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● Un sujet digne d’intérêt

Les médecins ont montré de l’enthousiasme à participer à cette thèse et beaucoup déclaraient spontanément être intéressés par le sujet.

Médecin O : « Non mais c'est un sujet de thèse intéressant quand même ! »

● Une capacité à remettre en question sa pratique

Le médecin A exprimait dans son discours une certaine humilité par rapport à son savoir ou sa pratique, notamment au travers le fait d’être rassuré par l’usage.

Médecin A : « Pas de signe sp...enfin, personnellement, je sais pas si y'a des signes spécifiques à la dépression du post-partum. » et plus loin, à propos du fait que l’échelle de dépistage de la dépression du post-partum de référence soit peu utilisée : « Bon alors ça me rassure. »

Le médecin B, exprimait une large culpabilité d’avoir pu prendre du retard au diagnostic d’une dépression du post-partum chez l’homme, la poussant à modifier sa pratique plus tard. Médecin B : « Et tu vois la réflexion que ça me fait avoir par rapport à ça (...) je me dis que lui, je l'ai raté au début (...) et que si, probablement que si j'avais réussi à l'évaluer correctement par rapport à ça, (...) on serait pas allé aussi loin dans le syndrome dépressif. Et c'est vrai que (...) je me suis pas du tout occupée de lui mis à part pour lui dire qu'il fallait que vous soyez très soutenant vis à vis de votre femme et, et j'ai pas du tout vu, je suis complètement passée à côté de ça, avant que ça devienne tellement évident que, qu’il allait plus fort. Donc voilà, je me dis je vais poser la question aux mamans, et si je peux aux papas, mais les papas je les vois moins quand même. » et plus loin : « Donc c'est vrai que ça aurait dû m'alerter. », et à nouveau : « Et tu vois, quand je lis tout ce qu'il y a marqué, les phobies d'impulsion, la perte du plaisir à prodiguer des soins au bébé, le plus évident de ces cas-là, c'était le monsieur, c'était lui, il avait cette crainte de faire du mal au bébé et il osait plus la toucher sa fille, donc là c'était quand elle avait 9 mois mais je me dis, ça j'ai pas vu. Donc maintenant je vais être plus attentive au moins. »

Le médecin C prenait conscience au fil de l’entretien de la problématique de la dépression du post-partum, ceci mis en évidence par l’usage du conditionnel puis du présent passant d’une hypothèse à une déclaration factuelle.

Médecin C : « Je recherche pas du tout la dépression du post-partum (...) je me dis que spontanément... mais t'as raison hein parce qu'elles viendraient pas spontanément pour dire, enfin, t'as une grosse culpabilité j'imagine, ouais dans la dépression du post-partum, donc elles viennent pas spontanément. », et plus loin : « Je sais même pas si, enfin maintenant que tu le dis, mais je sais même pas si ça ferait tilt en fait, si... je sais pas si, peut être que je me dirais même pas c'est une dépression du post-partum, peut être que je me dirais c'est une dépression (rires). »

110 Cette capacité à se remettre en question justifiait l’intérêt de la formation continue auprès des médecins.

Médecin C : « C'est vrai que je devrais les poser. »

Médecin D : « J'essaierai d'y penser un peu plus d'ailleurs ! »

Médecin I : « J'avais pas cette notion mais maintenant qu'on en parle, oui. » Médecin K : « Non, tu vois y'a un truc qui me fait réfléchir là... »

Médecin N : « Vous voyez là, 10 à 20%, après on est plus sensibilisé. », et plus loin : « A mon avis ce qui est important c'est d'avoir en tête plutôt peut être les diagnostics à éventuellement pas louper, pour les avoir en tête, pour (...) aller les chercher. »

Médecin F : « C’est très bien, j’étais très contente, c’est un petit rappel qui est intéressant et qui pose des questions sur son exercice professionnel et à se dire qu’il ne faut rien oublier, parce que le problème de la médecine générale, c’est ça, les spécialistes nous reprochent de pas être à la page mais d’un quart d’heure à un autre, ça part dans tous les sens et c’est vrai que d’avoir des petits trucs comme ça, qui sont simples, ça aide, c’est très important en tant que médecin généraliste. »

● Sensibilisation à la dépression du post-partum

Quatorze médecins parmi les seize reconnaissaient, au terme des trois mois, avoir été sensibilisés à la dépression du post-partum suite à notre rencontre et disaient même avoir modifiés leur pratique.

Médecin A : « C’est pas quelque chose que j’ai découvert mais je suis un peu plus systématique maintenant, c’est ce qui m’a fait changé tu vois. J’en parle pas qu’aux mamans, j’en parle même aux papas ! Chez les femmes, je l’abordais quand elles venaient me voir pour un problème de fatigue, je l’avais en tête, mais j’étais pas systématique. Donc ça a changé un peu ma façon de faire tu vois. »

Médecin C : « Ah bien-sûr absolument, je n’y étais pas du tout ! Ça a modifié ma pratique puisque je le faisais pas du tout avant. »

Médecin D : « Oui. Ce n’est effectivement pas quelque chose auquel j’aurai pensé faire même chez les mamans les moins adaptées. Les questions sur la dépression ce sont des questions que je pose assez facilement mais dans un contexte qui l’évoque, pas à titre systématique chez toutes les femmes qui viennent d’accoucher. Ce qui m’a aidé c’est de prendre conscience que c’est fréquent et pas forcément bien verbalisé, du coup c’est bien de poser la question, ça permet de dénouer les langues, donc depuis j’y pense. »

Médecin F : « Le fait qu’on en ait discuté ensemble ça m’a sensibilisé dans le fait de me dire que peut être qu’il faudrait que je sois plus systématique dans le questionnement. Alors je l’étais déjà un peu auparavant mais peut être que j’aurais été moins attentive. »

111 Médecin I : « Oh bah oui, oui, oui, c’est comme après une formation quand même, c’est une piqure de rappel, on a un peu plus conscience du sujet de façon un peu plus prégnante après avoir reçu une formation, après avoir reçu une thésarde qui aborde le sujet. »

Médecin L : « Oh oui beaucoup ! Non mais je l’étais déjà mais d’en parler plus, ça fait toujours du bien. »

Médecin N : « Oui tout à fait, déjà je l’étais un peu mais ça m’a permis d’en parler un peu systématiquement même à une maman qui me paraissait bien en forme, avant je le faisais pas systématiquement, là je l’ai fait plus systématiquement. »

Médecin P : « Oui, tout à fait, 100% ! Ça m’a rallumé des clignotants, et modifier ma pratique oui parce que j’y pense. »

Un des médecins ne s’était pas sentie sensibilisée particulièrement car concernée dans sa vie personnelle.

Médecin E : « Je me sentais déjà sensibilisée à ça, déjà parce que j’en ai déjà vu mais aussi parce que je crois que je t’avais dit, ma belle-sœur a été prise en charge pour une grosse, grosse dépression du post-partum, donc voilà j’étais déjà bien sensibilisée. »

Les médecins disaient être intéressés par le sujet de la dépression du post-

partum. Ils montraient au cours de l’entretien une bonne capacité à remettre en

question leur savoir et leur pratique et effectivement, se sentaient sensibilisés à

la problématique du fait de notre rencontre et avaient été plus vigilants dans

leurs consultations.

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