment décrit les facteurs qui ont été mis le plus en cause dans l’allongement de l’IVV. L’étude des relations entre l’IVV et les variables de la comptabilité du service technico-économique a permis de mettre en relief certaines de ces causes.

- L’augmentation des frais d’insémination en parallèle de celle de l’IVV tenterait à montrer que l’IVV long serait du à une mauvaise fertilité (cfr chapitre 7 de cette section).

- L’effet de la génétique sur l’allongement de l’IVV a pu être entrevu par la relation entre l’IVV et la race pie noire ou entre l’IVV et le pourcentage de race (cfr chapitre 2 de cette section).

- L’augmentation des performances due à une intensification du mode d’alimentation peut s’accompagner d’une accentuation du phénomène de la balance énergétique et donc d’une augmentation de l’IVV. Ce lien de cause à effet a été retrouvé au niveau de la relation entre l’IVV et les variables alimentation (cfr chapitre 6 de cette section).

- Les relations entre l’IVV et des caractéristiques comme l’âge à la réforme ou le pourcentage de primipares peuvent refléter l’influence de l’âge ou du numéro de lactation de la vache sur l’allongement de l’IVV (cfr chapitre 3 de cette section).

- Les relations entre l’IVV et la variable pourcentage de vêlages entre le 1er avril et le 30 juin d’une part, ainsi que les variables pourcentage de production en hiver et en été d’autre part et enfin les variables pourcentage de lait sans pénalités et coût de la pénalité montreraient l’importance d’une bonne hygiène au vêlage ainsi que d’un état sanitaire correct pour une bonne fertilité (cfr chapitres 3 et 5 de cette section).

- L’importance d’une bonne détection des chaleurs a été abordée au niveau de la discussion de la relation entre l’IVV et le pourcentage de vêlages entre le 1er avril et le 30 juin d’une part, ainsi que les variables pourcentage de production en hiver et en été d’autre part (cfr chapitres 3 et 5 de cette section).

- Il a été avancé qu’un nombre de vaches élevé pouvait diminuer le temps accordé à la gestion du troupeau, notamment pour la détection des chaleurs. Cela aurait un effet sur l’allongement de l’IVV (cfr chapitre 2 de cette section).

- Enfin, une nouvelle cause de l’allongement de l’IVV a été discutée, à savoir la dimension psychologique, le moral de l’éleveur. Si celui-ci est bas à cause de conditions économiques médiocres, l’éleveur aurait tendance à diminuer l’attention qu’il porte à la gestion de son troupeau (cfr chapitre 5 de cette section).

L’enquête auprès des vétérinaires a permis de questionner ceux-ci sur l’occurrence en Wallonie de toutes les causes avancées par la littérature scientifique. Ainsi, les vétérinaires sondés ont mis en avant une alimentation inadéquate, une fréquence des maladies au vêlage élevée, une mauvaise détection des chaleurs ainsi qu’une fertilité femelle médiocre (figure 29, d, e, f et h). La quasi-totalité des vétérinaires s’accorde pour dire que la diminution de la fertilité femelle est due à l’accentuation du phénomène de balance énergétique négative et à une moindre expression des chaleurs. Ces deux phénomènes sont liés, la

Discussion

78 balance énergétique négative pouvant entrainer une moindre expression des chaleurs (Harrisson, 1990 ; Lopez, 2004 ; Roelofs et al., 2010 ; Lucy, 2001).

Certains de ces facteurs de l’IVV subi ne sont pas du ressort de l’éleveur, comme la moindre expression des chaleurs ainsi que l’accentuation de la balance énergétique négative due à la sélection génétique. Mais d’autres causes peuvent être travaillées comme la gestion de l’alimentation, la détection des chaleurs ou encore l’hygiène au vêlage. Quatre des cinq éleveurs ont déclaré détecter les chaleurs de manière visuelle, en réalisant un aperçu général du troupeau. Seul un éleveur joint à cet aperçu général une observation ciblée sur les vaches à observer. La détection des chaleurs pourrait être un point à améliorer en Wallonie. Il existe donc des pistes pour contrôler l’IVV du troupeau pour, si nécessaire, atteindre l’objectif d’IVV présenté, qui serait l’optimum technico-économique.