Interactions entre mitigation et adaptation: premiers résultats 6.2. Interactions entre mitigation et adaptation: premiers résultats Notre outil de modélisation est peu adapté à la prise en compte de mécanismes de large échelle tels que les changements indirects d’usage des sols liés à la mise en place d’une politique de soutien à la filière bioénergie. Il est en revanche approprié pour évaluer les coûts marginaux d’abattement associés à un instrument de mitigation, pour l’ensemble des agents à l’échelle Européenne (coût social), ainsi pour les différents systèmes de production (coût privé). En particulier, nous pouvons évaluer les impacts du changement climatique, et de l’adaptation de l’offre agricole à celui-ci, sur les problématiques liées au choix d’un instrument de mitigation. Dans cette section, nous proposons une première analyse de ces questions. 6.2.1.Méthodologie Avec notre outil de modélisation, nous avons réalisé une série de simulations, permettant de comparer les impacts respectifs du changement climatique, de l’adaptation autonome, et de la mise en place d’une politique de mitigation des émissions agricoles de GES (hors CO2) sur l’offre agricole Européenne, et leur interaction. Cette série de simulations (résumée dans le tableau 6.1) a trois objectifs: (a) Comparer les impacts respectifs du changement climatique, et d’une politique de mitigation en climat présent. Avant d’étudier les interactions entre mitigation et adaptation, nous allons comparer les impacts du changement climatique tels que présentés dans le chapitre 4, aux impacts d’une mise en place d’une politique de mitigation, afin d’identifier les principaux processus en jeu dans le modèle. Nous utilisons les jeux de fonctions de production CTL, A2, et B1 (sans adaptation des pratiques agricoles pour les climats futurs) présentés dans le chapitre 4. Pour chaque jeu de fonctions de production, le scénario socio-économique pris en compte est le scénario CAP du chapitre 3 (prix basés sur l’année 2002, et mise en œuvre de la PAC tenant compte des changements opérés entre 2002 et 2008). La prise en compte d’une politique de mitigation est simulée par deux scénarios additionnels en CTL, dans lesquels une taxe sur les émissions agricoles hors CO2 est appliquée à chaque agent du modèle AROPAj, respectivement à 40 et 80 €/tCO2eq. Ces scénarios seront dénommés CTL-T40 et CTL-T80. La politique de mitigation retenue repose donc sur un instrument de type prix relativement classique et réputé coût-efficace. Enfin, il faut noter que l’on pourra différencier le coût privé des producteurs (baisse de marge brute de chaque agent), du coût social à l’échelle Européenne (baisse de marge brute au niveau agrégé, corrigé du montant de taxe prélevé, qui ne représente qu’un transfert monétaire et non une perte au niveau Européen). (b) Evaluer l’impact du changement climatique sur une politique de mitigation. L’objectif étant de diagnostiquer des interactions entre adaptation et mitigation, il importe d’isoler la contribution propre au changement climatique dans la réaction de l’offre agricole Européenne à la mise en place d’une politique de mitigation. Pour cela, nous appliquons les deux scénarios de taxe pour chaque scénario de fonctions de production du climat futur. Ces scénarios seront dénommés A2-T40, A2-T80, B1-T40 et B1-T80. 144 (c) Evaluer les interactions potentielles entre adaptation au changement climatique et politique de mitigation. Une fois dégagés les principaux traits des impacts d’une politique de mitigation tout en différentiant les climats présent et futur, nous cherchons à identifier les interactions entre mitigation et adaptation. Pour chaque scénario de changement climatique intégrant les adaptations de pratique agricole (A2-ADAPT et B1-ADAPT), nous imposons des scénarios de mitigation : A2-ADAPT-T40, A2-ADAPT-T80, B1-ADAPT-T40 et B1-ADAPT-T80. SCENARIO Production functions Socio-economic context (a) Compare mitigation, climate change, and adaptation impacts CTL CTL CAP CTL-T40 CAP + Tax on non-CO2 GHG emissions (at 40 and 80 €/tCO2eq) CTL-T80 A2 A2-ADAPT A2 A2-ADAPT CAP B1 B1-ADAPT B1 B1-ADAPT (b) Evaluate climate change impact on mitigation's effects A2-T40 A2 CAP + Tax on non-CO2 GHG emissions (at 40 and 80 €/tCO2eq) A2-T80 B1-T40 B1 B1-T80 (c) Evaluate adaptation and mitigation interactions A2-T40 A2 CAP + Tax on non-CO2 GHG emissions (at 40 and 80 €/tCO2eq) A2-T80 B1-T40 B1 B1-T80 A2-ADAPT-T40 A2 ADAPT A2-ADAPT-T80 A2-ADAPT-T40 B1 ADAPT A2-ADAPT-T80 Tableau 6.1 - Liste et configuration des simulations réalisées pour (a) comparer les effets du changement climatique et de la mise en place d’une politique de mitigation, (b) évaluer l’impact du changement climatique sur l’effet d’une politique de mitigation, et (c) évaluer les interactions entre mitigation et adaptation au changement climatique. Pour chaque scénario simulé, les jeux de fonctions de production employés et le contexte socio-économique implémenté sont détaillés. CAP fait référence à une mise en œuvre proche de la politique agricole actuelle, avec des prix de 2002 (voir chapitre 3 pour plus de détail). Le scénario de politique de mitigation que nous avons mis en œuvre est une politique généralement évaluée comme coût-efficace, puisque la taxe permet d’égaliser les coûts marginaux d’abattement des émissions entre exploitants agricoles. Le principal point que nous allons traiter est l’évolution des coûts d’abattements (c’est-à-dire les coûts d’une réduction des émissions) sous changement climatique puis adaptation. On s’intéressera en particulier aux coûts sociaux (à l’échelle Européenne agrégée), et privés (à l’échelle Européenne et son hétérogénéité régionale). Il faut rappeler enfin que nous ne nous intéressons ici qu’à la réaction de court terme de l’offre agricole toutes choses égales par ailleurs, c’est-à-dire sans prendre en 145 6.2 Interactions entre mitigation et adaptation: premiers résultats compte les évolutions possibles de la demande en produits agricoles, de l’offre d’intrants agricoles, ni de la structure de l’offre agricole ou de la technologie. 6.2.2.Résultats 6.2.2.1. Changement climatique et mitigation en climat présent La figure 6.1 compare les impacts respectifs des scénarios de changement climatique, avec ou sans adaptation (A2 et B1, en bleu et rouge respectivement, et rouge pâle et bleu pâle pour A2-Adapt et B1-Adapt), et du scénario de mitigation en climat présent (pour 2 valeurs de la taxe : 40 et 80 €/tCO2eq, couleurs respectives ocre et marron). La figure présente à la fois l’évolution relative à l’échelle Européenne (points) et une mesure de la dispersion de la distribution des évolutions relatives régionales. Figure 6.1 - Impacts comparés du changement climatique et d’une taxe sur les émissions de GES (hors CO2) sur la marge brute par hectare, et sur les émissions de GES (hors CO2) par hectare. Les points représentent les changements relatifs à l’échelle Européenne, tandis que les contours délimitent la zone à 50% de la densité bivariée estimée de la distribution des évolutions régionales*. L’impact des scénarios de mitigation est donné pour une taxe à 40€/tCO2eq et 80€/tCO2eq sans restitution de la taxe (coût privé, couleurs ocre et marron) et avec (coût social, gris et noir), tandis que les couleurs rouges et bleu décrivent l’impact des scénarios de changement climatique B1 et A2, avec (tirets et petits points) ou sans adaptation (traits pleins et gros points). * Cette zone est la plus petite zone possible qui contienne 50% des régions, et s’interprète comme l’espace interquartile pour des données univariées. 146 A l’échelle Européenne ainsi qu’en termes d’hétérogénéité spatiale, on retrouve les résultats du chapitre 4: sans adaptation, le changement climatique a un impact sur la marge brute et les émissions de GES relativement neutre à l’échelle Européenne (pour les deux grandeurs: +3% pour A2, +0% pour B1), mais variable à l’échelle régionale. En considérant l’adaptation, la marge brute augmente au niveau agrégé (respectivement +18% et +17% en A2 et B1), et sa variabilité régionale augmente fortement. Les émissions de GES et leur variabilité régionale sont elles aussi augmentées mais dans une moindre mesure (+7% et +5%). La mise en place d’une politique de mitigation entraîne logiquement une baisse des émissions et de la marge brute à l’hectare des producteurs (coûts privés). La figure permet d’estimer les taux d’abattement pour une taxe de 40 et 80 €/tC02eq, qui sont respectivement de 13% et 21%. Ces taux d’abattement correspondent à ce que nous attendons avec notre outil de modélisation, pour lequel la possibilité prêtée aux agents de choisir le taux de fertilisation a tendance à produire des estimations dans la fourchette basse de la littérature (Vermont & De Cara, 2010). Le coût social à l’échelle Européenne est faible (points gris et noir), de l’ordre de 1 et 3% de la marge brute agricole Européenne, pour des niveaux de taxe de 40 et 80 €/tCO2eq. La différence entre coût social et coût privé d’abattement permet aussi de comparer les impacts du changement climatique aux enjeux relatifs à l’implémentation d’une taxe. En effet, cet écart de variation de marge brute entre les scénarios n’intégrant pas la taxe (par exemple -19% pour une taxe à 80 €/tCO2eq, couleur marron) et ceux considérant un reversement de la recette de la taxe à l’agriculteur (-2%, couleur noire) montre le poids de la question redistributive pour l’agriculteur. La différence d’impact sur sa marge brute entre ces deux scénarios redistributifs extrêmes est quasiment du même ordre de grandeur que le bénéfice potentiel de marge brute en cas de changement climatique, mais il est beaucoup moins variable spatialement. Donc si la mise en place d’une politique de mitigation coût-efficace de type taxe apparait faible pour la société, pour l’agriculteur certaines questions relatives à son implémentation sont du même ordre de grandeur en terme de marge brute que l’effet du changement climatique, au signe près. 6.2.2.2. Mitigation en climat futur Etant donné que nous considérons une réponse de court terme de l’offre agricole aux scénarios considérés, les interactions entre changement climatique et adaptation ne peuvent être analysées que dans le cadre de l’existence conjointe du changement climatique et de la politique de mitigation. L’impact du changement climatique lui-même sur les coûts d’abattement des émissions doit donc être au préalable isolé. La figure 6.2 compare les effets de la mise en place d’une politique de mitigation de type taxe dans le contexte du climat présent, et du climat futur, sans adaptation. Se sont les scénarios A2-T40, A2-T80, T40 et B1-T80, qui sont différenciés dans la figure 6.2 entre scénarios de climat par des couleurs (CTL, A2 et B1, avec des couleurs respectivement noire, rouge et bleue). 147 6.2 Interactions entre mitigation et adaptation: premiers résultats Figure 6.2 - Coûts d’abattement privés comparés entre le climat présent et les climats futurs A2 et B1, pour deux niveaux de taxe (40 et 80 €/tCO2eq). Comme dans la figure 6.1, la figure présente les évolutions relatives de marge brute (sans restitution de la taxe, i.e. coût privé) et d’émissions de GES (hors CO2) agrégés à l’échelle Européenne (points), ainsi que leur dispersion à l’échelle régionale. Les couleurs noire, rouge, et bleu indiquent respectivement les climats CTL, A2 et B1. En termes de coûts d’abattement, les résultats montrent que la réponse de l’offre agricole Européenne à une politique de mitigation semble peu affectée par le changement climatique (sans adaptation), ni au niveau agrégé ni dans sa variabilité interrégionale. Ces résultats s’expliquent par le fait que les mécanismes de réduction des émissions reposent essentiellement sur la réduction des intrants azotés, la réallocation des terres dédiées aux cultures annuelles au profit des espèces ayant le moins de pertes azotées, et l’adaptation de l’alimentation animale au profit des aliments les moins méthanogènes. En effet, le changement climatique n’entrave pas fondamentalement ces degrés de liberté. Nous n’avons cependant pas étudié la distribution géographique des coûts d’abattement, qui peut être affectée. 6.2.2.3. Interactions entre mitigation et adaptation Nous nous sommes intéressés à deux questions particulières relatives aux interactions entre adaptation et mitigation, que nous avons traitées au niveau agrégé Européen et en termes de variabilité interrégionale : L’adaptation au changement climatique modifie-t-elle les coûts d’abattement ? La mise en place d’une politique de mitigation peut-elle modifier les gains de l’adaptation au changement climatique ? 148 Figure 6.3 - Interactions entre mitigation et adaptation. (a) Impact de l’adaptation sur les coûts d’abattement des émissions : la figure présente les coûts d’abattement à l’échelle agrégée (points) et leur variabilité interrégionale (contours), pour les climats futur A2 et B1 (couleurs rouge et bleu), sans (contours pleins, et petits points) ou avec adaptation (contours en tirets et gros points). Comme le montre la figure 6.3, la prise en compte de l’adaptation diminue légèrement les coûts privés d’abattement au niveau agrégé, et ceci d’autant plus que le niveau de taxe est élevé: pour un niveau d’abattement quasiment égal, les coûts d’abattements sont réduit de respectivement 1 et 2 pourcents pour des taxes de 40 et 80€/tCO2eq. En termes de variabilité interrégionale, il semble aussi que celle-ci diminue légèrement. En revanche, le coût social agrégé à l’échelle Européenne n’est pas affecté par la prise en compte de l’adaptation. Il semble donc que l’adaptation autonome de l’offre agricole Européenne ne modifie pas fondamentalement le coût social agrégé d’une politique de mitigation, et en diminue légèrement les coûts privés. De même, le gain de l’adaptation au changement climatique est aussi légèrement augmenté à l’échelle agrégée par la mise en place au préalable d’une politique de réduction des émissions de GES (non montré). Le gain en marge brute du à l’adaptation est de 3 point supérieur (on passe de +14% à +17% en A2, et de +17% à +20% en B1). Il semble donc que la mise en place d’une politique de mitigation favorise légèrement les gains de l’adaptation autonome au changement climatique à l’échelle de la ferme. Il semble donc que l’adaptation au changement climatique et la mise en place de mitigation soient mutuellement légèrement bénéfiques l’une à l’autre. Cependant, d’une part les résultats obtenus sont d’une amplitude relativement faible, et d’autre part nous n’avons pas analysé finement la distribution régionale de ce diagnostique, ni sa distribution géographique. En particulier, il est important de préciser quels sont les régions ou systèmes de production pour lesquels cette synergie est forte, ou à l’inverse pour lesquels l’adaptation au changement climatique est synonyme d’une moins capacité de mitigation (ou l’inverse). 149 6.2 Interactions entre mitigation et adaptation: premiers résultats 6.3. Perspectives Une première analyse m’a permis de comparer les impacts sur l’offre agricole Européenne d’une part du changement climatique et d’autre part d’une politique de mitigation. J’ai pu mettre en valeur le faible coût social d’une politique de mitigation des émissions de GES hors CO2 dans le secteur agricole. En revanche pour l’offre agricole, en comparaison de l’impact du changement climatique, l’impact en termes de coûts privés d’une telle politique est fort s’il n’y a pas de redistribution de la taxe, et est du même ordre de grandeur (et de signe opposé) que l’impact du changement climatique. En termes de coût d’abattement, le changement climatique ne semble pas avoir d’impact si l’on ne prend pas en compte l’adaptation. En revanche, les premiers résultats montrent qu’il y a complémentarité entre adaptation au changement climatique et mitigation, dans le sens où l’un améliore l’efficacité ou les gains en termes de marge brute de l’autre. Bien que ces résultats soient à approfondir, ils permettent de répondre à une partie des questions qui se posent au décideur public quant aux possibles interactions entre adaptation et mitigation. Par ailleurs, notre outil de modélisation peut permettre de soulever deux autres questions importantes pour le régulateur: En premier lieu, si la modalité de l’instrument de politique publique envisagée est jugée coût-efficace, elle ne taxe pas directement les émissions, car celles-ci sont très hétérogènes, et donc très coûteuses à contrôler. La comptabilité des émissions sujettes à taxe est basée sur une mesure des niveaux de production (plus facilement contrôlable), auxquels on applique des facteurs d’émission, homogènes sur l’Europe. Ces derniers ne prennent pas en compte les sources d’hétérogénéité spatiale des émissions, et sont supposés identiques en climat futur. La différence entre les réductions réellement obtenues et les réductions estimées par le régulateur public peut être un critère de rejet pour ce type de politique. Il est donc important de quantifier l’évolution de cette différence entre climat présent et futur, en prenant en compte l’adaptation des itinéraires techniques, les émissions elles-mêmes étant affectées par ces deux facteurs. Deuxièmement, l’agriculture a d’autres impacts environnementaux, notamment des pollutions azotées (sous forme d’ammoniac volatile, et sous forme de nitrate infiltré vers les nappes), et une pression forte sur les ressources en eau à des fins d’irrigation. Comme nous l’avons vu dans le chapitre 4, les besoins en eau sont fortement modifiés par le changement climatique d’une part, et par l’adaptation des pratiques d’autre part. Il est donc important de quantifier l’évolution de ces impacts environnementaux sous l’effet d’une politique de mitigation, du climat futur, et de l’adaptation, en vue d’une meilleure intégration de l’ensemble des politiques associées au secteur agricole. 151 Chapitre 7 Conclusions et perspectives 152 Cette thèse s’inscrit dans le cadre général des interactions entre climat et agriculture, dont nous avons exploré certains des enjeux scientifiques, à l’échelle régionale Européenne. La définition que j’ai retenue de l’échelle régionale est essentiellement basée sur deux critères : D’une part c’est une échelle spatiale qui est d’un ordre de grandeur plus large que celle de la plus petite unité décisionnelle du secteur agricole (les exploitations), et qui se caractérise donc par une large diversité de systèmes de production, de leur environnement physique, technique, et économique. Cet axe central permet de mettre en valeur un des principaux enjeux associé aux interactions entre agriculture et climat : la difficulté d’intégrer l’ensemble des mécanismes en jeu, qui s’étalent sur une large plage d’échelles spatiales et temporelles. Il n’est aujourd’hui pas encore possible de traiter ce problème à l’échelle où l’on peut considérer le système climat-agriculture comme fermé (l’échelle mondiale). D’autre part, c’est une échelle qui se caractérise par des enjeux décisionnels particuliers dans la problématique du changement climatique : c’est l’échelle où se prennent les décisions stratégiques relatives aux négociations internationales, mais aussi où se conçoivent les politiques publiques de planification de l’adaptation au changement climatique d’une part, et la mise en place de politiques de mitigation d’autre part. En particulier si d’autres échelles décisionnelles plus décentralisées concernent la mise en place de politique d’adaptation et de mitigation, l’échelle régionale telle que je l’ai défini fait face à un fort besoin d’intégration, puisqu’elle intervient fortement dans le soutien à la production agricole, dans la gestion de la rareté des ressources sur lesquelles elle s’appuie, et sur la gestion des biens communs qu’elle détériore. J’ai donc choisi de me concentrer sur l’échelle spatiale caractéristique des systèmes de production agricole, et de l’échelle temporelle de la réaction de court terme. Je me suis intéressé au rôle que les réponses des systèmes à ces échelles pouvaient jouer sur certaines questions associées aux enjeux décisionnels de l’échelle régionale : Quel est le rôle des mécanismes typiques de l’échelle de l’exploitation agricole dans la réponse de l’offre agricole au changement climatique et à la mise en place d’une politique de mitigation ? Peuvent-ils générer des conflits potentiels entre ces objectifs de politique publique, ou bien à l’inverse des synergies ? Les objectifs scientifiques associés à cette problématique sont les suivants: (i) identifier les principaux mécanismes, (ii) prendre en compte l’hétérogénéité des facteurs physiques, techniques et socio-économiques qui modulent leur bilan net, et (iii) trouver les moyens permettant de modéliser ces mécanismes de manière intégrée, en prenant en compte toutes les sources d’hétérogénéité spatiale. Dans ce chapitre, je résume les principaux résultats obtenus quant à ces objectifs, autant en termes de développement de modélisation que d’applications concrètes. En particulier, j’en préciserai les limites, de natures technique et conceptuelle. Puis je précise les perspectives liées à ce travail. 153 Résultats et limites 7.1 7.1. Résultats et limites 7.1.1.Principaux résultats Une revue de littérature a permis de dégager les processus importants, de l’échelle de la parcelle à l’échelle de l’exploitation agricole à l’échelle régionale (chapitre 1). Le diagnostique de l’évolution du rendement et des impacts environnementaux à l’échelle de la parcelle nécessite de prendre en compte les mécanismes liés à l’évolution d’un cycle de culture, de l’échelle journalière à celle de la rotation des cultures. Le diagnostique de l’impact économique et environnemental à l’échelle de l’exploitation des changements de l’environnement physique Dans le document Offre agricole européenne et changement climatique : une exploration régionale des enjeux liés aux changements d'échelle par la modélisation intégrée (Page 143-179)