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1. Qu’est-ce que l’autisme

1.5. Hypothèses étiologiques

1.5.2. Epidémiologie et recherches génétiques

1.5.2.1. Prévalence

Les limites de ce syndrome n’étant pas clairement définies, il est difficile de trouver des valeurs de prévalence toutes concordantes (BURSZTEJN 2000, ROGE 2003), d’où des difficultés d’interprétation de certaines études. On peut néanmoins remarquer que cette prévalence a progressé jusque dans les années 1980, en passant de 2 à 4/10 000, à plus de 4 à 5/10 000

(BURSZTEJN 2000). Aujourd’hui, la plupart des études donnent des valeurs de l’ordre de 4 à 5/10 000 naissances (BURSZTEJN 2000, FERRARI 2004, ROGE 2003, SIGMAN et CAPPS 2001), en n’incluant pas le syndrome d’Asperger (BURSZTEJN 2000) (pour lequel la prévalence serait de 10 à 36/10 000

(ATTWOOD 2003, FERRARI 2004), voire beaucoup moins : 1 à 2/10 000 selon VOLKMAR et al.

(2005)), ni les dysharmonies psychotiques, ni les psychoses précoces déficitaires (BURSZTEJN 2000). Avec une définition très large de l’autisme (incluant certainement des déficients mentaux, des troubles du langage, …), on peut arriver à une prévalence de 60/10 000 individus « dans le spectre de l’autisme » (LEMAY 2004). Les valeurs consensuelles, retenues par l’Agence Nationale pour l’Evaluation Médicale, conduisent à estimer qu’il y a entre 6 200 et 8 000 enfants autistes

(BURSZTEJN 2000, FERRARI 2004, SIGMAN et CAPPS 2001), et entre 17 400 et 23 700 adultes autistes en France (en incluant les formes atypiques et les psychoses précoces déficitaires) (BURSZTEJN 2000, FERRARI 2004).

Contrairement aux données issues des premières recherches concernant le milieu social dont proviennent les sujets autistes, il est aujourd’hui reconnu que tous les milieux sont représentés. Ce biais provient du fait que les familles défavorisées référaient moins souvent leur enfant auprès de spécialistes (ce qui est encore parfois le cas) (ROGE 2003, VOLKMAR et al. 2005).

1.5.2.2. Sex-ratio

Les garçons sont beaucoup plus souvent atteints que les filles, avec un sex-ratio globalement constant selon les études, entre 3,5 et 4,5/1 (LEMAY 2004, ROGE 2003, VOLKMAR et al. 2005), mais de 1,5 à 2/1 en cas d’atteinte profonde (LEMAY 2004, VOLKMAR et al. 2005) (avec retards mentaux graves et troubles neurologiques fréquents) (ROGE 2003, VOLKMAR et al. 2005), et de 6 à 8/1 pour des troubles légers (LEMAY 2004, VOLKMAR et al. 2005).

Concernant le syndrome d’Asperger, les résultats varient de façon importante selon les études, entre 2,3/1 et 10/1 avec la valeur de 4/1 qui revient le plus fréquemment (ATTWOOD 2003, ROGE 2003). Les filles atteintes par ce syndrome auraient souvent une meilleure aptitude à la communication et seraient plus aptes à adopter les comportements sociaux adéquats par imitation (ATTWOOD 2003).

1.5.2.3. Accouchement et post-partum immédiat : des facteurs de risque présumés

La grossesse est le plus souvent normale (ATTWOOD 2003). Cependant, il semble que la fréquence d’anomalies lors de l’accouchement soit corrélée de façon significative à la survenue du syndrome autistique (ATTWOOD 2003, ROGE 2003). De même, tout fait susceptible de causer un dommage cérébral lors de la grossesse, de l’accouchement ou de la première enfance peut influer sur l’intensité du syndrome, s’il n’en est pas lui-même à l’origine (ATTWOOD 2003). L’âge de la mère (ATTWOOD 2003, ROGE 2003) (supérieur à 30 ans) (ATTWOOD 2003), la prématurité ou la postmaturité pourraient être des facteurs favorisants voire déclenchants. Lors de la survenue plus tardive de la maladie, se pose encore la question de l’implication de facteurs infectieux ou traumatiques à l’origine du trouble autistique (ATTWOOD 2003, ROGE 2003).

1.5.2.4. Etudes des modèles génétiques

Différentes études sur des jumeaux monozygotes et sur des jumeaux dizygotes, dont au moins l’un des deux était atteint, et sur des fratries avec au moins un individu malade, ont montré une influence génétique sur la survenue du trouble (FERRARI 2004, ROGE 2003, VOLKMAR et al.

2005). En effet, il y aurait 36 à 80 % de risques que deux jumeaux monozygotes soient atteints (36

à 82 % selon ROGE (2003), 60 à 80 % selon LEMAY (2004) citant des études de Folstein et Rutter (1977), Stiffenburg (1989) et Baiy (1995))

(selon les critères diagnostiques pris en compte) (FERRARI 2004, ROGE 2003), contre 2 à 7 % qu’un autre membre de la fratrie, ou deux jumeaux dizygotes le soient (2 à 7 % pour VOLKMAR et al. (2005), 3 à 5 % pour LEMAY (2004) se référant aux études de Smally (1998), Bolton (1994), Pivan (1990) et Szatmari (1993)). Cela représente tout de même un risque 50 à 200 fois plus élevé chez les autres individus de la fratrie par

rapport au reste de la population, de présenter cette maladie. Par ailleurs, le risque de souffir de troubles du développement (anomalies ou retard de langage, troubles cognitifs, …) est important au sein de la fratrie si les individus ne développent pas d’autisme (VOLKMAR et al. 2005).

De plus, on met régulièrement en évidence une association de ce syndrome avec d’autres affections (ATTWOOD 2003, FERRARI 2004, ROGE 2003), dans environ 10 %, voire plus de 30 % des cas (Rutter et al. (1994) parlent de 10 %, Gilbert (1992) de plus d’un tiers (ROGE 2003) ; FERRARI (2004) donne la valeur de 15 %) : avec le syndrome du chromosome X fragile (cf. Diagnostic différentiel avec d’autres troubles)

(ROGE 2003), avec la sclérose tubéreuse (ATTWOOD 2003, ROGE 2003, VOLKMAR et al. 2005), maladie caractérisée par une croissance anormale de certains tissus (ROGE 2003, VOLKMAR et al. 2005), notamment dans le cerveau, la peau, le cœur, (ROGE 2003) … Pour cette maladie, on a une association avec un autisme typique dans 25 % des cas, ou avec des traits autistiques dans 60 % des cas (LEMAY 2004) ; la sclérose tubéreuse serait retrouvée chez 0,4 à 2,8 % (VOLKMAR et al. 2005), voire chez 8 à 14 % des autistes (ROGE 2003). On a, de même, environ 2 à 5 % d’autistes parmi les individus atteints du syndrome de Rett (ce dernier touchant environ 1 % des autistes) (LEMAY

2004), et dans de rares cas une association entre phénylcétonurie et autisme, entre syndrome de Down et autisme, (ROGE 2003)

Différentes autres études sont en cours, afin de tenter de dégager des sites privilégiés de mutation chromosomique ; les chromosomes 2, 13, 15, 16, 17, 18 et 19, et le chromosome sexuel X seraient ainsi régulièrement impliqués, mais pas systématiquement (FERRARI 2004 citant les études de Jamain, LEMAY 2004, ROGE 2003 se référant aux études de IMGSAC (1998), Philippe et al. (1998), Risch et al. (1999), Barrett et

al. (2000) et Jamain et al. (2003)) ; de même, la région 7q contiendrait un gène influençant le

développement du cerveau, et s’exprimant dans le thalamus : une corrélation est quelquefois mise en évidence entre certaines formes (allèles) de ce gène et un risque d’autisme) (ANONYME

2004, ROGE 2003 citant Jamain et al. (2003). Il y aurait des anomalies chromosomiques dans 5 à 10 % des cas. Le modèle retenu semble être un modèle de « transmission polygénique multifactorielle à seuil », c’est-à-dire, une influence de plusieurs gènes mineurs, associée à une influence de l’environnement (FERRARI 2004 citant les études de Jamain).

Très récemment, en décembre 2006, une équipe de l’Institut Pasteur a pu mettre en évidence, chez 5 enfants autistes, une altération génique survenue dans la région 22q13, et impliquant plus particulièrement le gène SHANK3. Les altérations étaient variées : simples mutations, délétions importantes ou duplications (cette dernière anomalie semblant entraîner des troubles moins sévères). Lorsque ce gène n’est pas altéré, il code une protéine interagissant avec les neuroligines – protéines codées par 2 gènes situés sur le chromosome X, pour lesquels des mutations ont également été mises en évidence en 2003 chez certains autistes – pour permettre la formation de synapses. Cependant, les anomalies sur ces gènes ne touchent qu’un faible pourcentage de la population atteinte, et, outre l’autisme, sont responsables de retard mental et de troubles du langage (INSTITUT PASTEUR 2006).

Des études rapportent un lien génétique éventuel entre autisme et syndrome d’Asperger, les deux troubles étant parfois rencontrés au sein d’une même famille ; cependant, la part de génétique serait plus importante dans la survenue du syndrome d’Asperger (ATTWOOD 2003, VOLKMAR et al. 2005).