3. LES PLANTES À CAFÉINE
3.3. T HÉ VERT
3.5.6. Intérêts du yerba maté au cours de l’exercice physique
Le yerba maté possède des propriétés antioxydantes intéressantes pour les sportifs. En 2010, les effets antioxydants d’une infusion de maté ont été testés contre les radicaux
hydroxyles et superoxydes par résonance paramagnétique électronique (92). Dans cette étude, une infusion de maté est préparée à l’aide de 3,10 g dans 1L d'eau bouillante, puis diluée à différentes concentrations : 6, 15.5, 31, 155 et 310 µg/mL. Il est observé que le maté piège les radicaux hydroxyles et superoxydes à toutes les concentrations testées. De même, le maté inhibe la peroxydation lipidique et les dommages à l'ADN d'une manière dose-dépendante dans les cellules, au cours du test au malondialdéhyde et du test des comètes (détection des cassures mono ou double brins de l’ADN). Cette étude montre que le maté possède des effets antioxydants puissants contre les radicaux superoxydes et hydroxyles, ainsi que des propriétés protectrices contre les dommages des radicaux libres. Une autre équipe de chercheurs s’est intéressée aux effets du yerba maté sur l’expression et l’activité de la paraoxonase-2 (PON-2) in vitro et in vivo (93). Cet enzyme est notamment exprimé au niveau des monocytes et macrophages, et possède des propriétés antioxydantes intracellulaires. Lors de l’étude in vitro, des cellules différenciées en macrophages sont incubées en l'absence (contrôle) ou en présence de quantités croissantes (1, 3, 5 et 10 mmol/L) de yerba mate vert ou torréfié, d’acide chlorogénique ou d’acide caféique pendant 24 h. Après cette période, l'activité et l’expression de la protéine cellulaire de PON-2 sont quantifiées. L’étude comprend également deux expériences in vivo, une évaluant les effets aigus du yerba maté et l’autre, les effets d’une utilisation chronique (7 jours). Du sang est recueilli pour isoler les monocytes afin d’évaluer l’activité et l'expression de PON-2. In vitro, l’expression et l’activité de PON-2 sont augmentées avec le maté et l’acide chlorogénique. L’acide caféique n’a pas d’effet sur l’expression du gène de PON-2, mais augmente l’activité de cette enzyme. In vivo, l’ingestion de yerba maté augmente l’expression de PON-2 dans les monocytes et macrophages chez les femmes en bonne santé.
3.5.6.2. Effets métaboliques
Les effets du yerba maté sur le métabolisme énergétique ont été étudiés au cours d’un exercice de vélo (94). Dans cette étude, les participants ingèrent soit 1000 mg (2 gélules de 500 mg) de yerba maté, soit un placebo. Les participants se reposent pendant une heure, puis pédalent à 60-70 tours par minute jusqu'à épuisement. Toutes les trois minutes, la puissance est augmentée. Pendant l'exercice, le yerba maté réduit de manière importante le quotient respiratoire et entraîne une augmentation de l’oxydation des acides gras. Inversement, l’oxydation des glucides est réduite avec le yerba maté par rapport au
placebo. Les effets du yerba maté sont indépendants de l'augmentation de l'intensité. Cette étude laisse supposer que le yerba maté agit comme un promoteur du métabolisme des graisses au cours de l’exercice.
3.5.7.
Autres propriétés pharmacologiques
Au niveau métabolique, le maté entraînerait une perte de poids, une diminution des effets pro-inflammatoires induisant l’obésité, une diminution de la survenue d’athérosclérose, une amélioration de la glycémie et du profil lipidique chez les patients atteints de diabète de type 2. La consommation de maté montre également un effet protecteur sur la densité osseuse au niveau lombaire et fémoral. Enfin, cette plante a un effet inhibiteur sur l’élastase humaine, ce qui peut être intéressant dans la lutte anti-âge de la peau et les pathologies respiratoires (asthme, BPCO) (87,88).
3.5.8.
Utilisation en pratique
• Indications
Selon la Note explicative de l’Agence du médicament, la feuille de maté est indiquée : - dans les asthénies fonctionnelles ;
- comme adjuvant des régimes amaigrissants ; - pour favoriser l’élimination rénale d’eau.
En usage local, l’indication « adjuvant des régimes amaigrissants » est également autorisée.
En Allemagne, la monographie établie par la Commission Européenne précise que la feuille de maté est utilisée en cas de fatigue mentale ou physique. La posologie recommandée dans cette monographie est de 3 g de feuilles par jour.
• Posologies : selon la monographie de l’HMPC les doses recommandées en infusion sont de 2 à 4 grammes par jour.
• Effets indésirables et contre-indications sont identiques à ceux de la caféine. En Amérique du Sud, la consommation excessive de maté semble liée à un risque élevé de cancers de la gorge et de l’œsophage. L’EMA déconseille l’utilisation de maté chez les enfants et les adolescents de moins de 18 ans (95).
3.6.
Guarana
Figure 13 : Le guarana (199)
• Nom commun : guarana
• Nom botanique : Paullinia cupana Kunth • Partie utilisée : graine
3.6.1.
Origine
Le guarana est une plante originaire des forêts vierges de la région amazonienne (Nord et Centre du Brésil jusqu’à l’embouchure de l’Amazone). Au Brésil, le guarana est cultivé dans les états de l’Amazonas (où il pousse à l’état sauvage), du Mato-Grosso et de Bahia. Des cultures ont également été développées dans les états voisins du Brésil : Venezuela, Colombie, Panama et Costa Rica. Une forme de soda, très populaire au Brésil, appelée
3.6.2.
Famille botanique
Le guarana appartient à la famille des Sapindaceae, comprenant des espèces ligneuses, ou parfois, herbacées des régions tropicales. Les plantes de cette famille sont composées de feuilles isolées composées. Les fleurs sont zygomorphes à trois carpelles uniovulés. Le fruit est variable : baie, drupe ou capsule. La graine, dépourvue d’albumen, présente souvent un arille (59).
3.6.3.
Description botanique
Paullinia cupana Kunthest une plante grimpante, ligneuse, pouvant atteindre 12 mètres. Ces feuilles sont persistantes, grossièrement crénelées et dentelées, imparipennées, portant cinq folioles. Les fleurs peu apparentes, possèdent quatre pétales de couleur jaune blanchâtre. Les fruits sont des capsules de couleur jaune foncé à rouge orangé, qui éclatent à maturité. La graine est sphérique, luisante, brun-pourpre à noire et entourée dans sa partie inférieure d’une arillode de couleur blanche lui donnant l’aspect caractéristique d’un œil (96,97).
3.6.4.
Pharmacopée
Le guarana figure sur la liste A des plantes médicinales traditionnellement utilisées de la Pharmacopée Française (11ème édition) (60).
D’après la Pharmacopée française (11ème édition), la graine de guarana est constituée par « la graine, soumise à une dessiccation rapide à chaud, de Paullinia cupana Kunth ». Elle contient au minimum 3,5 % de caféine (98).
L’amande de cette graine est ensuite broyée et donne la pâte utilisée. La Pharmacopée française stipule l’utilisation de la « pâte séchée obtenue par écrasement de l’amande soumise à une rapide dessiccation à chaud et humidifiée de P. cupana ». Elle contient au minimum 3,0 % de caféine (99).
3.6.5.
Constituants
La graine renferme de la caféine (3,6-5,8 %) concentrée dans les cotylédons, des saponosides et des polyphénols (catéchol, épicatéchol, proanthocyanidols). Elle renferme également des protéines (15 % environ), des sels minéraux (calcium, phosphore, fer, cuivre, zinc, magnésium), des oligoéléments et des vitamines (96,97,100).