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Pour Hugo, les personnages étaient primordiaux.

Pourtant, se montrant plus apte à manier des masses que des individus, à évoquer des actions plutôt que des sentiments, il serait un mauvais psychologue. Ses personnages sont plutôt des types que des êtres vivants ; ils manquent de nuances, sont d’un bloc, absolus, n’ont pas de sang ni d’épaisseur. En un mot, ils sont invraisemblables. Ils sont construits par succession d’antithèses. Il ne les analyse pas, les oppose, traduisant leur caractère à coups d’images qui tirent leur vivacité du contraste. Il se soucia moins de psychologie que d’images, et souligna celle-ci à gros traits. Son monde peu complexe grouille de vie, de gestes et de couleurs.

Sans doute sa psychologie demeure-t-elle assez sommaire, mais c’est qu’Hugo avait le don de faire vivre par la rapidité du récit et non par l’analyse ; chez lui, l’homme passionne par la vitalité, les événements qu’il déclenche ou auxquels il participe, les coups de théâtre, il ne faut pas chercher les détails de sa vie intérieure, ni trop prendre garde à ses discours, mais le regarder vivre et agir au long du flot des phrases, dans le halètement de la description, l’inépuisable jaillissement des mots.

Il est vrai que le roman, s’il est très complexe, est manichéen. Aussi peut-on étudier les personnages en distinguant simplement les bons et les méchants.

Les «méchants» :

- Félix Tholomyès est l'un des nombreux étudiants de province du XIXe siècle venus se débaucher dans la capitale, principalement pour échapper à la férule de pères notables de province. C’est un de ces êtres de plaisir auxquels sont d’avance sacrifiées de pauvres filles. Dans son cas, c’est Fantine à laquelle il donne un enfant illégitime qu’il ne prend pas au sérieux. Dans sa lettre de rupture, il affirme la supériorité d'avoir un nom et des parents. Et, comme ses congénères, fait une fin très honorable en

revenant chez lui pour se marier sagement et prendre la position que la société bourgeoise lui assurait.

- «Patron-Minette», quatre bandits qui «formaient une sorte de Protée, serpentant à travers la police et s’efforçant d’échapper aux regards indiscrets de Vidocq ‘’sous diverse figure, arbre, flamme, fontaine’’, s’entre-prêtant leurs noms et leurs trucs, se dérobant dans leur propre ombre, boîtes à secrets et asiles les uns pour les autres, défaisant leurs personnalités comme on ôte son faux nez au bal masqué, parfois se simplifiant au point de ne plus être qu’un, parfois se multipliant au point que Coco-Lacour lui-même les prenait pour une foule. / Ces quatre hommes n’étaient point quatre hommes ; c’était une sorte de mystérieux voleur à quatre têtes travaillant en grand sur Paris ; c’était le polype monstrueux du mal habitant la crypte de la société.» (III, 7, 4). Est allié à cette «hideuse contre-société occulte qui vit sous la société publique» Thénardier.

- Les Thénardier : Cette famille occupe un rôle clé dans le roman, incarnant les méchants, tout ce qui les concerne étant dépeint avec un sens de l’énorme qui, s’il ne réussit pas à leur donner beaucoup de profondeur, fait du moins d’eux d’admirables images d’Épinal.

Comme dans la plupart des œuvres de ce genre, la grossièreté morale est d’abord traduite par la grossièreté physique : la Thénardier est donc une hideuse mégère rousse, charnue, «à la carrure de colosse ambulant […] le type de la femme-à-soldats […] l’idéal d’un fort de la halle habillé en fille», qui se vante d’écraser une noix d’un coup de poing, et fait trembler vitres, meubles et gens dès qu’elle ouvre la bouche car elle ne parle qu'en hurlant, jure splendidement. Et elle boit ! Très souvent accroupie comme une femelle animale, elle semble, quand elle se redresse, une de ces sauvagesses qu'on exhibe dans les foires ; elle boit. Thénardier, par contre, est un homme «petit, maigre, blême, anguleux, chétif», il a un regard de fouine, un rire sardonique, un animal sournois et malfaisant.

Mais sa femme, malgré son apparence autoritaire et gigantesque, est toute soumission à son malingre de mari, car il est très intelligent ; il est l’esprit et elle, la matière ; il crée et elle exécute,

«montagne de chair et de bruit» qui se meut «sous le petit doigt de ce despote frêle». «Il avait des prétentions à la littérature et au matérialisme. Il y avait des noms qu'il prononçait souvent, pour appuyer les choses quelconques qu'il disait, Voltaire, Raynal, Pamy, et, chose bizarre, saint Augustin.

Il affirmait avoir "un système". Du reste fort escroc. Un filousophe. Cette nuance existe. On se souvient qu'il prétendait avoir servi ; il contait avec quelque luxe qu'à Waterloo, étant sergent dans un 6e ou un 9e léger quelconque, il avait, seul contre un escadron de hussards de la Mort, couvert de son corps et sauvé à travers la mitraille ‘’un général dangereusement blessé’’.» (II, 3, 2). Lucide sur lui-même, ce causeur habile, cet escroc plus habile encore, sait qu'il avait toutes les qualités pour devenir un honnête commerçant, mais que le dessous de son être l'a poussé aux scélératesses, qu’il prépare avec une ruse minutieuse, ce qui ne les empêche pas d’avorter régulièrement.

Tous les deux sont «de ces natures naines qui, si quelque feu sombre les chauffe par hasard, deviennent facilement monstrueuses. Il y avait dans la femme le fond d'une brute et dans l'homme l'étoffe d'un gueux. Tous deux étaient au plus haut degré susceptibles de l'espèce de hideux progrès qui se fait dans le sens du mal. Il existe des âmes écrevisses reculant continuellement vers les ténèbres, rétrogradant dans la vie plutôt qu'elles y avancent, employant l'expérience à augmenter sans cesse leur difformité, empirant sans cesse et s'empreignant de plus en plus d'une hideur croissante. Cet homme et cette femme étaient de ces âmes-là.» (I, 4, 2).

Pour Hugo, «ce sont des figures louches», qu’il observa de loin, comme s'ils étaient là malgré lui. Ils n’apparaissent que pour commettre un mauvais coup montrer leur brutalité, leurs activités se bornant à la scélératesse, leur présence annonçant toujours un malheur Mais, d’apparitions en métamorphoses et changements de nom, Thénardier, dont les masques successifs visent toujours à duper pour voler ou exploiter, qui, pour survivre, n’hésite pas à recourir à toutes sortes de moyens criminels, du plus léger au rédhibitoire (exploitation éhontée de la pauvreté, vols, cambriolages, agressions, voire assassinat), à côtoyer différents milieux interlopes (banditisme, prostitution), navigue si intimement dans les sentiers de l'abjection qu'il en devient symbolique. Dès le début, le couple s'avère être menteur et fourbe ; on pourrait penser que c'est un effet de la misère, mais Hugo le rend antipathique alors qu'il s'apitoie sur leurs enfants exploités sans vergogne.

C’est un couple ambigu :

C'est en rampant comme une larve crépusculaire sur le champ de bataille de Waterloo, dans la nuit du 18 au 19 juin 1815, qu’il pénètre dans le livre. Rôdeur près de la fosse d’Ohain pour, au risque d'être fusillé, détrousser les cadavres, il dépouille Georges Pontmercy, officier gravement blessé. Qui est ce charognard? Hugo n'en sait rien. Ni anglais, ni français, ni paysan, ni soldat, moins homme que goule, il est attiré vers les morts par son flair. D'où arrive-t-il? Peut-être de Hollande, où il aurait étudié pour être aubergiste. Il est marié. Sa femme I'attend à l'ombre des arbres dans un petit fourgon de vivandier. Où se sont-ils connus? Quand se sont-ils mariés? Peu importe. Ils sont dès I'origine et à jamais les Thénardier, sans prénom qui les distinguerait l'un de l'autre.

En mai 1818, Fantine, la mère de Cosette, passe devant leur auberge ‘’Au sergent de Waterloo’’ à Montfermeil (I, 4) où ils s’occupent à vider les bourses et à tirer profit de tout ce qui passe à leur portée. Leurs affaires sont cependant médiocres, leurs dettes toujours croissantes ; ils ont beau dépouiller les gens, ils sont condamnés à la chute. Le premier crime qu’ils commettent sous nos yeux, c,est de capter la confiance de Fantine qui remet sa fille, Cosette, à leur garde. Le second crime, c’est, une fois qu’ils sont «écorché» la mère, c’est d’être pour Cosette d’impitoyables bourreaux. La Thénardier est pourtant pleine d’amour pour ses propres filles, Éponine et Azelma, d’un amour de

«mammifère» qui, d’ailleurs, ne s’étend pas au reste de sa progéniture puisqu’elle abandonne ses trois fils à la rue.

Plus tard, quand nous les retrouvons réduits à la misère, leur principale occupation consiste à escroquer les personnes charitables, tout en préparant des coups de plus grande envergure avec

«Patron-Minette», les meneurs de la pègre parisienne. C’est ainsi qu’ils attirent Jean Valjean dans un guet-apens, et le tueraient si Javert n’intervenait à temps.

La Thénardier meurt en prison. Le Thénardier, après une évasion rocambolesque, pourra fuir aux États-Unis grâce à la générosité de Marius de Pontmercy ; il s’y fera négrier, finissant ainsi ses jours dans la pire des déchéances

Ils apparaissent cinq autres fois, mais à de si longs intervalles que Hugo semble les avoir oubliés. En fait, tout au long du roman, ils ne cessent de croiser les destins de Jean Valjean, de Cosette, de Marius, jouant, en mal ou en bien, un rôle essentiel dans leurs vies.

Thénardier, qui est né en 1773, mais

On les retrouve propriétaires d’une gargote à Montfermeil, ‘’Au sergent de Waterloo’’, nom que le père affiche comme une gloire car il se vante d’avoir alors obtenu ce grade et d’avoir été médaillé pour son prétendu rôle de bon samaritain. Comme Fantine ne peut pas garder son enfant, car elle retourne à Montreuil-sur-Mer, sa ville natale, pour y chercher du travail, et qu’en 1818 une mère célibataire était rejetée par la société, après avoir aperçu la Thénardier se montrer attentionnée avec ses fillettes (elle ne peut avoir de tendresse que pour elles), elle leur «confie» un peu trop rapidement Cosette, qu’ils acceptent de prendre en pension moyennant le paiement de 7 francs par mois, en promettant de bien s'occuper d’elle. Mais, jaloux de voir cette petite toute fraîche et jolie, ils l'asservissent et la maltraitent. Elle ne connaît plus que la tristesse tandis que le couple d’affreux exploiteurs sans coeur ni loi, déployant tout un arsenal de perversité, de cruauté et de mensonges, réclame des sommes de plus en plus élevées à Fantine qui, pour continuer à leur verser une pension mensuelle devenue exorbitante, est acculée au désespoir. Puis, en 1823, ils vendent Cosette à Valjean, occasion où Thénardier ne manque pas de surenchérir.

Ils n’en font pas moins faillite en 1828, et, exaspérés par la misère, s’établissent à Paris dans la masure Gorbeau. On les y retrouve en 1830, devenus alors d'assez sordides personnages, à demi-mendiants, à demi-brigands, escrocs à la fourberie venimeuse, qui se sont défaits, moyennant finances, de leurs deux plus jeunes fils, et ont changé de nom. Ils sont la «famille Jondrette», avec leurs enfants Azelma, Éponine et Gavroche. Ils vivent d'expédients, Thénardier usant encore d’autres pseudonymes (comme Fabantou) pour se livrer à l’activité souterraine d’un intrigant, d’un comploteur.

Marius «comprenait que son voisin Jondrette avait pour industrie dans sa détresse d’exploiter la charité des personnes bienfaisantes, qu’il se procurait des adresses, et qu’il écrivait sous des noms supposés à des gens qu’il jugeait riches et pitoyables des lettres» (III, 8, 4). Il apitoie ainsi Jean Valjean, qu’il ne reconnaît pas car, celui-ci aussi se dissimule sous un autre nom, tous deux étant

aussi comédiens l’un que l’autre. Il l’attire chez lui où il lui tend un guet-apens pour le piéger, montrant la «joie d'un nain qui mettrait le talon sur la tête de Goliath, joie d'un chacal qui commence à déchirer un taureau malade, assez mort pour ne plus se défendre, assez vivant pour souffrir encore», mais dévoilant aussi sa véritable identité, qu’apprend Marius (III, 8, 20). Il rançonne le vieil homme, et le vend à Javert. Leurs malversations les conduisent en prison, Thénardier à la Force, où Marius lui envoie incognito cinq francs par semaine sans vouloir témoigner à son procès, la Thénardier et ses filles aux Madelonettes. Elle y meurt en 1832. Lui s'évade.

Il réapparaît rue Plumet, alors que, devenu un des pires malfrats acoquiné avec la bande de la pègre parisienne «Patron Minette», qu’il dirige d’une main de fer, il essaie, avec ses complices, de cambrioler la maison de Jean Valjean.

Il surgit encore dans les égouts où, avec Jean Valjean, il «était hagard, fauve, louche, un peu menaçant, pourtant amical» (V, 3, 8).

À partir de là, il se masque, porte un faux nez et des lunettes vertes pour tenter de tromper Marius, et de lui vendre ce qu’il sait du passé de son beau-père, dans une ultime tentative de faire enfin fortune.

Mais le jeune homme l’a reconnu, et règle ses comptes (et ceux de son père) avec lui, l’expédiant en Amérique, «muni d’une traite de vingt mille francs sur New York». Il allait là-bas, sa misère morale étant incurable, sous un autre faux nom, se faire négrier.

Tel est le parcours de ces êtres de proie, égoïstes et cupides, indifférents au monde qui Ies entoure, qui ne cherchent jamais, au-delà de toutes les misères, qu'à dépouiller les autres, quels qu'ils soient, leur cupidité, qui les oppose bien sûr au généreux Valjean, étant une constante. Ils sont des incarnations de la misère morale, voire du mal,

Ces malfrats de la pire espèce ont cinq enfants, deux filles d'abord, Éponine et Azelma, prénoms découverts par la Thénardier dans de mauvais romans (où a-t-elle appris à lire?). Hugo constate :

«Certaines natures ne peuvent aimer d’un côté sans haïr de l’autre, la mère Thénardier aimait passionnément ses deux filles à elle, ce qui fit qu’elle détesta l’étrangère» (I, 4, 3). Puis il y a trois garçons, Gavroche et deux autres plus jeunes dont on ignorera toujours les prénoms, garçons qu'ils jettent à la rue pour ne plus avoir à les nourrir (ils en louent» deux, et en abandonnent un). Père indigne, Thénardier «en était là qu’il risquait ses filles ; il jouait une partie avec la destinée et il les mettait au jeu» (III, 8, 4) : il leur faisait porter les lettres, à leurs risques et périls.

Hugo donna un grand rôle à deux de ces enfants : Éponine et Gavroche, qui, sans l'avoir voulu, sans même le savoir, rachètent leurs parents.

Éponine : Cette aînée des enfants des Thénardier, qui a le même âge que Cosette, toutes les deux étant nées vers la fin de l'année 1815, est étonnante car elle est à demi corrompue, à demi sublime.

Ayant un coeur, étant capable d'aimer, elle tombe secrètement amoureuse de Marius qui est son voisin dans la misérable masure Gorbeau où elle habite avec sa famille en 1832. Il ne l’a jamais remarquée jusqu’au jour où, envoyée par son père pour mendier, elle fait irruption dans sa chambre. Il est ébranlé par cette figure emblématique de la faim ou, plus précisément selon Hugo, celle de «la misère de l’enfant». Mais elle devine qu’il est surtout intéressé par la «belle demoiselle», qu’il n'aimera jamais que Cosette. Aussi connaît-elle la douleur de la jalousie, mais, partagée entre ce sentiment et le désir de plaire à l'élu de son cœur, elle accepte toutefois de l'aider à retrouver l'adresse des inconnus, et surtout sa dulcinée du Luxembourg. Elle épie ensuite les amoureux à leur insu, est tentée, après avoir pourtant facilité leur rencontre, de les éloigner l'un de l'autre lorsque l'occasion se présentera. Mais, même manipulée par son père, elle protège Marius à plusieurs reprises, se fait aussi la «chienne de garde» de la maison rue Plumet en en défendant l'accès à son père et à la redoutable bande de «Patron Minette» venus une nuit dans le but de la cambrioler. Finalement, incapable de voir Marius malheureux, elle n'hésite pas, après l'avoir attiré puis suivi, habillée en garçon, jusqu'à la barricade de la rue de la Chanvrerie, à s'interposer entre lui et le soldat qui le visait pour mourir à sa place, lui remettant, avant d’expirer, en un geste d'amour désespéré pour lui, une lettre de Cosette (IV, 14, 6).

La peinture de son amour sans espoir montre l’art de Hugo analyste des passions. il réussit à émouvoir.

Gavroche devait d’abord s’appeler Grimebodin, puis Chavroche. Il fait l'objet d'une longue présentation dont le rôle est d'inscrire l'histoire dans l'Histoire, dans le chapitre ‘’Paris étudié dans son atome’’ (III, 1), le fourmillement de la capitale et son histoire étant vus à travers cet enfant dont Hugo a fait le représentant des gamins du pavé parisien qu'il affectionnait tant, ainsi qu’un des personnages français les plus emblématiques de la souffrance enfantine. Il représente tous ces enfants qui, pour avoir été abandonnés à la rue, ont fini par devenir les enfants de la ville, et en sont comme autant de véritables petites incarnations. Le gamin de Paris avait été décrit par Balzac et peint par Delacroix dans son tableau ‘’La Liberté guidant le peuple’’.

Il mériterait à lui seul une étude. Il fait l’objet de longues digressions, les pages qui lui sont consacrées formant, à l'intérieur du roman, une sorte d'épopée de la jeunesse jetée au pavé, et qui trouve le moyen de survivre en s'intégrant à l'existence de la ville, à son rythme et à son esprit, cela à force d'astuce et d'intelligence.

En effet, «ses parents l’avaient jeté dans la vie d’un coup de pied. Il avait tout bonnement pris sa volée.» (III, 1, 13). Il fit alors de la rue sa maison, son école. Mais, s’il est seul, sans amour, sans gîte, sans pain, il demeure courageux malgré le poids de la misère, généreux, malicieux, effronté, spirituel, et gai, car il est libre. En effet, le «joyeux petit va-nu-pieds», dans sa famille, «trouvait la pauvreté, la détresse, et, ce qui est plus triste, aucun sourire ; le froid dans l'âtre et le froid dans les cœurs. Quand il entrait, on lui demandait : - D'où viens-tu? Il répondait : - De la rue. Quand il s'en allait, on lui demandait : - Où vas-tu? Il répondait : - Dans la rue. Sa mère lui disait : Qu'est-ce que tu viens faire ici? / Cet enfant vivait dans cette absence d'affection comme ces herbes pâles qui viennent dans les caves. Il ne souffrait pas d'être ainsi et n'en voulait à personne. Il ne savait pas au juste comment devaient être un père et une mère.» (III, 1, 13).

- Gavroche a «l’air vivace et maladif» (III, 1, 13).

À la fois enfant malingre et homme fait par la maturité que lui donnent la misère et la nécessité de subvenir à ses propres besoins, tour à tour tendre et brutal, «c'était un garçon bruyant, blême, leste, éveillé, goguenard, à l'air vivace et maladif. Il allait, venait, chantait, jouait à la fayousse, grattait les ruisseaux, volait un peu, mais comme les chats et les passereaux, gaiement, riait quand on l'appelait galopin, se fâchait quand on l'appelait voyou. Il n'avait pas de gîte, pas de pain, pas de feu, pas d'amour ; mais il était joyeux parce qu'il était libre.» (III, 1, 13). Sur la barricade, Gavroche «allait,

À la fois enfant malingre et homme fait par la maturité que lui donnent la misère et la nécessité de subvenir à ses propres besoins, tour à tour tendre et brutal, «c'était un garçon bruyant, blême, leste, éveillé, goguenard, à l'air vivace et maladif. Il allait, venait, chantait, jouait à la fayousse, grattait les ruisseaux, volait un peu, mais comme les chats et les passereaux, gaiement, riait quand on l'appelait galopin, se fâchait quand on l'appelait voyou. Il n'avait pas de gîte, pas de pain, pas de feu, pas d'amour ; mais il était joyeux parce qu'il était libre.» (III, 1, 13). Sur la barricade, Gavroche «allait,

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