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1. Analyse de questionnaires : étude de l’intervention animale dans les centres

1.3. Interprétation – discussion

Le taux de réponse obtenu (1 centre sur 2 parmi les centres retenus initialement) est très satisfaisant. Il faut néanmoins relativiser et ne pas oublier que ceci ne correspond probablement qu’à environ 35 à 45 % de l’ensemble des centres français, tous n’ayant pas été retrouvés sur le site http://www.pagesjaunes.fr. Reste à savoir si un biais a été introduit par la sélection d’échantillonnage ainsi que par la réponse sur le principe du volontariat. Le choix de l’échantillon s’approchait tant bien que mal de l’exhaustivité (probablement 75 à 85 % de l’ensemble des centres français). Les centres non retenus dans l’échantillon (à l’exception des SESSAD) n’ont pas été exclus du fait de leur type d’accueil, mais de l’indisponibilité de leurs coordonnées ; ce critère et l’intervention animale dans la prise en charge des individus autistes ne sont probablement pas liés, ce qui ne doit donc pas introduire de biais particulier. Mais cependant, le volontariat présidant au retour des questionnaires a probablement, lui, introduit un fort biais, les centres ne faisant pas intervenir les animaux dans le cadre de la prise en charge des individus autistes étant certainement moins enclins à considérer leur réponse comme nécessaire. Toutes les données chiffrées se rapportant à l’intervention animale dans les centres doivent donc être interprétées avec une relative prudence, ainsi que les données dont on a pu voir qu’elles étaient liées à l’intervention animale (type d’accueil). Enfin, les taux de réponse obtenus à chaque question sont toujours excellents (85 % au minimum). On peut donc sans peine négliger le biais introduit ici.

En ce qui concerne le faible taux de réponse par courriel, on peut supposer que beaucoup de « boîtes mail » sont surchargées, avec des messages non lus ; d’autre part, peut-être certains centres préfèrent-ils ne pas ouvrir les pièces jointes de peur des virus informatiques ? Il en ressort en tout cas que pour ce type d’études, mieux vaut certainement privilégier la voie postale.

Les questions 1 à 4 permettent de définir le « centre type » accueillant des autistes en France : il s’agit (hors SESSAD) le plus souvent d’un IME, accueillant un peu moins de 50 personnes dont une petite vingtaine d’autistes de 6 à 20 ans en général . Les moyenne et écart-type élevés de la première question correspondent à l’intervention des hôpitaux psychiatriques, dont les pensionnaires se comptent souvent en milliers par an. L’accueil des autistes français est, de l’avis de tous, fortement insuffisant (de nombreux parents d’enfants autistes du nord de la France choisissent la prise en charge en Belgique, beaucoup mieux pourvue) ; cette étude a permis de confirmer que le manque de places était surtout criant pour les adultes, et a fortiori pour les personnes âgées, contraintes dans la majorité des cas à de très longs séjours en hôpitaux psychiatriques ou à une prise en charge au sein des familles. En général les centres pratiquent l’accueil de jour, souvent associé à une possibilité d’internat complet, voire à un accueil à la semaine. Rares sont les centres de vacances spécialisés, ainsi que les centres d’accueil ponctuel, d’urgence, les uns comme les autres permettant de délester les parents de la

lourde charge que représente le maintien à la maison d’un enfant handicapé pendant les périodes les plus difficiles ou les vacances.

Dans presque tous les centres ayant retourné le questionnaire, des activités avec les animaux (la grande majorité d’entre elles concernant les équidés ou les animaux de ferme) font partie, à un niveau de priorité plus ou moins important, de « l’arsenal » d’activités destinées aux autistes. Une grande proportion de ces centres considère même l’intervention animale comme une voie importante de progrès dans les capacités de communication des enfants autistes. La moitié d’entre eux a été jusqu’à (presque toujours volontairement) « sauter le pas » de l’acquisition d’un ou plusieurs animaux, dont les équidés (ânes compris), animaux les plus représentés, occasionnent pourtant une grande surcharge de travail et un investissement financier important. Il faut dire qu’il semble que l’écrasante majorité des structures ayant testé l’équitation adaptée, l’équithérapie ou d’autres interventions animales soit définitivement convaincue par les intérêts immenses qu’elles peuvent présenter, puisque la quasi-totalité d’entre eux considère l’intervention animale comme bénéfique pour les autistes ; cependant beaucoup d’intervenants sont conscients que la prise en charge individuelle de chaque sujet est absolument nécessaire, et qu’une certaine compétence ainsi que de la patience sont requises pour ne pas obtenir d’effet inverse à celui souhaité, et l’apparition de phobies et de maltraitances. Enfin, beaucoup de réticences existent à l’intervention animale au sein même du centre, chez les intervenants qui jugent que les contraintes (notamment réglementaires, mais aussi d’entretien, ainsi que les risques liés à l’utilisation de l’animal) dépassent les bienfaits attendus. Les contraintes liées à l’entretien d’animaux s’expriment d’ailleurs directement dans la répartition des animaux selon le type d’accueil pratiqué dans le centre : les centres pratiquant un accueil à la journée sont bien moins enclins à posséder des animaux que les centres fonctionnant en internat complet, alors que le type d’accueil n’a pas réellement d’incidence sur les activités proposées avec les animaux (visite de fermes thérapeutiques, séances dans des centres équestres, zoo, cirques, promenades de chiens de refuges, etc.).

Nous tenons ici à remercier encore une fois l’ensemble des centres ayant accepté de passer un peu de leur temps à répondre à ce questionnaire pour leur collaboration, l’intérêt qu’une partie importante d’entre eux a manifesté à ce sujet, ainsi que pour les encouragements prodigués par certains.